Jour 1 - Aurore Perret.
Aurore Perret était en train d'enfiler une légère robe d'un rose poudré lorsqu'elle reçut un appel. Elle le prit immédiatement en lisant le nom de son supérieur.
- Madame Perret ? demanda t-il.
- Bonjour Monsieur, comment allez-vous ? s'empressa t-elle d'interroger, stressée.
Elle regarda vivement à l'horloge et constata qu'il lui restait encore une demi-heure pour rejoindre son lieu de travail. Ou plutôt, là où elle effectuait son stage depuis bientôt trois mois. Elle ne comprenait guère pourquoi il l'appelait si tôt le matin, alors qu'elle allait arriver sous peu. Son supérieur ignora superbement sa question de politesse et enchaîna directement sur :
- Ma patronne m'a demandé de vous transmettre un message. A partir d'aujourd'hui, vous n'êtes plus une stagiaire dans notre entreprise.
Le sourire qu'elle s'était forcée à avoir pour garder un air décontracté disparut aussitôt. Aurore se sentit soudainement nauséeuse et eut le tournis un moment. Le groupe Jaesen était une entreprise prestigieuse de France et se trouvait dans le domaine des finances. Plus particulièrement, ils étaient les banques de ce pays et contrôlaient tout le système économique. La jeune femme avait travaillé dure pour obtenir les meilleurs diplômes qui soient et l'avait à peine cru lorsqu'elle réussit à décrocher un stage là-bas. Le perdre, elle ne pouvait pas. Ce serait une trop grosse déception.
- P-Pourquoi ? balbutia t-elle, défaite. La Vice-Président a t-elle donné une raison ? Ai-je fait quelque chose de mal ? Pourtant, je suis certaine d'avoir rendu mes dossier à temps. Ne les a t-elle pas trouvés bon ? Ce-Ce doit être cela. N'est-ce pas ?
- Si vous vous calmiez et respirez un bon coup, ce serait préférable, Madame Perret. La Vice-Présidente ne vous reproche rien du tout. Cependant, avez-vous entendu parler du projet qu'elle a mis en place récemment ?
En avait-elle entendu parler ? Mais bien sûr ! Comment ne pas savoir ? Milla Jaesen, une des femmes les plus respectables de France et du monde, avait eu l'ambition de "rétablir une forme de justice", dit-elle. Dès ce matin, seraient envoyés dans un lycée de Paris des pauvres - ou des brebis au milieu de loups -. La Vice-Président voulait apparemment tester l'expérience.
- Afin de mener ce projet à bien, continua le supérieur, elle a décidé de faire surveiller la situation grâce à des Ambassadeurs. Leur but est simple : ils iront avec les pauvres et resteront avec eux. Le soir, ils devront rédiger un compte rendu de la journée. Ils ne devront en aucun cas agir en faveur de quiconque et demeureront neutre.
- Je connais déjà leur rôle, j'ai regardé le journal d'hier soir où on expliquait tout. Mais où voulez-vous en venir, Monsieur ?
- Madame Jaesen a elle-même choisi les Ambassadeurs selon leur caractère et leur comportement au sein de l'entreprise. Elle a pu remarquer que vous étiez une femme sérieuse qui aimait beaucoup son travail. Est-ce exact ?
- Oui, oui ! s'empressa la jolie blonde de s'exclamer. Ce poste me tient très à cœur.
- Je crains que vous allez devoir vous en séparer car vous avez été élu pour être une Ambassadrice.
La terre s'arrêta de tourner, mais pas sa tête. Aurore aurait bien voulu sauter de joie mais ses pieds étaient collés par la stupeur.
- J'ai-J'ai été élu, répéta t-elle sans vraiment y croire.
- Mes félicitations, Madame Perret. Vous êtes officiellement une employée du groupe Jaesen. Veuillez prendre votre nouveau poste très au sérieux. Il ne s'agit pas de vacance, mais bel et bien d'une surveillance optimale durant les huit heures où vos élèves seront au lycée.
- Quand est-ce que je commence ?!
Ce n'est qu'après avoir hurlé, qu'elle comprit son acte. Elle était tellement impatiente et ravie qu'elle n'avait su se contenir. Une boule dans son estomac s'était formée, elle était heureuse. La femme mordillait sa lèvre inférieur nerveusement et tapait du talon frénétiquement sur ses carreaux froids. Elle pensa un instant à aller mettre des pantoufles mais son esprit partit ailleurs.
Son supérieur s'esclaffa brusquement, si bien qu'elle sursauta. Aurore se posa tout un tas de question : avait-elle été trop effrontée de l'interrompre ainsi ? Est-ce que cela allait lui porter préjudice ? Elle n'attendait qu'une seule chose, c'est qu'il arrête de rire et qu'il lui parle pour savoir où elle en était.
- Je vois que vous êtes déjà pressée de débuter, Madame Perret. Ce comportement est le bon ! Gardez le et tout ira bien.
- Ah ! Merci, Monsieur.
- Pour leur premier jour, les élèves seront présentés dans leur classe respective l'après-midi. Toutefois, rendez-vous au lycée Nymeria -celui en centre ville - vers les dix heures. L'équipe des Ambassadeurs sera accueillie par le proviseur et vous serez distribués dans vos classes et par élève. Le déjeuner vous sera offert, mais il n'est pas obligatoire. Je vous conseille de manger avec vos futurs collègues mais faites comme vous le sentez. Compris ?
- O-Oui, Monsieur !
- Madame la Vice-Présidente vous enverra une lettre plus tard pour vous informer de tous les changements que cela implique. En parlant de cela, vous aurez un salaire brut de six mille euros.
Le souffle d'Aurore se coupa. Six mille euros par semestre ?
- Cinq mille euros par trimestre ? questionna t-elle prudemment.
En effet, ce devait être par trimestre. C'est ce qu'elle se disait. A nouveau, le supérieur éclata d'un rire bourru qui lui détruit les tympans
- Six mille euros par mois, bien sûr ! Travailler pour le groupe Jaesen vous assure une assez bonne condition de vie.
- Trop bonne pour être vraie, affirma t-elle rêveusement. Je vous remercie beaucoup, beaucoup, infiniment pour votre appel, Monsieur.
- Vous remercierez Madame la Vice-Présidente, pas moi. Dans tous les cas, ce fut un plaisir de vous avoir eu pour stagiaire. J'aimerais qu'ils soient tous comme toi !
Sur ce, il raccrocha après avoir rit une dernière fois. Aurore ne sut que faire. Elle ignora si elle devait bouger ou non, si elle devait courir dans sa maison en pleurant et criant de joie, si elle devait aller réveiller son fiancé qui dormait encore pour lui annoncer la bonne nouvelle, ou si elle devait simplement se préparer pour son premier jour.
Tout d'abord, elle réprima son engouement et s'habilla d'un costume noir et chemise blanche de mains tremblotantes. Elle se dirigea fébrilement jusqu'à la chambre de Nathan, son compagnon, et elle le réveille délicatement en le parsemant de baiser.
- Que me vaut ce doux réveil ? questionna t-il la bouche pâteuse.
- Je crois que nous allons devoir fêter un événement ce soir, lui glissa la jolie blonde à l'oreille.
Enfin, elle lui donna le temps d'émerger complètement, puis elle alla courir et crier de joie au travers de son salon.
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