Rassemblement

Après deux semaines de voyage, les systèmes de l'Implacable se désactivèrent soudainement tandis qu'il entrait dans la zone de limitation subluminique. Quelques minutes d'attente plus tard pour que tout se réactive, le vaisseau manœuvra en direction de la troisième planète du système, qui était déjà en vue. En s'approchant, des dizaines de croiseurs apparurent progressivement, en attente pour l'attaque, certains connectés à de petites stations spatiales. De nombreuses corvettes faisaient les liaisons entre différents bâtiments, tandis que les vaisseaux capitaux restaient en retrait. L'implacable signala son arrivée, et une dizaine de chasseurs vint dans sa direction afin de l'escorter jusqu'à la zone de rassemblement de l'Union, en orbite d'une planète grise et inhabitable.

Berius observa par la vitre du poste de commandement le minuscule point rouge se fondant presque au milieu des étoiles, loin devant eux, où se rassemblait au même moment la flotte ennemie. Quand tout fut prêt et établi, il retourna dans sa cabine, et une certaine routine s'installa, la tension montant doucement durant l'attente. Trois jours plus tard, un appel fut passé à toute la flotte, en provenance de l'Etat Major :

« Nous avons la confirmation définitive que l'armée du Clan ne compte plus fuir de la zone et mènera bien la bataille dans ce système. Le général Qarnal est arrivé il y a quelques heures dans son cuirassé personnel, le Céleste. Si il vient en personne assister à la bataille, c'est donc bien qu'il l'a jugée décisive pour la fin de la guerre. Quand l'assaut sera mené dans cinq jours, ciblez en priorité son bâtiment.»

Zambasi inspira profondément, songeant à la fin de la guerre, et observa l'espace par une fenêtre du vaisseau. Les étoiles étaient légèrement foutées par les immenses champs de limitation subluminiques déployés par l'Union grâce à de grandes stations trop lointaines pour être visibles à l'œil nu. Ils seraient donc enfermés dans cette bulle, isolés, pour l'ultime confrontation de grande ampleur. Impossible de fuir en activant la vitesse subluminique, impossible d'attendre des renforts rapides. L'ennemi était piégé, mais eux aussi. Malgré l'immensité de cet espace qui les retenait, une étrange sensation de claustrophobie prenait Zambasi, qui attendait avec angoisse l'heure de l'attaque.

Yorbun, lui, n'avait aucune angoisse. Il savait qu'ils remporteraient la victoire, que dans quelques jours la gloire de l'Union serait définitivement établie, faisant taire ces misérables traitres qui osaient calomnier les grands généraux de l'armée, et s'offusquaient de méthodes nécessaires. Et il savait que, quand bien même la bataille avait raison de sa vie, il mourrait heureux, servant sa faction, se sacrifiant pour le bien de l'Union Galactique pour laquelle il avait dédié sa vie.

Les jours continuèrent de passer, tandis que la tension grandissait toujours plus. Un immense vaisseau hôpital était arrivé en orbite à son tour, afin d'aider les blessés qui arriveraient massivement d'ici peu. Finalement, le Rancunier finit par arriver également. Il fut escorté de la même façon que l'Implacable en direction de la zone d'attente et s'y positionna. Il ne restait que trois jours avant l'assaut.

Dans le croiseur, TK-782 restait à son poste de second, analysant les mouvements de flotte. Il n'avait pas de réelle appréhension envers la bataille. Elle ne lui importait finalement que peu. Il faisait simplement ce qu'on lui disait de faire, restant loyal à Tulsei et à son équipage, et non à l'Union. Si la décision était prise soudainement de fuir et de mener une vie de piraterie, il suivrait sans hésiter. Le conflit à venir ne lui importait que pour sa dangerosité, et non réellement ses implications politiques. Il savait que quel qu'en soit le vainqueur affiché, au fond, personne n'aurait gagné de cette guerre, et cette bataille n'en serait que l'unndes exemples.

Tulsei, dans sa cabine, recevait ses ordres et notait ses assignations. Il ruminait ses idées, tandis qu'un pessimisme amer le gagnait. À quoi bon, après tout. Pourquoi tenter de gagner une bataille, alors que les responsables des crimes de guerre de l'Union ne se déplaçaient même pas pour la voir ? Pourquoi tenter de sauver cette Union corrompue ? Une sorte d'élan de nihilisme le prenait tout entier, et plus rien ne lui semblait important. Il secoua la tête et décida de sortir de sa cabine afin de marcher un peu dans les couloirs, afin de se changer les idées. Les lumières étaient baissées, et peu de monde ne se montrait, une grande partie de l'équipage étant actuellement en train de dormir. La solitude lui fit un peu de bien, et il continua de marcher, se forçant à penser à ce qu'il ferait après la guerre, afin de n'avoir pas en tête ces idées noires qui l'envahissaient depuis quelques jours.

La douce vibration des moteurs laissait un bruit de fond qu'il avait cessé d'entendre depuis bien longtemps, habitué, et il alla finalement sur le pont, y trouvant TK-782. Ce dernier le salua :

« Pas sommeil capitaine ?

- Non TK-782... Pas sommeil. Pas besoin de te recharger toi ?

- Non, je l'ai fait il y a quelques semaines, j'ai largement le temps avant la prochaine fois. Je peux aider pour ces soucis ?

- Non, il n'y a rien en particulier. La bataille m'angoisse, tout comme l'idée qu'au fond elle ne changera rien.

- Elle ne changera effectivement rien, alors pourquoi angoisser ? »

Tulsei eut un petit rire avant de répondre :

« C'est une façon de voir les choses.

- Peut-être que le fait de n'avoir qu'un seul œil m'aide à avoir un regard différent.

- Je vois ça. »

Il eut un nouveau petit rire, avant de regarder la vitre du cockpit, observant le reste de la flotte qui attendait, comme eux. Après quelques secondes, il se redressa légèrement, salua à nouveau son second et retourna dans sa cabine. Il verrouilla la porte, activa son terminal et tapota sur le clavier afin de trouver ce qu'il cherchait. Après quelques dizaines de secondes, il se redressa, et une petite caméra se fixa sur lui, tandis qu'un discret avertisseur sonore bipait semblait-il dans le vide. Il patienta, debout dans la cabine, regardant la caméra, et finalement, dans une lumière bleutée, la figure holographique de Berius s'afficha, une expression à moitié étonnée et à moitié méfiante sur ses traits.

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