Embûche

Après ces heures de combat, Tulsei, TK-782 et leur groupe finirent par arriver dans une rue dégagée, semblant vide. La nuit tombait doucement, et le ciel s'embrasait progressivement de la lueur rougeoyante du soleil couchant. La majorité des soldats ennemis semblait avoir été tuée ou avoir battu en retraite, et la ville serait bientôt prise, mais les attaquants étaient épuisés, n'ayant pris presque aucune pause et n'ayant mangé que des barres protéinées, et la perte de leurs camarades les ayant marqués. On entendait toujours des tirs dans divers endroits, témoins des combats qui n'étaient pas encore achevés. Une communication sortit de la radio de Tulsei :

« Ici camp de base, assez de troupes disponibles pour vous envoyer des renforts. Il reste encore treize villes dont la vôtre à prendre pour enfin sécuriser la couronne autour de la capitale. L'aide arrivera dans moins d'une heure. À vous.»

L'officier se saisit de l'appareil et répondit :

« Ici le colonel Tulsei, entendu. Envoyez également des barges de transport supplémentaires, il y a de nouveaux civils à mettre en sûreté. À vous.

- Reçu. Une vingtaine ont été déjà récupérés par l'arrière garde. À vous.

- Nous en avons croisé près de trente, et Berius également. Soyez vigilants. À vous.

- Reçu, les troupes seront informées. Autre chose ? À vous.

- Non, terminé.»

Il se tourna vers les autres soldats :

« On aura des renforts d'ici une heure, la couronne est presque acquise. L'assaut touche à sa fin.»

Une rumeur de satisfaction parcourut le groupe, tandis qu'ils se remettaient en marche. Soudainement, de l'autre côté de la rue, un bruit sourd se fit entendre, qui ne pouvait pas être l'écho des tirs du groupe de Berius. TK-782 commença une analyse, tandis que Tulsei faisait signe aux soldats de lever leur arme. Le droïde resta immobile quelques secondes avant de parler :

« C'est un véhicule lourd. Il faut se mettre à couvert. »

Le groupe se mit en mouvement pour se dissimuler derrière les véhicules abandonnés ou carbonisés, tandis qu'à une centaine de mètres de là, une ombre massive apparaissait au coin de la rue. Le bruit sourd devint plus clair, et ils purent observer le véhicule ennemi dans la pénombre qui commençait à tout recouvrir. Porté par six pattes semblables à celles d'un gros insecte, au diamètre empêchant de simplement les briser ou les déformer, un habitacle blindé supportait un canon court ainsi que deux tourelles rotatives plus petites. Quatre phares éblouissants éclairaient devant le char, tandis que ce dernier avançait comme une imposante créature insectoïde. Toujours dissimulés, les soldats se rendirent compte avec inquiétude que le véhicule arrivait progressivement dans leur direction. Tulsei dit alors :

«On évacue la rue, ça ne va pas être possible de lui tenir tête. Go ! »

Une dizaine de soldats se leva alors et couru vers l'angle de la rue, immédiatement repérés par le tank, qui tira un obu dans leur direction. Par chance, il manqua son coup et atteignit le bâtiment à côté, cependant la déflagration affaiblit la façade, et la construction s'effondra alors, barrant le passage et empêchant d'autres soldats d'évacuer. TK-782 jura, tandis qu'au même instant, les pilotes du char ayant déduit que les fuyards n'étant certainement pas les seuls militaires présents dans la rue se mirent à mitrailler les véhicules. Les étincelles ressortaient particulièrement dans la lumière du crépuscule, et les soldats tentèrent, comme ils pouvaient, d'utiliser quelques points protégés pour tirer sur le véhicule. Cependant, les balles ne firent que peu de dégâts à la carlingue, qui n'eut comme seule trace de la fusillade quelques éclats sur son blindage. Tulsei demanda, tentant de trouver une stratégie à cette situation extrêmement tendue :

« Combien il reste de grenades ? Surtout les anti-g. »

Sur tous les soldats présents, seul cinq répondirent affirmativement, faisant état d'un reste de six grenades classiques et trois anti-g. Tulsei tenta de réfléchir, le vacarme des tirs ennemis l'empêchant de se concentrer efficacement. Il se tourna vers son second :

« TK-782, quels seraient les dégâts de l'explosion d'une grenade sur une des pattes ? »

Le robot réfléchit quelques instants avant de répondre, sans être entièrement sûr de lui :

« Le blindage est épais, il faudrait au moins deux grenades bien placées pour empêcher une patte de fonctionner.

- Et au bout de combien de pattes le tank ne sera plus manœuvrable ?

- Au moins quatre. Ou alors trois, si elles sont toutes du même côté. Ces chars sont très stables, il tiennent toujours en place en ayant plus qu'une patte d'un côté et deux de l'autre. En revanche si on arrive à faire autant de dégâts, il va sûrement fuir. Détruire deux pattes devrait le décider à battre en retraite.»

Tulsei hocha la tête en écoutant son second, puis réfléchit à une stratégie à adopter. Après quelques instants, alors qu'il allait indiquer ce qu'il avait imaginé, le char tira un nouvel obu, qui propulsa l'un des véhicules et les cinq soldats se trouvant derrière contre une façade, les tuant sur le coup. L'officier cria alors de viser la patte avant gauche avec une grenade. Un soldat possédant encore une grande lança la sienne, qui tomba proche de sa cible avant d'exploser, déstabilisant le char un instant. Lorsque la fumée se dissipa, une patte endommagée fut révélée, montrant que les pronostics de TK-782 étaient justes.

Un second soldat saisit sa grenade avant de la jeter, mais fut fauché par un tir de tourelle alors qu'il venait de se lever. La grenade ne parcourut que deux mettres et explosa bien trop loin de la cible pour lui faire un quelconque dommage. TK-782 se saisit à son tour d'une grenade et la lança, visant parfaitement. Après l'explosion, le char ne possédait désormais plus qu'une sorte de structure nue et inutilisable à la place de sa jambe avant gauche. En réponse, il tira un nouvel obu, qui éventra un bâtiment et força les soldats à proximité à se coucher, les mains sur la tête, pour éviter la déflagration. Le blindé continua alors d'avancer, légèrement boiteux, et deux soldats lancèrent en même temps leur grenade. L'une d'entre elles seulement atteignit sa cible, la seconde atterrissant trop à côté. Et le véhicule de guerre s'approchait toujours.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top