Une fois rentrés, ils proposèrent alors à Zambasi de passer. Une fois le trio réuni, Berius et Tulsei annoncèrent alors leur promotion. Zambasi les regarda un instant en silence, un sourire se créant progressivement sur ses joues, avant de les féliciter chaleureusement. Ils racontèrent alors le déroulé de la promotion, la description des vaisseaux, mais également l'entretient avec la sénatrice Shekafdala. Cette fois, Zambasi semblait d'avantage sceptique. Ses sourcils étaient légèrement froncés, sa mâchoire plus contractée, et l'expression de son visage plus fermé. Cependant, devant l'enthousiasme de ses amis, aucune remarque ne sortit de sa bouche. Berius demanda alors :

«Tu as l'air de te faire du soucis, ça va ? »

Zambasi soupira légèrement avant de répondre :

« Vous me connaissez... Je ne peux que vous féliciter pour cette promotion, et me dire que dans la marine il y aura des capitaines avec votre éthique me rassure. Je n'aime juste pas comment ça s'est fait.»

Tulsei inclina légèrement la tête sur le côté et l'interrogea :

« Qu'est-ce que tu entends par là ?

- Avec ce que vous m'avez raconté, j'ai vraiment du mal à y voir véritablement du positif. Je m'excuse vraiment, avec mon pessimisme mais... Est-ce que, à un seul instant, vous avez vraiment eu le choix ? »

Berius haussa les sourcils avant de rétorquer :

« Bien sûr ! On nous a bien précisé qu'on pouvait refuser ! On te l'a dit.»

Zambasi continua alors :

« Je n'ai pas cette impression. Regardez ça... À peine arrivés on vous convoque. On vous promeut immédiatement, et on vous assigne des vaisseaux, on vous décrit leurs caractéristiques. Tout est fait comme si vous aviez déjà accepté. Et juste après, à peine sortis de la tour, on vous convoque au Sénat pour vous demander de faire la pub des vaisseaux dont vous n'avez même pas encore accepté le commandement. Dans leurs têtes, c'est déjà réglé.»

Berius haussa légèrement les épaules et répliqua alors :

« C'est l'armée en temps de guerre. On ne peux pas leur reprocher de vouloir aller vite et de se presser. Ils ne peuvent pas regarder chaque cas individuellement en faisant attention à bien respecter tout le monde, c'est normal que ce soit un peu brusque.»

Zambasi regarda un peu ailleur avant de se résigner :

« Je ne trouve toujours pas ça très moral, mais bon, disons que c'est la guerre qui fait ça.»

Tulsei hocha la tête, et Zambasi demanda alors :

«Bon, et ils ressemblent à quoi ces croiseurs ?  »

Tulsei répondit :

«La forme est assez classique, vaguement triangulaire, pointe vers l'avant, trois fois plus larges que long... La base. Mais quand même, ils ont des canons lasers, c'est à souligner ! »

Zambasi sourit :

«Des canons lasers... On arrête vraiment pas le progrès. Quand j'etais enfant il n'y en avait que dans les histoires de science fiction, et maintenant on se bat avec.»

Tulsei rit alors :

« On en est pas encore au même niveau que les histoires de science fiction quand même, eux ils traversent la galaxie en une semaine et ont même des pistolets lasers.»

Berius rebondit :

« Ou même des téléporteurs ! »

Zambasi, après un instant, rapella également un autre élément :

« Ou les vaisseaux immenses sans aucun équipage et juste une IA qui contrôle tout »

Ils rirent alors quelques instant, imaginant à quel point cette guerre serait simple à terminer si ils possédaient ces technologies futuristes. Zambasi dit alors :

«On devrait tout de même arriver à vaincre le Clan, si vraiment on possède cette technologie et que vous êtes capitaines de vaisseaux.»

Berius répondit :

«Peut-être... Oui on a peut-être une chance.»

Tulsei sourit alors :

« Tu deviens optimiste toi maintenant ?

- Non, pas vraiment optimiste ! Mais disons un peu plus confiant.

- C'est déjà ça. »

Zambasi dit alors :

«Pendant votre convocation j'ai un peu lu les actualités, selon certains analystes, la guerre est sur un moment pivot. C'est à dire qu'il y a une chance qu'il ne se passe rien de spécial et que le conflit continue toujours dans sa forme actuelle, mais il y a également une chance que le Clan, avec quelques batailles stratégiques perdues ici et là, se retrouve dans une sorte de réaction en chaîne qui entraînera une chute rapide. Certains parlent même de deux ans de combats restant.»

Berius haussa les sourcils :

« Deux ans ? C'est inéspéré ! »

Tulsei approuva, enthousiaste, tandis que Zambasi tempérait :

« Attention, ce n'est pas l'avis de tous, uniquement l'analyse la plus optimiste du conflit ! Certains ont même parlé d'un status quo sans pour  autant de signature de paix, donc une sorte de guerre sans combat qui pourrait durer dans le temps.»

Tulsei palit légèrement, sa peau jaune clair devenant encore plus proche du blanc :

« Je préfère rester optimiste pour ke coup... Il y avait des prévisions affirmant qu'on allait perdre ce conflit ?

- J'en ai vu plusieurs assez crédibles en soit, mais qui nécessiteraient la perte de quelques batailles qui sont déjà bien engagées ou l'adoption de stratégies particulières par le Clan qui n'a pas vraiment l'air d'être en posture de les adopter. »

Berius sourit, un peu rassuré, mais il nuança cependant :

« Cependant, ce sont des actualités de guerre. Je fais confiance au Sénat, mais il y a forcément une certaine pression exercée, même inconsciemment, qui pousse les médias à privilégier les hypothèses optimistes et à minimiser les négatives. »

Zambasi eut un petit rire :

« Je te trouve très indulgent ! Une pression inconsciente... Je trouve plutôt que la pression est évidente. Je ne dis pas que les analyses optimistes de la guerre sont faussées, mais ça ne m'étonnerait absolument pas d'apprendre qu'il en existe beaucoup plus qui sont pessimistes, vu le peu de visibilité qu'elles avaient dans les médias.»

Tulsei regarda un peu ailleurs avant de répondre :

« Je serais étonné qu'il y ait tant de pression que ça. Il y en a, c'est inevitable, mais de là à dissimuler des analyses entières...»

Zambasi haussa les épaules :

«On verra bien de toute façon. C'est trop tôt pour le dire, et puis si l'hypothèse du pivot est avérée, on le saura bien assez tôt.»

Les deux officiers approuvèrent, et ils poursuivirent tranquillement la journée, discutant encore quelques instants puis sortant des quartiers pour aller se divertir dans un cinéma et manger au restaurant, pour la première fois depuis des lustres.