Bombardés

Les entraînements continuèrent durant quelques semaines, chaque jour les soldats progressant un peu plus. Les informations concernant la guerre se faisaient toujours plus pessimistes, et chaque jour il semblait que le conflit allait éclater. Une nuit, alors que peu de monde dormait à cause d'une pluie battante s'abattant sur les tentes, un son étrange et très aigu se fit entendre. Berius se redressa légèrement, mais n'entendit plus rien pendant plusieurs minutes. Tulsei quant à lui fixait le plafond de la tente, tentant de trouver le sommeil, sans faire attention au bruits d'animaux. Cependant, le son recommança, et soudainement l'alarme du campement se mit en marche. Tulsei et Berius enfilèrent rapidement une veste et des bottes avant de prendre une arme, alors que des bruits sourds se faisaient entendre à l'extérieur, et sortirent rapidement de la tente.

Ils furent alors soufflés en arrière dans un grand flash lumineux accompagné d'une intense chaleur. Une explosion à une dizaine de mètres d'eux venait de les envoyer au sol, et d'autres éclataient un peu partout autour dans le campement, tandis que l'alarme redoublait de force et que de plus en plus de soldats sortaient de leurs tentes. Les canons lourds situés sur les tours de guets ne tiraient pas, ne parvenant pas à trouver ce qui provoquait ces gerbes de flamme dans la nuit et l'averse. Les deux officiers se relevèrent, protégeant leur tête avec leurs mains, et se mirent à courir vers l'une des tours proches. Un instant après, le son aigu se fit entendre, et Tulsei cria pour que le plus de monde possible l'entende :

« Tout le monde à terre !  »

Un instant plus tard, alors qu'ils s'étaient jetés dans l'herbe trempée, de nouvelles explosions traversèrent le campement, soulevant des centaines de kilos de terre et déchiquetant des tentes. Ils se relevèrent immédiatement, arrivant près d'une des tours tandis que de nouvelles explosions retentissaient à l'autre bout du campement. Un projecteur parvint quelques instants à se fixer sur un objet sombre filant dans le ciel, et la déflagration de nouvelles explosions souffla la base d'une tour, qui s'effondra dans un puissant vacarme. Les deux officiers, arrivés à la tour, grimpèrent alors l'échelle, ne pensant à rien d'autre qu'arriver en haut, sans trouver le temps d'avoir peur. En haut, ils trouvèrent un soldat occupé à manier un projecteur, cherchant comme il le pouvait le véhicule responsable des explosions retentissant à nouveau dans le campement, et un autre recroquevillé contre une paroi, les mains sur les yeux.

Tulsei alla rapidement prendre le relais de celui faisant bouger la lumière, lui ordonnant de s'occuper de son camarade. Le soldats cria qu'il avait été aveuglé par l'une des explosions alors qu'il avait des jumelles à vision nocturne et alla immédiatement lui fournir les soins qu'il pouvait, et Berius alla s'installer dans le canon lourd. Plissant les yeux, Tulsei se concentra, écoutant du mieux possible la provenance des explosions ainsi que le son aigu, mais ce dernier semblait venir de partout. Soudainement, une ligne d'explosion se fit de manière très claire, et l'officier pointa en anticipant le projecteur dans le ciel. Un vaisseaux très aérodynamique d'une dizaine de mètres de long fut immédiatement eclairé, volant rapidement au dessus du campement, tandis que tous les canons se concentraient dessus, ainsi que d'autres projecteurs.

Les tirs se déchaînèrent alors contre le vaisseau, et il fut rapidement touché à l'arrière. Faisant une embardée pour éviter un nouveau tir, il laissa voir une longue traînée de fumée qui permit de le suivre plus efficacement. Au même instant, de nouvelles explosions retentirent, ne provenant pas de lui. Alors que son réacteur s'enflammait, les projecteurs se remirent à bouger en direction du ciel, traquant l'autre attaquant. Il apparut rapidement qu'il y en avait en réalité deux autres, et l'un d'entre eux fut touché à l'aile. Le premier ne semblait plus réussir à contrôler sa trajectoire, et alla s'écraser quelques centaines de mètres plus loin, tandis que les deux restant continuaient leurs tours de bombardement, ravageant le campement et mettant à mal les boucliers de la corvette. Un autre tir atteint celui s'étant déjà fait toucher, et il s'enflamma également avant d'exploser en plein vol. Ses débris rougeoyants tombèrent alors au sol plus loin, et le dernier vaisseaux fit demi tour, s'envolant vers le ciel sans demander son reste et battant en retraite. L'attaque semblait terminée.

Les projecteurs furent tous braqués sur le campement, afin de faciliter la recherche de blessés et de constater au mieux l'étendue des dégâts. Une bonne moitié du campement n'était plus qu'un bourbier fumant et déchiqueté, et la majorité des tentes avaient été soufflées, gisant au sol tristement, désarticulées. Berius et Tulsei descendirent rapidement, le premier restant sur place pour aider, le second prenant deux hommes avec lui pour aller inspecter l'épave du bombardier qui brûlait toujours. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent à côté, une grande partie des flammes ayant déjà été éteintes par la pluie, qui semblait encore empirer. Le métal tordu semblait chromé sous le carbone déposé par les flammes, et des lignes de couleurs noire et rouge le parcouraient. Le cockpit brisé laissait voir des instruments complètement hors d'usage, et le corps du pilote gisait quelques mètres plus loin, sans bouger. Ils s'en approchèrent, arme en main, avant de constater l'état déplorable de son torse et sa mort.

« C'est le symbole du Clan Cosmique.»

Déplora Tulsei, qui voyait ses soupçons se concrétiser. Ainsi le conflit avait bien éclaté, et ils avaient été parmis les premiers à en pâtir. L'un des soldats fit alors remarquer une légère lumière bleue venant de la coque du vaisseau, et Tulsei plissa les yeux avant de s'affoler et de crier :

« À couvert !  »

Ils se mirent alors à courir, tandis que la lumière bleue devenait plus intense et que la coque semblait se dilater. Quelques secondes plus tard, ils sautèrent en avant et plongèrent dans l'herbe, tandis qu'un énorme flash lumineux anéantissait la carcasse du vaisseau, les soufflant une dizaine de mètres plus loin. Les flammes s'élevèrent de plus belle dans la nuit, tandis qu'ils se relevaient, essouflés et trempés, éclairés par la lueur du brasier. La guerre avait commencé.

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