Deuxième chapitre : une personne neutre pour un concours truqué


-Hermès, m'appela langoureusement Aphrodite.

Ah, la fourbe, elle sait très clairement que je ne suis pas insensible à ses charmes !

-Tu veux bien venir par ici?

Tout dans le regard des déesses et de Zeus me hurlait un seul mot : fuite !
Alors j'amorçai une démarche de retraite stratégique :

-Desolé, en tant que dieu des messagers, je dois rester objectif, je ne veux pas prendre parti...
Traduction : Je ne veux pas mourir et mon métier est une belle excuse.

-Mais mon fils, insista Zeus, tu dois simplement choisir un mortel apte à faire ce choix !
Traduction : Mais tu ne risque rien idiot viens m'aider à sortir de là!

L'entièreté des invités me regardaient. C'est malin, maintenant que Zeus a dit que je ne risquais rien, je ne pouvais tout simplement pas refuser et passer pour un lâche...

-Soit, je veux bien le faire.
Traduction : Bah je vais pas dire non je suis au pied du mur!

-Mais, j'ai ajouté histoire de faire chier mon monde, j'aurais besoin de plusieurs jours pour choisir mon mortel !
Bim. Le coup fatal. Échec et mat. La cerise sur... Bon vous avez compris.
A vrai dire, je n'avais pas besoin d'autant de temps... Mais quand on m'emmerde, je vais pas me gêner pour leur retourner la politesse !

Donc Aphrodite, Athéna et Héra ont fait la gueule toute la soirée (je pense que j'ai même rendu service aux autres invités comme ça) j'ai pu empocher l'argent de mes paris et Zeus draguer son dieu mineur sans que personne ne vienne nous déranger !



Pour choisir la plus belle des déesses, il faut bien entendu le plus beau des mortels.

Évidemment, son jugement ne pourra pas être contesté : toutes les personnes avec un beau physique sont bons, c'est évident ! De même, tous les laids, les thons, sont des gros égoïstes avares et cons...

Attention, c'est la raison pour laquelle les grecs de l'antiquité ont cru que j'avais choisi le mortel Pâris ! Ces gens là étaient CONVAINCUS que beau = bon !

Alors que moi... La véritable raison pour laquelle j'ai choisi Pâris est... J'avais la flemme de me casser la tête ! Aphrodite me parlait de l'importance de la beauté extérieure comme dix millième raison de l'erreur qu'on avait fait de la marier à Hephaïstos quand je me suis rappelé du mortel que je devais trouver. Alors j'ai tapé "plus beau des mortels" sur la base de recherche, hop, emballé c'est pesé, n'en parlons plus.

Déjà, Paris était un berger.Donc, ce n'était pas un de ces mortels riches et prétentieux, puant l'hubris à plein nez, orgueilleux, méprisants.
Ensuite, cétait un des fils de la reine de Troie.

Lecteur lambda : tiens? Pourquoi est ce qu'un prince Troyen serait berger? Serait-il un partisan de la philosophie de Diogène? Ou un bourgeois bohème? En tout cas il...

Stop stop stop, la plupart des lecteurs ne se posent pas de questions, ils se contentent de lire, alors laissez moi raconter.
C'était un fils de la reine de Troie, sauf qu'avant sa naissance, elle a rêvé que Pâris serait la cause de la ruine de sa ville...
Alors, un rêve comme ça c'est compréhensible : la ville de Troie, bien située et riche, était très, très convoitée par tous les autres peuples. Il est donc normal que son inconscient lui fasse craindre le pire.
C'est moins normal qu'elle en parle aux oracles troyens qui décidèrent de tuer l'enfant une fois né.
Je vous dis, les familles de la mythologie grecque sont toutes exemplaires.

J'imagine assez bien la discussion :

Dans la chambre royale (et oui c'est mieux en italique, c'est plus classe), la femme de Priam dont j'ai oublié le nom se réveillait en sursaut.
Elle se pelotonna contre Priam et le réveilla.

-Priam, mon mari, j'ai fait un affreux cauchemar, viens me rassurer je t'en supplie !
-De quoi parlait ton cauchemar? Dit il d'une voix à moitié endormie.
-J'ai vu l'enfant à qui je vais bientôt donner naissance, entouré de flammes qui brûlaient Troie... Oh mon amour, j'ai eu si peur !

-Je vais en parler aux oracles.
-Les oracles?! Non ! Surtout pas, ils vont te remplir la tête d'inepties, reste donc près de ta femme, j'ai eu si peur, si peur!

-En tant que souverain de Troie, c'est mon devoir de savoir déchiffrer les messages divins.
-Mais c'est juste un cauchemar à cause des hormones et de mon inquiétude !

-C'est forcément un message des dieux.

Sur ces mots, Priam sortit de la chambre d'un pas précipité.
Arrivé au temple dédié à Apollon, Priam parla aux oracles du rêve.

Ceux ci se réunissèrent en petit comité pour décider de la signification de ce rêve.

-Cette femme est une grosse parano, on le sait !
-Elle a juste
ENCORE rêvé de la destruction de la ville...
-On va lui dire qu'elle a besoin d'antidépresseurs, et on retourne dormir !

-Attendez, ô pauvres fous !
Tous les oracles se tournèrent vers celui qui venait de parler.

-Et si ce rêve était réellement un message des dieux?
-Mais non, qu'est ce que tu racontes!

-Si c'est un message des dieux et qu'on l'ignore, la punition divine tombera sur nous !
-Oh merde.

Vous imaginez l'horreur que ça devrait être de vivre à cette époque?


A la naissance de l'enfant, le roi Priam le refila à des serviteurs et leur ordonna de le faire tuer. Mais malheureusement, personne ne voulait se salir les mains !
Imaginez : le roi, brandissant un bébé braillard par la jambe en ordonnant qu'on le tue...

-Allez! C'est pas si difficile pourtant de tuer un bébé ! Criait Priam pour se faire entendre au dessus des cris de son fils. Pensez juste que c'est comme un grec !

Tous les serviteurs présents regardaient ailleurs, aucun n'osait prendre l'enfant.
-Bon. Et, toi ! Cria le roi en désignant un serviteur particulièrement faible. Le serviteur sursauta, puis trembla (mauviette, va!).
-Ou-oui, m-m-mon roi?
-Débarrasse moi de cette chose, et que ça saute !
-Qu..quoi?! M-m-mais m-mon roi, j-je ne...
-Si tu ne le tue pas une place t'attends chez les esclaves!

Alors la mauviette avança vers le roi et prit le bébé dans ses bras.
-Mais non ! Ne le prends pas dans tes bras comme s'il méritait de la tendresse ! Prends le par la jambe et brandit-le comme un trophée !
Vous trouvez ce comportement indigne d'un père ? Laissez moi rire ! Ma belle-mère Héra a jeté son bébé Hephaïstos par la fenêtre parce qu'il était moche ! À coté de ça, Priam est le père de l'année... (Sans rancune, Héra?)

En tout cas, voilà que Priam était débarrassé de ses craintes, et que mauviette se retrouva affublé d'un bébé innocent (et trop trop trop mignon) à tuer...
-Je ne peux pas le tuer, se disait-il en faisant les cent pas, les dieux ne me le pardonneraient pas. Tuer un petit enfant innocent, qui n'a rien fait pour mériter ça, est indigne du Troyen que je suis. Je sais ! Je vais l'exposer dans la nature, comme ça un loup ou un ours le bouffera, et je ne serai pas coupable ! Ça c'est une bonne idée !

Alors, il prit le bébé, marcha jusqu'à la colline la plus proche et l'y déposa, puis repartit en sifflotant, satisfait par sa journée bien remplie. Rapidement, la nuit tomba, et le bébé se mit à pleurer, comme tous les bébés abandonnés seuls dans la nature - vous en connaissez beaucoup? Moi plein!

Bref, les cris attirèrent un loup affamé qui ni une ni deux bouffa l'enfant. Fin. La guerre de Troie n'aura pas lieu.









Mais non ! On peut même pas blaguer avec vous !

Donc, les cris de Pâris attirèrent un berger qui éleva l'enfant comme son fils.

Bref, le prince-berger Troyen devient un beau jeune homme, grand et fort, dont le visage semblait sculpté par Phydias, avec un regard plus profond que l'océan, au sourire aussi doux qu'un nuage, et... Pardon, je me suis emporté, mais Paris était bien le plus beau des hommes!

Un jour, son plus beau taureau lui fut ravi pour devenir la récompense du vainqueur de jeux en l'honneur d'un "pauvre enfant mort-né des souverains troyens".
En gros, celui qui allait détruire la ville. En gros, lui-même.

C'est assez clair? Alors Pâris se dit :

-Ces snobs m'ont volé mon plus beau taureau pour un prince dont la flamme de la vie a été trop courte pour apprécier un tel cadeau. C'est du gâchis... Je sais ! Je vais y participer, et gagner pour récupérer mon taureau !

Notez l'ironie. Allez ! Notez, j'attends ! Pour une fois que je fais quelque chose de subtil, il faut que vous le remarquerez tous ! TOUS !

Donc Pâris participa, et gagna, ce qui ne plut pas à deux princes troyens, Déiphobe et Hélénos (donc les frères de Pâris) qui y participaient.

-Punaise, c'est un berger qui nous a battu comme des merdes ! Disait Déiophobe. (ce mec ne devrait jamais dire son nom à un dieu...)

-Nous sommes déshonorés jusqu'à la fin de nos jours... Se plaignait Hélénos. (Qui malheureusement n'était pas aussi beau qu'Hélène)

-Nous pourrions accomplir un fait d'armes extraordinaire pour rétablir notre honneur!

-Ou, plus facile et moins dangereux, on pourrait juste punir cet effronté qui a osé nous battre loyalement !

-Hum... Si on le tuait ?

-Bonne idée ! Alors quand Pâris vit deux princes troyens armés jusqu'aux dents courir vers lui en gesticulant et criant, il comprit qu'il était l'heure de combattre et, armé de son plus grand courage....

S'enfuit comme un lâche.


Il courut, courut jusqu'à arriver dans un temple et se cacha derrière une statue. Avec horreur, il sentit un souffle dans sa nuque... Il se retourna et vit une simple (mais magnifique) prêtresse penchée vers lui avec un sourire triste. Pâris enclencha aussitôt son air dragueur :

-Jeune femme, gémit-il de la voix la plus sensuelle possible, je suis poursuivi par de vils bandits. Saurais-je trouver..

La prêtresse leva les yeux au ciel.

-Arrête ton cinéma, Pâris, fils de Priam et d'Hécube, prince de Troie.

-Hein?! "Cinéma"? Vous avez fumé? J'espère que ce n'est pas contagieux, parce que vous êtes époustouflante de beauté, si vous voyez ce que je veux dire...

-Tes parents auraient du t'appeler Œdipe... Murmura-t-elle entre des dents.

-Œdipe? C'est qui? Un héros ? Parce que vous savez, prêtresse, vous en avez un en face de vous! Il y a quelques secondes je me suis justement battu avec deux princes troyens... La prêtresse s'éloigna sans rien dire, mystérieuse... (Et tellement canon!!)

-Hé ! Hé, attendez!

La prêtresse mystérieusement mystérieuse, disparu mystérieusement dans un mystérieux couloir... Quel mystère!

-Pâris, murmura-t-elle quand il l'eut rejoint, tu es plus important que ce que... Non sérieusement je dois encore continuer mon air mystérieux longtemps ?!

Dissimulées derrières les statues, cinq ou six prêtresses rigolaient comme des truies (insupportables, ce genre de nanas!!).

-Mais grouille toi de lui dire!!! Lança l'une d'entre elles d'une voix suraiguë...

-Dis lui! Dis lui! Dis lui! Dis lui!

-C'EST BON ! Cria la prêtresse exaspérée. Je vais le dire ! (puis, à l'intention de Pâris:) En gros, tu es le fils de Priam et d'Hécube, donc un prince de Troie, donc mon frère, vu?

Les filles hurlèrent de joie (effrayantes!!) et partirent en rigolant pendant que Pâris pâlissait, se rendant compte de l'énorme enjeux de cette révélation qui chamboulait tout son univers...

-J'ai dragué ma sœur ?!

-Je te dis que tu es le dernier né d'une lignée légendaire de héros, que l'Ichor coule dans tes veines, que tu es de sang royal, et tout ce qui t'importe c'est tes amourettes à deux sous?

-Bah oui, répondit Pâris en haussant les épaules. Il y a trois secondes j'étais toujours un berger alors toutes ces histoires de politique c'est un peu abstrait tu vois... Et puis tu es vachement canon ! Mais au fait tu es qui?

-Un personnage important dans l'histoire, mais l'auteur ne veut pas que je dise qui je suis pour laisser planer le mystère auprès des lecteurs, tu vois?

-Euh... Au fait, il faut pas fumer les bâtons d'encens, tu sais?

-Je ne fume pas ! Bon, je m'appelle Cassandre, t'es content? Les yeux exorbités, Pâris gardait la bouche ouverte dans une expression d'étonnement pur.

-Cassandre... Murmura-t-il comme s'il venait enfin de comprendre quelque chose. Mais oui...! Jamais entendu parler.



Poussé par Cassandre, Pâris retrouva son père dont la réaction quand il reconnut celui qui allait probablement détruire sa ville peut se résumer en une phrase : "Ah? Ah bon... Euh, oui? Ah ! Mon fils! Que je suis... Heureux de te revoir ?"

Quand Priam présenta (avec le plus de bonne fois possible) son fils à sa famille, les réactions furent plus intéressantes à écrire (et c'est pour ça que je prends le temps de les écrire, sinon...)

La mère de Pâris se précipita sur lui, le serra dans ses bras, amenant jusqu'au bord de l'étouffement le jeune homme gêné d'être embrassé par une inconnue.

-Pff, je l'savais. Marmonna Cassandre sans que personne ne l'écoute. Sinon demain il pleuvra de dix-sept heures trente à dix-neuf heures trois.

-Je reste quand même l'héritier du trône ? Demanda Hector, le fils aîné de Priam qui était plus concentré à enlever un œuf d'esturgeon coincé entre ses dents -dans le genre jemenfoutiste, c'est fort !

-Bien sûr, mon fils. C'est juste... Un fils d'Hécube et moi, votre frère, que nous avons retrouvé.

-"Retrouvé"? S'étonna Hector en haussant un sourcil. Vous l'aviez égaré?

-C'était pas celui qui allait détruire la cité? Fit Hélénos (un des princes qui avait perdu contre Pâris, suivez un peu!)

-Je pensais que vous l'aviez tué ! Continua Déiophobe.

Priam fit la grimace, Hécube le fusilla du regard, Cassandre hocha la tête tristement, Pâris avait la bouche grand ouverte, Hélénos soupira, Hector lâcha son cure-dent.

-Ce petit berger va détruire MA cité?! S'indigna-t-il.

-Tu veux qu'on voit maintenant qui est le plus fort entre "le petit berger" et ton ventre plein de gâteaux ? Rétorqua Pâris en serrant les points.

-Parce qu'en plus d'être faible tu es idiot! Viens donc j't'attends !

-Et la vie luxueuse de gosse de riche n'a pas trop ankylosé tes muscles? Tu veux une petite tasse de thé avec mon poing dans ta figure?

-Fils ! Cria Priam. Calmez-vous, et rappelez-vous que le même sang coule dans vos veines.

-J'ouvrirais bien les siennes, moi, pour comparer !

-Hector !

Le prince se figea au son de la voix de stentor de son père. (ce que j'écris bien, moi!) Les deux hommes se toisèrent encore quelque secondes, puis se détournèrent.

-Et donc, c'est lui que vous avez voulu tuer ou pas?

-Oui... Admit Hécube pendant que Priam disait que non.

-Vous avez essayé de me tuer?!

-Qu'il est dur de se séparer des cafards... Soupira dramatiquement Hector. Ils continuent de s'accrocher bêtement à la vie.

Pâris se jeta sur lui, le frappa au visage, puis Hector rétorqua en lui mettant un coup de poing dans le ventre, puis Pâris enfonça son genoux entre les jambes d'Hector.

Bref, Pâris fut en tout cas accueilli très chaleureusement dans sa véritable famille.



Quand Athéna, Aphrodite et Héra ont voulu se faire départager, nous sommes tous les quatre allés voir Pâris qui gardait des moutons sur une colline.

Lecteur : Mais seigneur Hermès, pourquoi nous avoir raconté comment Pâris a été reconnu comme prince alors que la scène du jugement de Pâris a visiblement lieu avant?

Bonne question !

Donc, nous apparurent dans notre plus grande splendeur divine devant Pâris (tous les moyens sont bons pour impressionner un mortel!). Face à cette explosion de puissance, Pâris leva la tête simplement, comme si de rien était.

-Ah, bonjour !

-"Ah, bonjour"?! Rugit Héra. Comment oses-tu être aussi impertinent pauvre cafard?!

-Calme-toi, lui dit Athéna, il n'a pas compris qui nous sommes, le pauvre... 

-Compris quoi? Qui êtes-vous?

-Pâris, lui dis-je, je suis Hermès, dieu du commerce, des messagers, des voyageurs, des voleurs, de...

-Bref c'est le messager des dieux. Osa m'interrompre Aphrodite (mais quel toupet!). Moi c'est Aphrodite, déesse de l'amour, et les deux cruches là elles sont pas importantes.

-Quoi?! Crièrent les deux cruches à l'unisson.

-Vous êtes donc des dieux. Pâris se tut quelque secondes, comme pour réfléchir. Je dois faire quoi, m'agenouiller, vous faire des offrandes, un tope-là?

-Petit impertinent je devrais te réduire en poussière pour cet affront supérieur à...

-Mais on va passer l'éponge, pour cette fois. Bon, les filles, à partir de maintenant, plus aucune ne parle pour que Pâris puisse rester impartial !

Les trois ronchonnèrent pour la forme puis se turent.

-Mais seigneur Hermès, pour quoi devrais-je rester impartial?

-En gros, Pâris, ces trois déesses, Héra, la déesse du mariage et femme de Zeus, Aphrodite, la déesse de l'amour, et Athéna, déesse de la sagesse...

-Merci, mais je connais mes classiques!

-Ne m'interromps pas, j'ai horreur de ça. Bref, ces trois déesses sont en désaccord et c'est toi qui va les départager.

-Moi? Mais je ne suis qu'un...

-Ne pas m'interrompre, j'ai dit.

-Pardon.

-Tu vas devoir décider laquelle de ces déesses est la plus belle!

-Pourquoi ?

-Parce qu'elles veulent... Mais ça ne te regarde pas ! Désigne moi juste celle que tu trouves la plus belle!

-Euh... Pâris regarda tour à tour les trois déesses, se rendant sûrement compte de leur puissance... Je risque pas de m'attirer la colère des deux autres si j'en choisis une?

-Tu as raison. Les filles, quelques règles s'imposent ; interdiction d'utiliser la magie, de poser, de se mordre, de se pousser, de se cracher, de se battre, de maudire le juge s'il ne vous choisit pas, et interdiction formelle de le corrompre !


Les trois déesses hochèrent la tête, se turent quelques secondes.

-Je t'offrirais l'Asie toute entière comme royaume!

-Héra ! Firent les déesses, exaspérées.

-Je n'ai pas une aussi grande ambition, désolé. Mais au fait, seigneur Hermès, pour pouvoir correctement les juger je ne devrais pas les voire nues?

-QUOI?! Cria Athéna, outrée.

-Moi je suis d'accord de voir Aphrodite nue, fit Héra (on se demande pourquoi elle voulait lui enlever sa ceinture dans le premier chapitre...) mais je refuse de me montrer entièrement à un cafard!

-C'est moi, le cafard ?!

-Tu vois d'autres princes gardant des moutons dans les parages ?

-Tiens au fait, dis-je, pourquoi tu gardes les moutons?

Pâris baissa les yeux, honteux.

-Je suis puni parce que j'ai frappé Hector entre les jambes.


Un gros silence gêné s'installa.

-Je t'offre la victoire sur tous les champs de batailles!

-Athéna !

-Quoi?! Hera a le droit de faire son petit cadeau et moi pas?

-Hera n'a PAS le droit de faire son "petit cadeau" ! Répondis-je mais personne ne m'a écouté...

-Sinon, quelque chose d'aussi futile que gagner une guerre ne m'intéresse pas ! Répondit celui qui allait déclencher la plus grande guerre du monde antique.

Deuxième gros silence.

-Je vous signale qu'il n'y a que moi qui n'ai pas encore triché, nota Aphrodite.

-Oh, tu sais, j'ai soupiré, au train où on en est, je pense qu'il sera impossible de faire ça dans les règles...

Les yeux d'Aphrodite scintillèrent, comme si elle venait de recevoir son cadeau de Noël avant l'heure.

-Vraiment? Elle n'attendit pas ma réponse et se débarrassa de ses vêtements. Là, je vous le dis, j'ai carrément oublié comment je m'appelais...

Elle s'est avancée lentement vers Pâris...J'ai le souvenir brumeux de le voir pâlir, lâcher son bâton, et bafouiller quelque chose d'incompréhensible.

-Quel beau mortel tu es... Murmura langoureusement la déesse. Le plus beau de tous. Seule la plus belle des mortelles serait digne de toi, tu ne penses pas?

-Aphrodite, rhabille-toi ! Lança Athéna.

-La plus belle des mortelles, à tes côtés...

-Plus belle que vous, dame Aphrodite ?

Héra et Athéna pouffèrent et Aphrodite grimaça. Mais vite elle reprit son air séduisant.

-Malheureusement non, mais elle est presque aussi belle.

(Ce fut la première et dernière fois qu'elle mit une mortelle "presque" au même rang qu'elle. Elle ne supportait pas ça, demandez à Psyché...)

-Si tu me choisis, tu l'auras.

Elle claqua les doigts, ses vêtements réapparurent puis elle rejoignit les déesses. Maintenant nous fixions tous les quatre Pâris, perdu dans ses pensées. 

-Euh... Voilà j'ai choisi. Mais avant de le dire, je tenais avant tout à m'excuser envers les deux déesses qui n'ont pas été sélectionnées...

-Oh le crétin, murmura Athéna à Héra, il a choisi Aphrodite.

-Je veux aussi remercier mon père, s'il ne m'avait pas abandonné à la naissance, rien de tout cela ne se serait produit, aussi remercier les deux déesses que je n'ai pas choisie pour leur fair play et ne pas me tuer sur le champ,ça serait cool...

-Le pauvre. Tant pis pour lui.

-Et le seigneur Hermès, qui a fait en sorte que tout se passe sans encombre...

-Pas de quoi, mon pote !

-Alors, voilà.

Et contre toute attente, il dit la phrase le moins prévisible au monde :

-J'ai choisi Aphrodite.


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