Chapitre 24

Lucie entra à la suite de Carlos et la porte que ce dernier venait de débloquer se referma automatiquement. Néanmoins, le jeune homme renforça la sécurité et entra de nouveau un code. Puis il se tourna vers la jeune fille et haussa les épaules.
- On ne sait jamais, lui dit-il simplement.

Ils avançèrent tout au bout du couloir et Carlos recommença à taper un code. Pareil de l'autre côté.
- Pourquoi autant de précautions ? s'enquit la blondinette avec naïveté.
- Tu ne tiens pas à le savoir.
- Une porte ne suffit pas ?
Carlos se frappa le front du plat de la main.
- Quoi ? s'offensa Lucie.
- Réfléchis un peu...deux précautions valent mieux qu'une. Surtout...après ce qu'il s'est passé au début.
- Que s'est-il passé ? le questionna la jeune fille, de plus en plus curieuse.
Carlos hésita à répondre.
- Tu...tu le sauras le moment venu. C'est préférable pour toi, tu comprends ? Je peux...vraiment rien te dire maintenant.
L'adolescente n'insista pas.
Le jeune garçon semblait bouleversé. Avait-il fait remonter de mauvais souvenirs à la surface ?
Très certainement.

Ils débouchèrent dans une grande pièce vide, à l'exception de deux ou trois cartons.
Lucie observa vaguement les lieux, devinant d'autres pièces à sa gauche.
- C'est une sorte d'appartement, lui apprit Carlos comme pour répondre à son interrogation muette. Je te ferais visiter plus tard. J'ai plus important à te montrer. Le jeune homme fit quelques pas dans la pièce et se campa en son milieu. Il leva la tête et siffla deux fois rapprochées, puis une troisième.

Lucie leva la tête à son tour et découvrit une petite trappe d'environ soixante-dix centimètres de côté se découper dans le plafond. À sa plus grande surprise, celle-ci s'entrouvrit d'abord timidement, avant de s'ouvrir dans sa totalité.
Soudainement, une longue échelle en bois apparut dans l'ouverture. Lucie regarda Carlos sans comprendre, essayant de deviner ce qui se tramait au-dessus.
- C'est notre signal, lui expliqua-t-il calmement. Comme les fondus son incapables de prononcer la moindre parole cohérante, tu penses bien qu'un sifflement...(il ricana).
- Je vois, murmura Lucie, perdue dans ses pensées.
Carlos claqua des doigts sous son nez et la jeune fille sursauta. L'adolescent adressa un signe du menton à l'échelle qui s'était enfin calée au sol.
- Allez, l'encouragea-t-il. Monte.
La blondinette ne réagit pas.
- Tu es sûr que je peux ?
- Vas-y je te dis, monte. Tu ne risque rien.
Il lui fit un sourire chaleureux, dévoilant des dents blanches et parfaitement alignées.
Un tant soit peu rassurée, Lucie entreprend de gravir les échelons en se tenant fermement aux barreaux. Pour plus de stabilité, Carlos retient l'échelle en la maintenant d'une main.
Le coeur battant à tout rompre, la jeune fille passa une tête dans la trappe...

                             ***

Dès que son buste apparut hors de l'étage inférieur, une dizaine de paires d'yeux se mirent à la fixer. Mal à l'aise, la blondinette eut la terrible envie de rebrousser chemin et de disparaître six pieds sous terre. Mais ce ne serait pas une bonne idée compte tenu de la présence des fondus et de celle de Carlos qui se trouvait derrière elle.

                              ***

"Nous"...Le nôtre.
Lucie n'avait pas fait attention aux précédentes paroles du garçon.
Ils étaient plusieurs.

- Ne t'inquiète pas, fit la voix de Carlos dans son dos.
La blondinette prit peur et courut dans un coin de la pièce.
Un garçon qu'elle ne connaissait pas vint retirer l'échelle et une fille replaça le couvercle de la trappe avant de le sceller avec un gros cylindre rouillé. Avec l'aide de son camarade, elle poussa un vieux fauteuil au tissu élimé par-dessus.

Lucie les regardait s'affairer dans un état second. Son cerveau tentait vainement de faire le tri et la synthèse de ce qu'il se passait, mais impossible.
Le flot d'information qui parvenait à la jeune fille était trop important.

Des enfants de son âge avaient cessé leurs activités et s'approchaient d'elle. Certains ne disaient rien, d'autres murmuraient entre eux.
- C'est la nouvelle !
- Une Imune ?
- La chance !
Ils parlaient tellement qu'une boule d'angoisse naquît dans le ventre de Lucie. Sa gorge la serra et ses yeux la piquèrent.
Elle ne comprenait plus rien.
- Laissez-la respirer, intima fortement une voix.
Carlos.
- Oui c'est une immunisée, ce n'est pas la seule, arrêtez de débattre là-dessus ! Reprenez vos activités, continua-t-il.
Tout le monde se tut instantanément. Carlos se faisait, à l'évidence, respecter plus qu'un autre.
Les adolescents repartirent, seuls trois ou quatre restèrent.

Carlos s'approcha de la blondinette et s'accroupit devant elle. La jeune fille tremblait de plus en plus. Le poids de la réalité qui s'imposait à elle retombait sur ses épaules, embrumant son esprit, à mesure qu'elle prenait conscience de la situation désastreuse dans laquelle WICKED l'avait condamnée.

Une tristesse indicible s'empara d'elle et les larmes se mirent à dévaler ses joues, creusant des sillons clairs sur sa peau rougie par l'effort.
Severina lui avait menti.
Lucie avait été trahie par la seule personne en qui elle avait voué une réelle confiance.
Sa vie était un éternel mensonge.
Papa, maman, Éric...Ludivine et Illona...
Sa chère famille disparue, rongée par la maladie.
Tout ce à quoi elle tenait lui avait été arraché sauvagement.
- Lucie ?
Elle ne répondit pas. Carlos attendrait.
- Lucie, ça va ?
"Non, ça va pas !" voulut hurler l'adolescente. À la place, les pleurs redoublèrent.

                              ***

Une main se posa sur son épaule et la pressa amicalement.
Cela faisait un quart d'heure que Lucie pleurait. Peu importait qu'on la prenne pour une faible. Elle avait eu besoin d'évacuer la tension qui s'était accumulée en elle depuis qu'elle était à l'abris des fondus.
Elle souffla longuement pour apaiser ses hoquettements puis releva la tête.
Elle croisa le regard de Carlos, bienveillant.
- C'est bon ? Tu es calmée ? lui demanda-t-il gentiment.
Lucie approuva en rougissant.
Carlos se redressa sur ses coudes et lui tendit la main pour l'aider à se relever. La jeune fille la saisit et se mit debout.
- J'ai besoin de faire le vide, je crois, lui dit-elle.
- Pas de souci. Tout ceux qui sont arrivés ici sont passés par cette phase de "dépression", la rassura le jeune homme.
Lucie se rendit compte que sa gorge était sèche et sa langue pâteuse.
Un jeune fille à la peau noire l'avait remarqué et avait disparu. Elle revint une minute plus tard, un grand verre d'eau à la main.
Elle le tendit à Lucie avec un sourire et la blondinette engloutit l'eau cul sec. Elle était fraîche.
Lucie savoura le liquide qui glissait dans trachée avec délice.

Désaltérée, la jeune fille redonna le verre, remercia et bailla.
- Tu dois être fatiguée, dit Carlos, songeur. Après avoir passé toute la nuit dehors à semer des contaminés enragés.
- Je...en effet, répondit l'adolescente.
- Viens, l'invita Carlos.
Lucie le suivit docilement dans une petite salle où se trouvait un canapé usé par les frottements.
- Allonge-toi, fit Carlos.
La blondinette s'exécuta, prise de sommeil.
Elle s'installa confortablement, tandis que le jeune homme, qui s'était eclipsé, revenait avec une légère couverture en velour.

Il la déplia et l'étendit sur le corps de Lucie.
Cette dernière lui sourit, reconnaissante.
- Dors bien et repose-toi, lui chuchota-t-il en quittant la pièce.

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Pas trop d'inspi' pour ce chapitre.

N'hésitez pas à me donner votre avis :)

Sur ce, à plus pour un nouveau chapitre !

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