Léo



    Des champs. Des vignes, des hectares et des hectares... C'était le seul paysage qui défilait depuis maintenant presque une heure sous mes yeux. Ce qui voulait dire, d'après mes calculs, que je serai chez mes parents dans beaucoup trop peu de temps. Mes années d'étude étaient révolues, mon père avait demandé à ce que je rentre avant la fin de mon dernier trimestre, et le peu de liberté qui me restait s'était envolée. Comme le voulait les traditions, dans la monarchie le plus âgés des frères avait des devoirs. Je ne pouvais me permettre de les refuser. De plus que les tensions avec les royaumes voisins ne cessaient de croitre, les rumeurs de guerre se propageaient. 

  - Monsieur, nous arrivons. Le roi et la reine m'ont fait savoir qu'ils vous attendent au petit salon. 

Il y a deux ans que je n'avait plus remis les pieds ici, l'immense château de pierre qui se dressait devant mes yeux me donna de légers frissons. Quelques légers rayons de soleil réchauffaient les jours capricieux de l'automne. 

   - Merci Auguste, fais monter mes bagages à mes appartements, je ne devrais tarder. 

Le regard que me lança mon majordome m'inquiéta, quelque chose clochait. Une légère boule s'installa au creux de mon estomac. Je profitais de la vue quelques instants avant d'aller affronter la vérité. La hauteur de la colline permettait une vue splendide sur les paysages et la ville. Quelques jardiniers s'affairaient à l'entretien des haies, de jeunes demoiselles discutaient joyeusement assises sur un banc à l'ombre d'un saule pleureur, et ce pauvre Auguste tentait tant bien que mal d'interpeller un jeune valets pour lui demander de l'aide. Mais un autre spectacle retenait bien plus mon attention. Des soldats, épée en main s'entrainaient à manier l'arme, les chevaux de guerre étaient tondus. Les rumeurs n'en étaient peut être pas tant. J'hâtais le pas pour trouver des réponses à mes questions. 

    - Père, Mère ! Je suis de retour. 

A ma vue je vis leur visage s'illuminaient, ils vinrent me serrer dans leur bras. 

  - Léopold, comme je suis heureuse de te revoir. J'ai l'impression que tu as encore grandit, malgré ces cheveux que tu refuses toujours à discipliner je vois. 

Un joli sourire se dessina sur ses lèvres, c'était notre petite guerre à nous, cette fameuse tignasse blonde qui m'arrivait plus bas que les épaules et toujours en désordre lui donnait de nombreux cauchemars. 

  - Raconte nous mon fils, comment est le sud ? Le soleil te va bien au teint, tu rayonnes.

  - Il est vrai que le temps est beaucoup plus chaleureux, j'ai pu voir le soleil presque tous les jours. Et les plages sont vraiment magnifiques, cela change de nos ports sentant le vieux poisson mort... 

Mon père leva les yeux au ciel, déjà las de mes critiques. 

  - Et tes études, elles se sont bien passées ?

  - Très bien ! Les matières de l'art et des lettres sont vraiment passionnantes. Vous verrez je suis également devenu un as dans le maniement de l'épée et de l'arc. 

Ils me regardèrent, de la fierté plein les yeux. J'étais heureux de pouvoir entretenir une relation réelle et agréable avec mes parents. Je connaissais beaucoup de jeunes nobles qui n'avaient connu que leur nourrisse comme figure maternelle. J'omis tout de même mes notes désastreuses en science, les soirées beaucoup trop alcoolisées, et les filles passées dans mon lit. Un internat rempli de gens de bonnes famille est bien loin de l'innocence à laquelle il veut faire croire. Qu'on ai un sang royal ou de paysan, les hormones restent les mêmes. Du haut des mes vingt deux ans j'avais pu profiter de ma jeunesse. 

  - Je suis ravie que tu sois de retour parmi nous. Et que tu es pu profiter de ces années là.  Sur ce, je vais te laisser avec ton père, vous devez parler. Je te rejoindrai plus tard, j'ai de nombreux romans à te donner si la littérature t'intéresse autant, je vais aller les choisir avec soin !

Je la remerciai rapidement avant de prendre place face à mon père, j'avais un très mauvais pressentiment. 

  - J'aurai tellement préféré pouvoir t'accueillir avec de bonnes nouvelles... 

- J'au vu les soldats dans l'arrière cours... Ils sont trop nombreux, les armures son neuves. Certains ont les mains bientôt sans peau. 

- Tu as toujours compris les choses rapidement. Tu dois déjà te douter d'une partie de l'histoire j'imagine. 

- En me fiant à mon instinct je dirai que le royaume d'Eberna vous menace pour récupérer des terres...J'ai entendu dire que leurs récoltes sont mauvaises, la population à faim. J'ai également entendu de nombreux échos sur le prince, et plutôt en mal. 

La mine soudainement triste, mon père se passa la main sur le visage, laissant son corps tomber dans un fauteuil. 

- La situation dans leur royaume est grave, le Roi est en mauvais état de santé, les médecins ne lui donnent pas plus de six mois. La reine tient les rênes pour le moment. Et elle le fait magnifiquement bien. 

- Mais ? 

- Quand le roi va mourir c'est au prince que reviendra le pouvoir. Sauf que ce n'est qu'un idiot, sans aucun sens des responsabilités. Il n'a que faire de son peuple, il dépense or et argent pour sa personne. Les meilleurs alcools, les plus beaux apparats, des tapisseries importées de l'orient. Les soldats sont obligés d'aller le chercher presque tous les soirs dans les bordels du village, ivre mort. 

- Les caisses du royaume se vident et il faut qu'ils les remplissent... 

- Exactement. J'ai pu rencontrer la reine il y a quatre mois, elle, autant que moi aimerions éviter une guerre. Je préfère tout de même me préparer à cette éventualité, comme tu as pu le constater. Mais nous avons énuméré plusieurs possibilités. La plus simple aurait était un mariage.

- Père ! S'il vous plait je ne ... 

- Léopold la reine n'a pas de fille. Et je refuse de marier une de mes filles à ... 

- Un corniaud ? 

Il se contenta d'un hochement de tête, ne relevant pas l'insulte. Effectivement la situation était délicate, nous avions mis fin à une guerre il y a sept ans, nous sommes sortis vainqueur mais cela à laissé des traces. Je me souviens encore des corps entassés et brulés. Les images me revenant à l'esprit me donnèrent un haut le cœur. 

- Et quelles sont les autres solutions ? 

- Les négociations ont commencées...

Il se mit à rire seul, revivant certainement la scène. 

- Leur reine, Anne, est admirable ! Elle a sorti griffes et crocs, je regrette bien qu'elle ne puisse pas rester au pouvoir, elle aurait été une gouvernante respectable. Mais je ne peux pas me permettre de m'incliner devant quelques menaces. Nous avons parlé durant trois jours.

- Je t'écoute, mais je sens que la réponse ne va pas me plaire. 

- Tu vas avoir un rôle important. 

- Tant que tu ne me demandes pas de reprendre la reine en épouse.

J'aime et je respecte notre peule, je serai prêt à prendre les armes pour notre royaume. Mais m'imaginer avec un femme de presque trois fois mon âge... 

- Cesse de raconter des âneries, et écoutes moi. Il y a deux cents ans, au large de la mer du nord prospérait un royaume. Il se faisait discret, ne commerçait pas. Mais les quelques marins qui y sont passés racontent que leurs rivières étaient remplies d'or, et leur mines d'émeraudes. Les habitants vivaient du troc, ils n'ont jamais exploité ces richesses. Les légendes racontent que leurs forêts sont remplies de sapins, que dans leurs champs poussent des fleurs violettes dégageant une odeur enivrante. L'eau y est turquoise, remplie de poissons aux couleurs des arc en ciel. Certains racontent même que son peuple avaient des dons, il possédaient la sorcellerie. 

- Crois tu vraiment à ce genre de comptes sortis des tavernes ? 

- Je ne sais pas. Mais dans la fin de ses comptes on raconte qu'un traitre à voulu marchander l'or, et pour le punir leurs dieu ont fait couler la pluie et gronder les orages durant dix ans. Il n'y aurait plus une seule âme qui y vit aujourd'hui.  

-  Tu voudrais t'allier à la reine pour aller piller leur île, et partager les richesses ? 

- Je ne pille pas ! Il n'y aura pas de guerre, l'île est déserte. Si ces histoires s'avèrent justes, la reine nous propose une alliance. Je pourrais ainsi récupérer soixante dix pour cents du butin, en échange elle fera tuer son fils. Nous écrirons un traité qui unira nos royaume par la paix, et je lui laisserai le règne sur ses terres. 

Je m'étouffai avec ma salive. Tous ces récits n'étaient que de stupides légendes afin d'appâter les marins à travailler sur les bateaux. Faire reposer la prospérité de notre peuple sur ces sornettes me paraissait aberrant. Sans parler du fait que la reine n'avais aucun remord à éliminer son propre fils pour rester au pouvoir. Elle pouvait bien avoir d'autres idées tordues derrière la tête. Et puis il y avait encore bien d'autres soucis. 

- Même si tout cela s'avéré vrai, comment pouvons nous trouver cette île ? Et avec quelle flotte prévoyez vous de naviguait ? Les capitaines compétant se font rares, avec une promesse pareil les risques de mutineries et trahisons sont beaucoup trop élevés !

- C'est pour cela que nous nous ferons discret. Un seul navire partira, seule des marins de notre royaume monteront à bord, je les ai rigoureusement sélectionnés. Je ne dis pas que le risque est nul, mais il sera moindre qu'avec des matelots trouvés dans les tavernes... 

- Et en ce qui concerne la localisation et le capitaine ? Puis pourquoi vouloir garder cela secret ? 

- Mais enfin ce sera toi ! Pourquoi crois tu que j'ai fais envoyer un maître en navigation lors de tes études ces derniers temps. J'aurais préféré t'en nommer un personnel, mais cela aurait attirer l'attention. Pour la discrétion j'ai mes raisons. 

Oh...Ces cours dont j'ai grassement payer mon instructeur pour qu'il ferme les yeux sur le fait que je ne m'y rende pas ? 

- Il y a des rumeurs en ville, un certain marin affirme avoir déjà fait le voyage. Je connais son nom, nous lancerons un faux recrutement en prétextant une expédition d'exploration. Tu le rencontreras, il sera ton second. Tu descendras au port demain soir, débrouille toi pour que tout cela reste secret. En le nommant second il sera toujours à tes côtes. Et il faut toujours gardés les chiens les moins bien dressés au pied. Il n'a pas très bonne réputation, mais nous n'avons d'autres choix. 

Aucun mot ne sorti de ma bouche. Rien dans ce plan ne tenait la route, on courrait à notre perte. Et j'allais finir noyer au milieu de l'océan, servant de nourriture à d'immondes bestioles. Si on ne ma trancher pas la gorge avant. J'aillais répliquer mais mon père se leva, posant sa main sur mon épaule. 

- Mon fils, je suis fière de me tenir devant toi, et de te confier ta première mission pour la couronne. Je compte sur toi pour nous faire honneur. Je te laisse retourner à tes appartement je t'apporterai plus de précisions dans la soirée. Je vais de ce pas lancer la préparation de notre plus beau voilier. Je te ferai également coudre un uniforme. Tu pars dans une semaine. 

Je le pris dans mes bras, lui murmurant un merci, encore sonné par la tournure des événements. Je me dépêcher de rejoindre ma chambre, en m'allongeant sur le lit une seule pensée me vint à l'esprit. 

- Je suis dans la merde

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