Jour 1 - Paul Guérin.

Paul avait vécu à peu près le même face à face. Sauf que lui avait affaire à des lions et des rhinocéros. Soit on l'avait guigné tels des rois hautains et bien décidés à ne pas délaisser le trône ; soit on lui était rentré dedans directement. A peine avait-il mis un pied en terrain inconnu, qu'un groupe de débiles lui avait sauté dessus. Il s'était pris une droite en pleine mâchoire et avait voulu contre-attaquer mais les garçons furent emmenés chez le proviseur - comme s'ils allaient réellement être punis - et lui dans sa chambre, la 45. 

- Fais en sorte de ne pas te battre dès le premier jour, petit.

Fut le seul mot d'encouragement de l'accompagnateur, qui était déjà plus sympathique que celui de Mélanie, avant qu'il ne soit poussé dans son dortoir et que la porte ne se referme à son passage. Trois paires d'yeux se braquèrent sur lui. Il n'en reconnut pas une. 

- Je suis votre nouveau colocataire, déclara t-il pour briser la glace.

- Le pauvre ? s'enquit un d'eux.

- Ouais ! confirma Paul d'un brin de défi.

C'est comme s'il s'attendait à essuyer des insultes, mais elles ne vinrent pas. Au contraire, deux des gars, sur leurs lits respectifs, se concentrèrent dans les devoirs qu'ils étaient en train de faire ; le troisième se leva et pointa du doigt une porte à leur droite.

- Ici, il y a la douche, commune pour nous quatre. Là, il y a ton lit, ton armoire, ton espace. Et, cela, c'est le tableau de coordination.

Il s'agissait d'un tableau à feutre velleda, comme ceux des professeurs mais en plus petit. Il y avait écrit trois noms : Eric, Walid et Matthieu. Puis, il y avait une quatrième ligne vide. La sienne certainement. Les diverses colonnes étaient "les douches", "les appels", "le ménage". 

- Quand tu seras installé, ajouta son compère, il faudra qu'on voit ensemble comment on se dispersera les tâches. 

- Appels ? tiqua Paul. Doit-on se partager des appels ?

- Malheureusement, nous n'avons pas le droit à nos téléphones durant la semaine. Il nous en mette un à disponibilité dans chaque chambre mais il est bloqué à un appel pour jour. 

Paul acquiesça, étonné par ce système. En revanche, il s'en fichait. Il n'avait personne à appeler.

- Moi, c'est Matthieu. Les deux là-bas, c'est Walid et Eric. Tu apprendras à les ignorer avec le temps.

- Pourquoi ? questionna t-il, perplexe.

- Parce qu'ils sont du genre à se plonger pendant des heures dans un exercice de physique sans en sortir. Ils sont même plutôt barbants.

L'un d'eux - était-ce Walid ou Eric ? - leva les yeux de son exercice et lui fit un bref doigt d'honneur. 

- Je vous aime aussi, les mecs ! s'exclama Matt, désespéré par ses deux camarades. J'espère que tu n'es pas comme eux,... Euh...Comment t'appelles-tu ? 

- Paul. Paul Guerin. 

Il regarda circulairement sa chambre, et finit par s'y intéresser grandement. Il n'avait jamais vu une chambre aussi gigantesque. Tout d'abord, ce n'était pas de simples lits, mais des lits triples places. Rien qu'avec cela, il hallucinait déjà. La pièce était rectangulaire et se composait ainsi : deux lits de part et d'autre des pans de murs en longueur, séparés par une armoire. Au centre, un titanesque tapis tout doux et une table ronde avec quatre chaises. Il n'y avait pas grand chose mais c'était la taille qui impressionnait. Paul n'osait même pas aller dans la salle de bain pour voir à quoi elle ressemblait. Toutefois, il pensait à une baignoire, peut-être même deux.

- Est-ce que toutes les chambres sont semblables à celle-ci ? interrogea t-il n'en croyant pas ses yeux.

- Tu n'as encore rien vu de ce lycée ! Terrain de football, de basket, de tennis, de golf, piscine extérieur et intérieur, plusieurs murs d'escalade. Toi qui disait aimer le sport, tu vas être servi.

Peut-être qu'être ici n'était pas l'enfer. Mais le paradis. Matthieu allait retourner à ses occupations quand le pauvre exposa :

- Au fait, je ne fais pas de physique. Je ne sais même pas en quoi elle consiste.

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