À peine rentrée de chez Endrick que Chloé me tombe dessus avec la ferme intention de me tirer les vers du nez sur cette petite soirée au château. J'ai tout juste le temps de retirer le châle en laine qui me sert de manteau en cette mi-saison d'automne, ainsi que ma paire de mocassins, qu'elle est déjà plus que prête, confortablement installé dans le salon d'où une bonne odeur de chocolat se dégage. L'interrogatoire commence !

- Alors ?! Dit moi, je veux tout savoir ! Me dit-elle en se penchant vers moi le regard brillant de curiosité.

J'ai atrocement envie de tout lui raconter, a commencer par son magnifique prénom peu commun, son caractère déconcertant, ses petites manies presque trop familières... Mais surtout, la beauté incandescente de son corps de rêve, lui décrire dans les moindres détails sa peau à l'aspect si lisse et soyeuse sur laquelle glissait encore les dernières gouttes perlant de ses cheveux, vestige de la douche embué qu'il venait de prendre. Mais encore, ses épaules dont les muscles sont merveilleusement bien dessinés sans être trop voyants, comme le reste de son corps, un parfait mélange de beauté et de simplicité.

Je me fais violence pour me contenir afin de ne pas en dire trop. Elle ne refuserait jamais de sauter sur l'occasion de pondre un article qui propulserait les vues de son blog. Je dois m'assurer que ma meilleure amie comprend bien la nature de ma non-relation avec lui, et que, quoi qu'il se passera, ou non, encore une fois, je ne voudrais pas le voir étaler dans les journaux ou sur internet.

Je ne suis pas décidé à profiter de lui, si j'ai la moindre chance d'approfondir l'alchimie que nous avons ressentie lors de ce baiser... Alors je la tenterais !

- Et bien déjà ton plan a fait un échec monumental ! Il a refusé que je le suive pour retrouver ma boucle ! Puis il m'a surprise dans sa salle de bain et a "retrouvé" mon mystérieux bijou perdu dans ma poche... À vrai dire, il n'y a pas grand-chose à raconter de croustillants et dans tous les cas, je t'interdis de me prendre pour une taupe ! Lui dis-je en la fixant des yeux avec un air grave.

Je la vois rouler des yeux et soupirer, je sais qu'elle espérait secrètement que je sympathise avec lui dans l'unique but de lui obtenir des informations.
Mais les rôles ont changé, je ne suis plus l'amie qui la suit dans ses idées saugrenues, non, à présent, je suis cette amie aux idées saugrenues. Et actuellement, c'est de faire connaissance avec cet homme mystérieux et si envoûtant que tout le monde s'évertue à dénigrer.
Alors en tant que meilleure amie toujours présente pour moi, elle se contentera de mon impression et des quelques infos que je m'autorise à lui révéler. Qu'elle gardera bien évidemment pour elle et elle seule !

- Il a prévu de refermer la porte, mais j'ai réussi à le faire me promettre de m'ouvrir la porte principale si je me décide à retourner le voir. Lui dis-je avec un léger sourire sur les lèvres, je suis fière d'avoir réussi à me rapprocher de lui, même si ce n'est qu'un petit peu.

Malgré ce qu'il m'a dit, qu'il n'est pas enclin à de nouvelles amitiés et que notre baiser ne lui ait pas fait plus d'effet que cela, je n'y crois pas un traître mot. Ses paroles et ses actes ne disent pas la même chose. Si ses paroles semblent dire qu'il n'y a rien eu entre nous, son corps tout entier lui, démontre exactement le contraire. Ce qui a le don d'augmenter encore plus ma curiosité maladive et de me pousser d'autant plus à faire sa connaissance.

- C'est bien mignon tout ça, mais tu en es sûr ? Et puis pourquoi tu tiens tant a allé chez lui si ce n'est pour me ramener quelques petites infos ? Il te plaît ? Dit-elle perplexe les sourcils froncés.

- Non ! M'offusquais-je ? Enfin, si peut-être, ou du moins physiquement oui, c'est clair. Je ne peux non plus nier que j'ai apprécié discuter avec lui-même si c'était plutôt furtif. Mais surtout, le baiser que nous avons partagé était sensationnel ! Je veux savoir jusqu'où peu s'éteindre cette alchimie, cela fait très longtemps que je ne me suis pas VRAIMENT amusée... Alors ne t'imagine pas que je l'aime, Chloé, je suis simplement curieuse. Continuais-je sur un ton confiant tout en mélangeant mon chocolat chaud à l'aide de la petite cuillère.

Je vois que ma réponse ne plaît qu'à moitié a ma meilleure amie, et je peux le comprendre, au vu des rumeurs qui circulent a son sujet, le château Hofman n'est pas l'endroit le plus courtois de la région. Alors savoir que je m'intéresse à l'un de ses propriétaires...

Les rares personnes qui arpentent les couloirs de la demeure sont ceux qui y habitent, famille et employés compris, cela s'arrêtait là jusqu'à récemment. L'organisation de visites guidées fait revivre un peu cette bâtisse légèrement en retrait de la ville. Il paraît que c'est la famille Hofman au complet qui y habite, mais les deux seules fois où j'étais présente, je n'ai vu qu'Endrick. Et je n'ai d'ailleurs entendu que ce qu'il me semble être son personnel, ni plus ni moins. Tout porte à croire qu'aucun autre Hofman, mis à part lui ne vis là-bas...

- Bien, de toute façon, tu es bien trop têtue pour que j'arrive à te faire changer d'avis. Promets-moi juste de te montrer prudente, et si jamais tu as des petites infos à faire sortir... Je serais heureuse de les avoir en exclu. Me dit-elle avec un grand sourire sur les lèvres en prononçant sa dernière phrase.

Sur ces belles paroles, j'enlace mon amie sans manquer de renverser un peu de son chocolat plus très chaud heureusement. Ce ne sera pas la seule tâche que ce divan aura connue.

Chloé et moi nous somme connue sur les bancs d'école, à tour juste huit ans quand ses parents ont déménagé dans notre ville après avoir été mutés. Nous nous sommes fait la guerre longtemps, notre amitié n'a pas été un long fleuve tranquille ayant commencé au premier regard. Non, loin de là. La jolie rousse qui est devenue mon inséparable à présent était pourtant la pire des garces à mes yeux. Toujours plus d'amis, toujours plus fortes, intelligentes et belles que moi. Toujours plus. Ce n'est qu'en dernière année de collège, à douze ans, lorsque nous sommes tombées sous le charme du même garçon, une fois qu'il a pris plaisir à se moquer de nous deux, que nous avons soudés nos coudes pour le faire regretter.

Chloé était vraiment une garce ! Oh oui et la meilleure soit-il ! Mais dorénavant, j'en étais une aussi. Un beau duo venait de commencer !
Elle m'a aidé pendant tout le lycée à prendre plus soin de moi, à me mettre en valeur, à avoir confiance en moi. Et les fruits ont payé. Aussi bien pour moi, que pour elle, et pour nous.
Une amitié qui n'a plus jamais eu de bas.
Bon, surtout grâce au fait que nos goûts en matière de garçons ont évolué et que nous avons désormais des préférences plus que distincte.
Quoi qu'il en soit, plus rien ne se mettra plus entre nous.

C'est donc tout naturellement qu'à la fin de nos années d'études, nous avons emménagé ensemble, enfin, officieusement...
Les parents de Chloé venaient de recevoir une nouvelle mutation, elle aurait dû quitter le pays juste après la fête de remise de diplôme. Ni elle, ni moi ne le souhaitions. Il était hors de question que je perde celle qui était devenue une de mes raisons de vivre.
Après une guerre sans nom avec ses parents, à avoir hébergé Chloé chez moi, ou plutôt chez mes parents, ses parents ont enfin accepté qu'elle reste.
Elle a vécu chez mes parents pendant une année avant d'arriver à se payer un petit studio, pas très grand, mais depuis lors, il est rare quand je retourne dormir chez mes parents.

Le salon ou nous nous trouvons est petit et sert à la fois de salle à manger, ce qui est plutôt pratique avouons le, manger dans le canapé devant un bon film, c'est plutôt agréable !
La cuisine, ou je me dirige pour déposer les deux mugs de chocolat chauds vides dans l'évier est minuscule mais bien aménagé.
Le reste est composé d'une chambre attenante à une petite salle de douche. Juste de quoi avoir la place pour sa grande garde robe ainsi qu'un lit deux places ou nous dormons toutes deux.

Avec tout ceci, la règle est simple ; pas de garçons à la maison pour dormir ! Ou il dormira lui-même sur le canapé !

- Cesse-donc de rêvasser, on a un repas à préparer, j'ai plus assez de thunes pour commander... Dit-elle en me pinçant une fesse.

Frigo à moitié vide, promis demain je passe faire des courses...

***

Après presque une semaine de passée depuis ma seconde visite chez Endrick, je me réjouis de lui rendre une petite visite ce samedi. Mon amie m'ayant convaincue de le laisser un peu se languir de moi. Ce qui en soit, n'est pas une si mauvaise idée, à tel point que j'ai fini par l'écouter.
Mais avant de pensé à revoir mon beau blond mystérieux, nous profitons, Chloé et moi d'un dîner composé d'un spaghetti de courgette à la tomate, le tout devant un film romantique à l'eau de rose bien trop prévisible, qui a d'ailleurs été plus un bruit de fond qu'une réelle distraction. On décide toutes deux de profiter de notre samedi soir pour sortir.
Nous avons bien besoin de ça pour souffler un peu, ces derniers temps, mon petit boulot de vendeuse me pèse. Je n'ai jamais voulu faire ce travail-là, même si le salaire est bon, sans être extravagant, je m'ennuie. À 23 ans passés, je ne sais toujours pas ce que je veux faire de ma vie.
J'ai pourtant pensé un moment à faire tout un tas de choses, mais je m'en lassais tellement vite que je ne me serais pas imaginé faire cela toute ma vie.
Quant à Chloé, bien que son blog parchemin plutôt bien et reçois pas mal de subside de la part de ces fidèles lecteurs, il n'est pas non plus connu au point que celle-ci ne se consacre que ça. Elle enchaîne donc les nombreuses heures d'écriture et de recherches de sujets avec ainsi qu'un petit boulot de libraire trois jours semaine. En cumulant donc ses revenus et les miens, nous arrivons tout juste à boucler les fins de mois tout en sachant nous faire plaisir un petit peu.

Comme nous allons également le faire ce soir. Une sortie dans un bar récemment ouvert en ville. Apparemment, le propriétaire a revu toute l'architecture du lieu afin d'accueillir ces clients dans une ambiance de grotte, un bar discothèque sous terrain, plutôt pas mal comme idée, je trouve. Il paraît d'ailleurs que celui-ci n'est pas à son coup d'essai concernant les idées novatrices, mais visiblement, elles semblent toutes plaire puisqu'il n'y a même pas besoin de pub pour que le bar refuse du monde dès la première semaine d'ouverture.

Évidemment, mon choix de tenue repose sur les goûts avisés de mon amie, une robe moulante en soie couleur beige, plutôt sobre pourrait, on croire au vu de sa longueur m'arrivent aux genoux, mais la longue ouverture remontant le long de ma cuisse offre un peu plus de folie à ma tenue. Un léger décolleté en V drapé soigneusement mit en valeur par un collier plongeant en or.
Simple, élégant, mais avec une petite touche sexy subtile.
Un maquillage tout aussi discret, hormis une belle bouche d'un rouge vif, et mes cheveux laissé lâcher d'une nature ondulée et me voilà fin prête. Plus qu'à chaussée mes escarpins beiges au dernier moment, étant sûrs que ceux-ci me feront déguster en fin de soirée.

Quant à elle, vêtue d'une somptueuse robe moulante rouge aussi vive que mon rouge à lèvre lui arrivant a la mi-cuisse et maquillée d'un smoky eyes noire, le look femme fatale parfait pour elle qui a d'ailleurs déjà chaussé ses escarpins noirs à la fausse semelle rouge caractéristique d'une marque dont nous n'avons pas du tout les moyens de nous payer.

L'alarme programmée à 22 heures que nous avions enclenchée sur nos téléphones sonne enfin, une assurance pour s'assurer d'être prête à temps afin d'arrivées pile dans l'heure où les entrées et les boissons pour les femmes sont offertes, moyens financier réduits oblige.

Nous enfilant toutes deux nos manteaux de fausses fourrures, j'enfile à la dernière minute mes escarpins et nous voilà partie, marchant dans la rue, bras dessus bras dessous.

Même pas cinq minutes de marches dans les rues bondées et bruyantes ou nous habitons et nous voilà déjà devant la bâtisse où la devanture a effectivement l'air bien plus récente.
Le videur nous détaillant de la tête aux pieds avant de nous laisser entrer sous les râles des personnes faisant la file.

Être une femme, qui plus est bien apprêtée, à parfois ces avantages, je dois bien l'avoué !

Petit bar des plus classiques à peine, nous entrons, le barmaid très sympathique avec un très joli sourire, nous offre gentiment une coupe au choix, alcool ou non, ce que j'apprécie personnellement, ne buvant pas d'alcool.

Il nous accompagne donc un peu plus loin dans le bar vers une porte menant à des escaliers pour enfin se diriger vers la partie plus festive.

Une descente dans les escaliers ou la lumière est tamisée, de quoi me faire appréhender un petit peu. Mais à peine arrivé en bas et la seconde porte franchie, Chloé et moi tombons de suite amoureuse de l'endroit.

Les murs semblent avoir été réellement taillés dans la pierre, incrustée de lumières faisant penser à des cristaux, ou des lumières éclairant le ciel de milliers d'étoiles bleutées.
La pièce est immense, on distingue à peine le bar en cercle au bout de la pièce juste à côté des portes menant sûrement aux différentes toilettes.

Plus le temps d'observer, il est plus que l'heure de passer à l'action, mission ; décompresser !

On confie donc notre veste au jeune homme présent au début de la pièce, nous laissons cartes et téléphones dans les poches de nos manteaux et l'homme se charge de les ranger derrière lui dans une pièce à part sans oublier de noter sur une étiquette nos noms afin de les récupérer plus tard.

Que la soirée commence !

Nous nous dirigeons vers le bar, échangeons nos coupes pour de nouvelles bien remplies et après les avoir vidées en observant une dernière fois la pièce, nous nous dirigeons vers la piste de dance.

Chloé et moi dansons sur diamonds de Rihanna en version remixée qui passe actuellement, chantants les paroles en cœur à force de l'avoir fait dans notre petit studio où nous nous faisions à chaque fois tapées sur les doigts par les voisins après, bien que ça en vaille plus que la peine à chaque fois !

Quand deux inconnus nous approchent, c'est tout naturellement que nous changeons de partenaire pour danser avec eux.

La soirée se promet d'être très sympathique au vu du charmant jeune homme devant mes yeux. Malgré la lumière dans des tons bleutée de la pièce, je discerne des cheveux plutôt foncés, de même pour ses yeux, plutôt pas mal. Son corps bien qu'il soit assez mince me semble plutôt joli, il a des belles mains qu'il pose tout naturellement dans le creux de mes reins tandis que je pose les miennes sur son torse.
Une danse plutôt lascive, de quoi bien décompressé et me vider la tête.
J'ai un certain blond à mettre de côté jusqu'à demain !

Alan, qui s'est présenté quelques minutes avant dans mon oreille, tente à présent de m'embrasser. Il ne sait pas encore à quel point mes lèvres et moi sommes difficiles.
Ses lèvres sont douces et il use juste assez de sa langue, un baiser que l'on pourrait qualifier de mignon, mais sans plus. Un bon baiser, je ne dis pas, mais la fougue que je recherche quand j'embrasse quelqu'un, n'est pas au rendez-vous.

C'est donc naturellement que je me vois une fois encore à replonger dans mes souvenirs de mon précédent baiser, avec Endrick. Juste assez de temps pour prendre congé de ce charmant jeune homme pour aller me rechercher un verre au bar.

Pour la soirée, c'est un sans-faute, pour le baiser, on repassera, en attendant, je vais faire une petite exception à mon régime sans alcool pour déguster un cocktail d'un bleu profond qui me fait de l'œil. Tant pis pour l'heure offerte finie, j'ai bien envie de me faire ce petit plaisir !

- Il est pour moi celui-là. Dit un jeune homme dans la trentaine en s'adressant au barmaid. Enfin, si la jeune femme accepte l'offre bien entendu. Continue il en s'asseyant à mes côtés.

Qui refuserait un verre offert ? D'autant plus vu son prix !

- Avec grand plaisir, Monsieur ? Répondis-je dans l'attente d'une présentation de sa part.

- Grégoire, enchanté, mademoiselle ? Dit-il en se penchant vers moi.

- Noémie. Répondis-je en buvant une gorgée de mon cocktail aux notes de myrtilles, de curaçao bleu, mais aussi de ce que je pense être de la vodka. Un alcool plutôt fort, mais au goût exquis.