Mutinerie

Alors qu'ils allaient activer les communications avec le Rancunier, pour les prévenir de leur décision, Yorbun revint sur le pont, pointant une arme sur eux, une sévère rage sur le visage. Il la secoua légèrement et cria, continuant de les menacer :

« Éloignez vous de la console de contrôle ! »

Berius leva les mains et se recula, cherchant un moyen de résoudre cette situation. Zambasi également leva les mains, ainsi que les autres officiers du pont. Yorbun continua de donner des ordres :

« Je ne veux dans cette salle que les timoniers. Le reste, sortez. Tout de suite ! »

Continuant de les pointer de son arme, il fit un geste insistant. Soudainement, l'un des officiers sortit une arme dissimulée sous sa console, et tenta de tirer, cependant Yorbun fut plus rapide et l'abattu de sang froid. L'officier s'effondra sur le pont, tandis que les autres sortaient, les mains levées, horrifiés. Zambasi fut forcé de les accompagner, tandis que Yorbun gardait Berius près de lui, afin d'avoir un moyen de pression sur le reste de l'équipage. Quand tout le monde fut sortit, il verrouilla les portes, empêchant quiconque d'entrer, puis ouvrit à nouveau la communication avec l'Etat Major :

« Ici l'Implacable, situation sous contrôle. Confirmation de l'ordre de destruction du Rancunier.»

Sans attendre la réponse, il ouvrit le canal vers les canons et ordonna :

« Chargez les canons, et tirez sur le Rancunier dès que possible. Continuez tant qu'aucun contre ordre ne vous sera donné.»

Berius fit un pas en avant, se retenant de sauter sur le mutin, mais ce dernier le visa à nouveau avec un petit sourire satisfait et dit :

« Ah ah ah, pas de bêtise Berius. Vous me décevez beaucoup, j'en attendais davantage de vous. Je vous pensais fidèle à l'Union, pas l'un de ces traitres pacifistes.

- Yorbun, vous faites une immense bêtise.

- Non, je répare celle que vous avez faite. Je vous respectais, vous avez toujours eu un comportement admirable. Et maintenant vous reniez vos valeurs, votre patrie, pour quelques stupidités bien-pensantes.

- Je ne renie pas mes valeurs, je les embrasse. Elles étaient les valeurs de l'Union fut un temps, mais elle les a abandonné depuis bien trop longtemps. Je ne sais pas combien de temps durera encore sa domination, mais après cette guerre, elle sera juste une lente agonie.»

Alors que Yorbun allait rétorquer quelque chose, les canons firent feu en direction du Rancunier, qui ne réussit à en éviter qu'une petite partie, surprit par ce comportement. Le second se tourna à nouveau vers Berius avec un grand sourire et affirma :

« Voilà ce que ça donne quand on ne suit pas les ordres. Ils n'avaient qu'à faire ce qu'on leur disait, sans jouer les héros, et tout se serait bien passé. Timoniers ! Préparez vous à esquiver la salve de réponse ! »

Berius l'observait, impuissant devant le canon braqué sur lui, une intense colère bouillonnant en lui, et sa frustration devant l'impossibilité de faire quoi que ce soit grimpant en permanence. Il ne pouvait que tenter de gagner du temps, en espérant que quelque chose, n'importe quoi, une idée, allait lui permettre de se sortir de cette situation et d'éviter une catastrophe. Quelques secondes plus tard, le Rancunier envoya à son tour une salve de missiles, qui furent en partie évités. Le reste secoua le croiseur, sans le mettre trop en difficulté grâce aux boucliers ayant eu le temps de partiellement se régénérer. Ils étaient de retour à 30%, et pourraient tenir comme ça un long moment. Berius cria alors :

« Yorbun, vous pensez vraiment que détruire un vaisseau sans défense, que suivre des ordres injustes, est conforme aux valeurs de l'Union ?

- Les valeurs de l'Union sont celles qu'elle promeut dans ses actes. Et ses actes me montrent que je suis sur le bon chemin.

- Des crimes de guerre à répétition, ce sont des valeurs qui doivent être promues ?

- Ce ne sont des crimes de guerre qu'aux yeux des petits bien pensant dans votre genre, ou de bureaucrates n'ayant jamais mit les pieds sur un champ de bataille. Pour moi, et pour toute personne sensée, ce que vous nommez "crime de guerre" n'est qu'un moyen nécessaire pour obtenir la victoire. Et rien ne doit se mettre en travers de notre route.

- Vous êtes une affreuse personne.»

Il ne continua pas, se figeant en voyant la nouvelle série de tirs en provenance de l'Implacable filer vers le Rancunier, qui cette fois réussit à en éviter une grande partie. Yorbun sourit et dit alors, avec un air satisfait :

« Moi ? Pourtant, Berius... C'est vous qui tirez sur le Rancunier, c'est vous qui en avez donné l'ordre ! Enfin, c'est ce que doit penser Tulsei. C'est terrible, ce genre de malentendu.»

Berius serra la mâchoire, cherchant un moyen d'intervenir, ou au moins de faire comprendre à Tulsei que le vaisseau n'était désormais plus sous son contrôle. Yorbun, de son côté, continuait de le menacer de son arme, et dit alors :

«Quand les boucliers seront suffisamment faibles, j'enverrais nos chasseurs porter le coup fatal. Puis, pour faire bonne mesure, j'ordonnerais un tir laser sur le Rancunier, puis sur le Céleste, et je les regarderais tomber dans l'atmosphère, en sachant que j'aurais mis un terme à la guerre, tué un traitre, et arrêté un autre. On me décorera pour ça. Je serais un héros. Et l'honneur de l'Union sera sauf.

- C'est ça alors, juste une question de gloire ? L'Union a perdu tout son honneur il y a déjà bien longtemps, quand le premier innocent est mort par sa faute.

- Vous me feriez presque pleurer tiens. Mais la réalité ce ne sont pas ces petits discours larmoyant. La vérité est dure, et cruelle, et on ne s'en sort pas en voulant jouer les pacifistes. Regardez le Rancunier. Vous croyez qu'ils se disent actuellement "Olalah, tout va bien, je vais faire la paix" ? Non. Ils sont en train d'expérimenter la réalité, et les conséquences de leurs actes.

- Le Rancunier a plus d'honneur que l'Union n'en aura jamais. Un jour, les gens se vengeront, et ceux qui ont léché les bottes des criminels seront les premiers à payer.»

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