Chapitre 21
Chapitre 21- Des excuses et une coach !
Midorima raccrocha et regarda Kazuo qui dévorait ses spaghettis.
Se couvrant joyeusement le visage de crème fraîche, le petit garçon avait écouté la conversation téléphonique de son parrain avec une très grande attention.
Et de ce qu'il avait compris, le vert n'étais pas content du tout.
Pour tout dire, le médecin était furieux ! L'hôpital venait de l'appeler, lui demandant de venir le plus vite possible. Maintenant !
Midorima avait bien précisé que cela n'allait pas être possible à cause de Kazuo mais son chef avait été très clair : soit il ramenait ses fesses à l'hôpital soit il était bon pour en chercher un autre.
Tout ça parce qu'il était le dernier obstétricien habilité à exercer, les autres ayant succombé à une grippe particulièrement violente et se retrouvaient coincés dans un lit.
Mais pour tout avouer, le vert n'était pas du tout spécialisé dans ce domaine : à son arrivée quelques années plus tôt, il avait touché à tout par curiosité et avait assisté à de nombreuses naissances. Il connaissait par cœur la procédure et avait lui-même donné naissance à des enfants mais sous une surveillance rapprochée.
En temps normal, Midorima serait arrivé le plus vite possible -il savait très bien que son travail de médecin lui prendrait ses week-ends et qu'il n'aurait que très peu de jours de congé- mais actuellement avec Kazuo, courir à l'hôpital en laissant le gamin ici n'était absolument pas la bonne solution.
Le vert soupira et se prit la tête entre ses grandes mains.
-Tonton Shin-chan ?
La frimousse couverte de crème fraîche et les grands yeux bleus-gris ne montrant que de la curiosité, l'adorable Kazuo venait de finir son assiette et se massait le ventre.
Midorima passa sa main dans les cheveux bruns et lui demanda :
-C'était bon ? Tu en veux encore ?
-Délicieux ! Mais non merci !
Le sourire sincère de la mini-réplique le rendit encore plus mignon.
Midorima se leva et débarrassa la table tout en réfléchissant : il ne pouvait décemment pas laisser l'enfant seul ici et il ne connaissait personne pour garder son filleul à cette heure-ci. Ne restait donc qu'une chose...
-Kazuo ?
Le concerné trottina jusqu'à la cuisine.
-Je vais devoir aller à l'hôpital pour une urgence, d'accord ?
-D'accord.
-Et tu vas venir avec moi parce que je ne veux pas que tu restes tout seul ici.
Le petit brun hocha la tête.
Sa curiosité maladive -héritée de père- ne parvenait jamais à être rassasié et de pouvoir aller dans un endroit qu'il ne connaissait pas le remplissait de joie. Pour la peine, il n'était même plus fatigué.
Midorima attrapa ses clefs, son téléphone et une veste puis aida le petit garçon à enfiler son manteau. Le vert ferma sa porte et descendit l'escalier en tenant la main à Kazuo. Celui-ci, tout impatient, attendit le bus en se trémoussant.
Quand le véhicule s'arrêta près d'eux, le petit brun se jeta dedans et chercha immédiatement deux places au fond. Bien plus lent, Midorima traversa le bus et prit place sur le siège que tapotait Kazuo.
Si le plus jeune des Takao était ravi d'aller à l'hôpital, le médecin aux cheveux émeraude l'était beaucoup moins. Il savait exactement quoi faire et des infirmières expérimentées seraient là avec lui. Mais s'il y avait des complications ?! La mère et le bébé seraient en danger dans ce cas...
Légèrement verdâtre à cette idée, Midorima songea qu'il aurait mieux valu transférer sa future patiente dans un autre hôpital mais -d'après ce que son chef lui avait dit- la jeune femme ne pourrait pas attendre d'être envoyé ailleurs.
Et de plus, la femme en question était capable de détruire la réputation de l'établissement en un claquement de doigts, ce qui effrayait considérablement le médecin chef. Et ce qui pouvait expliquer sa colère soudaine lorsque Midorima avait refusé de venir.
Kazuo tira sa manche pour attirer son attention :
-On descend bientôt ?
Un coup d'œil sur le petit écran où défilait les noms des arrêts.
-Deux arrêts encore.
Le plus petit hocha la tête et colla presque son visage contre la vitre pour regarder le paysage.
En descendant du bus, Midorima conduisit l'enfant jusqu'à l'entrée de l'hôpital. A l'intérieur, il salua l'infirmière à l'accueil qui s'extasia sur Kazuo. Soudainement intimidé, le petit brun resta silencieux et chercha à se cacher derrière les longues jambes du vert.
-Où est la patiente pour laquelle on m'a appelé ?
Le numéro de la chambre qu'annonça la femme glaça le médecin. Celle-là... c'était celle d'Arina...
Cherchant à calmer la douleur dans sa poitrine, Midorima prit la main de Kazuo pour l'amener dans ce que les médecin de cet hôpital appelaient « L'arche ». Ni plus ni moins qu'une garderie pour les mômes des employés qui ne savaient où les garder quand ils étaient appelés en urgence. Soit le cas de Midorima actuellement.
L'infirmière de garde à ce moment-là accueillit les deux garçons et rassura le vert : elle s'occuperait convenablement de Kazuo. En observant les autres enfants qui pleuraient ou criaient, Midorima remercia le Ciel de lui avoir donné un filleul avec une mentalité avancée par rapport aux autres gamins.
Promettant de revenir vite le chercher, le médecin se dirigea vers les vestiaires pour enfiler sa tenue habituelle.
Drapé dans sa blouse blanche, il arpenta les couloirs jusqu'à cette chambre qu'il connaissait bien. Il allait entrer quand la femme à l'intérieur se mit à hurler :
-Oui j'ai mal ! Alors va me chercher un jus d'orange, espèce d'inutile !
La porte s'ouvrit devant Midorima qui tomba nez à nez avec une personne du passé.
-Tu es...
-Junpei ! Dépêches-toi !
Midorima lança un regard désolé sur Hyuga Junpei qui était terrifié par la femme derrière lui.
~¤~¤~¤~¤~
Ils se regardaient sans un mot, conscient pour trois d'entre eux que cette scène était déjà presque arrivée : la seule différence étant que cette fois, Midorima était remplacé par Aomine.
Assis autour de la table basse, les quatre garçons étaient sans aucun doute mal à l'aise. Kagami se passait trop fréquemment la main dans ses cheveux, Kuroko se mordait les lèvres et Aomine se craquait les doigts. Tout cela à cause du regard meurtrier que ne cessait de lancer Kise au bleu.
Très peu assuré, le maître de l'appartement demanda :
-Vous... hum... Vous voulez à boire ?
-Je veux bien.
Même la voix du blond ne cachait pas la haine sous-jacente.
Kagami partit presque en courant dans la cuisine, abandonnant son futur colocataire.
Passablement énervé par les yeux qui le foudroyaient, Aomine s'adressa à son ancien amant :
-Comment tu es arrivé là ?
Kise parut choqué qu'il ose lui adresser la parole. Kuroko se fit encore plus transparent par crainte de la réaction du blond mais ce dernier répondit contre toute attente, très calmement :
-Mon colocataire vient de s'acheter un furet et il devais l'amener chez le vétérinaire. Mais j'ai du l'amener moi-même et je me suis retrouvé dans au même endroit que Kurokocchi et Kagamicchi.
Comme pour prouver ce qu'il disait, le mannequin montra une petite cage de transport que Nigou reniflait avec beaucoup de curiosité.
-Et toi... Aominecchi ?
Il avait susurré son nom mais ne se départit pas de son dégoût dans sa voix.
Kagami n'était toujours pas revenu.
-Je les ai croisé cet aprem' alors je pensais boire un coup pour fêter les retrouvailles. Un truc du genre...
-Tu as du être vraiment heureux de les revoir, c'est sûr.
Le rouge appela le turquoise pour un coup de main et l'ancien joueur fantôme détala comme un lapin.
Seuls, Aomine et Kise s'affrontèrent enfin face à face :
-Tu fous quoi là sérieusement Kise ?!
-Pardon ?! Qu'est-ce que tu viens faire là toi ?! Ah oui, suis-je bête ! Tu venais voir l'adorable Kurokocchi, hein ?!
-Qu'est-ce que ça peut te faire ?!
Kise partit dans un rire incontrôlable :
-Tu es vraiment trop con ! Tu espérais quoi, hein ?! Tu débarques comme ça et tu espères que Kurokocchi se pendra à ton cou ?
Aomine ne répondit pas, franchement énervé par cette discussion qui ne mènerais nul part.
Kagami et Kuroko se risquèrent à revenir avec de nouveaux verres.
-De quoi parliez-vous ?
-Je racontais mon histoire triste à Aominecchi.
-Ah... Le mec qui t'a plaqué pour un autre ?
-C'est ça !
Le bleu perdit quelques couleurs en entendant les mots sortir de la bouche du rouge.
-Et donc, je disais : tu te rends compte, Aominecchi ?! On n'était pas ensemble de puis longtemps mais il m'avait quand même donné ses clefs. Et puis finalement, pouf ! J'apprends qu'il en aime un autre et il me quitte. Comme ça. C'est vraiment horrible, hein Kurokocchi ?!
Le turquoise baissa les yeux, trouvant soudainement sa tasse très intéressante. Il finit par murmurer :
-C'est horrible, oui. Je suis désolé pour toi, Kise. Cet homme est vraiment monstrueux.
Le mannequin se tourna de façon à ce que seul le bleu puisse voir son sourire victorieux et Aomine put enfin comprendre où Kise voulait en venir.
-Tu en penses quoi Aominecchi ?
Un ange passa puis deux.
Les yeux bleus et bruns s'affrontèrent, meurtriers et haineux pour l'autre. Aomine finit par s'arracher quelques mots :
-Tu ne méritais pas ça. Je ne comprend pas qu'on puisse faire une chose pareil à une personne qu'on est censé aimer.
-Tu ne comprends pas... Moi non plus.
Le blond baissa les yeux et se cachait derrière ses longues mèches or. Il sentait qu'il allait pleurer.
Un nouveau silence s'installa mais Kise le brisa :
-Je crois que je vais y aller. Mon colocataire va être furieux si je lui ramène son furet trop tard.
-Ah, d'accord.
Kagami se leva, imité par Kuroko qui lui tendit la cage où se trouvait le furet en question.
-Je suis content de t'avoir vu Kise.
-Moi aussi Kurokocchi ! Kagamicchi !
Le blond salua les garçons et quitta l'appartement.
Aomine finit par faire de même. Bon sang, il avait bien vu que son ancien amant était au bord des larmes.
-Je vais faire pareil. Désolé d'avoir débarqué sans prévenir.
Si Kagami lui assura qu'il n'y avait pas de problème, Kuroko s'approcha de son ancienne lumière et posa une main blanche sur l'uniforme du policier :
-Aomine... Je suis certain que Kise a besoin de parler à quelqu'un. Je penses que ça serait bien que ce soit à toi.
Mauvaise idée ! Kise allait l'étriper sans aucun doute.
Le bleu offrit une caresse au chien et quitta à son tour la chaleur de l'appartement. Il se sentait mal et ne savait pas pourquoi.
Bien sûr que si, il le savait. Parce qu'il était vraiment le pire des connards et qu'il sentait qu'il regrettait.
Il aperçut la chevelure blonde plus loin près d'un réverbère.
Maudit Kuroko !
~¤~¤~¤~¤~
-Pourquoi tu as demandé à Aomine d'aller lui parler ?
Kuroko fixa son ami avec ses yeux limpides.
-Tu n'as rien comprit, hein ?
-Comment ça ?
Le turquoise soupira et tendit deux autres verres au rouge :
-Rien, laisses tomber. Tu n'es vraiment pas observateur.
Kagami se demanda si le plus petit ne lui cachait pas quelques chose.
Enfin, peu importe...
~¤~¤~¤~¤~
Remis de sa pseudo surprise, Midorima rentra dans la chambre certain de l'identité de la femme à l'intérieur :
-Aida Riko, comment vas-tu ?
-Midorima Shintaro, tu as grossi.
Hyuga se jeta devant le vert qui venait de plisser les yeux dangereusement :
-Je suis désolé ! Elle ne le pensait pas ! C'est à cause de la grossesse !
-Junpei, je t'ai demandé à boire.
Le brun s'enfuit littéralement la seconde suivante.
Midorima se saisit du dossier de l'ancienne coach de Seirin alors que celle-ci pianotait sur le clavier de son portable :
-La poche des eaux s'est percée, il y a trente minutes donc... Des contractions ou autre chose ?
-Des coups de pieds, c'est tout.
La jeune femme reposa son téléphone et se massa le ventre.
-Première grossesse ?
-La deuxième. Encore des jumeaux.
-Tu comptes créer une équipe de basket à toi toute seule ?
L'idée fit bien rire Aida qui se calma légèrement quand son mari et père de ses deux premier enfants revint dans la chambre, une brique de jus d'orange.
Il lui tendit et elle le remercia d'un petit sourire.
-Tu en as mis du temps.
Subitement, le visage doux se changea en grimace de colère :
-Je souffre pour bientôt donner naissance à ton troisième et quatrième garçon et toi, tu m'apporte seulement une brique de jus d'orange ?!
-Mais tu as dit..
-Je veux du chocolat !
Midorima tenta de placer quelques mots :
-Aida, tu ne devrais pas manger...
-Je mange ce que je veux et quand je veux ! Tu es peut-être médecin Midorima, mais personne de m'empêchera de manger du chocolat. Ça jamais !
Les deux hommes optèrent pour une la fuite et malgré la porte fermée, ils entendirent parfaitement les mots rageurs de la coach.
-Je suis vraiment désolé...
-Elle est souvent comme ça ?
-A chaque grossesse.
Midorima se retint de lui dire qu'il le plaignait sincèrement.
Hyuga s'assit lourdement sur un siège plus loin. Le chocolat pouvait attendre un peu. Il tourna la tête vers le médecin aux cheveux verts :
-Combien de temps à peu près avant qu'elle n'accouche ?
-Je ne peux absolument pas te répondre. Ça peut être fini ce soir comme attendre demain.
-Oh Seigneur, non...
Puisque son chef lui avait bien dit qu'il ne devait s'occuper que d'Aida, Midorima prit place près de l'ancien capitaine pour discuter un peu. Parce qu'après tout, les deux hommes s'appréciaient à peu près.
-Je me demande pourquoi tu as accepté d'avoir encore des enfants si elle est aussi pénible à chaque fois.
Le brun eut un rire nerveux :
-Le pire c'est que je ne voulais pas d'autres enfants. Les deux premiers n'ont qu'un an et on a du mal à tenir le rythme avec nos boulots respectifs.
Midorima pensa à Takao qui avait effectivement aussi eu du mal avec son fils... Et il était enfant unique...
-Vous les avez laissé à la garderie ?
-Non, il sont avec le père de Riko.
-Je crois que ton adorable femme travaille avec lui c'est ça ?
-Ouais, ils gèrent à deux le centre sportif. Elle gagne beaucoup plus que moi avec mon pauvre salaire de professeur.
Sur ce point-là, le vert ne pouvait rien : lui-même était plus que ravi en voyant la somme fabuleuse sur ses bulletins de salaire.
-Tonton Shin-chan !
Midorima quitta Hyuga des yeux pour apercevoir Kazuo qui courait vers lui, poursuivit par une infirmière.
-Kazuo ?!
Le petit garçon sauta dans les bras de son parrain.
-Qu'est-ce que tu fais ici ?!
-Je m'ennuie là-bas ! Alors je te cherchais !
La femme en rose arriva près du vert, échevelé et transpirante.
-Je suis désolée ! Il m'a échappé une seconde.
-Ce n'est pas grave... Je vais le garder un peu...
Il se rassit et tenant le petit brun contre lui qui regardait curieusement Hyuga. Le brun fronça les sourcils derrières ses lunettes en observant l'enfant :
-Il me rappelle quelqu'un...
-C'est le fils de Takao.
-Le garçon de Shutoku ? C'est sa réplique plutôt.
Le hurlement d'Aida plus loin rappela au mari qu'il devait chercher du chocolat.
Quand le brun fut plus loin, Midorima fixa son filleul, mécontent :
-Kazuo...
-Mais les enfants là-bas sont vraiment ennuyeux !
-Kazuo...
Le petit garçon avait cependant un peu de mal à comprendre que tous les enfants de son âge n'étaient pas forcément aussi en avance que lui.
-Junpei !
Aida venait de sortir de sa chambre et progressait dans le couloir, très énervée. Elle s'arrêta au niveau du médecin :
-Midorima, où est passé mon idiot de mari ?
Il préféra ne pas répondre et le regard marron de la fille tomba sur Kazuo, assis sur ses genoux. La réaction ne se fit pas attendre :
-Il est trop mignon ! C'est ton fils Midorima ?
Elle souleva l'enfant, apeuré et le fit tournoyer malgré son énorme ventre.
-Non, ce n'est pas mon fils. C'est celui de Takao.
-Takao... Takao Kazunari, 1m 76 pour 65 kg, Point Guard de l'équipe de Shutoku. Du moins c'étaient les données de la première année...
Sa mémoire excellente refaisait surgir les nombres de son esprit comme si c'était normal. Kazuo, contre elle, n'osait plus bouger.
Hyuga finit par revenir avec une tablette de chocolat de la marque préférée de sa tendre épouse.
-Tiens ma chérie.
-J'en veux plus. Mais j'en veux un comme ça après !
Elle désigna Kazuo à son mari.
-Tu... veux d'autres enfants ?
-Oui bien sûr.
Voyant que le mari de sa patiente allait faire une attaque cardiaque à même le sol de l'hôpital , Midorima raccompagna Aida dans sa chambre qui continuer de garder Kazuo contre elle.
Il se dit également que s'il devait se marier avec une femme un jour, il en choisirait une qui ne souhaite avoir qu'un seul enfant. C'était bien suffisant.
~¤~¤~¤~¤~
Kise se stoppa net en entendant la voix d'Aomine qui l'appelait. Il essuya rapidement les larmes sur son beau visage mais ne se tourna pas.
-Kise...
-Si tu veux me dire quelque chose Aominecchi, dépêches-toi. J'ai de la route à faire.
Le bleu se passa la main dans ses mèches bleus. Étrangement, il était intimidé.
-Écoutes, je sais que j'ai été vraiment con avec toi. Et je le regrette vraiment.
-C'est tout ?
Le blond se retourna enfin, les yeux vides.
-« Tu regrettes » ? C'est tout ?
Pourquoi ne voulait-il pas comprendre ?
-Alors tu veux que je dise quoi, hein ?!
-Je ne veux pas que tu le dises ! Je veux que tu souffres ! Je veux que tu comprennes ne serait-ce que de la moitié à quel point moi je souffre ! A quel point je me sens seul...
Sa dernière phrase fut perdu dans le sanglot qu'il avait vraiment cherché à cacher.
Kise essuya rageusement les nouvelles larmes qui coulaient sur ses joues. Il avait déjà passé la journée dans son lit à pleurer comme une adolescente avec Alec qui lui avait préparé un horrible gâteau au chocolat que le blond avait quand même avalé en entier.
Et quand il avait ramené son furet, l'étranger avait supplié son colocataire de l'emmener chez le vétérinaire à sa place.
Kise pensait que rien de pire ne pouvait lui arriver. Et bien si ! Il avait du croiser Kuroko et son chien, accompagnés de Kagami. Oui dans cet ordre là ! Parmi toutes les personnes dans cette ville, il fallait qu'il tombe sur la personne pour laquelle son copain l'avait plaqué. Surréaliste !
Et ensuite Aomine...
Suivant seul le cours des ses pensées, le mannequin finit par pleurer davantage devant le bleu, glacé d'effroi. C'était la deuxième fois que Kise pleurait devant lui et il savait pas quoi faire.
-Je suis tellement désolé...
-Je ne veux pas de tes excuses.
Kise dut poser la cage du furet sur le sol pour essuyer son visage à deux mains. Aomine, lui, perdait patience :
-Tu sais quoi ? Je sais pourquoi tu agis comme ça.
Les yeux bruns se relevaient vers le policier, remplis d'étonnement.
-Tu veux qu'on te plaigne parce qu'au final tu es centré sur toi-même.
-Arrêtes...
-Et en fait, je pense que de nous deux, c'est toi le plus con.
-S'il te plaît...
-Parce que tu m'aimes toujours ! Et que j'ai beau te faire du mal, tu m'aimeras toujours !
-Ferme là !
-Tu es pathétique Kise !
Le hurlement que poussa le blond ressembla au cri d'une bête blessée à mort. Il regarda ensuite Aomine et lui hurla au visage :
-Oui je t'aime ! Je t'aime depuis tellement longtemps que je m'en rends malade rien que d'y penser ! Et j'ai beau me faire d'autres mecs, c'est à toi que je pense ! C'est toi que j'imagine ! Alors non, je ne veux pas de tes putains d'excuses ! Je veux que tu arrêtes de m'attirer comme ça ! Je veux... je souhaite juste ne t'avoir jamais rencontré...
Il s'était rapproché de son ancien amant au fur et à mesure de sa tirade et la fin de sa phrase se coupa quand Aomine le serra contre lui.
-Qu'est-ce que tu fais... ?
-Je suis un salaud. Je suis vraiment une ordure. Mais je ne veux pas que tu dises que tu souhaites ne jamais m'avoir rencontré. Parce que...
Aomine se tut, conscient de la situation. Il chercha à éloigner le blond mais celui-ci s'accrocha à lui.
-Parce que quoi ?
-Parce que moi, je suis heureux de t'avoir rencontré. Et d'avoir été avec toi.
Kise hoqueta et sanglota contre l'épaule du policier qui laissa finalement ses bras autour du garçon.
-Je te déteste...
-Je sais.
-Mais je t'aime tellement...
-Je sais.
Aomine posa sa joue contre les cheveux blonds et ferma les yeux. Il attendrait que le mannequin finisse de pleurer.
~¤~¤~¤~¤~
Dans la salle prévue pour l'accouchement, Midorima s'affairait avec les infirmières pour préparer la venue aux mondes de deux nouveaux Hyuga.
Les contractions avaient surpris Aida alors qu'elle hurlait sur son pauvre mari. Pour quelle raison, elle ne savait même plus.
Elle savait juste que Hyuga l'avait retenu alors qu'elle tombait et que Midorima avait immédiatement appelé des infirmières pour préparer la salle.
Aussi surprenant que cela paraissait, le vert se rendit compte que la coach sportive allait accoucher d'une minute à l'autre alors qu'une minute avant, tout allait bien. L'une des femmes en rose avait raccompagné Kazuo à la garderie pendant que Midorima se préparait.
~¤~¤~¤~¤~
Hyuga, lui, ne savait plus où donner de la tête : devait-il appeler ses parents ainsi que le père d'Aida ? Ou devait-il rester là à tenir la main de sa femme ? Bon sang, il allait encore être père dans quelques minutes !
Un cri de sa femme ainsi que le fait qu'elle broyait sa main, le ramena dans la salle alors que Midorima lui ordonna d'arrêter de pousser.
Évidemment, elle lui hurla que si elle pouvait, elle l'aurait déjà fait.
~¤~¤~¤~¤~
Seigneur, elle n'en pouvait plus ! Elle serra davantage la main de son mari et hurla quelque chose à Midorima. Elle sentit que Hyuga essuyait son front et tenter de l'apaiser mais elle sentait que le premier bébé était là. Par réflexe, elle chercha à pousser une nouvelle fois mais Midorima l'en empêcha.
Une vague de froid traversa son ventre et ses yeux affolés cherchèrent ceux de son mari :
-Junpei...
-Oui, Riko ?
-Junpei, j'ai peur !
Elle avait l'impression que quelque chose n'allait pas et Hyuga voulu la rassurer mais elle ne l'écoutait même pas.
Aida voulait sentir ses bébés contre elle, maintenant.
Midorima transpirait tant il faisait chaud dans cette salle. Mais aussi parce qu'il était mort de peur : il ne devait rien arriver aux nouveaux-nés, voilà ce qu'il se répétait en boucle mentalement.
Il vit qu'Aida s'affolait et fus heureux de voir que le brun reprenait ses esprits et lui parlait.
-Aida ?
Elle le regarda.
-Pousse encore très fort.
Elle ferma les yeux et serra les dents alors que Midorima attrapait enfin le premier garçon.
Braillant et battant des poings, le bébé passa des mains du vert à celles d'une infirmière qui l'enveloppa et fis le nécessaire avant de le monter à ses parents.
Aida pleurait de joie devant son fils alors que Hyuga était certain qu'elle venait de lui briser un doigt.
N'en manquait plus qu'un...
Au final, il fallu attendre deux heures de plus pour que le deuxième garçon pointe le bout de son nez et ne rejoigne son frère jumeau dans les bras de leur père. Épuisée, Aida recevait les félicitations de l'ensemble des personnes présentes dans la salle.
Elle regarda faiblement son mari et ses deux nouveaux garçons. Le sourire de Hyuga était si beau qu'elle souhaitait le voir encore une fois. Juste une.
~¤~¤~¤~¤~
Midorima regarda la jeune femme dormir dans son lit. Ramenée dans la chambre, elle s'était assoupie rapidement, de même que son époux dans le fauteuil à côté. Les deux enfants étaient dans un autre pièce pour vérifier qu'ils allaient bien.
Le vert jeta un coup d'œil à sa montre : presque minuit.
Il se frotta les yeux et se dirigea vers la garderie. Il allait rentrer chez lui avec Kazuo. Mais d'abord il devait se changer.
L'infirmière lui tendit le petit garçon profondément endormi. La remerciant, Midorima serra doucement l'enfant contre lui et quitta l'hôpital. Dans le bus, il lutta pour ne pas imiter Kazuo et s'endormir.
Et quand ils furent finalement dans l'appartement, Kazuo papillonna un instant des yeux, se réveillant tout doucement.
Midorima le posa par terre et l'enfant se frotta les yeux.
-Tu vas mettre ton pyjama, tu te brosses bien les dents et tu vas dormir, d'accord ?
Trop hébété pour répondre, Kazuo se dirigea tant bien que mal dans sa chambre pour enfiler son pyjama.
~¤~¤~¤~¤~
Quand Midorima sortit de la douche, il alla couvrir davantage le petit garçon qui s'était déjà rendormi. Il caressa un instant les cheveux doux comme de la soie et alla se coucher dans sa propre chambre.
Il plaignait encore Hyuga malgré tout.
~¤~¤~¤~¤~
Quand Akashi ouvrit les yeux le lendemain matin, il chercha d'abord Satsuki. Roulée en boule de l'autre côté du lit, elle avait les mains posées sur son ventre et dormait toujours malgré sa position peu confortable.
Le rouge soupira en repensant à l'épisode de la douche : bon sang, il la voulait plus que jamais ! Depuis la fois où ils s'étaient embrassés dans sa voiture après l'enterrement, l'Empereur n'avait touché à aucune autre femme. Et sincèrement, il allait bientôt craquer.
Sortant doucement de la chambre, il enfila le reste de ses vêtements et se dirigea vers la cuisine pour déjeuner. Il trouva des œufs dans le frigo, du pain de mie qu'il fit griller et se servi une tasse de thé. Akashi n'était pas un gros mangeur.
En y réfléchissant, il trouvait que la réponse de la rose quand il avait commencé à parler du turquoise était très étrange. Le rouge s'attendait à ce qu'elle soit furieuse mais non. Elle s'était douchée avec lui -certes, elle n'avait pas eu le choix- et avait même décidé de dormir contre lui. Louche. Très louche !
Cherchant la télécommande, Akashi alluma la télé et chercha une chaîne d'informations. Il déjeuna tranquillement comme il l'avait fait pendant trois ans.
Rassasié, il mit de l'ordre dans la cuisine après son passage et se posa sur le canapé, attendant que la jeune rose se réveille.
Ce qui ne tarda pas.
Une main sur son ventre, Satsuki marcha tranquillement pour aller se chercher un verre d'eau. Elle ne fit même pas attention à l'homme sur le canapé. Elle sentait juste l'horrible mal de ventre qui pourrait la plier en deux facilement. La rose avala de quoi calmer temporairement la douleur et prit enfin conscience du regard vairon posé sur elle.
Elle s'approcha de lui et le gifla aussi fort qu'elle le put.
-Ça c'est pour Tetsu-kun.
Le revers frappa l'autre joue.
-Et ça, c'est pour Dai-chan.
Silencieux Akashi n'en revenait pas. Jamais -oh grand jamais!- personne n'avait levé la main sur lui. Il posa ses doigts sur ses joues endolories, appréciant moyennement la piqûre de douleur qu'il ressentait.
Satsuki le regardait, furieuse. Elle avait rêvé toute la nuit de faire une telle chose et se sentait tellement mieux maintenant.
Mais après mûre réflexion, elle n'étais plus si certaine que son geste fut une bonne chose. Surtout quand observa le visage d'Akashi.
Un visage bien au-delà de la colère et bien trop pâle pour être furieux.
La main toujours sur sa joue, Akashi se leva sans quitter Satsuki des yeux.
Soudainement, elle eut peur.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top