Appel À Tous

À partir de cet instant, leurs chemins se séparèrent. Une année entière passa, durant laquelle l'Union gagna toujours plus de terrain. Sa victoire n'était désormais plus qu'une question de temps. Les révélations s'enchaînèrent également dans les médias, portant un sévère coup à l'Union. De nombreux systèmes mirent un terme à leur collaboration avec l'Union, redevenant indépendants, formant de plus petites factions. Dans l'armée, les soulèvements et mutineries se multiplièrent également, soumettant l'Etat Major à une grande pression, forçant la démission de plusieurs hauts officiers. Cependant, une grande partie d'entre eux restèrent, intouchés, malgré les accusations envers eux.

Bahara quitta l'armée quelques semaines après la séparation. Zambasi choisit de rester dans l'équipage de l'Implacable, sous les ordres de Berius, afin de pouvoir intervenir si jamais ce dernier tombait lui aussi dans des exactions impardonnables. Berius, lui, accepta la présence de Zambasi afin de garder un œil sur ses actions, préférant savoir la personne qu'il considérait comme déloyale sous ses ordres que dans l'équipage d'un capitaine n'étant pas au courant de ses idées de traîtrise.

Tulsei, lui, était resté capitaine du Rancunier, avec comme second TK-782, et s'assurait de toujours maintenir les dégâts au minimum lorsqu'il était en mission, protégeant du mieux qu'il pouvait les civils en empêchant des frappes inutiles. Durant l'année, il vit d'un bon œil les soulèvements réguliers dans l'armée, et applaudit les démissions de criminels. Cependant, il n'avait plus accès aux informations problématiques. Le réseau de limitation des archives avait été encore plus limité, uniquement réservé aux hauts officiers, afin d'empêcher quiconque d'à nouveau partager des informations compromettantes comme celles ayant menés à la crise actuelle.

Un jour, tandis que de nouvelles batailles étaient gagnées quotidiennement, et que les forces du Clan battaient en retraite progressivement, un appel fut lancée à la quasi totalité des croiseurs de l'Union. "L'armée du Clan Cosmique se rassemble autour de Sialandar, afin de mener une attaque coordonnée sur la planète centrale. À tous les vaisseaux recevant cette transmission : changement de cap vers le système de Sialandar, en direction de sa troisième planète. Une fois l'armée de l'Union rassemblée, l'attaque sera menée immédiatement sur les vaisseaux présents, et des champs de limitation seront déployés afin d'empêcher tout départ en vitesse subluminique ainsi que toute arrivée de renforts dans l'espace proche. Réassignation immédiate. Attaque menée dans trois semaines."

Berius, qui était dans sa cabine personnelle, sortit immédiatement et arriva sur le pont avant de donner ses ordres :

« Cap sur Sialandar immédiatement, ordre de l'Etat Major. Combien de temps de voyage ?"

Un opérateur fit le calcul et répondit :

« Deux semaines capitaine.»

Berius hocha la tête avant de regarder Zambasi, qui venait d'arriver sur le pont à son tour. Il lui dit alors :

« Cette guerre arrive dans son dernier mois. Dommage pour toi, aucune occasion de trahir l'Union ne s'est présentée.»

Zambasi leva les yeux aux ciel avant de rejoindre son poste, tandis que Yorbun rejoignait également sa console de navigation. Les calculs étaient lancés pour le saut, et les moteurs du croiseur se mirent à vrombir, le faisant manœuvrer pour se positionner en direction de leur objectif. La planète autour de laquelle ils étaient en orbite disparut de leur champ de vision, se retrouvant dans leur dos, tandis que l'ensemble de l'équipage était en effervescence. Dans le Rancunier, Tulsei également se préparait à mettre le cap sur Sialandar, prévoyant son arrivée dans une vingtaine de jours. Il sentait un mélange d'excitation et d'angoisse à l'idée de voir la guerre se terminer si soudainement. Dans moins d'un mois, tout serait enfin terminé. Enfin les criminels allaient pouvoir payer, ne pouvant plus se cacher derrière leur importance stratégique.

Dans l'Implacable, l'impulsion fut mise, et un immense vortex bleu s'ouvrit devant le croiseur qui s'y engouffra. Sa lumière illumina le pont, et Berius la regarda, songeant qu'à l'autre bout se trouvait la culmination de ce pourquoi il s'était battu, l'étape finale du conflit pour lequel il avait tout donné, pour lequel il avait délaissé ses amis, son couple. Si la fin de la guerre se trouvait probablement à la fin de ce vortex, il savait que l'enfer y prenait également certainement place, et que l'issue de la bataille, qu'importe le vainqueur, verrait de nombreuses pertes. Dans le Rancunier, Tulsei avait des pensées proches en observant la lumière du vortex subluminique dans lequel s'était engagé son vaisseau. Cependant, lui ne s'inquiétait pas tant de l'issue de la bataille, la guerre étant déjà presque gagnée, que des pertes occasionnées, et des centaines peut-être milliers de familles qui allaient ressortir brisées de l'événement qui allait se dérouler dans quelques dizaines de jours.

Il espérait plus que tout, mais sans y croire réellement, que ce champ de bataille ne serait pas le témoin de nouveaux crimes de guerre comme tous les autres déjà occasionnés par ces deux armées. Pourtant il savait déjà le sort des vaisseaux capturés, de leurs équipages, la destruction de bâtiments s'étant rendus. Il savait que les camps de prisonniers ne seraient jamais aussi remplis qu'à l'issue de ce mois. Tout allait prendre fin, d'un point de vue politique peut-être. Mais pour des milliards de personnes, le calvaire serait loin d'être terminé, par le deuil, la reconstruction, toutes les transitions politiques nécessaires pour faire passer les institutions dictatoriales des planètes du Clan à des parts de l'Union et de ses allures superficielles de démocratie.

Il secoua légèrement la tête, sortant de ses pensées alors que TK-782 demandait :

« Ça va capitaine ?

- Tout va bien... J'ai eu une petite absence en pensant à ce qui nous attendait de l'autre côté de cette lumière.

- Sûrement des manquements aux lois de la guerre et d'innombrables infractions aux traités éthiques normalement en vigueur lors des conflits.

- Oui c'est bien ce que je me disais.

- Ça risque d'être intéressant à voir.

- Je ne sais pas si c'est le mot...»

Il eut un petit rire sans joie tandis que son second secouait légèrement la tête en pensant à la suite. Berius, lui, ne parlait pas. Il était retourné dans sa cabine, et fixait le mur, sentant doucement arriver la pensée du "et ensuite" ?

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