Chapitre 8 : Métro
Chapitre 8 : Métro
New-York
Il fait nuit
PDV extérieur
Allongé sur son lit de camp, John tuait le temps en feuilletant un livre trouvé sur la table de chevet. Inquiet pour la plus jeune, il n'attendait que Laura, la femme qui lui avait prodigué les premiers soins, pour qu'elle lui trouve un lit.
Pourtant, lorsque la tente s'ouvrit, ce n'est pas Laura qui entra, mais Max. Légèrement déçu, il adressa tout de même un sourire au nouveau venu.
-ça va mieux ? S'inquiéta Max.
-Ouais, assurait John.
Il jeta un regard à l'adolescente qui dormait profondément, avachie sur une des chaises. Eliott, l'un des français, demanda :
-Tu ne veux pas que je lui trouve un lit ? On dirait qu'elle n'a pas fermer l'œil depuis des jours.
-Elle n'a pas dormi depuis des jours, répondit John en appuyant bien sur le « elle » et la négation, elle est crevée.
Eliott hocha la tête et promets :
-Ok, j'te trouve ça, Laura ne devrait pas tarder à arriver avec tes médocs.
Il s'écarta du pied du lit où il s'était appuyé, et confirme :
-Quelqu'un viendra récupérer ses affaires, j'vais me charger de la porter jusqu'à sa tente.
-Merci, affirma John, merci beaucoup mec.
Le soldat français lui adressa un sourire.
-Y'a pas d'quoi, lançaitt'il avant de disparaître.
Quelques temps après, c'était Laura qui fit irruption dans la tente, un sourire joyeux comme d'habitude et rassurant. Elle s'asseya sur une des chaises proches de Charlie pour prendre le pouls de John.
-Elle dort comme un bébé, rit-elle en jetant un coup d'œil à la gamine.
Elle dût séparer la main de Charlie de celle de John quelques temps.
-Je confirme, rit-il également.
Charlie n'avait absolument pas bougé d'un poil et sa main retomba contre sa cuisse.
Laura se désintéressa de l'enfant et souleva le sweatshirt kaki de John pour changer le pansement. Elle hochait la tête lentement avant de lui annoncer qu'il était guéri et qu'ils pourraient reprendre la route dans peu de temps.
John souffla de soulagement et reprit :
-On partira dès qu'elle sera totalement reposée. Tu pourras lui amener à manger quand elle se réveillera ?
-Oui, t'en fais pas, tout le monde sait déjà dans quelle tente elle va aller, qui va venir chercher ses affaires et qui s'occupera d'elle, avoua Laura, les nouvelles vont vite ici, vous n'êtes pas passés inaperçus.
Elle ne quittait pas des yeux la plaie de John, alors que ce dernier observait le fond de la tête, un air suspicieux sur le visage.
-Qui va venir chercher ses affaires ? Demanda t'il en se redressant en position assise tandis que Laura, terminait de panser sa hanche.
Elle leva le regard tout en rabaissant son sweat, l'infirière affichait alors un sourire rassurant.
-Un certain Thomas, informa-t'elle, un gosse aussi mystérieux que Charlie, il ne parle presque pas. Je crois qu'il a perdu ses parents dans l'attaque à la banque.
Laura se leva et sourit à John, qui lui rendit la pareille. Alors que la jeune femme rangeait son matériel, John raconta.
-Elle a été abandonnée par ses parents, déclara John, ça pourrait leur faire un point commun.
Elle haussa les épaules, puis répondit :
-A suivre, je reviendrais dans deux heures pour voir si la plaie se referme bien.
Elle lui tourna le dos et partit en direction de la sortie, John l'arrêta :
-attends ! Lançait-t'il, Charlie s'est blessé au poignet, tu pourras y jeter un coup d'œil ? Elle ne veux rien entendre et je sais qu'elle a mal.
Laura lui accorda un énième sourire et hocha de nouveau la tête avant de ne sortir définitivement de la tente.
Peu de temps après, ce fût un jeune garçon aux yeux bleu et aux cheveux bruns bouclés qui entra. Il était bien plus grand que Charlie, environ un mètre soixante-seize, mais Laura avait raison. Ce jeune était tout aussi mystérieux, par son regard et par l'image qu'il donnait de lui en entrant dans la tente. John était troublé par leurs ressemblances, comme si la copie de Charlie se profilait devant lui, mais au masculin, à quelques détails près du moins...
Il était suivi par Eliott qui passa les affaires de Charlie au dénommé Thomas, qui était resté à plusieurs mètres de distance du lit et de la chaise.
-Merci, lâcha John aux deux garçons.
Thomas semblait hésiter, mais il répondit :
-Tu aurais fait pareil pour nous.
Sa voix masculine retentit dans la tente, il n'avait pas encore totalement mué ce qui fit sourire John, mais il se contenta de froncer les sourcils.
Ce garçon s'entendrait très bien avec l'adolescente, c'était certain. Le militaire Français resta interloqué de nombreuses secondes, il avait fini par croire que le garçon était devenu muet comme une carpe, ce n'était visiblement pas le cas.
Alors, il saisit délicatement la jeune fille dans ses bras, comme une princesse et sortit de la tente. John sombra peu à peu dans un profond sommeil, rassuré de la savoir confortable.
***
PDV Charlie
Lorsque j'ouvre les yeux, le tissu verdâtre d'une tente filtre la lumière et l'envoie s'éblouir contre la lampe. Je regarde autour de moi et je me rends compte que je ne suis plus allongée sur la chaise en fer, mais bien sur une couchette. Dans cette grande tente où se trouve d'innombrables autres couchettes, certaines sont occupées, d'autres pas.
Je me redresse sur les coudes, les yeux plissés et à moitié endormie. Je me demande toujours comment j'ai pu passer de la tente de John, à celle-ci. Droit devant moi, la femme qui a secouru John s'avance, je me redresse rapidement sur les fesses. Pourtant quelqu'un m'en empêche en posant une main dans mon dos et une autre sur mon bras droit nu et m'ordonne de ne pas bouger.
Je tourne la tête, presque en sursautant, et le visage d'un garçon de mon âge me fait face, il m'offre un faible sourire.
-C'est pour ton bien, assure t'il, tu es encore trop faible.
Je suis encore perdue, mais je reste bouche-bée, je lève un sourcil dans sa direction, il vient bien de me donner un ordre là ?
Je suis tellement étonnée, que je ne prends pas le temps de répliquer, une grande première.
-Mon grand, sourit Laura, tu peux aller chercher le plateau repas que Clément a dû préparer pour elle, s'il te plait ?
Il hoche la tête avant de trottiner jusqu'à la sortie. Toujours interloquée, je m'assois tranquillement tandis que Laura me demande de tendre mon poignet vers elle.
Je m'exécute et l'observe soigner ma plaie en deux en trois mouvements.
Une fois terminé, je questionne :
-C'était qui, ça ?
-Oh, le garçon ? Suppose-t 'elle, il s'appelle Thomas, je lui avais demandé de veiller sur toi.
Et puis quoi encore !
-Pourquoi ?! M'écris-je, j'suis capable de me défendre.
Même si je suis prise d'un mal de tête épouvantable actuellement.
Elle lève les yeux au ciel en souriant, elle s'explique :
-Tu étais faible et j'avais peur que ton rythme cardiaque chute, alors j'ai préféré lui demander de rester, et de me prévenir si cela arrivait.
Mes lèvres forment une grimace inattendue.
-Attends...j'étais...faible ? M'inquiété-je en levant les deux sourcils.
-ça a toujours l'air de t'étonner, tu n'es pas immortelle, assure-t 'elle, dormir pendant si peu de temps t'as considérablement affaiblie, m'informe-t 'elle.
Je l'écoute patiemment, après tout je n'ai rien d'autre à faire.
-Depuis combien de temps on est fourrés ici, et on est quel jour d'abord? Demandé-je subitement alors qu'elle était déjà en train de ranger ses affaires.
La jeune femme sourit en secouant un peu la tête, un peu brusquée mais amusée par mon empressement.
-Cela fait déjà environ quatre jours, suppose-t 'elle, on doit être le quinze mars.
Oh mon dieu, non.
-Le quinze ?! M'horrifié-je, ça fait quatre jours que j'étais censée rentrée !
La femme s'arrête, et me fixe perdue :
-Rentrer ? Questionne-t 'elle alors que je sens les larmes monter.
-Station de métro quatre ; côté nord, soufflé-je en essayant de descendre de la couchette, j'avais un ami là-bas, je comptais emmener John ici pour qu'il l'aide, c'est un militaire après tout.
Entre-temps, ledit Thomas revint avec de la nourriture posée sur un plateau. Il me le tend en souriant fièrement je me contente de le remercier simplement. Je pose le plateau sur le lit et tend le bras pour attraper mes Converses. Je l'admets, je n'ai aucune idée de ce qu'il fout. S il me drague et il est dans la merde parce que je sais pas improviser ce genre de truc, soit il bluffe et c'est mon genoux qui va rejoindre ses parties intimes illico presto.
La fille m'arrête en récupérant mes baskets et pose sa main sur mon épaule pour me calmer un peu.
-Tu sais quoi, lance Laura, on va envoyer une équipe là-bas.
Je hoche la tête, elle complète :
-On les aidera, ne t'inquiète pas.
Elle allait partir, alors je la retins et m'exclame :
-Ne franchissez pas le pont entre sept et huit heures ! N'oubliez pas qu'il se relève vers vingt-heure, débrouillez vous pour revenir avant dix-neuf heures trente.
Elle me remercie et se penche à mon oreille, comme pour murmurer un secret :
-Merci du conseil, j'te laisse avec le beau-gosse.
Sa voix est douce et aussi lente qu'un soupire, elle s'écarte alors que je fronce les sourcils. Beau-gosse ? Thomas ?! Que...
-Hé! m'écris-je avant qu'elle sorte, nan mais ça va pas !
Elle éclate de rire et me laisse là, en compagnie du Thomas que je ne connais ni d'Adam, ni d'Eve, mais que je vais devoir apprendre à connaître.
Chance, ou malchance ?
Le lendemain.
Je suis réveillée en sursaut à cause de bruits sourds, de hurlements et de coups de feu. Apeurée, je balance mes jambes hors du lit et je me rue sur mes baskets. Au même moment, Laura avec un sac sur le dos entre dans la tente, elle fouille dans les recoins. Lorsqu'elle me voit une lueur de soulagement passe dans ses prunelles noisette.
La femme se dirige vers moi, et c'est au tour de Thomas d'entrer, paniqué. Il est suivi des deux français, de l'américain et enfin de John.
Ce dernier accourt vers moi avant de me serrer dans ses bras.
-Que dieu te protège, tu es en vie ! s'exclame-t 'il soulagé.
-Qu'est-ce qui se passe ? Demandé-je alors qu'il m'aide à enfiler ma veste.
Je lance mon sac sur mon épaule.
-L'armée nous a enfin répondu, lâche Clément, ACRONYM a perdu le contrôle des robots, on doit partir tout de suite !
-C'est quoi ACRONYM, demandé-je totalement perdue alors que Thomas jette des coups d'oeils précipités à la sortie.
Une explosion retentit et je sursaute, mais bordel il se passe quoi là !
-on t'expliquera en route ! Rétorque un troisième français qui venait d'arriver, allons-y, c'est maintenant ou jamais !
-Charlie ! s'impatiente Max en saisissant mon bras, tu disais connaître les bouches d'aérations ?
-Oui mais, commencé-je.
Il m'entraine à l'extérieur :
-Parfait, on te suit ! Me coupe-t'il.
L'esprit encore embrumé, je me dirige vers la sortie et la scène à laquelle je fais face me tétanise. Des enfants pleurent à chaudes larmes, les femmes se cachent tandis que les hommes tombent les uns après les autres. Les robots ont tout démoli et je peine à reprendre mes repères. Je trouve la bouche d'aération de nombreux couloirs plus loin. Les cris et les flammes semblent éloignées.
Parvenue face à la grille, je m'arrête, horrifiée : Mon pendentif !
Une fois tout le monde arrivé, j'informe !
-Ok, tout droit, gauche, gauche, droite, tout droit et enfin à droite, la dernière intersection, vous irez à gauche, n'oubliez surtout pas ! lançais-je, je reviens.
Je répète une dernière fois les infos avant de revenir sur mes pas à vive allure, ignorant leurs appels répétitifs.
Je suis éloignée d'eux, est très proche du désastre, après un sprint, j'atteins la tente à moitié brûlée et je me rue à l'intérieur. Je saisis le pendentif sur la petite table qui rejoint le fond de ma poche. Puis je rejoins les autres en évitant les débris et les flammes. Je manque de me faire écraser de nombreuses fois, je commence à tousser, une fois échappée, je me rue dans le conduit.
Des bribes de voix se répercutent contre les parois en aluminium, je retrouve peu à peu l'extérieur et mon souffle saccadé ralentit. Tous ont suivi mon chemin à la lettre, j'en suis soulagée, ils sont sains et saufs.
Ils me sautent presque dessus, en me demandant où j'étais passée, je leur assure que ça n'a pas tant d'importance pour eux. Thomas se questionne à présent :
-On va où maintenant ?
-Suivez-moi, lancé-je en accompagnant ma parole à un geste de bras, direction la gauche.
J'ai l'impression d'avoir pris les choses en mains trop vite, et si ce n'était pas le bon rôle?
Environ une heure après la chute du campement.
Nous venons de passer le pont, et nous rejoignons le métro. Je dévale les escaliers de la ligne quatre, le sourire aux lèvres. Mais arrivée face à la porte, je ne vois pas le gardien.
J'entre alors dans les couloirs souterrains, une forte odeur de brûlé mêlé à du sang assaillent mes narines. La scène à laquelle je fais face me glace le sang, et mon sourire s'évapore aussitôt après.
Une multitude de cadavres presque carbonisés pour certains, jonchent le sol. Les murs sont recouverts d'une fine couche de béton et de peinture brûlée. Ils sont saccagés de sang, ce même sang qui tâche le sol en pierre.
Le reste du groupe me rejoint, mais je suis raide comme un piquet, incapable de prononcer un seul mot, aucun son ne réussit à franchir mes lèvres.
Je déglutis et m'avance vers ce qui était jadis mon emplacement. Avec un courage dont je me croyais incapable, j'enjambe les corps. Maladroite, je retrouve quand même le lieu où je m'allongeais pour dormir, quand je n'étais pas en reconnaissance. Au même endroit, c'est le corps de mon ami qui repose, le visage quelque peu défiguré et le corps à feu et à sang. Puis, d'un coup seulement, un hurlement déchire mes cordes vocales et je tombe à genoux à son chevet, les larmes me montent enfin aux yeux.
Je me traine jusqu'à lui, les larmes dévalent mes joues, je tremble fort. Mes doigts parcourent son visage ensanglanté de celui que je considérais comme un frère, il était mon meilleur ami. Je saisis difficilement le collier accroché autour de son cou, le pendentif était sali par son sang, c'était une lettre. La lettre C.
D'une autre main, je pris le mien entre mes doigts, la lettre K, pour Kay. On les avait récupérés chez un bijoutier et on s'était promis de les garder pour penser à l'autre. On l'avait évoqué, la mort, comme une ombre qui nous suivait sans cesse. On avait tout les deux une épée de Damoclès au-dessus du crâne, le premier à mourir ferait souffrir le second. La mort l'a pris, elle me l'a arraché.
Je suis impuissante, impuissante face à tout ce qui arrive. Ils ont détruit ma maison, ils ont tué la seule personne qui comptait encore pour moi et ils en ont assassiné des milliers d'autres. Je le jure désormais, face au corps sans vie de Kay, qu'ils paieront. Ils payeront pour tout, pour sa mort, pour celle de tous les autres.
Je me battrai un genou à terre s'il le faut, mais plus jamais, plus jamais je ne les laisserai tuer des innocents.
Plus jamais.
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