Chapitre 36

Lucie hoche la tête, impatiente d'en savoir plus. Carlos souris face à son excitation et l'attire vers la malle.

— Tout bon éclaireur qui se respecte se doit de posséder différentes armes. Celles que je t'avais donné la dernière fois ne sont plus toutes neuves et n'étaient pas vraiment adaptées.

Il ouvre le coffre et en sort quatre armes, après avoir farfouillé quelques secondes dedans. Dans ses mains se trouvent un long poignard rutilant, un couteau de poche auguisé, un sabre et un long manche en bois massif, surmonté d'une lame pointue. Carlos les soupèse avant de les tendre à Lucie.

La jeune fille prend avec précaution les objets de barbare que lui tend le jeune garçon et les observe sous toutes les coutures, à la fois curieuse et muette d'admiration.

— Je... woaw...

— Tu vas vite t'y habituer.

Carlos lui donna un sac à dos neuf, un carnet et un stylo, et de quoi attacher ses armes.

Lucie enfila l'attirail et une bouffée d'adrénaline la submergea. Elle ferma les yeux et souffla longuement pour tenter de calmer son appréhension.
Une main se posa sur son bras.

— Ça ira ? s'enquit Carlos en lui souriant.

La blondinette opina du chef avec une conviction légèrement forcée. En réalité, elle n'en menait pas large.
Son ami prit ses mains tremblantes entre les siennes et les serra fortement.

— Je serai tout le temps avec toi. Tu n'as rien à craindre, O.K ? la rassura-t-il.

— Promis ?

— Promis.

— Dans ce cas, je suis prête, affirma Lucie.

***

Après avoir pris leurs portions de nourriture pour la journée, ils descendirent.

Lucie baillait sans arrêt et les trois éclaireurs chuchotaient pour ne pas perturber le sommeil des autres trappers.

Vincent dévérouilla la porte de sécurité et les adolescents s'engagèrent dans le couloir.

Arrivé au bout Vincent stoppa la marche.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? fit Lucie.

— Chuuut.

Lucie tendit l'oreille et frémit en entendant un bruit suspect de l'autre côté.

— Un fondu. Voire deux. En embuscade, lui chuchota Carlos. Va falloir attendre un peu.

Les contaminés semblèrent communiquer, puis, quelques minutes plus tard, s'en allèrent.

Vincent ne perdit pas de temps et ouvrit la porte.

— Maintenant ! cria-t-il.

Lucie eut le souffle coupé par la pression.
Puis Carlos lui attrapa violemment le poignet et la tira brutalement en dehors, tandis que Vincent retapait le code.

Alors qu'ils se mettaient à courir, les deux fondus surgirent sur leur droite et leur fonçèrent dessus en hurlant.
Les éclaireurs sprintèrent et descendirent quatre à quatre les marches du premier escalier.
Au 40ème étage, Vincent bifurqua sans prévenir et fit un signe bref à Carlos.
Lucie le regarda s'en aller sans comprendre.

— Mais où il va ?

— Faire des observations, lui répondit Carlos.

— Et nous ? fit la blondinette en jetant un oeil en arrière.

Les fondus s'étaient donné le mot pour pousuivre les éclaireurs et chacun poursuivait un groupe différent.

— Ne te retournes pas ! la sermona Carlos.

Les deux adolescents circulèrent par plusieurs appartements afin de semer le contaminé.

— Je crois que c'est bon, souffla Carlos en lâchant Lucie. Sors ton carnet et un stylo, pour noter tes relevés.

La jeune fille hocha la tête.
Une fois le matériel en main, elle rejoignit Carlos qui regardait attentivement sa montre.

— Tu fais quoi ? s'intéressa Lucie.

— Je regarde l'heure. Tu te souviens de ce que je t'ai dit ?

— Oui. Selon l'heure, certaines portes sont ouvertes, d'autres non.

— Exactement.

— Par contre, je ne saisis pas la logique. Parce qu'il y en a bien une, non ?

Carlos lâcha le cadran du regard et se retourna vers Lucie.

— Non. Du moins, on ne l'a pas encore trouvée, fit-il avec un sourire. Mais une fois qu'on sera rentrés, je t'expliquerai tout plus en détails. Pour l'instant, contente-toi de prendre les numéro des portes que l'on franchit, celui de la zone, et l'heure.

***

La journée passa sans que Lucie ne s'en aperçoive. Plongée dans les relevés de son carnet, les brèves explications de Carlos et la crainte que les fondus leur tombent dessus, la blondinette n'avait pas chômé, et prenait conscience au fur et à mesure des heures de la difficulté du rôle d'éclaireur.
Vers dix-huit heures et quart, elle s'était affalée contre un mur, non loin de Carlos, afin de grignoter.

Le jeune homme surgit devant elle.

— Debout la flemmarde, la nargua le brun.

Piquée au vif, Lucie lui envoya son pied dans le mollet et le fusilla du regard en se levant.

— Pardon ?

— C'est pas le moment de se reposer, Lulu.

Cette dernière serra les dents.

— Ta gueule.

Carlos éclata de rire et Lucie le rejoignit.

— J'arrive pas à garder mon sérieux avec toi, se plaignit la jeune fille.

— Tu m'aimes trop, c'est pour ça.

— Rêve pas trop.

***

— Lucie, tu m'écoutes ? Lucie ?

L'éclaireuse dormait à moitié, la tête dans les mains.
Carlos lui fit une petite pichenette sur le nez et la blondinette se redressa en sursaut.

— Hein ? Que...

— Tu es si crevée que ça ? lui demanda Carlos en penchant la tête sur le côté.

Lucie haussa les épaules.

— Un peu.

— Concentre-toi, s'il-te-plaît. Ta formation doit progresser, dit le jeune homme tandis qu'elle s'étirait.

— Je t'écoute.

***

— Donc... quarante-huit étages à explorer, quatre zones par étages, donc ce qui fait cent quatre-vingt douze zones.

— Voilà. Le plan de chaque étage se modifie plusieurs fois dans la journée, à des horaires bien précis. Il peut y en avoir plusieurs par étage.

— Mais... comment vous vous y retrouvez ? S'il y a plusieurs possibilités ?

— D'où l'intérêt des carnets, fit Carlos en agitant le sien. Après, on dessine les plans en grand, comme tous ceux que tu peux voir autour de toi. On essaye d'y déceler une logique, mais rien ne vient.

— Et ça fait un an que tu cherches ?

Carlos soupira.

— Mouais... mais il y a toujours de nouvelles découvertes, et la présence des fondus n'arrange rien. Elle nous retarde.

— Ça se comprend.

Carlos leva les yeux et fixa le plafond.

— Tu sais, parfois, je me demande pourquoi WICKED s'acharne de la sorte à nous infliger des énigmes. J'en ai ma claque de chercher et de me battre et j'ai souvent envie de...

Sa phrase resta en suspend et l'adolescent ferma les yeux, la machoire contractée.
Lucie déglutit et lui frotta le dos d'une manière hésitante, pour tenter de le consoler.

— Désolé, s'excusa Carlos en se reprenant.

— Ne va jamais au bout de cette envie. Sinon tu auras affaire à moi. Et à tout le monde aussi.

L'éclaireur planta son regard dans le sien et lui souris franchement.

— Merci Lucie.

— Pas de quoi. On continue ?

— Oui.

Plus tard dans la soirée, les deux jeunes gens se trouvaient encore dans la salle des éclaireurs.

— Évidemment, tout t'expliquer serait compliqué, le mieux sera que tu comprennes de tes propres moyens.

— D'accord.

— Il y a une solution derrière ces schémas. Il faut partir tous les jours en ayant bien ça en tête. Parce que cette putain d'organisation qui nous a arraché à notre vie ne fait pas ça sans but. Il y a une sortie, quelque part, dans cet immeuble de malheur. Et on la trouvera.

La détermination de Carlos était contagieuse.
Lucie hocha la tête, déterminée à donner tout ce qu'elle pour contribuer à leur liberté.
Et ce peu importe le temps que cela prendra.

Carlos lui apprit que, grâce aux coedeurs, ils avaient en leur possession des codes leur permettant de débloquer certaines portes.
Malgré tout, les éclaireurs avançaient un tout petit peu plus chaque jour.

***

— Au secours ! Aidez-moi !

Vincent et Carlos tuèrent les fondus qui s'en prenaient au garçon, apeuré, collé au mur, deux semaines plus tard. Une fois débarassés, ils firent signe au garçon d'avancer vers une jeune fille blonde, plus loin.

— Bienvenue le nouveau, l'accueillit Lucie.

Et c'est un garçon tremblant et couvert d'écorchures qui rejoignit le rang des trappers.

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Et voilà le chapitre 36 !
Un peu rapide je l'avoue.
Mais plus d'explications arriveront par la suite !

Quant au chapitre 37, je ne sais pas quand il sortira, hé hé 😅.

En espérant qu'il vous a plu !

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