Chapitre 34

Un calme oppressant s'abattit sur les deux adolescents, et Lucie venait juste de se rendre compte de ce qu'elle venait de commettre.
Elle contempla le désastre et mit une main tâchée de sang devant sa bouche.

Avait-elle réellement tué ces deux fondus ?
Elle avait perdu ses moyens en les voyant s'en prendre aussi cruellement à son ami et s'était dès lors transformée en machine de guerre.

- Aaah...Lucie...l'appela Carlos, qui s'était adossé contre le mur.
Lucie réagit immédiatement et courut à lui.
- Carlos !
Elle s'agenouilla devant le garçon et, sans réfléchir davantage, se jeta à son cou et le serra fort contre elle.
La blondinette ne pensait pas qu'il répondrait à son étreinte.
Carlos l'attira brusquement à lui et la pris dans ses bras avec force et détresse.
Il caressa ses cheveux avec tendresse, tandis que les larmes de Lucie commençaient à couler sans plus s'arrêter.
- Tout va...bien, la rassura-t-il d'une petite voix. Je...suis en vie...
Les pleurs de Lucie redoublèrent et elle agrippa le t-shirt de l'éclaireur comme de peur qu'il ne disparaisse.
- Tu aurais pu mourir et toi, tout ce que tu trouves à me dire, c'est que tu vas soi-disant bien ? cria-t-elle.
- Ne fais pas...autant de bruit...
- J'en ai rien à foutre ! railla l'adolescente en s'écartant pour regarder le jeune homme dans les yeux. Le regard de Carlos était embrumé et ses yeux étaient rouges.
- Je suis désolé, murmura-t-il avec sincérité.

Il replaça une mèche de Lucie derrière son oreille et la jeune fille rougit.
Carlos lui sourit faiblement.
C'était contagieux.
La blondinette sentit ses lèvres s'étirer d'elles-mêmes.
- Enfin tu as retrouvé le sourire.
Une petite larme fugitive roula sur la joue rosie de Lucie et le jeune homme l'essuya en douceur avec son pouce.
- On dirait bien, rigola la blondinette.
- Allez, viens, l'invita l'éclaireur en ouvrant les bras.

Lucie ne se fit pas prier. Elle avait grand besoin de réconfort.
Alors elle se blottit contre le torse de son ami qui referma ses bras autour de sa taille.
Là, confortablement installée et en paix, la jeune fille se sentait en sécurité, protégée contre toutes les horreurs de l'immeuble.
Et, même si elle ne l'avouera sans doute jamais, le fait qu'un beau garçon lui fasse un câlin de la sorte ne se refusait pas.

Carlos avait le menton posé sur la tête de son amie, perdu dans ses pensées. À cet instant, la tenir serrée comme un trésor qu'on avait peur de briser, comme un objet fragile, lui procurait un bonheur intense.
Il était tout simplement heureux d'être avec elle.

Le corps frêle de la jeune fille remua dans ses bras et la tête de Lucie se releva vers lui.
- Carlos ?
- Oui ?
La blondinette parut chercher ses mots.
- Tu sais, j'ai bien cru que t'allais me dire que c'était un test, que tout était planifié, tout ça quoi...
D'abord étonné, Carlos l'a regarda avec des yeux ronds et éclata d'un rire nerveux.
- T'es bête...jamais je n'aurais osé mettre ma vie et la tienne en danger.
- Je sais mais...
- Mais rien. Tu m'as sauvé la vie, Lucie. J'ai bien cru que j'allais y passer, mais c'était sans compter sur ta présence à pic.
Il prit le visage de l'adolescente en coupe dans ses mains et déposa un baiser sur son front.
- Merci, fit-il.
- Euh...ben...de...de rien...je...je..., bégaya Lucie, rouge comme une pivoine.
- Bon, si on y allait ? proposa Carlos en se détachant de l'adolescente.
- D'accord, approuva-t-elle, un peu sonnée.
Elle quitta à regret la chaleur des bras du jeune homme.

                             ***            

- Ça va ton épaule ? s'enquit Lucie en zieutant la blessure.
Carlos était en train de la couvrir avec du sparadrap.
- Tout ce que je peux te dire, c'est heureusement que je suis un Imune. Ça devrait aller, les guérisseurs s'en chargeront.
- Y'a intérêt, maugréa la blondinette.
- Tu me surveilles, maintenant ? la taquina le trapper, avec son éternel sourire en coin. Comme c'est mignon.
"C'est toi qui est mignon", le contredit Lucie en pensée.
- Arrête de te moquer de moi, je m'inquiète, c'est tout !
- Rooh, allez, on plaisante, là ! Je te signale que t'as été amochée par cette fondue toi aussi.
- Toujours aussi délicat ! Où donc est passé le Carlos sensible que j'ai pris dans mes bras tout à l'heure ? répliqua Lucie en sachant pertinemment qu'elle se risquait en terrain glissant.

Carlos la gratifia d'un sourire séducteur.
- Je veux bien faire une exception pour toi, si ça peut me permettre de me faire câliner plus souvent.

Lucie se râcla la gorge et l'éclaireur éclata de rire.
- Ahah, reprenons notre sérieux, se reprit-il.
- Oui, bonne idée, renchérit la blondinette.
- Je vais t'expliquer par où passer désormais.
Lucie opina du chef et attendit les renseignements.
- En cinq minutes tu peux y être. Tu vois les chiffres sur les portes ?
- Oui.
- Parfait. Pour faire simple, tu auras à passer par la 750b, la 708, la 696, la 501, la 455, la 367, la 200 et la 123 avant de prendre la salle numéro 001. C'est la pièce où la Caisse arrive, dit-il en lui notant le tout sur une page de carnet qu'il arracha et tendit à la jeune fille.
Lucie s'en saisi et regarda les écritures inscrites.
- Donc, tout ce que j'ai à faire, c'est retenir ces chiffres et prendre les bonnes portes ?
- En gros, oui. Je te souhaites bonne chance.
- J'ai un peu peur avec ce qu'il s'est passé tout à l'heure. Tu patiente, hein ? voulu-t-elle s'assurer.

Carlos lui pinça la joue.
- T'inquiète. Il ne devrait pas y avoir trop de souci ici.
- Fais gaffe à toi.
- Mais oui. Allez, ouste !

                              ***

Lucie suivit à la lettre le tracé de Carlos et, sans voir le moindre fondu, parvint devant la porte 001.

Elle respira un bon coup et pressa la poignée.
Rien.
Puis elle aperçut un loquet en hauteur et le tira. Il était un peu coincé mais elle réussit à débloquer l'entrée.

La pièce était plongé dans le noir et un bourdonnement comblait le silence.

Lucie alluma la lumière et fut momentanément éblouie par l'éclat des néons.
Elle ouvrit progressivement les yeux et découvrit un mécanisme étrange.

Suspendue par des chaînes à un énorme treillis, une cage de grande taille en fer s'élevait au-dessus d'un puit de forme carrée, sans fond.

La trapper se pencha par-dessus le rebord pour tenter d'en distinguer le bout, mais peine perdue. Le conduit semblait s'enfoncer dans les entrailles de la Terre.

"Bon, Carlos m'a dit que je trouverais des cartons à l'intérieur de la Caisse."
Lucie se plaça devant et ouvrit les deux battants grillagés. À l'intérieur, trois cartons de taille moyenne l'attendaient, dispersés dans la cage.

La blondinette les tira vers elle et les sortit un par un de la Caisse.
- Ils font quand même un certain poids, constata Lucie en les déposant au sol à ses pieds.
Elle put y lire des écritures :

Grp C
Propriété de W.C.K.D
Textile & Matériel

"Textile et matériel" déchiffra-t-elle.
Les deux autres portaient les noms Produits et Denrées.
Sans perdre plus de temps, Lucie referma les portes de la Caisse, empila les cartons et sortit de la salle en prenant bien soin de refermer l'accès derrière son passage.

Puis, soufflant sous la masse des cartons, elle repartit en sens inverse, pressée de se mettre à l'abri.

                             ***

Elle retrouva Carlos dix minutes plus tard, tranquillement adossé contre un mur.
Dès qu'il la vit, il trottina vers elle et lui prit deux cartons avec facilité.
- Un peu d'aide ne te fera pas de mal.
- En effet, le remercia Lucie pour sa prévenance.
Le jeune homme lui adressa un signe de tête en direction des escaliers.
- On rentre ?
- Et comment ! renchérit l'adolescnente souriant à son ami.

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