Le glas résonne une dernière fois
« Quand vous disiez que j'étais le premier que vous approchiez de si près, c'était un mensonge, demandais-je sur le ton qu'on demande la météo.
– Non. En fait j'en ais déjà tuer deux. Je ne les ais pas approchés, j'ais pris un sniper, je l'ais armé de balle à ultraviolet, un peu compliqué à faire mais très efficace.
– Pourquoi ais-je droit à un traitement particulier ?
Il garda le silence. Ses yeux perdus dans le vide. Il avait l'air pas triste mais fatigué de ce qu'il avait dû affronter et ce qu'il avait encore à affronter. Dans un sens je le comprenais. Perdre son unique famille, il n'y avait rien de pire. Rien ? Peut-être se savoir condamner, savoir qu'on a à peine 20ans et qu'on va mourir sans avoir réaliser un seul de ses rêves. Je ne voulais plus penser à tout ça. C'était finit. Même maintenant avec l'éternité devant moi, j'étais aussi désarmé que lui. J'avais perdu mes rêves, ma famille et ma vie. Je suis un mort. Et voilà que ce jeune qui avait autant souffert que moi sinon plus veuille corriger l'erreur que j'étais.
– N'essayez pas de me faire pitié, vous êtes un monstre voilà tout.
– Tu as raison. J'aimerais qu'on passe au tu. Tu veux bien ?
– Si tu veux, fit-il en haussant les épaules.
– Je suis un monstre, je suis un mort et l'enfer est mon existence sur terre. Tu crois que tu es la justice ? Tu as perdu un être cher, d'accord, mais crois-tu que je méritais cela ? En fait, tu es peut-être la seule personne à pouvoir m'accorder le repos. J'aurais dû mourir et je suis mort. Mais j'ai eu droit à une rémission. Un allé direct en enfer. J'ignore s'il existe quelque chose après la mort, je parle de la mort totale, mais je ne peux continuer ainsi. Tu es mon ange sauveur.
– Si tu veux le prendre comme ça. Je délivre la mort aux bourreaux et aux tueurs. Je suis l'ange suprême de la mort.
– Mais toi-même ne deviens-tu pas un tueur à ton tour ? Ne deviens-tu pas exactement ce que tu t'es donné de lutter ? Tu ne te nourris pas de sang mais de haine et de colère. En voulant venger ta sœur tu as abandonné le salut pour ton âme.
– Peut-être. Pourtant il faut que quelqu'un le fasse. Je sauve des milliers d'être humain par mes meurtres comme tu dis.
– Je n'ais jamais dit ça. Je crois que tu te reproche sa mort. Mais tu n'as pas à te reprocher celle des humains, victimes des vampires. Les hommes s'entretuent depuis la nuit des temps, personne n'ira poursuivre tous les criminels parce qu'un membre de sa famille a été assassiné. »
Le silence pesant envahi le bar. Il est curieux qu'il n'y ait plus personne à cette heure là. Peut-être les avons nous fait fuir. Je ne m'en portais pas plus mal. Je pose mes yeux sur le comptoir. Il est facile d'imaginer le barman d'il y a 100 ans en train de servir un whisky frappé à un homme qui venait de perdre au jeu. L'homme se lamentait et le barman écoutait patiemment. Le mortel bouge avec un bruit de glissement. Lorsque je me tourne vers lui, il pointe un revolver vers moi. Je dirais un 9 millimètre, un Welson&Smith peut-être. Il me fixe en essayant de me haïr mais je sens qu'il doute. Je comprends. On est proche finalement. Nous jouons avec la mort sans qu'ayons voulu en arriver là.
« J'aimerais ne t'avoir rien dit, fis-je finalement.
– Pourquoi ? Je ne vois pas ce que ça change.
– Si ça change tout. Je vois le doute dans ton regard, tes mains qui tremblent trahissent ton manque de conviction. Si tu appuie sur la gâchette tu vas culpabiliser mais si tu ne le fais pas je n'arrêterais pas de penser à que j'aurais pu être délivré de cet enfer.
– Tu as tord. Je ne vais pas douter, je vais tirer et tu seras mort. J'ai pitié de toi c'est tout. Tu es le seul qui désire la mort, qui regrette d'être immortel. Si tu désires tellement le repos éternel, pourquoi ne te donnes-tu pas la mort ?
– J'en suis incapable. »
Il hoche la tête comme s'il comprenait. Je comprends. Lui aussi a de bonnes raisons d'en finir. Il est étrange qu'un homme incapable de se suicider puisse tuer. Mais n'est-ce pas ce que je suis ? Rectification. Je ne suis pas un homme mais un vampire. Et tuer est obligatoire à ma survie. Je tue pour vivre. Il tue aussi pour vivre, je crois. Pour avoir la force de continuer à vivre, il doit alimenter sa haine, parce qu'elle a tout détruit en lui. Je prends la pinte et la vide. Finalement je peux boire de l'alcool. Je me demande où il va. L'effet est immédiat. Une euphorie me prend au niveau du cerveau et m'empêche de réfléchir. Je me sens plus apaisé et prêt à mourir. Est-ce encore une illusion ? Sûrement mais j'ai envie d'y croire.
Il tire, j'entends les coups résonner à mes oreilles. J'attends la douleur mais je ne ressens rien. J'ouvre les yeux. Il a tiré en l'air. Il a l'air profondément déçu, je peux le comprendre. Il croyait que sa haine était plus forte que tout. Il a l'air au bord du gouffre et j'ai pitié de lui. Je m'approche de lui. Il me supplie du regard. J'ai compris. Ne t'inquiète pas mon garçon, tu verras, ce n'est pas douloureux. La même pensée me hante. Pourquoi je fais ça ? Survivre.
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