CHAPITRE 1

Chapitre 1 : Tu m'as manqué idiot !

Sa jupe courte volait à chacun de ses pas, attirant quelques regards masculins sur ses cuisses blanches. Surfant entre les différentes tables dont elle devait s'occuper, Momoi Satsuki ressentait l'étrange impression d'être une gazelle jetée dans la fosse aux lions.

Les clients n'étaient pas particulièrement agressifs mais le fait de laisser une jeune fille innocente à la poitrine plus que développée dans un uniforme absolument adorable parmi ces adolescents aux hormones débridées constituait -à son propre avis- une mise à mort à retardement.

Échappant du mieux qu'elle pouvait aux mains baladeuses, Satsuki se dirigeait vers la table du fond, occupée par trois jeunes filles plongées dans leurs magazines. Elle toussa discrètement pour attirer leur attention et se saisit d'un carnet et d'un stylo :

-Bonjour ! Que désirez-vous manger ?

Abandonnant les magazines, elles jetèrent un rapide coup d'œil à la carte et l'une d'elle s'adressa à la jeune serveuse au nom des trois :

-Trois ramens s'il vous plaît !

-Très bien, merci.

Revenir en cuisine s'avéra plus facile. La commande prête, elle servit les concernées et s'octroya quelques secondes au calme. Travailler dans ce petit restaurant n'était pas spécialement son rêve d'enfant. Seulement pour ses parents, le basket était jugé comme un passe-temps et souhaitaient que leur enfant unique est un vrai travail.

Les disputes avaient été houleuses et finissaient généralement par des larmes. Si bien que son père, fatigué par tout cela l'avait mise dehors. Sa mère s'était rangée du côté de son mari. Une valise dans chaque main, elle avait trouvé refuge chez son ami d'enfance Aomine Daiki. La mère de ce dernier considérait la jeune rose comme sa fille -et Dieu sait que cette maison manquait de présence féminine- et avait obligé son fils à partager sa chambre. Rechignant et maugréant, il avait cédé devant l'air plus qu'effrayant de sa mère.

Cependant Dai-chan, comme elle se plaisait à l'appeler, devenait de plus en plus distant avec elle. Le responsable étant ce fichu Akashi Seijuro et sa punition stupide : pour avoir pensé prétendre le vaincre lors de la Winter Cup, la Génération des Miracles était interdite de basket durant la dernière année de lycée. Les garçons au complet avaient tenté de s'y soustraire mais le rouge avait le bras long. Daiki avait été celui que l'ordre avait le plus perturbé et voir Satsuki ne faisait que lui rappeler ces matchs auxquels il ne participerait pas.

Au final, il avait quitté sa maison dés la fin du lycée pour mettre le plus de distance entre lui et la rose. Il donnait rarement de nouvelles et s'était arrêté un beau jour. Elle n'en avait plus demandé non plus.

D'ailleurs, tous les autres avaient fait pareil, s'éloignant autant qu'ils pouvaient de l'emprise infernale d'Akashi. Les extrêmes étant Kise et Murasakibara : le premier était aux États-Unis pour le mannequinat et le deuxième en France pour devenir chef pâtissier. Midorima n'avait pas jugé nécessaire de lui parler de son futur. Sa plus grande peine fut sans doute Kuroko qui s'était enfui dés la fin de la Winter Cup et avait choisi un lycée tout au Sud du Japon -selon Kagami.

Et naturellement, Satsuki se fichait totalement d'Akashi. Pourtant, il était celui dont on parlait le plus : gagnant de trois Winter Cup, de nombreux tournois de Shogi et bientôt à la tête de l'empire de son père, il était difficile de l'ignorer. Même ici dans ce restaurant paumé, certains clients reconnaissaient l'ancienne manager et les conversations finissaient par être détournées sur le formidable parti que représentait l'héritier des Akashi.

Pendant qu'elle, pauvre fille de 22 ans, travaillait pour gagner difficilement sa vie et vivait dans un appartement minuscule.

Voilà ! Maintenant elle était déprimée ! Foutu Akashi : même sans être ici, il pourrissait sa vie ! Soupirant, elle retourna en salle servir ses tables.

Interminables, les heures comme les clients défilèrent ne lui laissant aucun répit. A bout de forces, elle entendit la voix du patron lui souhaiter une bonne soirée. Elle était enfin libre. Elle retrouva avec plaisir son jean et son gros pull et se motiva à traverser le froid glacial de ce début d'hiver pour rentrer chez elle. Sans bonnet et sans gants, elle pensa un instant à en acheter mais se rappela brutalement des factures qui s'entassaient sur la table de sa cuisine.

Une autre fois. Enfonçant ses mains rougies dans les poches de son manteau, elle se félicita tout de même d'avoir refusé de couper ses longs cheveux qui lui garantissaient pour l'instant d'avoir ses oreilles un minimum au chaud.

Le vent lui cinglait le visage et ses dents claquèrent d'elles-même. Heureusement, elle n'habitait pas trop loin et accéléra le pas. Quand le vieil immeuble lui apparut, elle oublia les gens près d'elle et se mit à courir. Ses mains tremblaient et la clef semblait ne pas vouloir s'enfoncer dans la serrure. Quand le « clic » bien distinct lui parvint aux oreilles, elle s'engouffra rapidement et referma violemment la porte derrière elle.

Elle jeta manteau, sac et chaussures dans un coin et se précipita dans la salle de bain pour une douche qu'elle jugea amplement méritée. L'eau brûlante qui traçait son chemin dans son dos la fit ronronner de plaisir. Néanmoins, son estomac se rappela à sa bonne conscience et elle sortit de la douche avec beaucoup de regrets. S'enroulant dans une serviette rose -ne changeons pas les bonnes habitudes-, elle se dirigea vers la cuisine et fouilla dans le frigo.

Vide.

Ce mot résonna dans sa tête.

« Je suis maudite ! »

Seule la poussière occupait les divers placards et Satsuki comprit qu'elle allait devoir affronter une nouvelle fois l'ennemi glacial tapi dehors. Poussant un gémissement misérable, elle prit la direction de la chambre et fouilla l'armoire. Hors de question qu'elle gèle encore une fois ! Avec le peu de vêtements qu'elle avait -conséquence de je-suis-souvent-fauchée-, elle ne prit pas longtemps à choisir et parti à la recherche d'un bonnet et de gants. Cachés dans un coin, c'est la seule chose qu'elle avait gardé depuis le lycée.

La serviette fut posé sur le lit et elle s'habilla en toute hâte, se souvenant que la supérette d'à côté allait bientôt fermer. Une paire de bottes plus tard, elle courait dans la rue pour avoir une chance d'arriver avant que le magasin ne ferme.

La porte automatique s'ouvrit à son approche et l'air chaud l'atteignit de plein fouet. Toujours polie, elle enleva son bonnet et réarrangea ses cheveux. Elle salua la vieille dame qui tenait la caisse et chercha le rayon des surgelés. Un homme fouillait déjà dans le rayon, son uniforme repérable à plusieurs mètres.

Un officier de police.

Elle ouvrit les grands congélateurs et farfouilla pendant quelques instants. Ça faisait belle lurette qu'elle ne prenait plus vraiment attention à son alimentation. Cédant malgré tout pour un paquet de gâteaux, elle retrouva la vieille dame à la caisse et attendit.

Le montant n'étant pas astronomique, elle sortit de la supérette rassurée. Alors qu'elle posait ses poches par terre afin de remettre son bonnet, une voix la coupa dans son élan :

« Satsu ?! »

Cette voix familière, traînante et grave... Elle ne devait pas se retourner ! Pas après toutes ces années. Son cœur lui faisait terriblement mal et les larmes pointaient dans ses yeux. Une grande main chaude se posa sur sa tête et la voix reprit :

« Ça fait un bail. »

Elle posa sa propre main sur celle de son ami d'enfance et se retourna, ses grands yeux roses foudroyant l'homme.

Aomine Daiki en tenue d'officier de police était certainement la chose la plus incroyable qu'elle ai pu voir depuis la fin du lycée. Malgré les quelques centimètres gagnés durant ces années, elle devait encore se tordre le cou pour être sûr de le fixer dans les yeux. Impressionnant le fait qu'il n'est absolument pas changé.

Les secondes suivantes, elle étais à nouveau cette adolescente -super pénible d'après Dai-chan- qui serrait son ami d'enfance contre elle. A la fois furieuse et tellement heureuse, ses bras rapprochait son corps du sien dans une étreinte brutale.

Pour la première fois, Aomine Daiki, ancien As de la formidable Génération des Miracles, entoura de ses bras musclés le corps de sa toute petite amie d'enfance sans qu'aucun mot ne franchisse la barrière de ses lèvres.

« Tu m'as manqué idiot ! »

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