Ou
Narguer et provoquer son ennemie en utilisant une méthode éthiquement discutable pour finalement se rater en beauté et se ridiculiser devant elle qui profite pour se moquer sans retenue

Après l'essai soldé par un échec cuisant de Thokmah, Aludra avait fini par le suivre. À pied, en deux heures, il l'emmena dans une vieille bâtisse qui ressemblait vaguement à un château, complètement en ruines dans une immense et très dense forêt de sapins. Il marchait devant elle, fier et bombant le torse alors qu'Aludra n'avait qu'une seule envie, l'étrangler. Ou l'égorger, elle ne savait pas trop. La finalité aurait été la même. Il ne serait pas mort, il se serait régénéré comme tout vampire.
Elle se maudit elle-même d'avoir remis sa robe ample par-dessus sa tenue d'entraînement qui compliquait un peu ses déplacements mais elle se bénit toute seule de, pour une fois, l'avoir gardée dessous par flemmardise de la retirer tout de suite après être sortie de la salle.

Quand elle arriva dans le bâtiment, Thokmah lui demanda d'attendre dans le hall plongé dans le noir, avec des rayons de Lune passant à travers la fenêtre, malgré son prestigieux statut d'Immortelle Ensanglantée. La vampire soupira et acquiesça avec un air agacé de toutes ces manies. Thokmah monta les escaliers en face d'eux, qui se séparaient perpendiculairement en deux le long du mur du fond pour se rendre à l'étage. Elle pouvait apercevoir les contours des rambardes et des marches éclairées par la lueur faible et tremblange de la Lune, alors qu'elle sentait dans son nez sensible les odeurs de deux personnes connues pour elle, quand soudainement, plusieurs chandeliers à mi-hauteur de l'immense hall s'allumèrent d'un coup.

C'est là qu'elle vit, sur le palier des escaliers avant que ces derniers ne se dicisent, assis sur une chaise de bois nue, attaché et bâillonné, Mikhail, le regard complètement paniqué et les yeux exorbités.
-Mikhail ! s'exclama-t-elle.
Elle regarda Thokmah avec un air autoritaire mais une lueur d'affolement subit brilla dans ses yeux écarlates.
-Thokmah, détache-le !

Une voix grave et gutturale, pleine de charisme mais qui inspirait également le respect et la terreur, monta de derrière le jeune humain :
-J'ai bien peur qu'il soit impossible à Thokmah de faire ceci !
Aludra fronça encore plus ses sourcils quand elle vit qui venait de parler dans l'ombre et qu'il venait d'avancer dans la zone de lumière produite par les chandeliers alentours. Elle grogna puis murmura d'une voix emplie d'antipathie :
-Gildas...

Un homme grand, mince avec des épaules larges, avançait vers elle et descendit quatre marches seulement, sa cape noire à l'intérieur bordeaux suivant le rythme lent de ses pas. Son visage avait de traits fins et surnaturellement beaux. Ses yeux, ceux de sa forme humaine, étaient d'un brun vif et ses canines acérées dépassaient presque de sa bouche même fermée. Il avait des cheveux blancs ramenés en partie vers l'arrière et une petite barbe sur tout le bas du visage elle aussi, immaculée. Cette couleur noire comme la nuit contrastait avec sa tenue noble et complète, ne laissant pas voir un centimètre de peau vraiment pâle, voire aussi blanche que ses cheveux, à part ses mains et son visage. Il portait aussi un tout petit anneau au lobe de l'oreille gauche.
-Ravi de voir que tu te souviens de moi ! fit-il en levant ses deux bras, paumes vers le plafond. Je pensais que tu avais oublié ton vieil ami !
-Plus que vieil ami, je dirais tenace saleté increvable, lui lança Aludra avec un ton agressif que Mikhail ne lui avait jamais entendu.
-Que tu es méchante, que tu es dure, mon cœur saigne ! fit l'homme apparemment nommé Gildas en mettant sa main sur sa poitrine et en serrant le tissu de son haut.
-Et bien trépasse, ça nous offrira à tous des vacances à vie, fit Aludra, toujours aussi agressive.
Mikhail se demanda pourquoi la vampire, toujours maîtresse d'elle-même, s'énervait autant face à ce vampire-là. Mikhail n'aurait pas su dire s'il était jeune ou vieux, car son visage faisait jeune, une apparence d'un trentenaire pour faire une comparaison humaine, mais ses cheveux blancs indiquaient plutôt un âge plus mûr, en tout cas chez les humains. Le jeune humain se demanda alors si l'agressivité d'Aludra ne cachait pas une certaine peur, mais il espérait de tout cœur se tromper...

-As-tu été aussi dure avec Thokmah tout le temps où il habitait chez toi ? Pauvre garçon, il est si sensible ! continua-t-il sur un ton exagéré qui en devenait alors hypocrite.
Aludra ne répondit rien et se contenta se lancer un regard noir au majordome qui, mains derrière le dos, ce dernier très droit et le regard impassible, ne dit rien ni ne sourit mais cilla un peu. Gildas continua sur sa lancée :
-Tu sais, Thokmah n'y peux rien. Absolument rien...Je suis le coupable, sache-le ! Ne le condamne pas !
-Je ne vais condamner personne pour l'instant tant que toi autant que lui ne vous serez pas expliqués un peu mieux, lâcha la vampire en faisant un mouvement de la main. Pour David de Rosideau, c'est toi, n'est-ce pas ?
-David qui ? s'enquit l'homme aux cheveux blancs.
-Monsieur, elle parle de mon faux maître, l'informa Thokmah en les interrompant. Celui que vous avez tué.

Un bruit claqua dans l'air.
Gildas venait de gifler Thokmah avec une telle violance qu'on vit sur la peau bazanée du vampire la trace rouge, endroit témoin du choc.
-Mais...
-Je t'interdis de m'interrompre, surtout quand je suis en train de converser avec un tiers, est-ce clair ?
-Oui...Oui. Monsieur...
Gildas se reprit avec noblesse et une certaine classe, alors qu'Aludra qui avait contenu son expression et ses paroles indignées :
-Pardonne-lui. Il est nouveau dans ce monde, il est encore bien naïf...
-C'est ton Dépendant, n'est-ce pas ? le questionna Aludra.
-Exact, sourit Gildas, dément.

Ce dernier parla alors à la vampire avec un sourire machiavélique mais un ton d'un coup plus sérieux :
-Sache, chère amie, que j'ai beaucoup progressé...
-En quoi ? s'enquit la vampire, sourcils toujours froncés à s'en faire mal aux arcades sourcilières alors aue Gildas remontait les marches pour rejoindre la hauteur de Thokmah, pile derrière Mikhail.
Le grand vampire appuya ses deux mains sur le dossier de la chaise du jeune humain pour mettre sa tête juste au-dessus de celle du garçon qui commençait à trembler de panique. Bâillonné et attaché, il ne pouvait ni hurler ni bouger. Juste attendre eb silence et avec toute sa conscience ce qui allait se produire inecorablement avec lui.
-Dans mes recherches sur la sang des vampires...lâcha finalement Gildas.
-Tu m'en diras des nouvelles, lui lança Aludra, agacée de toute cette masquerade et qui n'aspirait désormais plus qu'à rentrer avec Mikhail dans son château.
-Mieux que te donner des nouvelles, sourit vicieusement le vampire en rapprochant son visage de celui de Mikhail, se penchant vers l'avant et agrippant la mâchoire de ce dernier dans sa main griffue. Je peux te montrer en direct !

Soudain, avec une violence inouïe, le dénommé Gildas mordit à pleines dents dans le cou de Mikhail, faisant voler plusieurs gerbes de sang hors de son organisme. Malgré son bâillon, on entendit clairement le jeune garçon hurler de douleur et Aludra serra dents et poings de frustration. Gildas charcuta alors le cou de Mikhail, créant des plaies béantes, lui faisant encore plus mal que la surpuissante vampire elle-même. Des larmes de douleur coulaient maintenant des yeux de Mikhail, qui ruisselaient le long de ses joues, enjambaient son bâillon et qui rejoignaient les flots de sang glissant le long de son cou, s'y mêlant discrètement.
Gildas termina donc sa séance de torture qui n'avait vraiment rien à voir avec la douceur et les précautions que prenait Aludra quand elle mordait Mikhail, même quand il avait eu très mal pour une raison inconnue. Gildas leva les bras à nouveau sur les côtés de son corps et annonça à son adversaire :
-Je peux maintebant contrôler tous mes Dépendants à ma guise avec mon sang qui se trouve en eux ! Contemple ton désespoir, Aludra, de te retrouver face à trois hommes dont un auquel tu t'es entichée, à qui tu ne veux aucun mal mais que tu devras malheureusement battre parce que c'est malheureusement pour toi, moi qui le contrôle !
Gildas se tourna vers Thokmah et dit avec un ton autoritaire :
-Détache-le.
Le majordome pencha la tête en avant avec respect et s'exécuta avec une moue un peu horrifiée par la chair rouge de Mikhail.

Ce dernier une fois défait de ses liens ne bougea pas...
-Que se passe-t-il ? demanda Gildas à voix haute en allant inspecter les plaies du cou de l'humain, déchiqueté. Je lui ai pourtant bien ordonné mentalement d'attaquer...Attaque Aludra, pauvre humain sot !
Une plainte monta dans la pénombre de l'immense hall juste éclairé de quelques chandeliers.
-J'ai mal...geignit Mikhail en plissant les yeux.
Des larmes de douleur s'en échappaient et Aludra fut prise d'une tristesse naissante et d'un puissant remord vis-à-vis de lui. Il devait vraiment souffrir avec ces plaies béantes qui saignaient à qui mieux mieux et cette peau arrachée tout autour...

-Pourquoi cela ne marche pas ? s'énerve Gildas. J'ai pourtant bien tout fait pour qu'il soit mon Dépendant !
Un rire aigu et narquois à souhait monta dans la pièce sombre et gigantesque.
-Aludra ? gronda Gildas avec mécontentement, en fronçant méchamment les sourcils. Qu'est-ce qui te fait rire ?
La vampire laisse traîner son index replié vers sa bouche toujours étirée en un sourire à la fois amusé et sadique. Elle lui dit en montrant les crocs dans un sourire narquois qui lui allait à merveille :
-Tu n'es pas le seul à avoir fait des recherches, des découvertes et des progrès dans le domaine du sang ! Moi aussi, j'en ai faits !
-Parle, lui intima Gildas en plissant les yeux en ne prêtant plus le moindre regard à Mikhail, pourtant souffrant.
-Je te dirai ce que je sais, si...
-Je savais qu'il y aurait une condition, l'interrompit le vampire. Dis toujours ?
-Si tu me laisses soigner Mikhail. Laisse-le revenir vers moi.
-Soit. De toute façon, mon plan a raté pour je ne sais quelle raison, et cela me met sur les nerfs. Humain, tu peux y aller.
Ce dernier se leva, les jambes chevrotantes, flageolantes, et faillit tomber à la renverse mais se rattrapa au dossier de sa chaise. Puis il descendit les marches qui le séparaient d'Aludra avant de, une fois arrivé à sa hauteur, s'effondrer dans ses bras. Tête contre son cou, il haletait. Il avait mal...Son cou pulsait et il le sentait à travers tout son corps hurlant de douleur.
Aludra lui chuchota quelques mots réconfortants que Gildas et son majordone Thokmah n'entendirent pas. La vampire lécha ensuite avec soin et application les plaies ouvertes du garçon, nettoyant les blessures et le sang qui en dégoulinait. Sa vie n'était pas en danger, de loin pas, mais il souffrait de ces déchirures brusques de la peau.
Quand ses blessures commencèrent à fumer un peu, signe de leur régénération, Aludra attira la chaise à elle avec son flux vital et laissa Mikhail poser son fessier dessus pour se reposer. Elle s'avança un peu plus vers les escaliers où se trouvaient Thokmah et Gildas. Elle annonça alors :
-Je vais donc te dire, selon ma partie du marché, pourquoi ton petit jeu a lamentablement échoué, comme le jour de ta naissance, d'ailleurs.
Gildas serra les dents et regarda sa concurrente avec défi. Elle sourit puis continua sa tirade, contente de son effet et de son insulte gratuite à la fin :
-J'ai transféré à Mikhail aucun globule rouge de mon sang mais beaucoup de mes globules blancs de vampire. Ça a, sans pour autant transformer son organisme entier, renforcé son système immunitaire qui, habitué à ces organes étrangers petit à petit, n'a pas muté en Dépendant.
-Tu as donc sauvé l'humain...murmura son rival.
-Oui. Depuis ma deuxième visite chez David de Rosideau, ton odeur flottait dans la pièce. Et ce symbole sur son torse, puis sur le ventre de la pauvre Enula, il sont à toi. Je le sais. J'ai donc pris mes précautions depuis plus d'un mois.
-Trop de précautions, ma chère...lui dit sounoisement Gildas.
-À qui le dis-tu ? susurra Aludra en sous-entendant clairement qu'il en prenait également beaucoup.
Mikhail songea, se rendit compte alors que c'est en réalité pour sa propre protection qu'elle le mordait aussi souvent, depuis quelques temps chaque semaine. Pour lui transmettre, malgré toute la douleur occasionnée, ses globules blancs de vampire pour qu'il ne soit pas enrolé. C'était beau...

-Je crois que nous devrions nous taper un peu dessus...suggéra Gildas en fixant son ennemie.
-Quelle bonne idée, murmura alors Aludra en souriant de tous ses crocs.
Elle se mit en posture de combat et Gildas retira sa cape avant de la donner à Thokmah en lui ordonnant de ne las intervenir, puis se mit lui aussi en posture offensive.
-Sage décision que de retirer cette étoffe...sourit Aludra avec un sadisme rare.
-J'ai retenu la leçon quand tu as failli m'étrangler avec lors d'un de nos affrontements il y a fort longtemps...

Soudain, le regard de Gildas se fit bien plus dur, narquois aussi, et le vampire lança sur un ton moqueur et rendu exprès provocateur :
-Quand ton mari était encore parmi nous...

******
Petit message de prononciation de ma part, ce que je fais rarement...
Dites "Guildass", pas "Jildass" ou "Jilda", parce que ça fait vraiment pas beau. Surtout que j'ai décidé que ce serait, petit spoil sans grande importance, un personnage d'origine allemande. Alors pas de "Jildass" qui tienne ! 😛
Merci d'avoir lu et j'espère que vous avez aimé ! 😁