Ou
Annoncer d'une manière franche, spontanée et sans filtre un événement assez dur pour une personne

-Vous dites ?
-Bande d'incapables, je vous parle de Gildas von Rosenstrauss, le célèbre vampire allemand ! Gildas Peter Elmut de Rosenstrauss, ça ne vous dit rien ?
-Non...Je...Vous m'en voyez navré...
-Ça suffit ! Allez voir ailleurs si j'y suis, et profitez de mon absence pour réviser vos capacités médiocres de policiers !
Aludra planta alors là les soi-disants professionnels du crime en embarquant Mikhail au passage comme un manteau qu'elle aurait laissé à un crochet, assez sidéré pour en être paralysé.
-Incapable de reconnaître des noms de vampires plus célèbres que la dernière starlette ou idole populaire...Bande de demeurés attardés ! grogna la vampire en quittant le bâtiment officiel de la justice des vampires.

Depuis la chute de son mari, le roi Soufral, il y avait un semblant de justice dans un beau bâtiment à une heure et demi de route en volant de son grand château. Mais cette sorte de gouvernement n'était pas au point du tout, il y allait bientôt y avoir de l'anarchie dans les rangs vampiriques du monde entier.
Elle pensait notamment au clan et à l'armée des...
Non, il ne fallait pas y penser. Tou simplement.

Quand ils arrivèrent en lisière de la forêt dans laquelle se trouvait l'immense château d'Aludra, ils ne s'y rendirent pas suite et la vampire prit un raccourci à ses Noctambules de forme chevaleresques.
-Où va-t-on ? demanda le jeune humain avec un air appréhensif.
-Ne te bois pas les sangs, Mikhail, tu n'en as aucun besoin.
Oui, ce dernier avait appris que les vampires ne disaient pas se ronger les sangs. Le sang se buvait, il ne se rongeait pas, alors les vampires avaient adaptés cette expression humaine pour la rendre plus utilisable pour les vampires.
-Nous alons voir mon ami...
-Un ami ?
-Oui. Un vieil ami.

Ils arrivèrent avec la voiture devant une immense bâtisse, pas dans sa hauteur mais dans sa longueur. Les côtés s'allongeaient semblait-il jusqu'à l'infini. Aludra finit par arrêter ses Noctambules chevaux et les faire disparaître puis sortit avec Mikhail du véhicule. Quand elle posa un pied sur le sol, tout sembla se taire aux oreilles de Mikhail quand il rejoignit les côtés de la vampire. Les oiseaux des quelques arbres environnants ne chantaient plus et le Soleil à moitié caché derrière des nuages pluvieux semblait être figé dans cette lueur fantomatique. C'est comme si la nature savait que la grande Aludra, la Reine Vampire, était arrivée et qu'elle lui faisait hommage en s'arrêtant net, comme un arrêt sur image.
Elle se dirigea alors vers la porte du bâtiment. Mikhail détailla donc ce dernier. Il observa que sur sa façade, qui semblait noire et brune à première vue était en fait blanche mais avec des tonnes de dessins en tous genres peints ou dessinés dessus. Parfois à grands coups de peinture mais parfois au pinceau fin et détaillé et semblait-il, même au graphite extrêmement fin, probablement avec un crayon. Cela devait être la maison d'un artiste...
Ils longèrent un long couloir sombre qui fit frissonner Mikhail. Il n'avait pas cette capacité vampirique de pouvoir voir dans la nuit, alors il se retrouvait rapidement handicapé quand Aludra lui faisait faire des sorties nocturnes ou quand il de trouvait dans ce genre d'endroits très sombres. Les murs de ce long couloir interminable étaient eux aussi recouverts de dessins en tous genres qui donnaient l'impression que le mur était tout noir. Mikhail essaya de détailler plusieurs dessins et à certains endroits, il lui était difficile de distinguer les contours bien que ce soit légèremebt faisable, mais les plus grosses zones complètement noires, il était impossible d'y distinguer un seul dessin dessus.

Ils arrivèrent à un endroit où il avait plusieurs petites portes de bois et Mikhail vit que la matière beige nervurée était elle aussi couverte des gribouillis ou de petits dessins. Aludra se dirigea sans hésitation vers la porte du fond à gauche qu'elle ouvrit. Mikhail fut tiré en arrière par le col par la vampire pour qu'il évite de se faire écraser par plusieurs barres de métal et autres gros bibelots qui tombèrent à travers le cadre de la porte à présent ouverte. Les deux complices tombèrent alors sur tout un tas de bricoles empilées sans aucun sens logique et dans tous les sens. Tout était sans dessus dessous dans cette pièce tenue dans la pénombre à cause des épais rideaux aux fenêtres et qui sentait le renfermé à un niveau que Mikhail n'avait jamais senti. Il pinça le nez et Aludra pénétra dans la chambre, le jeune humain sur les talons.
Des feuilles et des pinceaux jonchaient le sol dans le désordre et il y avait des taches de peinture partout, y compris sur les murs et au plafond. Mikhail vit un bureau, ou du moins un semblant de bureau, complètement submergé par un tsunami de feuilles de croquis et de brouillons griffonnés sous un flot de boîtes de peinture ouvertes et de pinceaux de toutes tailles. Des boîtes de crayons de couleurs et des crayons gris gisaient sur le sol avec des tailles allant de l'ordre du petit pois à une bouteille de vin. Des gommes en tous genres et de toutes les formes reposaient sur une pile de feuilles en désordre dans un des supposés coins sdu bureau, dont des gommes presrigieuses d'architecte et certains se trouvaient même à cheval sur le haut de quelques chevalets dispercés dans la pièce.

Soudain, une tête surgit d'entre les innombrables papiers et autres objets sur le sol et Mikhail vit apparaître alors un visage souriant et très pâle surmonté de cheveux noirs aux reflets bruns, rasés très courts sur les côtés et le reste, coiffé en une queue-de-cheval très haute assez maladroite, ressemblant à un saule pleureur.
-Vampirique Aludra ! Ça fait plaisir de vous revoir !
-Bonjour, Aimé. Comment te portes-tu ?
-Plutôt bien, fit le vampire, chose que Mikhail confirma dans son esprit quand il vit les longues canines effilées et les yeuc rouge sang du garçon.
Le dénommé Aimé s'extirpa sans aucune peine, et on se demandait comment il faisait, de sa prison de feuilles et d'autres choses diverses et se révéla habillé d'un pantalon et d'une simple blouse blanche ouverte sur un torse nu presque aussi pâle que le vêtement et couvert de taches de peinture vives et diverses. Pieds nus, il fit attention à ne pas marcher par inadvertance sur un pinceau ou un crayon pour ne pas le casser et vint alors serrer la main d'Aludra puis celle de Mikhail avec enthousiasme.
Il avait un sourire enfantin, ce qui le rendait très mignon. Aludra le toisa avec un regard amusé et lui fit remarquer :
-Tu pourrais mettre quelque chose, dessous !
-Non ! se plaignit le vampire en soupirant, affichant une mine de chien battu. Il fait trop chaud pour ça...Et quand je travaille, je transpire déjà sans rien, alors avec...Je ne veux pas rajouter une couche inutile...
Aludra hocha la tête en signe de désapprobation mais avec un sourire et ne fit aucune autre remarque.

Ils discutèrent de chiffons et du beau temps pendant un moment où Mikhail laissa son esprit vaquer à ses occupations autres que celles qui préoccupaient actuellement les deux vampires.
Quand le jeune humain reprit le fil de la conversation, il comprit que la vampire lui parlait de Gildas.
-Alors cette enflure est de retour...
-Oui...
Mikhail vit le vampire serrer ses poings jusqu'à s'en faire mal et saigner avec ses ongles même courts. Aludra lui fit alors une demande un peu spéciale :
-J'aimerais que tu viennes vivre chez moi pendant quelques temps. Tu y seras plus en sécurité, mais je te demanderais de former Enula en même temps.
-La pourrie gâtée ?
-Oui, elle-même, confirma Aludra, comprenant parfaitement ce que l'homme lui disait. Elle a failli mourir face à l'attaque de Gildas.
-Bien...Je viens...finit-il par concéder. Mais je peux prendre un chevalet et des toiles ?
-Tu n'as pas intérêt à tacher ma moquette, salir quoi que ce soit ou mettre le bazar dans mon château !
-Oui, merci ! fit le vampire en souriant de toutes ses dents, sincèrement.
L'artiste embarqua alors ses toiles vides pour la plupart, ses pinceaux, plusieurs de ses boîtes de peinture à l'état cadavérique sur le sol camouflé par les feuilles tellement y en a.

Ils montèrent dans la voiture et les Noctambules de la vampire, ébranlant les œvres naissantes d'Aimé. Aludra compléta donc les informations sur l'artiste lorsqu'elle parlait à Mikhail :
-Pardon de ne pas l'avoir fait de suite. Je te présente Aimé Rodrick Crusaz. Aimé, voici Mikhail.
-Il sent l'humain, dis donc...fit le vampire.
-C'est un humain...lui dit Aludra avec un air un pei agacé. Tu devrais faire confiance à tes sens, un peu...
-Pas faux...

Mikhail se tut. Quand ils arrivèrent à la maison, Aludra et le jeune humain partirent boire un thé ensemble dans la bibliothèque et Aimé s'en alla directement dans la chambre que la surpuissante vampire lui avait désignée pour poser ses affaires. Là-bas, il y fit son lit pour ne pas à avoir à le faire le soir et remonta ensuite pour partager le thé avec les deux autres.
-Tu n'as pas fait de capharnaüm dans ta chambre ? lui demanda Aludra pour l'accueillir.
-Non, je vous jure, dit-il avec un sourire gêné. Pas encore...
-Tu n'as pas intérêt ! gronda la vampire.
Mikhail prit ensuite du plaisir à discuter avec le peintre, l'artiste, il ne savait pas trop comment l'appeler. Il avait toujours sa tenue négligée tachée de peinture et autres substances inidentifiables, mais il avait lavé les taches sur son torse toujours visible à travets sa blouse ouverte, probablement pour ne pas laisser de traces ou de taches sur un meuble, un mur, un drap ou quoi que ce soit d'autre appartenant à Aludra, sous peine de se faire probablement égorger...
Il avait l'air assez jmenfoutiste mais il avait l'air également assez respectueux de la vampire. En même temps, quand on sait que c'était la Reine Vampire, on lui doit le respect même sans qu'elle ne fasse rien de spécial, car on sait qu'elle peut vous tuer dans votre sommeil sans que vous ne vous rendiez compte une seule seconde de la douleur de votre blessure.

Quand Enula arriva à la demande d'Aludra qui lui avait envoyé un Noctambule, elle écarquilla ses yeux.
-Aimé ? Qu'est-ce que tu fiches là ?
-Un peu de respect mutuel, Enula, gronda Aludra avec des yeux qui lançaient des couteaux, des éclairs et encore plein d'autres objets tranchants ou contendants.
-Pardon, fit la jeune vampire en fixant Aludra avec des yeux craintifs. Mais puis-je avoir une réponse tout de même ?
-C'est Vampirique Aludra qui m'a demandé de venir ici.
Mikhail remarqua que le vampire la surnommait comme personne avant, ou du moins parmi ceux qu'il avait rencontrés, et que ça faisait assez mignon comme petite appelation.
-Et...Puis-je vous demander pourquoi ? fit Enula.
Aludra la toisa de ses yeux cette fois-ci noirs alors qu'elle était assise dans son fauteuil à côté de Mikhail et elle, debout sur le pas de la porte.
-Il a des raisons personnelles d'être ici et en plus, tu as sérieusement besoin d'entraînement, Enula. Tes parents ne sont pas là pour le gérer alors je prends les devants. À moins que tu ne veuilles partir d'ici vu que tu connais le meurtrier de ton parrain, David.
-Lui ? M'entraîner ? s'offusqua Enula en pointant Aimé du doigt. Ce n'est même pas un vampire !

Mikhail tilta. Aimé, pas un vampire ? Pourtant cela ne pouvait pas être un Dépendant, il avait des canines trop longues...Une des caractéristiques des Dépendants était la longueur de leurs crocs plus courte que celle des vampires dits purs, ou vrais. Il laissa de côté cette interrogation pour entendre Aludra dire d'un ton calme, mais c'est ce qui le rendait effrayant :
-Il serait temps pour toi, Enula, que tu cesses de tout contester juste parce que cela ne te plaît pas. Tu dois apprendre la hiérarchie et à ne pas te plaindre de tout. Tu as failli mourir sous l'assaut de Gildas, tu dois t'entraîner, et ce sera avec Aimé. Point final. Et si cela ne te plaît pas, tu peux partir et rejoindre tes parents je ne sais où. Je comprends leurs plaintes à ton sujet, toi qui n'écoute rien ni n'accepte quoi que ce soit.
Enula se renfrogna et s'empêcha de croiser les bras, signe qu'elle boudait.
-Bien...fit-elle. Puis-je retourner à mes occupations ?
-Va.
Elle s'en alla. Aludra soupira et dit à voix basse :
-Cette enfant ne va jamais survivre longtemps dans ce monde dangereux de vampires si elle continue à faire de tels caprices. Elle est épuisante...
-Je ne vous le fais pas dire, rit jaune Aimé qui songeait déjà à ses entraînements avec elle, qui s'annonçaient être pénibles.

-Pardon, mais...fit Mikhail en levant un doigt. Pourquoi a-t-elle dit que vous n'êtes pas un vampire ? Vous en êtes un, non ?
Aimé le regarda avec une pointe d'affection, le trouvant mignon, ce petit humain innocent.
-Tutoie-moi, pas de souci.
-Mer...Merci, fit Mikhail. Toi aussi alors.
-Merci, fit le supposé vampire.
Il frotta ses cheveux à l'arrière de son crâne et lui dit :
-En réalité, je ne suis pas tout à fait un vampire...Je vais t'expliquer...