2 Avec l'étranger
L'ingénieur tenta la communication avec l'étranger, mais ça ne marcha pas tout de suite. En effet son comportement était calme et docile et une légère lueur d'intelligence commençait à venir au fil du temps, mais il n'était pas encore prêt à redevenir humain.
Exactement de la même manière que le développement de ce lien entre l'ingénieur et le reporter.
Pour ça, Cyrus Smith emmena la troupe devant la mer puis sur le plateau, espérant un rapprochement. Le quelconque impact eut lieu, car au lieu de s'échapper comme le craignait Pencroff, il s'affaissa et une larme glissa sur sa joue, que l'ingénieur fit remarquer comme une réussite à sa mission. Ensuite il le releva, l'homme ayant accepté sa main, et M. Smith le serra dans les bras de la même manière qu'au reporter. Ce dernier, accablé, ne s'apercevait même pas de sa larme, coulant comme l'a fait celle du nouveau venu.
Il avait comme perdu quelques sens en voyant cette scène, et pourtant il se sentait très lourd.
Certains repartaient, mais il avait désormais fermé les yeux et resta planté là comme une statue.
Son souvenir avait été détruit.
Puis, une légère sensation le fit sursauter et il ouvra les yeux, en les équarquillant presque.
Cyrus Smith était à son vis-à-vis, et il essuyait avec douceur sa larme, en remontant sa joue avec l'index. Ses yeux brillaient de chaleur et d'assurance, qu'il voulait probablement lui offrir.
Ce qui fut réussi, lorsqu'il se recula pour le laisser reprendre ses esprits, -qu'on aurait pu croire oublié quelque part encore plus perdu que l'île Lincoln- et sans un mot, les deux remontèrent à Granite-house, comme s'il ne s'était rien passé.
Quelques jours plus tard, le 3 novembre, Cyrus Smith surprit le naufragé qui, suspendit son travail, et pleurait dans son mutisme. Plusieurs émotions passaient en foule sur son visage et qui sait le combat intérieur qui prit place lorsque l'ingénieur l'appela 'mon ami'.
Pour finir l'étranger parla!
Ainsi les colons apprirent que le naufragé s'appelait Ayrton, et qu'il était coincé depuis 12 ans sur l'île Tabor! C'était cependant tout ce qu'ils purent tirer de lui. Le Corral fut laissé à sa disposition et il ne resta pas longtemps avec eux, préférant encore la solitude. Cependant Cyrus Smith était sûr et certain que leur compagnon reviendrait pour l'être pour de vrai.
Et cette certitude décontenança Spilett qui aurait plutôt juré que l'ingénieur voyait soit le futur ou soit les pensées.
Et franchement, si c'était le cas, le reporter serait très malchanceux, malgré les articles de journeaux passionnant qu'il pourrait écrire avec son aide.
Mais il ne l'avait pas exactement, voilà sa malchance...
Le 3 décembre l'intrépide Harbert était parti pêcher.
Pencroff et Nab travaillaient à la basse cour et Spilett et Cyrus étaient aux Cheminées.
Les deux derniers fabriquaient du savon, jusqu'à ce que le reporter de décidait -enfin- à parler, car voyant l'état presque préocuppé de son compagnon, l'ingénieur n'avait pas parlé, accentuant l'hésitation de Spilett, par une impression d'atmosphère pesante.
-Puis-je vous posez une question?
-Vous n'êtes pas obligé »
En effet, l'ingénieur avait remarqué que le sujet était délicat alors il voulait lui montrer que son compagnon était libre de son choix.
-Bien sûr, mais je dois vous demander... » d'un signe de tête du plus vieux, il continua : « croyez-vous possible que... enfin que des hommes s'aiment comme le feraient un homme et une femme ? Comme un couple je veux dire »
Ils avaient arrêté de travailler et se regardaient attentifs aux moindres réactions de l'autre.
-C'est une excellente question que vous me posez-là Spilett, et je... »
Il réfléchit longuement à ses mots.
-Je suppose que c'est possible, bien qu'impensable pour le moment pour des soldats qui se battent pour la liberté et l'égalité, dans notre patrie. Mais si un jour... si un jour un homme voudrait se marier à un autre homme, peut-être que ce serait possible bien que des désapprobations sont possible, au pire des cas une autre guerre comme la notre s'engagerait...
-Puis-je vous demandez aussi, de quel côté combateriez-vous ?
-La liberté, toujours »
Un soupir de soulagement passa la barrière des lèvres de Spilett.
-Est-ce que vous-
-Monsieur Cyrus!! Monsieur Spilett!!! Vite ! Venez! C'est Harbert!! Monsi-
-Que se passe-t-il Nab??
-Harbert! »
Cria simplement l'ex-esclave, affranchi par son ancien maitre qui n'était personne d'autre que M. Cyrus. Tous sur cette île espèreront que la liberté gagne.
Il pouvait presque entendre la confirmation de l'ingénieur.
Spilett le remarqua dans sa course, et remercia le ciel pour fréquenter quelqu'un de si incroyable.
Ainsi que les autres... il n'allait pas abandonner Harbert!
Ils courraient vite. Et pourtant Ayrton était arrivé bien avant. Harbert était sain et sauf, encore une fois.
Cette fois il y eut une vraie discussion, et ils se racontèrent leur histoire, leurs épreuves...
Et enfin Cyrus Smith parla juste : en disant que l'on sera toujours son ami, et aussi en lui posant la question de la bouteille à la mer.
Ayrton était formel, ce n'était pas lui.
Mais M. Smith pensait autrement : 'Et si c'était lui, mais il ne s'en souvenait pas? Vu l'état sauvage où on l'a retrouvé, pourquoi pas?'
Le lendemain, 21 décembre, ils étaient de retour tout deux travaillant aux Cheminées.
Alors une autre discussion intéressante commença :
-Savez-vous, mon cher Cyrus, pour quel raison ces mystérieux évènements se passent ainsi? Par hasard?
-Oh non certainement pas par hasard, je n'y crois pas, toute conséquence a une cause. Tout comme toute cause a une conséquence... »
A ce moment-là, la voix de Cyrus était plein de sagesse, mais son regard, par contre, était rivé sur Spilett solidement, sans pourtant avoir les sourcils froncés.
Le reporter se concentrait au maximum pour ne pas rater le savon qu'il fabriquait.
'Pourquoi ça ? Quel était le problème? Quel en était la cause?'
Ces questions trottinaient dans la tête du reporter.
Mais l'ingénieur se trompait.
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