Première morsure : Sombre nuit

Ou
Choisir un drôle d'endroit pour sa balade nocturne peu habituelle

Mikhail courait dans les hautes herbes. Il courait vite, pour fuir, pour sauver sa propre vie...
Ses guenilles brunâtres devenues des hâillons à force de mener une course déchaînée entre les arbres et déchiquetées par les brindilles de la forêt tout comme ses pieds nus de plus en plus blessés qui s'accrochaient à toutes les branches et racines sur son chemin. Un chemin hostile, cahoteux couvert de cailloux tranchants dépassant de quelques centimètres de la terre mouillée.

Malgré sa course effrénée dans cette sombre forêt peu accueillante, il fuyait. Porté par son désespoir et son envie de fuir. Avec une vitesse démesurée par rapport à son intense stress et sa peur immense.
Pourquoi étaient-ils si méchants ? Si vils ? Si terriblement affreux et horribles ?
Pourquoi être si odieux avec un membre de sa propre espèce ? Pour quelle raison ? Qu'est-ce que cela leur rapportait ?

Il fuyait...Toujours plus vite, toujours plus loin...
Il était désespéré. Vraiment désespéré...
Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi les humains prenaient-ils un malin plaisir à persécuter les autres avec tant de malveillance et de méchanceté ?
En quoi était-ce, d'une quelconque manière que ça soit, gratifiant ?
Qu'est-ce que ça leur apportait ?
Pourquoi une telle injustice envers un semblable ?
Pourquoi ?
Pour quelle raison ?

Mikhail haletait.
La fatigue commençait à se faire ressentir dans son corps mu par la peur et la crainte.
Il n'entendait plus les cris et exclamations des gens derrière lui, ni aucun son de pas.
Il commença alors à ralentir et s'arrêta dans une clairière légèrement dégagée.

La Lune en croissant le regardait et le narguait presque, comme pour lui dire qu'eux, les astres, n'avaient pas de problèmes aussi épineux dans leur vie monotone.
Mikhail enviait ce mode de vie pacifique et paisible. À part les trous noirs, peu d'astres semblaient aussi hostiles à la vie. Quoique, certaines étoiles enpêchaient l'apparition de vie à cause de leur chaleur plus qu'ardente ou leur éloignement.

Il observait la Lune et sa lueur fantomatique le temps de retrouver son souffle et son énergie motrice, quand il vit une silhouette sombre passer devant ce corps céleste si beau et serein.
Il sursauta. Il entendit alors des bruits provenir de sa gauche et sa droite dans les buissons et les fourrés.
Il commença à avoir peur. Est-ce que ses poursuivants avaient fini par le rattraper ? Qu'est-ce qui pouvait bien se passer ? Est-ce que quelque chose allait l'attaquer ?
La peur commençait à se sentir sur sa peau. Ses pores dilatées laissaient entrevoir une chair de poule de plus en plus marquée et ses poils de nuque se dressaient de peur autant qu'ils le pouvaient.
Les bruits se faisaient de plus en plus insistants. Bien qu'il était épuisé par sa longue course effrénée, Mikhail était sur ses gardes plus que jamais. Il regardait furtivement à gauche, à droite avec rapidité pour essayer de distinguer quelque chose malgré l'obscurité ambiante de la nuit qui n'aidait pas beaucoup ses yeux inadaptés au manque de lumière, les bras à hauteur du bassin.

Un craquement de brindille qui se brise sur le sol, écrasée par une chaussure quelconque, se fit entendre.
Puis plus rien...
Seules les gouttes de sueur coulaient sur le front lisse de Mikhail, trahissant son stress grandissant.
Puis soudain, une ombre surgit des buissons avec férocité !
Mikhail, sous le coup de la stupeur et de la peur, n'eut pas le temps ni de réfléchir ni de réagir qu'il sentit alors une violente douleur indescriptible dans son cou puis s'évanouit...

-Ah !
Mikhail se réveilla dans un grand sursaut accompagné d'un soubresaut violent sembable à un spasme. Il porta sa main à sa tête qui lui tournait un peu.
-Où suis-je ? Bon sang, ma tête !

Il remarqua alors le décor autour de lui. Un magnifique décor d'un style un peu ancien, entièrement dans les tons noirs ou bordeaux en dehors de certains meubles laissés avec leur bois naturel foncé un peu vernis pour un souci de durée.
Les murs de la chambre étaient noirs ou alors très foncés mais Mikhail n'aurait pas su faire la différence dans cette inquiétante obscurité ambiante.
Il y avait aussi plusieurs tableaux représentants des hommes et des groupes, probablement diverses familles, toujours dans des tons très sombres. Mikhail frissonna en voyant un des tableaux sur lequel il y avait un homme peint, maigre et famélique, qui le fixait de ses yeux injectés de sang, grand ouverts dans sa direction...
À travers les immenses fenêtres de cette chambre tout aussi gigantesque passaient quelques rayons de Lune et c'était là la seule lumière disponible dans cette pièce. Les rideaux qui pendaient devant les vitres étaient d'un magnifique bordeaux et semblaient en doux velours épais, si bien que la partie couverte ne laissait passer aucun rayon de la Lune.
Il tenta de se lever pour se diriger vers la fenêtre mais il ne parvint pas à bouger convenablement ses jambes pour pouvoir sortir de cet immense lit démesuré par rapport à ses pauvres un mètre septante-cinq. Il avait l'impression d'avoir un marteau piqueur dans la tête qui lui faisait souffrir le martyr et des milliers d'aiguilles plantées dans ses jambes et se mouvant à l'intérieur qui ne lui faisaient pas beaucoup plus de bien...Il porta encore une fois une main à son front.
-Où ai-je donc atterri ? Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
Il décida qu'il était alors plus raisonnable de ne pas essayer de se lever pour le moment et de tenter de se reposer. Quelques minutes après avoir pris cette sage décision, il s'endormit...

Après quelques heures, le Soleil commençait à pointer le bout de son rayon. L'aube. Mikhail remua un peu ses orteils et sentit alors qu'il avait retrouvé ses sensations. Ses jambes ne lui faisait plus mal, ou très peu au niveau des genoux, et sa tête semblait à nouveau plus ou moins fonctionnelle sans avoir besoin de payer avec de la douleur en retour. Il se mit sur ses deux pieds après avoir nagé dans cet immense lit pour parvenir au bord et les avoir sorti de sous ses draps.
Le contact avec le sol dur et froid sous la plante de ses pieds lui donna un frisson mais il ne bougea pas plus. Il resta un moment ainsi, assis sur ce lit gigantesque, les pieds à plat sur le sol glacé. Puis il se décida et se leva.
Il remarqua qu'il avait été changé et portait une sorte de chemise de nuit, ou une robe de chambre, blanche qui contrastait avec tout le décor ambiant. Il devait sûrement bien être vu, repéré et attirait même l'attention si des gens le voyaient actuellement progresser à pas lents et prudents dans cette étrange bâtisse.
Il se demandait bien qui l'avait changé quand sa douleur lancinante au cou le reprit d'un coup. Il porta la main à sa nuque avec une grimace de souffrance puis continua sa progression.

Il vit soudain à travers une grande baie vitrée une sorte de donjon, apparemment le plus haut de ce château. Il sursauta !
C'était le château qu'il avait vu en courant comme un dératé à travers la forêt pour fuir ! Il fut pris d'un violent tremblement et d'un vertige soudain. Il dut mettre un genou à terre pour ne pas perdre l'équilibre.

Comment était-il arrivé là ?
Quelqu'un l'y avait probablement emmené mais qui ?
On lui avait toujours dit, ou plutôt, les rumeurs couraient, que ce château était dangereux et qu'il ne fallait pas s'en approcher. Car personne n'en revenait...Pourquoi ? À cause de quoi ? Personne ne le savait. Et personne ne voulait le savoir. Les humains ont peur de l'inconnu et du différent...
Voilà la raison de la mise à l'écart de Mikhail la majeure partie de sa vie pour ne pas dire l'entiéreté. Il allait fêter ses dix-huit ans dans peu de temps mais sans famille ni amis ni fête, cela ne valait pas beaucoup la peine de se réjouir...
Il se releva et continua son exploration des lieux.

Ses pas le menèrent dans plusieurs pièces toujours immensément grandes et toujours dans des tons très sombres avec une décoration accordée. Ces teintes sombres de noir et rouge commençaient à tourner la tête à Mikhail, même si dans ses années de solitude, il avait appris à apprivoiser l'onscurité, devenue sa meilleure amie quand il était rejeté de tous.
Quand il arriva dans ce qui semblait être la salle à manger, il vit sur une grande et longue table dressée suffisamment pour un banquet. Des chandeliers de métal aux formes courbées ou animales et très complexes éclairaient faiblement la pièce baignée dans la douce lueur de l'aube naissante. Il s'approcha avec timidité de cette table magnifiquement dressée avec ses couverts en argent et ses serviettes pliées pour former des motifs bien précis.
Il songea alors, mettant un doigt timide sur ses lèvres :
-Si je prends un ou deux fruits, personne ne le remarquera, non ?
Son ventre criait famine. Il n'avait jamais beaucoup mangé et avait presque toujours dû voler pour survivre, même au village, et il n'avait rien avalé depuis sa fuite hier au soir. Il finit par jeter son dévolu sur une pomme bien rouge et une tranche de pain déjà coupée. Son ventre le remercia en un gargouillement sonore.
Il finit par se laisser tenter, influencé par la voix de son ventre plus importante que celle de la raison en ce moment, et manger encore une orange et trois poires d'affilée.
Il se sentait mieux après ce petit repas improvisé. Il tapota son ventre plus rempli que d'ordinaire, satisfait du repas qu'il venait de recevoir.

Il continua son exploration de l'immense maison, qui ressemblait d'ailleurs à certains endroits plus à un manoir qu'un château.
Les longs couloirs infinis s'étalaient sur des dizaines de mètres, les chambres toutes plus immenses les unes que les autres se succédaient sans fin. Il avait presque l'impression de se retrouver dans un labyrinthe où il aurait été placé contre son gré et forcé à trouver la sortie.
Bien que le fait que ce soit contre son gré qu'il ait été amené ici ne soit pas sa volonté.

Au sol dans tous les couloirs se trouvaient des tapis rouges tout doux comme en velours, absolument parfaits et bien entretenus. Mikhail n'avait pas pu s'empêcher de se coucher dessus quelques minutes pour sentir sur sa peau sur ses hâillons à moitié troués la douceur de ces tapis déroulés sur des dizaines de mètres.
Dans quelques couloirs, il y avait des fenêtres très hautes qui laissaient entrer la lumière du Soleil, mais devant, il y avait toujours des épais rideaux tirés sur les côtés et retenus par d'épaisses cordes. Mikhail effleura aussi le textile des rideaux. Il était doux aussi et incroyablement mœlleux. Il frotta sa joue contre.
Comme avant avec les tapis, il ressentait une douceur qu'il n'avait jamais ressentie de sa vie, à part dans sa petite enfance. C'était tout doux et tout chaud, rassurant à un point qu'il ne pensait pas connaître un jour.
Il finit par se détacher de ce rideau, le lâchant lentement à contrecœur.

Il arriva alors au bout du bâtiment. Il entra alors dans la dernière pièce qu'il lui restait à explorer, du moins à cet étage. Il poussa la lourde porte faite apparemment de pierre et de bois et atterrit dans une pièce presque entièrement dans le noir. Il ne ditinguait pas grand-chose et plissa donc les yeux.
Il arriva à suivre le pourtour de plusieurs choses. Des meubles, un lit à baldaquin, et plusieurs bibelots comme un vase ou des tableaux.
Dans le rai de lumière qui provenait du couloir, il pu distinguer un seul des tableaux pendus au mur.
C'était un portrait d'une femme avec des cheveux infiniment longs et qui dépassaient du cadre de bois sculpté qui posait avec les deux mains devant elle. Ses yeux fins étaient rouges, tout comme ses lèvres fines et figées. Son teint étaut blafard et son visage aux traits fins était harmonieux. Elle avait l'air sereine et posée mais également très mature et intelligente.

Mikhail commençait à détailler encore plus le tableau quand il entendit soudainement la voix féminine d'une silhouette dans la pièce qu'il parvenait à peine à distinguer :
-Enfin sorti de ta torpeur, Mikhail ?

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Merci d'avoir lu !
Le format du titre est ainsi parce qu'avec le nombre de caractère maximal que je ne peux pas dépasser, je préfère mettre un titre court et une sorte de sous-titre dessous pour détailler, toujours avec un verbe un peu comme un tutoriel. Je recherchais cet effet-là pour mes titres de chapitres, ça ressemble à peu au concept des noms de "Tara Duncan".

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