La bataille continua plusieurs heures, durant lesquelles les pertes continuèrent, et de nombreux vaisseaux battaient en retraite. Cependant, des dizaines continuaient encore à se battre, et l'avantage, incertain au départ, semblait de plus en plus se distinguer comme étant à l'Union. La coordination entre ses croiseurs tenait mieux sur la durée, ainsi que la communication et la stratégie. La technologie plus avancée également commençait à faire ses preuves, permettant au fil des heures de gagner un peu plus de terrain par une meilleure vitesse ici, des boucliers plus performants là-bas. Quelques rares vaisseaux avaient également été abordés et capturés par la faction adverse, mais ce cas était rare et ses itérations se comptaient sur les doigts d'une main.

Progressivement, le champ de bataille s'encombrait de carcasses carbonisées, quand ces dernières ne tombaient pas dans l'atmosphère de Sialandar pour s'y désintégrer ou exploser au sol. Les nuées de chasseurs se faisaient légèrement plus rares, ainsi que les explosions, à cause de la baisse de vaisseaux engagés dans le conflit, cependant le combat continuait de faire rage. Le Céleste, quelque peu endommagé, avait détruit près d'une dizaine de vaisseaux de l'Union depuis le début, et avait été couvert par d'autres lors d'une courte mise en retrait pour réparer ses boucliers. Tulsei gardait en permanence un œil sur ce croiseur, sans vraiment comprendre pourquoi ce dernier lui attirait tant l'attention en dehors de sa valeur stratégique.

Berius avait dormi durant une heure, prenant un cachet très efficace et se faisant réveiller ensuite par une injection programmée qui lui redonna de la force, la fatigue commençant à fortement lui peser, en plus de l'angoisse et de la tension permanente. Yorbun avait prit sa place durant le court laps de temps, euphorique aux commandes de l'Implacable. Tulsei, lui, n'avait pas dormi, prenant simplement des pauses d'une vingtaine de minutes de temps en temps, qui ne le reposaient pas véritablement mais lui permettaient au moins de recharger sa concentration et de remettre ses idées à plat. Il se lavait aussi très rapidement et changeait d'uniforme, étant trempé de sueur et les petits tentacules plaqués vers l'arrière sur son crâne suintant légèrement d'un mucus collant inodore.

Peu après la treizième heure consécutive de bataille, son cour bascula entièrement en faveur de l'Union, devenant davantage une chasse qu'un combat. L'ennemi continuait de se défendre de toutes ses forces, mais perdait de plus en plus de terrain. Une heure plus tard, la désorganisation du Clan Cosmique était totale, et plus aucune cohérence stratégique ne transparaissait, ses croiseurs se contentant de se défendre du mieux qu'ils le pouvaient. Enfin, après quelques dizaines de minutes de cette situation, un ordre de retraite fut donné, et tous les bâtiments du Clan commencèrent à diverger, s'éloignant du champ de bataille.

L'Etat Major de l'Union ordonna immédiatement leur poursuite. Le Céleste, escorté par deux autres croiseurs, commença également à contourner Sialandar afin d'utiliser une aide de la gravitation de la planète pour se propulser rapidement vers la sortie de la zone de limitation. Cinq des meilleurs croiseurs de l'Union, comprenant ainsi l'Implacable et le Rancunier, furent immédiatement envoyés à sa suite afin d'empêcher sa fuite. Tulsei, fixant sa nouvelle cible, comprit soudainement pourquoi le Céleste attirait tant son regard. Il s'agissait du bâtiment impliqué dans l'attaque du vaisseau monde qui avait tué son ancien conjoint.

Une vague de colère l'envahit alors. Sans ce vaisseau, jamais il ne se serait engagé, jamais il n'aurait vu les horreurs qu'il voyait maintenant chaque nuit. Et il serait encore heureux, en couple. L'affaire n'était désormais plus qu'une simple guerre. Elle devenait personnelle. Il ordonna immédiatement de mettre le cap sur le Céleste pour le rattraper le plus vite possible, afin de l'empêcher de fuir. Ils devaient le capturer, et chacun de ses occupants, en particulier le général Qarnal, devraient être jugés pour leurs crimes durant cette guerre. Berius suivit également, galvanisé par la débandade du Clan, et surmontant la fatigue grâce à l'excitation de la victoire proche. La fin de la guerre était là, sous leurs yeux. Leur mission était littéralement d'y mettre fin, et ils savaient comment faire, en avaient les moyens.

Les deux croiseurs escortant le Céleste ralentirent soudainement avant de manœuvrer pour empêcher le passage des vaisseaux de l'Union et donner au vaisseau principal de leur flotte le temps de fuir. Quelques secondes plus tard, la voix d'un officier retentit sur le pont des croiseurs lancés dans la poursuite :

« Offensif, Protecteur, restez sur place et neutralisez la défense. Implacable, Colosse et Rancunier, continuez la poursuite. Le Céleste ne doit pas fuir, cette ordre est capital. Des renforts sont actuellement en route, ils arriveront dans moins de deux heures. Contenez le Céleste le temps qu'ils arrivent sur votre position. Neutralisez le si possible.»

Immédiatement, les croiseurs de l'Union se mirent à manœuvrer. L'Implacable, le Rancunier et le Colosse lancèrent une salve de diversion en direction des défenseurs, en même temps que l'Offensif et le Protecteur. Les deux bâtiments du Clan furent forcés de faire une manœuvre d'esquive maladroite aux résultats moyen, mais qui eut pour conséquence d'ouvrir la voie pour continuer la poursuite, tandis que l'Offensif et le Protecteur passaient dans leur dos afin de les empêcher de poursuivre le Rancunier, l'Implacable et le Colosse. Le Céleste avait déjà prit une bonne avance, et commençait lentement à disparaître dans la face non eclairée de Sialandar, ne rendant son identification possible que grâce à la lumière bleutée de ses réacteurs, brillant dans la nuit, tandis que ses poursuivant gagnaient lentement du terrain.

Profitant de leur masse plus légère et de leur meilleure manœuvrabilité, ils avaient moins d'énergie à mettre dans le fait d'échapper à la gravitation de Sialandar, et arrivaient ainsi à augmenter leur vitesse. Le Céleste serait très bientôt à portée de tir, tandis qu'à des dizaines de kilomètres derrière eux, le Protecteur et l'Offensif neutralisaient l'ancienne défense du bâtiment. Les croiseurs de l'Union mirent leurs réacteurs à la plus grande vitesse qu'ils pouvaient de façon sûre, rattrapant enfin le Céleste, qui finit par s'immobiliser, encerclé.