Félix
Je n'avais jamais eu la chance de monter à bord d'un navire aussi magnifique. En fait je n'était pas monté sur beaucoup de navire. Le bois noir était parfaitement vernis, les grandes voiles cousues dans les tissus les plus nobles. Le gouvernail, couvert de symboles or et argent, me donna l'eau à la bouche.
- Voilà tu logeras ici.
Son ton était encore un fois très sec. La pièce était petite, un bureau, un simple lit et de nombreux outils de navigation. Mais c'était la première fois que je jouissais d'un tel confort. Alors que je promenais mes mains sur les cartes, j'entendis la porte se fermer. Le regard meurtrier Léopold m'empoigna par le col, me plaquant contre le mur.
- Ecoute moi bien vermine, je sais que tu prépares un mauvais coup. Même certainement une dizaine. Malheureusement je n'ai d'autres choix que de collaborer avec toi. Sache que j'aurais toujours un œil sur toi, à la moindre tentative tu es mort.
- Quel chaleureux accueil...
Ses yeux bleus me transpercent. Pour la première fois depuis de nombreuses années, ce simple contact me donna des frissons. Je savais qu'il ne mentait pas, si je faisais un faux pas je finirais avec une épée dans le ventre ou avec la tête coupée. Et je n'avais pas fuis la mort pour qu'elle vienne de nouveau me chercher. Mon plan aller se révéler plus complexe que je ne le pensais. Ce Léopold avait l'air bien plus intelligent que je ne l'avais imaginé.
- Je suis là pour remplir ma mission. Pas pour me faire apprécier.
M'abandonnant sur place il sortit, aboyant des ordres dans tous les sens.
- Quand souhaites tu partir ? Les conditions ne sont pas vraiment favorables, il faut espérer que le vent se lève. Le bateau est chargé ? Je vais commencé à tracer notre itinéraire, il faut que tu me donnes la destination. Il va aussi falloir motiver non hommes !
Me laissant porter par l'adrénaline de cet instant, je sonnais la cloche afin de réunir l'équipage. Une dizaine de soldats du roi, vêtu d'une tenue blanches couvertes par de longues vestes bleue marines se rapprochèrent. Le temps passait et je ne vis aucun autre homme approchait.
- Où est le reste de tes hommes ?
- Ils sont tous là.
- Comment ça ? Ne me dis pas que tu comptes partir avec si peu de marins ? Pourquoi n'en as tu recruter aucun de ceux que tu as vu hier. Même si dans un sens cela m'arrange vu que le moitié veulent ma mort mais... Tu ne peux pas en demander plus à ton père ?
- Ils savent se battre. C'est bien suffisant non ?
Je ne savait pas s'il s'agissait ou non d'une plaisanterie de sa part. Mais sa mine interrogatrice me fis comprendre qu'il allait falloir rapidement trouver une solution.
- Bon dieu, il est hors de question que l'on parte avec si peu. A la moindre attaque de pirates ou tempête nous n'avons aucune chance de survie. Nous allons forcément perdre des homme, nous ne pouvons pas nous contenter de ... ça.
- C'est mon père qui s'est occupé des préparatifs, je n'étais pas au courant.
Sa voix soudainement hésitante me rassura encore moins.
- Si tu as une solution je suis preneur, et non, mon père ne me fournira pas plus d'homme.
- Pourquoi ça ?
- Je te l'ai déjà dit, ce ne sont pas tes affaires.
- Etant donné que tu m'as recruté comme second un petit peu quand même...
Je n'eu en réponse qu'un centième regard meurtrier.
- Alors, puisque tu es second tu devrais avoir une solution, non ?
Son ton se montra plus agressif, et dans la panique les mots m'échappèrent.
- Rappelle les marins que tu as vu hier.
Je n'aurais jamais pu avoir pire idée. Avec le nombre de marins à engager, je me ferais reconnaître immédiatement par la moitié. Au mieux. Il n'y avait plus qu'a espérer que Léopold trouve cette idée aussi stupide que moi.
- Avons-nous le choix ?
- Pas vraiment dans cette situation.
- Combien en faut-il ?
- Une trentaine je dirais.
Son visage se décomposa. Apparemment devoir naviguer avec autant d'homme peu recommandables ne l'enchantais pas vraiment.
- C'est nous condamner à mort tous les deux...
- Je ne vois pas pourquoi l'on voudrait de tuer. Que cela leur rapporteraient ils ? A la limite faire chanter ta famille contre une bourse bien remplie, oui. Mais si tu leur promets une bonne paie, ils ne seront pas assez stupides pour lancer une mutinerie. Ils y perdraient plus qu'autre chose. Et pour quelle raison est ce que tu m'inclus avec toi dans ce destin ?
- Je ne sais pas, peut-être parce que tu as réussis à te mettre toute la ville à dos ! Quand tu es arrivé hier trois hommes voulaient ta peau. Je ne pense pas que ce soit les seuls.
- Je te l'ai dit, je n'ai fais que me défendre.
- Fais attention l'arnaqueur, je ne supporte pas qu'on me prenne pour un idiot.
Il s'assit sur le pont, les pieds balançant dans le vide. Pesant certainement le pour et le contre de la situation, un long silence régna. Je m'assis a côté de lui, attendant la réponse qui scellerai mon avenir. Ayant du mal à contenir mes angoisses j'essayais de déchiffrer ses expressions. Son regard était perdu sur la mer, le soleil qui commençait à être haut dans le ciel adoucissait ses traits. Ils étaient étonnamment doux pour un prince de sa lignée, ses pupilles d'un bleu pastel lui donnait un air enfantin. Il me parût soudain bien jeune pour la charge qu'on lui faisait porter. Sa corpulence fine mais musclée dénotait également des gens bourru d'ici.
- Arrête de me fixer ainsi, tu m'empêches de réfléchir !
- C'est une de mes combines d'arnaqueur que veux tu. Déstabiliser mes victimes pour leur faire prendre la décision qui m'arrange.
Il laissa échapper un petit sourire. Qu'il sembla regretter aussi tôt.
- Ca me fait mal de l'admettre mais tu as raison. Je vais faire revenir les marins, nous partirons demain.
- Et pour moi ?
- Je te ferai suivre pas deux des mes soldats. J'augmenterai la paie à la condition que tu restes en vie.
- Merci je ...
- Ne me remercie pas. Je ne le fais que parce que j'ai besoin de toi. Et si un homme doit te tuer ce sera moi. Pas un de ses stupides matelots.
- Et ou allons nous ?
- Sur l'île qui chuchote ... C'est pour cela que nous t'avons engagé, tu es l'un des rares à connaitre l'itinéraire.
Sur ces dernières paroles il s'en alla, me laissant clouer sur place. Je commençais de plus en plus à douter de ma survie à la fin du voyage
N'arrivant pas à fermer l'œil une fois la nuit tombée je m'afférais sur la carte. Ce n'était que quelques dessins en souvenir, je tentais de la croiser avec d'autres, d'en construire une nouvelle plus cohérente. Par contre la destination ne m'enchantais vraiment pas. Le roi avait apparemment un plan tordu en tête. Je n'y étais jamais allé mais je savais ce qu'il s'y trouvait. Le prince pourtant n'avait aucunement l'air d'en avoir conscience. La situation était trop louche.
Trois coups à la porte coupèrent court à mes réflexions. C'était l'un des soldats.
- Le prince vous attends.
Je remerciai tous les dieux que je connaissais en voyant que le vent s'était levé. Les yeux cernés de Leopold me firent penser que lui non plus ne devait pas beaucoup dormi. Il était sur le pont, s'apprêtant à prendre la parole.
- Messieurs vous êtes ici pour servir la couronne. Je suis ravi de voir qu'autant d'âme aient le courage de bien vouloir m'accompagner dans ce périple. Sachez que je suis honoré de ce comportement, et qu'ainsi la paie pour ceux qui reviendront à quais avec moi sera de trois cents pièces d'or. Je compte sur vous pour vous comporter avec réflexion et force.
Sa voix remplie d'assurance me surpris. Il ne regardais pas les marins avec mépris, bien au contraire, ils leur semblait vraiment leur accorder sa confiance. Le charisme d'un futur roi. Aucun mot ne se fit entendre quand je pris place à ses côtés. Seulement quelques regards amers.
- Je vous présente mon second. Je vous demanderez de le respecter autant que moi, c'est grâce à lui que nous trouverons notre destination. La mort sera donné à quiconque tente de tuer un membre de l'équipage. Suis je bien clair ?
Des murmures d'approbation se firent entendre. Profitant de cet instant je donnais mes indications à Léopold quand à notre orientation.
- Nous avons toutes les conditions réunies, il n'y a plus qu'à partir. Je te laisse donner les ordres ce n'est pas de mon ressort.
- Levez l'ancre nous partons.
Les marins le fixèrent. Léopold me dévisagea le teint étrangement pâle. Toute son assurance avait disparue.
- Ils attendent tes ordres Léo.
Il tiqua sur le surnom, mais il était bien trop préoccuper pour s'y attarder. Il avait le regard complétement perdu, comme une proie face aux chasseurs.
- Attends ne me dis pas que...
Il mima un léger non de la tête. Son absence de réaction risquant de devenir suspecte, je me dépêcher de me coller à la balustrade, dos aux marins.
- Reprends ton assurance et contente toi de répéter ce que je dis. Le vent vient du Nord, nous partons dans cette direction, demande au maître d'équipage de bien surveiller les attaches des voiles. La première escale aura lieu dans une dizaine de jours, que le quartier maître calcule ainsi les rations en eau potable. Pour le reste ils seront quoi faire.
A peine son dernier mot prononcé je l'attrapais par le poignet, l'entrainant dans mes quartiers.
- Je n'arrive pas à croire que tu ne saches pas naviguer !
- Je pensais que ce serait plus simple. Il suffirait que je fasse quelques discours et tu t'occuperais du reste.
- Et ton père t'a laissé partir dans ces conditions ?
- Il n'est pas au courant. Il m'a tout confié le soir où je suis rentré, je ne pouvais pas lui avouer...
Je n'arrivais pas à contenir la colère et la peur qui commençaient à m'envahir. Ma voix s'élevait sans que je ne puisse la contrôler.
- Est ce que tu te rends compte de la situation ? Si l'un des hommes le découvre...Pourquoi tu ne me l'as pas dis avant ? Il y a de fortes chances pour que l'on rencontre au moins un navire pirate, sais tu au moins de servir d'une épée ? Et puis comment vas tu guider une quarantaine d'hommes dans une bataille ? Tu te prétend capitaine mais tu n'y connais rien ! Finalement tu n'es qu'un de ces petits bourgeois complètement incapables de se servir des ses dix doigts.
La situation étant déjà tendue, lui aussi finit par céder à la colère.
- Je t'interdis de m'insulter de la sorte ! Je reste ton prince tu me dois un minimum de respect. De plus que sans moi tu serais déjà mort à l'heure qu'il est.
- Mais quel chevalier servant ! Tu passes ton temps à m'appeler le voleur ou l'arnaqueur, le respect c'est dans les deux sens.
Il se rapprocha dangereusement de moi, son visage à quelques centimètre du mien. Ses mèches de cheveux effleuraient ma peau.
- Tu préférais peut-être que je t'appelle Félix ?
- Comment est ce que...
- Elyan était d'un royaume lointain, dans le sud. Il a naviguait durant une dizaine d'année, il a failli mourir lors d'une bataille. Tu as le teint plus pâle que le cristal, et tu ne dois pas être bien vieux. Je ne m'y connais pas en navigation certes, mais tous les marins que j'ai pu rencontrer ont le visage et les mains abîmées. Alors après dix ans j'imagine qu'il est loin d'avoir la peau aussi parfaite que la tienne. Tu passes ta vie à mentir, ce n'était pas surprenant que tu es tenté de te faire passer pour un autre. J'ai juste était stupide hier.
Je pris le temps de digérer ses paroles, n'ayant aucune réponse à lui donner. Il me fixait en chien de faïence, j'avais perdu. Sentant la mort se rapprochai, quelques images défilèrent devant mes yeux. Elle n'étaient pas bien fameuses.
- Tu es plus malin que ce que je pensais. J'avais espoir de pouvoir jouer le jeu au moins quelques jours.
- Je ne vais pas te tuer si cela peut te rassurer.
- Alors que comptes tu faire ?
- Je ne sais pas, j'ai besoin de calme pour réfléchir. Toi tu restes là.
Avant de quitter la pièce il me lança un dernier regard.
- Et puis c'est surtout toi qui n'est pas très malin. Il y des affiches dans toutes les tavernes, ta tête est mise à prix. Le dessin est plutôt ressemblant.
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