Sans comprendre pourquoi cette alarme était activée, ils désactivèrent le réseau de limitation puis le moniteur avant de sortir du local. Après quelques secondes dans le corridor, une voix sortit des hauts-parleurs dans la station et annonça :

« Dix croiseurs ennemis sont apparus dans la zone proche de la station et sont actuellement en train de se diriger dans sa direction. Contact dans 7 minutes, tous les équipages doivent rejoindre leur poste afin d'assurer la défense. »

Ils se jetèrent un instant un regard affolé, puis chacun se rappela de son poste. Bahara et TZ-1719 s'en allèrent rapidement d'un côté tandis que Berius, Tulsei, TK-782 et Zambasi partaient en courant dans le sens opposé. Dans toute la station, des centaines de militaires se dirigeaient vers leur poste, sous le son de l'alarme. Très rapidement la voix indiqua qu'il ne restait que 6 minutes, puis 5, puis 4, alors que les deux capitaines n'étaient toujours pas arrivés à leur destination dans la grande station. Les ascenseur étaient bondés, et le décompte arriva à 3 minutes avant qu'ils ne puissent enfin les prendre et arriver au bon niveau. Arrivés au milieu de la station, alors qu'il ne restait que 2 minutes, Berius fit un signe de tête à Tulsei avant de tapoter son poignet pour lui indiquer qu'ils pouvaient communiquer via leurs comlinks. Il partit ensuite en courant en direction de la zone d'embarquement dans l'Implacable, suivit de Zambasi. Tulsei prit une autre direction avec TK-782, afin de gérer la défense de la station même, comme prévu dans le protocole. Il prit un ascenseur réservé qui l'amena dans la salle de contrôle de l'un des anneaux mineurs équipés de canons. Là, quelques officiers étaient déjà présents et le saluèrent à son arrivée. Il demanda alors un rapport, tandis que la voix dans les hauts parleurs annonçait la dernière minute avant contact. L'un des officiers répondit alors :

« Ils sont en train d'encercler la station, dans trois minutes la formation sera complète. Ils sont divisés en cinq niveaux, avec deux croiseurs par niveau, pour pouvoir tirer sur Milgaris à toutes les hauteurs.

- Quel est l'état des canons à notre niveau ?

- Anneau 5 chargé à 90%, on sera prêts à tirer dans une trentaine de secondes monsieur.

- Bien. État des autres anneaux ?

- Anneau 1, 2 et 7 chargés, 3 et 4 à notre niveau et 6 à 50%.

- État des boucliers ?

- 100% sur chaque secteur, pas de défaillance connue.

- Et état de la défense par la flotte ?

- Les croiseurs Fier et Déterminés sont en train de quitter la station, l'Implacable est en cours d'activation et le Briseur ainsi que l'Arrogant viennent de voir leur générateur allumé.

- Pleine capacité de défense de la station d'ici combien de temps ?

- Deux à trois minutes monsieur. Anneaux 3,4 et 5 chargés, anneau 6 bientôt prêt.»

Au même instant, la voix dans les hauts parleurs indiquait que les vaisseaux du Clan étaient maintenant suffisamment proches pour déclencher l'offensive. Dans l'Implacable, Berius donnait des ordres à chaque personne qui passait, imité par son second, Yorbun. Zambasi était à sa place, surveillant la situation. Le pont était en plein fourmillement tandis que chacun gagnait son poste, que les différents systèmes s'activaient et que le bourdonnement du générateur se faisait de plus en plus intense. L'alerte à l'offensive possible leur arriva et fit redoubler l'agitation en intensité tandis que presque tout le monde était à sa place et regardait les informations disponibles sur sa console. Un schéma basique de la formation ennemie leur fut envoyée, ainsi qu'une assignation des cibles, indiquant les deux croiseurs qui leurs étaient le plus proches comme prioritaires.

Dans la salle de commande, Tulsei activa son comlink et indiqua à Berius :

« Station à pleine capacité, tous les anneaux et boucliers sont opérationnels. Deux croiseurs ont décollés, trois restent, le tiens en premier au vu des choses.»

Berius envoya un petit signal en appuyant deux fois sur son bouton d'activation du comlink, confirmant par un petit code dont ils avaient convenus qu'il avait entendu la communication mais était trop occupé pour répondre. Tulsei fit un petit hochement de tête en voyant la petit lumière s'activer à deux reprises avant de rapidement dire :

« Je t'aime. Bon courage. »

Berius répondit cette fois avec trois pressions sur le bouton d'activation, leur code pour se dire qu'ils s'aimaient. Tous les systèmes de l'Implacable étaient maintenant opérationnels et le décollage commença. Le bourdonnement du générateur devint un grondement sourd, tandis que d'intense sons métalliques indiquaient que les amarres étaient retirées et les sas fermés. Après un sursaut qui les fit tous légèrement tituber, le croiseur fut en vol et commença à s'éloigner doucement de son anneau d'amarrage pour se diriger vers l'un des croiseurs ennemis, situé à trois kilomètres de là. Dans la station, Tulsei regardait avec anxiété les écrans montrant l'Implacable doucement s'écarter de Milgaris, un sentiment d'impuissance lui pesant, ainsi qu'une certaine crainte de perdre Berius alors qu'ils n'avaient pas réellement été en bons termes ces derniers jours.

Distrait, il ne remarqua le premier missile ennemi tiré que quand TK-782 cria à tout le monde de la cabine de contrôle :

« Accrochez vous ! »

Quelques secondes plus tard, dans un grondement sourd et une gerbe de feu orangée, le missile heurta les boucliers de Milgaris, plusieurs kilomètres au dessus d'eux, mais fit tout de même trembler la station, faisant se rattraper l'un des officiers à TK-782, qui affirma sur un ton sarcastique :

« Je ne voulais pas dire qu'il fallait s'accrocher à moi vous savez.»

Un rire nerveux parcourut les personnes présentes, tandis qu'ils observaient avec anxiété d'autres missiles être tirés. Ils reçurent le feu vert pour ouvrir le feu à leur tour et ordonnèrent alors que les canons commencent à tirer. La formation ennemie était maintenant prête, les croiseurs avaient tous finis de décoller. La bataille commençait véritablement, et si les choses tournaient mal, beaucoup d'entre eux ne pourriaient pas fuir, condamnés dans une station perdue, sans autre solution que d'attendre une aide qui arriverair sûrement trop tard pour les sauver.