Félix
- Tapis !
Le vieux matelot souriait, fier de lui. Une choppe de bière à la main, il ne semblait plus très sobre, les joues rouges il abattit son jeu de carte sur la vieille table en bois. Un brelan de roi et une pair de dix, j'avais encore une fois vu juste. Les autres joueurs râlèrent, la mise était rapidement grimpée, et apparemment tous ces idiots avaient bluffés. Je relevais le visage, fixant mon adversaire dans les yeux.
- Oups, loupé pour cette fois mon grand.
Je lui jetais doucement mon jeu, ses traits se durcirent immédiatement. Il passa de la joie à la colère en l'espace d'une seconde.
- Encore ! Ce n'est possible, je suis sûr que tu triches. Montre moi tes manches.
D'un geste rapide j'esquivai son poing, il était temps pour moi de m'éclipser. Je fourrais la bourse de pièce dans une poche et me levais. Mais les autres idiots, aidaient par l'alcool, n'avaient apparemment l'intention de laisser tomber. Le plus jeune, un petit larbin de Boris, se plaça derrière moi, un couteau sous ma gorge.
- Je veux voir tes manches. Il se dit partout que tu comptes les cartes, ou que des cartes apparaissent soudainement en plus lorsque tu joues.
Il voulait se montrer impressionnant, mais je percevais ses battements de cœur trop rapide, sa main n'était pas assurée, elle tremblait légèrement. Il n'avait encore jamais tué. Grossière erreur que de lui laisser sa première opportunité avec moi. Je me collais un peu plus à lui, surpris il se déconcentra ne faisant plus attention à sa main. Dans un geste calculé je lui envoyé un coup dans les côtes, avant de le faire basculer sur une chaise. Il ne réussi pas sa réception et se cogna la tête sur le sol.
- Sérieusement Boris, tu es de plus en plus simplet. Ce n'est qu'un gamin, il aurait été bien incapable d'utiliser sa lame.
En entendant parler de lui, le pauvre bougre tenta de se relever, mais il crachait ses poumons. J'y était peut-être aller un peu fort. Il ne me restait plus qu'a faire ce que je savais faire de mieux. Les autres marins présent a la taverne se rapprochèrent, voulant se mêler de l'histoire. Parfait, ils allaient me faciliter la tâche. Au moment où Boris fonça sur moi, je me déplaçait d'un pas bousculant le joueur à ma droite. Un ami à Boris me semble-t-il. Rempli de rage, ce dernier réussi à me saisir par le col m'envoyant valser. Il ramassa la dague qui trainait au sol, les esprits s'échauffèrent et j'étais encerclé. Je réussi à esquiver de peu un couteau lancé. Il finit sa course dans le ventre d'un pauvre innocent.
- Tu lances toujours aussi mal à ce que je vois.
Avec les cris et l'agitation le tavernier finit par arriver, poussant tout le monde sur son chemin.
- Qu'est ce qu'il s'passe ici ? Si vous avez des histoires à régler c'est dehors.
Puis il vit l'homme agonisant à terre, le pauvre ne survivrai jamais, le sol était déjà couvert de sang.
- Qui a fait ça ? Qui à voulu crever mon fils ?
Tous les regards se tournèrent vers Boris. Son fils ? Par tout les dieux tout se paissait encore mieux que prévu, ça en était presque jouissif.
- Je n'ai rien fait ! C'est cet arnaqueur, il triche aux jeux depuis le début. Il a mis un de mes hommes a terre.
- Je n'ai fait que me défendre, cet homme se permet de m'accuser à tort alors qu'il vole tous vos clients depuis qu'il est entré.
- Qu'est ce que tu racontes encore ? J'ai un code d'honneur moi, je ne trempe pas dans ce genre d'affaire.
Un peu inquiet, tous les hommes commencèrent à fouiller leurs besaces et leurs poches.
- Ma bourse à disparue !
- La mienne aussi.
- Ma bague, je ne l'ai plus.
Je lançais un sourire carnassier à Boris, tu avais perdu avant même d'avoir commencer à jouer crétin. Le tavernier le menaça avec un vieux fusil de chasse.
- Vides tes poches. Dépêche toi.
Et enfin, la meilleure partie de ma soirée se déroulait sous mes yeux amusés. A sa plus grande surprise toutes les pièces et bijoux se trouvaient sur lui. La panique envahit son regard.
- Je ne comprends pas, ce n'est pas moi... Attendez vous n'aller pas croire cette vermine, je suis sur que c'est lui qui à monté le coup !
Personne ne l'écouta, les voix s'élevèrent. Puis un coup de feu retentit. Le tavernier avait tirer sur l'homme de main de Boris. Merde, ça commence à faire beaucoup de dommages collatéraux.
- Un homme pour un homme. Tu as de la chance d'avoir les faveurs du Capitaine de L'aigle noir, sinon c'est toi que j'aurais tué. Mais je n'ai pas envie de chercher les emmerdes avec lui. Tu ne remets jamais les pieds ici.
Sur ces mots il reparti derrière son bar, allant chercher de l'aide pour sortir son fils de là. Boris se dirigea vers la sortie, toutes les pauvres victimes sur ces talons. Je me plantais face à lui, secouant la tête de droite à gauche.
- Boris, Boris... Je ne t'aurais jamais pensé jouer à ce genre de chose. Tu me déçois beaucoup. Fais attention, les rumeurs se propagent vite ici, souvent bien amplifiées. Le capitaine risque de te tourner le dos, il à une réputation à tenir. Je ne donne pas cher de ta peau. Mais promis si tu es enterré, je viendrai poser une fleur sur ta tombe.
Je me dépêchais de filer, le laissant seul avec sa colère. Il se retrouva encore plus démuni quand en voulant rendre les affaires volées à leurs propriétaires, il trouva ses poches vides. Je me retournais une dernière fois lui lançant un clin d'œil. Je l'entendis me lancer des injures, toutes plus grossières les unes que les autres. Craignant tout de même que cette histoire tourne mal, je me mis a courir, rejoignant un lieu sur.
Assis sur le balcon d'une vieille maison en ruine je comptais mon butin. J'aurais de quoi m'offrir un toit pour plusieurs jours. Et j'en profiterai pour acheter une nouvelle paire de botte. Les miennes commençaient sérieusement à s'user et je glissais sur les façades en escaladant.
La nuit était tombée, cela faisaitmaintenant deux heures que je tentais, en vain, de m'endormir. Les images de la soirée se jouaient en boucle dans mon esprit. Deux hommes étaient morts par ma faute, la vision du sang et de leur visage sans vie me fis recracher le repas. Je ne pourrais pas encore jouer à ce jeu très longtemps, j'avais écumé beaucoup de tavernes, arnaqués beaucoup d'homme. D'ici quelques semaines je serai le premier ennemi à abattre. Il me fallait rapidement trouver une solution. Fatigué de broyer de noir, je me levais me dirigeant vers le port. Le Joyaux était toujours amarré ici, à mon plus grand soulagement. Me faisant le plus discret possible je montais dessus, rejoignant la cabine du capitaine, tapant trois petits coup à la porte.
- Carlos c'est moi, lève tes fesses du lit et viens m'ouvrir.
Un visage familier m'apparu. Carlos n'était pas un habitant de ce royaume, il venait d'un pays à plusieurs mois de navigation. Il avait le teint beaucoup plus bronzé, une taille plus petite que la moyenne. Il me disait n'avoir que trente années, mais les caprices de la mer avaient fatigués son corps et ses traits, lui en faisant paraitre bien cinq de plus.
- Pourquoi es tu là ? Pour les leçons ou pour te distraire ?
Je le poussai sans ménagement, m'installant à son bureau.
- J'ai trouvé une nouvelle carte dans une petite boutique en centre ville, je n'en n'ai jamais vu de tels, j'aimerai bien avoir ton avis. Il y a des îles que je ne connais pas. Penses tu que ce soit de l'escroquerie ?
- J'aurai préféré la seconde option...
- S'il te plaît...
- D'accord, mais moins d'une heure. Je pars bientôt, mes journées sont chargées.
- Prends moi avec toi ! Tu sais que j'ai toujours rêvé de partir de cette ville.
- Non c'est hors de question.
- Mais pourquoi ? Après tout ce que tu m'a enseigné mes connaissances en navigation sont largement suffisantes. Et je pourrais même m'acquitter des taches les plus ingrates !
- Le problème Felix, c'est que tu te joues des gens. Tu passes ton temps à dépouiller les marins du port. Tu as finis par arnaquer certains de mes matelots ! S'il l'un deux te vois ici, tu es mort.
Je râlait intérieurement, je ne pouvais m'en prendre qu'a moi même. Stupide attirance de l'or.
- Je vais t'aider avec ta carte pour ce soir, mais après c'est terminé. Estime toi heureux que je ne te mette pas dehors immédiatement.
- Merci...
Il me pris la carte des mains, l'observant de longues minutes.
- Ou as tu trouver ça ?
- Je te l'ai dit au centre de la ville.
- N'aggrave pas ton cas avec le mensonge.
- D'accord je confesse, je l'ai acheté au marché noir. Elle m'a couté trente pièces d'or, alors je t'en pris dit moi qu'elle vaut quelque chose.
- Le marchand qui la possédait était un ignorent tu as eu de la chance. Regarde la signature en bas, un M et un P, entrelacé de cette manière, c'est le paraphe d'un capitaine reconnu Il a naviguait jusqu'à son dernier souffle. Je n'ai jamais vu de carte aussi détaillée, sa valeur est inestimable !
- Alors passons un marché, tu me laisses venir avec toi et je te la laisse.
Il me regarda un triste sourire aux lèvres. Sa manière de me détailler réveilla mon instinct. Je venais de commettre l'erreur de ma vie.
- Tu n'as aucun argument pour négocier, je garde la carte. Je n'ai pas besoin de ton accord pour cela. Tu peux retourner dans tes quartiers malfamés, je lève l'ancre dès demain.
- Je pourrais très bien te tuer, et partir avec.
Il se leva dans un geste au ralenti, sortant sur le pont. J'élaborais rapidement plusieurs plans pour me sortir de là. Mais sans que je ne m'en rende compte il sonna la cloche. Dans moins de deux minutes tous les marins seraient ici.
- Je te cite " ici on n'accorde pas sa confiance facilement. En fait il ne vaut mieux ne jamais l'accorder si on veut rester en vie". Je suis tout de même clément, tu as quelques minutes devant toi avant que mes hommes arrivent. Si tu cours assez vite tu verras le soleil se lever.
- Je te retrouverai, et ce jour là je ne serait pas clément.
Sur ces mots je pris mes jambes à mon cou, sautant sur le navire voisin pour rejoindre le port. Je couru aussi vite que je pu pour récupérer une feuille de papier et une craie de charbon. A la lumière d'une chandelle, je me concentrai pour retracer les dessins des pays et des îles que j'avais encore en souvenir. Le résultat n'était pas si mal. Je traçais les derniers contours quand j'entendis les chiens errants aboyer, puis l'odeur du feu vint me chatouiller le nez. Boris et sa clique m'avais retrouvé, trop concentré je ne les avaient pas entendu approcher. La petite maison était encerclée, ils étaient une quinzaine. Autant dire que mes chances aux combats étaient nulles. Je fourrais quelques pièces et la carte sous mon manteau, puis je pris mon élan pour sauter sur la maison voisine. Mais le vent violent et les pluie récente me firent basculer, je pu me rattraper de justesse au volet d'une fenêtre. Par contre ma cheville cogna violemment contre la pierre.
- Ca ne sert à rien de fuir, tu es fait comme un rat !
Je remontais tant bien que mal les quelques mètres qui me manquaient pour atteindre le toit, la nuit me donnerais l'avantage de pouvoir me déplacer sans me faire repérer. Le rire gras de plusieurs hommes retentit.
- Tu peux courir autant que tu veux, je te retrouverai, la ville est petite.
La dessus il n'avait pas tord. Je pourrai rester terrer quelques jours dans un coin, mais je finirai pas être obliger de sortir. Je me rendis à l'auberge la plus éloignée en courant. Je verrouillais la porte et les volets. Ma cheville me lançait violement. Au mieux elle était foulée. J'avais quelques heures devant moi pour fermer les yeux. Puis il me faudrait trouver LA solution. Vingt quatre ans c'est beaucoup trop jeune pour mourir.
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