Chant 3-Partie 3

Et, aussitôt, le roi des hommes, Agamemnôn, se leva, ainsi que le subtil

Odysseus. Puis, les hérauts vénérables réunirent les gages sincères des

dieux, mêlant le vin dans le kratère et versant de l'eau sur les mains des

rois. Et l'Atréide Agamemnôn, tirant le couteau toujours suspendu à côté

de la grande gaine de l'épée, coupa du poil sur la tête des agneaux, et les

hérauts le distribuèrent aux princes des Troiens et des Akhaiens. Et, au

milieu d'eux, l'Atréide pria, à haute voix, les mains étendues :

: Père Zeus, qui commandes du haut de l'Ida, très glorieux, très grand !

Hélios, qui vois et entends tout ! fleuves et Gaia ! et vous qui, sous la terre,

châtiez les parjures, soyez tous témoins, scellez nos serments inviolables.

Si Alexandros tue Ménélaos, qu'il garde Hélénè et toutes ses richesses, et

nous retournerons sur nos nefs rapides ; mais si le blond Ménélaos tue

Alexandros, que les Troiens rendent Hélénè et toutes ses richesses, et qu'ils

payent aux Argiens, comme il est juste, un tribut dont se souviendront les

hommes futurs. Mais si, Alexandros mort, Priamos et les fils de Priamos

refusaient de payer ce tribut, je resterai et combattrai pour ceci, jusqu'à ce

que je termine la guerre.

Il parla ainsi, et, de l'airain cruel, il trancha la gorge des agneaux et il les

jeta palpitants sur la terre et rendant l'âme, car l'airain leur avait enlevé la

vie. Et tous, puisant le vin du kratère avec des coupes, ils le répandirent et

prièrent les dieux qui vivent toujours. Et les Troiens et les Akhaiens

disaient :

: Zeus, très glorieux, très grand, et vous, dieux immortels ! que la cervelle

de celui qui violera le premier ce serment, et la cervelle de ses fils, soient

répandues sur la terre comme ce vin, et que leurs femmes soient outragées

par autrui !

Mais le Kroniôn ne les exauça point. Et le Dardanide Priamos parla et leur

dit :

: Ecoutez-moi, Troiens et Akhaiens aux belles knèmides. Je retourne vers la hauteur d'Ilios, car je ne saurais voir de mes yeux mon fils bien-aimé

lutter contre Ménélaos cher à Arès. Zeus et les dieux immortels savent

seuls auquel des deux est réservée la mort.

Ayant ainsi parlé, le divin vieillard plaça les agneaux dans le char, y

monta, et saisit les rênes. Et Antènôr, auprès de lui, entra dans le beau

char, et ils retournèrent vers Ilios.

Et le Priamide Hektôr et le divin Odysseus mesurèrent l'arène d'abord, et

remuèrent les sorts dans un casque, pour savoir qui lancerait le premier la

pique d'airain. Et les peuples priaient et levaient les mains vers les dieux, et

les Troiens et les Akhaiens disaient :

: Père Zeus, qui commandes au haut de l'Ida, très glorieux, très grand ! que

celui qui nous a causé tant de maux descende chez Aidès, et

puissions-nous sceller une alliance et des traités inviolables !

Ils parlèrent ainsi, et le grand Hektôr au casque mouvant agita les sorts en

détournent les yeux, et celui de Pâris sortit le premier. Et tous s'assirent en

rangs, chacun auprès de ses chevaux agiles et de ses armes éclatantes. Et le

divin Alexandros, l'époux de Hélénè aux beaux cheveux, couvrit ses

épaules de ses belles armes. Et il mit autour de ses jambes ses belles

knèmides aux agrafes d'argent, et, sur sa poitrine, la cuirasse de son frère

Lykaôn, faite à sa taille ; et il suspendit à ses épaules l'épée d'airain aux

clous d'argent. Puis il prit le bouclier vaste et lourd, et il mit sur sa tête

guerrière un riche casque orné de crins, et ce panache s'agitait fièrement ;

et il saisit une forte pique faite pour ses mains. Et le brave Ménélaos se

couvrit aussi de ses armes.

Tous deux, s'étant armés, avancèrent au milieu des Troiens et des

Akhaiens, se jetant de sombres regards ; et les Troiens dompteurs de

chevaux et les Akhaiens aux belles knèmides les regardaient avec terreur.

Ils s'arrêtèrent en face l'un de l'autre, agitant les piques et pleins de fureur.

Et Alexandros lança le premier sa longue pique et frappa le bouclier poli

de l'Atréide, mais il ne perça point l'airain, et la pointe se ploya sur le dur bouclier. Et Ménélaos, levant sa pique, supplia le père Zeus :

: Père Zeus ! fais que je punisse le divin Alexandros, qui le premier m'a

outragé, et fais qu'il tombe sous mes mains, afin que, parmi les hommes

futurs, chacun tremble d'outrager l'hôte qui l'aura reçu avec bienveillance !

Ayant parlé ainsi, il brandit sa longue pique, et, la lançant, il en frappa le

bouclier poli du Priamide. Et la forte pique, à travers le bouclier éclatant,

perça la riche cuirasse et déchira la tunique auprès du flanc. Et Alexandros,

se courbant, évita la noire kèr. Et l'Atréide, ayant tiré l'épée aux clous

d'argent, en frappa le cône du casque ; mais l'épée, rompue en trois ou

quatre morceaux, tomba de sa main, et l'Atréide gémit en regardant le vaste

Ouranos :

: Père Zeus ! nul d'entre les dieux n'est plus inexorable que toi. Certes,

j'espérais me venger de l'outrage d'Alexandros et l'épée s'est rompue dans

ma main, et la pique a été vainement lancée, et je ne l'ai point frappé !

Il parla ainsi, et, d'un bond, il le saisit par les crins du casque, et il le traîna

vers les Akhaiens aux belles knèmides. Et le cuir habilement orné, qui liait

le casque sous le menton, étouffait le cou délicat d'Alexandros ; et l'Atréide

l'eût traîné et eût remporté une grande gloire, si la fille de Zeus, Aphroditè,

ayant vu cela, n'eût rompu le cuir de bœuf ; et le casque vide suivit la main

musculeuse de Ménélaos. Et celui-ci le fit tournoyer et le jeta au milieu des

Akhaiens aux belles knèmides, et ses chers compagnons l'emportèrent.

Puis, il se rua de nouveau désirant tuer le Priamide de sa pique d'airain ;

mais Aphroditè, étant déesse, enleva très facilement Alexandros en

l'enveloppant d'une nuée épaisse, et elle le déposa dans sa chambre

nuptiale, sur son lit parfumé. Et elle sortit pour appeler Hélénè, qu'elle

trouva sur la haute tour, au milieu de la foule des Troiennes. Et la divine

Aphroditè, s'étant faite semblable à une vieille femme habile à tisser la

laine, et qui la tissait pour Hélénè dans la populeuse Lakédaimôn, et qui

aimait Hélénè, saisit celle-ci par sa robe nektaréenne et lui dit :

: Viens ! Alexandros t'invite à revenir. Il est couché, plein de beauté et richement vêtu, sur son lit habilement travaillé. Tu ne dirais point qu'il

vient de lutter contre un homme, mais tu croirais qu'il va aux danses, ou

qu'il repose au retour des danses.





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