Chant 2-Partie 5

Et ceux qui habitaient Doulikiôn et les saintes îles Ekhinades qui sont à l'horizon de la mer, en face de l'Élis, étaient commandés par Mégès

Phyléide, semblable à Arès. Et il était fils de Phyleus, habile cavalier cher

à Zeus, qui, s'étant irrité contre son père, s'était réfugié à Doulikhiôn. Et ils

étaient venus sur quarante nefs noires.

Et Odysseus commandait les magnanimes Képhallèniens, et ceux qui

habitaient Ithakè et le Nèritos aux forêts agitées, et ceux qui habitaient

Krokyléia et l'aride Aigilipa et Zakyntos et Samos, et ceux qui habitaient

l'Épeiros sur la rive opposée. Et Odysseus, égal à Zeus par l'intelligence,

les commandait. Et ils étaient venus sur douze nefs rouges.

Et Thoas Andraimonide commandait les Aitôliens qui habitaient Pleurôn et

Olénos, et Pylènè, et la maritime Khalkis, et la pierreuse Kalidôn. Car les

fils du magnanime Oineus étaient morts, et lui-même était mort, et le blond

Méléagros était mort, et Thoas commandait maintenant les Aitôliens. Et ils

étaient venus sur quarante nefs noires.

Et Idoméneus, habile à lancer la pique, commandait les Krètois et ceux qui

habitaient Knôssos et la forte Gorcyna, et les villes populeuses de Lyktos,

de Milètos, de Lykastos, de Phaistos et de Rhytiôn, et d'autres qui

habitaient aussi la Krètè aux cent villes. Et Idoméneus, habile à lancer la

pique, les commandait avec Mèrionès, pareil au tueur d'hommes Arès. Et

ils étaient venus sur quatre-vingts nefs noires.

Et Tlèpolémos Hèraklide, très fort et très grand, avait conduit de Rhodos,

sur neuf nefs, les fiers Rhodiens qui habitaient les trois parties de Rhodos :

Lindos, Ièlissos et la riche Kameiros. Et Tlèpolémos, habile à lancer la

pique, les commandait. Et Astyokhéia avait donné ce fils au grand

Hèraklès, après que ce dernier l'eut emmenée d'Éphyrè, des bords du

Sellèis, où il avait renversé beaucoup de villes défendues par des jeunes

hommes. Et Tlèpolémos, élevé dans la belle demeure, tua l'oncle de son

père, Likymnios, race d'Arès. Et il construisit des nefs, rassembla une

grande multitude et s'enfuit sur la mer, car les fils et les petits-fils du grand

Hèraklès le menaçaient. Ayant erré et subi beaucoup de maux, il arriva

dans Rhodos, où ils se partagèrent en trois tribus, et Zeus, qui commande aux dieux et aux hommes, les aima et les combla de richesses.

Et Nireus avait amené de Symè trois nefs. Et il était né d'Aglaiè et du roi

Kharopos, et c'était le plus beau de tous les Danaens, après l'irréprochable

Pèléiôn, mais il n'était point brave et commandait peu de guerriers.

Et ceux qui habitaient Nisyros et Krapathos, et Kasos, et Kôs, ville

d'Eurypylos, et les îles Kalynades, étaient commandés par Pheidippos et

Antiphos, deux fils du roi Thessalos Hèrakléide. Et ils étaient venus sur

trente nefs creuses.

Et je nommerai aussi ceux qui habitaient Argos Pélasgique, et Alos et

Alopè, et ceux qui habitaient Trakinè et la Phthiè, et la Hellas aux belles

femmes. Et ils se nommaient Myrmidones, ou Hellènes, ou Akhaiens, et

Akhilleus commandait leurs cinquante nefs. Mais ils ne se souvenaient

plus des clameurs de la guerre, n'ayant plus de chef qui les menât. Car le

divin Akhilleus aux pieds rapides était couché dans ses nefs, irrité au

souvenir de la vierge Breisèis aux beaux cheveux qu'il avait emmenée de

Lyrnèssos, après avoir pris cette ville et renversé les murailles de Thèbè

avec de grandes fatigues. Là, il avait tué les belliqueux Mènytos et

Épistrophos, fils du roi Évènos Sélèpiade. Et, dans sa douleur, il restait

couché mais il devait se relever bientôt.

Et ceux qui habitaient Phylakè et la fertile Pyrrhasos consacrée à Dèmètèr,

et Itôn riche en troupeaux, et la maritime Antrôn, et Ptéléos aux grasses

prairies, étaient commandés par le brave Prôtésilaos quand il vivait ; mais

déjà la terre noire le renfermait ; et sa femme se meurtrissait le visage,

seule à Phylakè, dans sa demeure abandonnée ; car un guerrier Dardanien

le tua, comme il s'élançait de sa nef, le premier de tous les Akhaiens. Mais

ses guerriers n'étaient point sans chef, et ils étaient commandés par un

nourrisson d'Arès, Podarkès, fils d'Iphiklos riche en troupeaux, et il était

frère du magnanime Prôtésilaos. Et ce héros était l'aîné et le plus brave, et

ses guerriers le regrettaient. Et ils étaient venus sur quarante nefs noires.

Et ceux qui habitaient Phéra, auprès du lac Boibèis, et Boibè, et Glaphyra,

et Iôlkos, étaient commandés, sur onze nefs, par le fils bien-aimé

d'Admètès, Eumèlos, qu'Alkèstis, la gloire des femmes et la plus belle des

filles de Pèlias, avait donné à Admètès.

Et ceux qui habitaient Mèthônè et Thaumakè, et Méliboia et l'aride Olizôn,

Philoktètès, très excellent archer, les commandait, sur sept nefs. Et dans

chaque nef étaient cinquante rameurs, excellents archers, et très braves. Et

Philoktètès était couché dans une île, en proie à des maux terribles, dans la

divine Lèmnôs, où les fils des Akhaiens le laissèrent, souffrant de la

mauvaise blessure d'un serpent venimeux. C'est là qu'il gisait, plein de

tristesse. Mais les Argiens devaient bientôt se souvenir, dans leurs nefs, du

roi Philoktètès. Et ses guerriers n'étaient point sans chef, s'ils regrettaient

celui-là. Et Médôn les commandait, et il était fils du brave Oileus, de qui

Rhènè l'avait conçu.

Et ceux qui habitaient Trikkè et la montueuse Ithomè, et Oikhaliè, ville

d'Eurytos Oikhalien, étaient commandés par les deux fils d'Asklèpios,

Podaleirios et Makhaôn. Et ils étaient venus sur trente nefs creuses.

Et ceux qui habitaient Orménios et la fontaine Hypéréia, et Astériôn, et les

cimes neigeuses du Titanos, étaient commandés par Eurypylos, illustre fils

d'Évaimôn. Et ils étaient venus sur quarante nefs noires.

Et ceux qui habitaient Argissa et Gyrtônè, Orthè et Élonè, et la blanche

Oloossôn, étaient commandés par le belliqueux Polypoitès, fils de

Peirithoos qu'engendra l'éternel Zeus. Et l'illustre Hippodaméia le donna

pour fils à Peirithoos le jour où celui-ci dompta les centaures féroces et les

chassa du Pèliôn jusqu'aux monts Aithiens. Et Polypoitès ne commandait

point seul, mais avec Léonteus, nourrisson d'Arès, et fils du magnanime

Koronos Kainéide. Et ils étaient venus sur quarante nefs noires.

Et Gouneus avait amené de Kyphos, sur vingt-deux nefs, les Éniènes et les

braves Péraibes qui habitaient la froide Dôdônè, et ceux qui habitaient les

champs baignés par l'heureux Titarèsios qui jette ses belles eaux dans le

Pènéios, et ne se mêle point au Pènéios aux tourbillons d'argent, mais coule

à sa surface comme de l'huile. Et sa source est Styx par qui jurent les dieux.

Et Prothoos, fils de Tenthrèdôn, commandait les Magnètes qui habitaient

auprès du Pènéios et du Pèliôn aux forêts secouées par le vent. Et l'agile

Prothoos les commandait, et ils étaient venus sur quarante nefs noires.

Et tels étaient les rois et les chefs des Danaens.

Dis-moi, Muse, quel était le plus brave, et qui avait les meilleurs chevaux

parmi ceux qui avaient suivi les Atréides.

Les meilleurs chevaux étaient ceux du Phèrètiade Eumèlos. Et ils étaient

rapides comme les oiseaux, du même poil, du même âge et de la même

taille. Apollôn à l'arc d'argent éleva et nourrit sur le mont Piérè ces cavales

qui portaient la terreur d'Arès. Et le plus brave des guerriers était Aias

Télamônien, depuis qu'Akhilleus se livrait à sa colère ; car celui-ci était de

beaucoup le plus fort, et les chevaux qui traînaient l'irréprochable Pèléiôn

étaient de beaucoup les meilleurs. Mais voici qu'il était couché dans sa nef

éperonnée, couvant sa fureur contre Agamemnôn. Et ses guerriers, sur le

rivage de la mer, lançaient pacifiquement le disque, la pique ou la flèche ;

et les chevaux, auprès des chars, broyaient le lotos et le sélinos des marais ;

et les chars solides restaient sous les tentes des chefs ; et ceux-ci, regrettant

leur roi cher à Arès, erraient à travers le camp et ne combattaient point.

Et les Akhaiens roulaient sur la terre comme un incendie ; et la terre

mugissait comme lorsque Zeus tonnant la fouette à coups de foudre autour

des rochers Arimiens où l'on dit que Typhôeus est couché. Ainsi la terre

rendait un grand mugissement sous les pieds des Akhaiens qui

franchissaient rapidement la plaine.

Et la légère Iris, qui va comme le vent, envoyée de Zeus tempêtueux, vint

annoncer aux Troiens la nouvelle effrayante. Et ils étaient réunis, jeunes et

vieux, à l'agora, devant les vestibules de Priamos. Et la légère Iris

s'approcha, semblable par le visage et la voix à Politès Priamide, qui, se

fiant à la rapidité de sa course, s'était assis sur la haute tombe du vieux

Aisyètas, pour observer le moment où les Akhaiens se précipiteraient hors

des nefs.



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