La Guerre Est Déclarée

Deux heures après, les nombreux blessés avaient tous été installés dans la corvette et recevaient des soins, et la dizaine de mort avait été mise à l'écart sous des baches. Les cratères laissés par les impacts se remplissaient doucement d'eau amenée par la pluie qui ne faiblissait pas et le brasier du bombardier avait fini par s'éteindre. Berius et Tulsei avaient fait leur rapport, mais n'avaient reçu pour réponse que la confirmation de réception. Finalement, alors qu'ils passaient parmi les blessés en apportant leur aide comme ils le pouvaient, un pilote les interpella et ils allèrent dans le cockpit. Là, un hologramme d'un officier se tenait droit, figé. Ils furent laissés seuls, et l'enregistrement holographique se lança.

« Messieurs, nous sommes désolés de vous avoir fait attendre pour une réponse. En effet, près de cinquante avant postes, camps d'entraînement, et croiseurs ont subit durant les dernières heures une attaque éclair dans le but d'affaiblir nos défenses. Le message est clair : la guerre est déclarée. Il a été décidé de rapatrier toutes les troupes présentes dans des camps d'entraînement tels que les vôtres afin de procéder à l'affectation immédiate de chaque soldat disponible. Ceci est un ordre de départ qui prendra effet dès réception de la transition. Considérez ce campement comme perdu, le materiel est négligeable et l'urgence est au déploiement des troupes. Veuillez faire savoir quand vous aurez quitté l'atmosphère de votre planète.»

Il salua, l'holograme se brouilla puis disparu, laissant les deux officiers dans le cockpit vide. Ils inspirèrent profondément tandis que la phrase  « La guerre est déclarée » sonnait en boucle dans leur esprit, puis se retournèrent avant de sortir du cockpit. Berius fit venir quelques personnes à lui pour leur ordonner de faire passer le message du départ, tandis que Tulsei allait en avertir personnellement celle qui les avait accueilli le premier jour. Elle prit la nouvelle d'un air stoïque, et les préparatifs commencèrent. Un maximum de munitions et de stocks de vivres furent stockés dans la soute, tandis que les canons lourds étaient déchargés et que les robots d'entraînement recevaient un signal d'autodestruction à distance. Les morts enfin furent installés dans des housses mortuaires et mis en soute également, dans un espace à part.

Finalement, après plus d'une heure de préparatifs et une nouvelle de réorganisation du vaisseau afin de le préparer pour le voyage tout en permettant que les blessés soient soignés, tout était prêt. Les moteurs de la corvette commencèrent à vibrer, et Berius et Tulsei allèrent se positionner devant l'équipage encore debout et n'étant pas en train de soigner les blessés. La rampe se referma, et les boucliers se mirent à charger, tandis que Tulsei prenait la parole :

« Soldats, c'est malheureusement aujourd'hui que votre entraînement s'achève de manière précoce et tragique. Nos chemins se sépareront dans une semaine, à notre arrivée sur la planète centrale. Je veux cependant vous dire que cela a été un plaisir de vous entraîner et de vous voir progresser durant ces quelques temps passés ici.»

Berius continua :

« Nous avons eu la preuve que vous saviez vous adapter à toute sorte de situations délicates, et que le Clan Cosmique allait faire face à de farouches adversaires. Vous n'avez pas à rougir de vos capacités, et nous tenons personnellement à vous féliciter pour la rigueur dont nous avons été témoins.»

Tulsei conclut :

« Ainsi, nous vous saluons. Quand l'état des blessés sera en majorité stabilisé, nous ferons une minute de silence pour ceux tombés aujourd'hui lors des premières heures de la guerre. Soldats, repos. »

Et chacun retourna à ses précédentes occupations. Les pilotes annoncèrent alors le décollage dans le micro, et le vaisseau commença doucement à s'élever dans les airs. La gravité artificielle s'enclencha, et la corvette prit de la vitesse avant de fendre le ciel, toujours sous une pluie battante, avant de dépasser les nuages puis l'atmosphère, arrivant dans l'espace. Berius et Tulsei firent rapidement leur rapport, et la vitesse supra luminique fut enclenchée. Le vortex bleu s'ouvrit et avala le vaisseau, qui se mit à filer en direction de la planète centrale.

Berius fixait l'exterieur, tendu, tandis que la réalité se faisait de plus en plus présente. Il réalisait progressivement ce qui était en train de se passer. Comme le disait une citation humoristique qu'il croisait parfois sur les diverses planètes où il était allé, il  « aurait vraiment aimé ne pas se trouver au cœur d'un événement historique actuellement ». Il tenta de calmer son appréhension, essayant sans véritable succès de repenser à ce que disait Tulsei pour le rassurer, et se répétant qu'il avait choisi de s'engager pour protéger les siens, et que son travail allait justement prendre tout son sens.

Tulsei quant à lui, continuait de distribuer des ordres en s'occupant des blessés, pensant fébrilement à ce qui allait arriver désormais. Plusieurs années de conflit venaient d'éclater, et ses quelques espoirs de paix avaient volé en éclat. Cependant il avait confiance en la capacité de l'Union Galactique pour répondre aux attaques du Clan Cosmique, et même s'il apprehendait comme tout le monde les combats qui allaient être menés, il n'avait pas de peur profonde d'échouer.

La pensée commune la plus indéfectible que les deux officiers avaient en tête était alors que tant qu'ils s'avaient l'un l'autre, ils n'avaient rien à craindre. Chacun se rassurait en pensant que si un combat était mené en compagnie de son conjoint, alors tout se déroulerait bien. Mais également que si l'un d'entre eux périssait, alors l'autre n'aurait plus rien à perdre. Ils savaient que leur amour allait leur donner tout le courage nécessaire, mais également que s'il était brisé, alors il signerait presque à coup sûr leur perte. Soit ils termineraient cette guerre tous les deux, et s'en sortiraient parfaitement en s'appuyant sur l'autre, soit aucun n'y réchaperait. Il n'y avait dans leur esprit aucune alternative, et même si ils ne se le diraient certainement jamais, préférant encourager l'autre à commencer une nouvelle vie si l'un disparaissait, leur véritable pensée était bien que si l'un devait mourir, alors l'autre le suivrait tôt ou tard.

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