Prise De La Ville
Le char n'était plus qu'à une vingtaine de mètres du groupe de soldats, et se positionna afin de tirer. Tulsei se saisit d'une grenade et la lança vers la patte déjà endommagée, la détruisant entièrement. Le tank recula de quelques mètres, déstabilisé et marchant avec difficulté. Cependant, après un court instant, ses pattes changèrent de disposition afin de pouvoir marcher à nouveau efficacement. Il se remit en position pour tirer, ajustant son canon, quand une explosion l'atteignit à l'arrière.
Ses tourelles se retournèrent, tandis qu'une nouvelle déflagration détruisait une nouvelle patte. Tulsei donna l'ordre de lancer les grenades restantes, et le char fut rapidement neutralisé, avant de s'enflammer. Derrière lui, Berius apparut avec ses soldats, tandis que le groupe de Tulsei se montrait, sortant de leurs abris de fortune. L'officier qui venait de les sauver se mit à sourire :
« Heureusement qu'on étais là dis moi !
- Effectivement ! Merci du coup de main ! »
Les deux soldats se firent rapidement une accolade, évitant les effusions amoureuses sur le champ de bataille. Le brasier provenant du blindé éclairait vivement la rue bientôt plongée dans l'obscurité nocturne. Les radios des deux officiers transmirent alors le même message :
« Mouvements de troupes en cours, il semblerait que les derniers soldats ennemis soient en train de battre en retraite vers la capitale. Renfort sur le chemin.»
Ils accusèrent réception avant de faire se rassembler leurs deux groupes pour reformer la troupe avec laquelle ils étaient venus. De nombreuses pretes étaient à déplorer, et Tulsei sentit son cœur se serrer à cette idée, même si ce n'était ni la première ni la dernière fois. Après quelques minutes, leurs radios grésillèrent à nouveau :
« Confirmation de la retraite ennemie. Retour au point de rendez-vous pour extraction, les renforts prendront le relais pour sécuriser la zone.»
Berius lâcha un long soupir de soulagement. La bataille était maintenant terminée, ils pouvaient souffler après de nombreuses heures très intenses. La troupe se mit alors en marche vers l'entrée de la ville, croisant sur leur chemin l'arrière garde médicale qui se dirigeait vers les balises indiquant les morts et blessés qu'il était impossible de bouger. Quelques civils déboussolés erraient également au milieu de la route, et se virent indiquer le chemin à prendre pour être évacués, non sans regarder les militaires de l'Union avec de grands yeux terrifiés ou vides.
Finalement, alors qu'ils arrivaient enfin au point d'extraction, des barges de soldats passèrent en sens inverse, indiquant que les renforts étaient arrivés. Une haute gradée arriva vers les deux officiers et leur dit un salut militaire auquel ils répondirent, avant de leur parler :
« Félicitations colonel Berius et colonel Tulsei. Il ne reste maintenant que six villes à prendre, la bataille de Zankdal touchera bientôt à sa fin. Dirigez vous à l'entrée de la ville, des vaisseaux de transport vous attendent, vous et vos troupes. Vous ferez votre rapport une fois au camp. »
Ils la remercièrent et se remirent à marcher vers la sortie, avec leurs soldats aux uniformes bien plus salles que ceux qui arrivaient par dizaines afin de sécuriser la ville. À l'extérieur avait été disposé un camp rapide, avec une petite infirmerie sous tente, quelques caisses de matériel ainsi que des spots lumineux pour éclairer le lieu désormais plongé dans la nuit. Plus d'une centaine de civils, certains couverts de poussière ou de sang, étaient assis en périphérie du camp sous la surveillance de quelques gardes, tandis qu'un droïde leur distribuait des couvertures de survie et qu'un petit drone à ses côtés faisait un rapide scan médical de chacun, indiquant si l'un d'entre eux avait besoin d'aide.
Après quelques minutes, une barge de transport se posa à proximité, mais les soldats n'y entrèrent pas. Un officier en sortit et fit entrer les civils, qui furent installés sur des sièges, tandis que des gourdes métalliques leurs étaient distribuées, remplies d'eau. La rampe se referma et le petit vaisseau décolla alors, ne prenant pas la direction du camp mais celle d'un arrière poste centré sur l'aide des civils et les soins. Derrière eux, malgré l'obscurité, ils pouvaient entrevoir la fumée éclairée d'une lueur orangée provenant des incendies en cours à cause des explosifs, autour desquels de petits drones virevoltaient afin de contrôler leur progression.
Finalement, après un nouveau quart d'heure d'attente, la barge de transport de troupes arriva. Ils se dirigèrent vers la vive lumière froide de ses éclairages avant de grimper sur la rampe métallique. Chacun s'installa alors sur un siège et mit sa sangle en place. Tous semblaient épuisés, certains étaient blessés, et plusieurs d'entre eux, au vu de l'expression de leur visage, avaient perdu un ami au cour de cet assaut. Ils purent déposer leur arme à côté de leur siège, débarrassant leurs bras enkilosés, certains retirant leur main de la crosse pour la première fois depuis plusieurs heures, dépliant leurs doigts douloureux. Plusieurs soupirèrent d'aise une fois assis, reposant enfin leurs muscles épuisés par cette journée d'une longueur qui avait semblée infinie.
Quand tous furent montés et installés, la rampe se referma dans un long grincement et les lumières clignotèrent légèrement avant de baisser en intensité. Le moteur se mit à gronder et la barge décolla après un court instant, quittant la ville partiellement détruite pour retourner au camp. Si la plupart des soldats avaient hâte d'arriver pour pouvoir se laver, manger et se reposer afin de se remettre, Berius, Tulsei et leurs seconds savaient que leur journée n'était pas terminée. Une fois arrivés, ils devraient se rendre au niveau du commandement pour faire leur rapport de l'assaut, faire état des pertes subies et en apprendre d'avantage sur le déroulé de cette journée d'assaut.
Tulsei posa doucement sa tête sur l'épaule de Berius et ferma les yeux, éreinté, revoyant en boucle la mort de ses soldats et le regard terrifié des civils qu'ils avaient fait évacuer. Si cet assaut était loin d'être son premier, jamais encore il n'avait été prit d'une amertume si intense. Berius posa délicatement sa tête sur celle de son partenaire, culpabilisant également pour la perte de ses soldats et se rassurant comme possible en se disant qu'ils connaissaient les risques avant de s'engager.
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