Chapitre 38 : J-2

Hoseok, aux mots de son ami, n'avait pas su quoi répondre. La gorge serrée, il s'était juste replacé face à lui. En dépit de la distance, ça lui donnait l'impression de se rapprocher un peu de lui. Les garçons s'étaient endormis après un bref échange.

Hoseok ouvrit les yeux le premier. L'obscurité l'enveloppait toujours, mais il entendait au bruit de sa respiration que Yoongi se trouvait à côté. Parce qu'ils bougeaient peu, ils ne craignaient pas de sortir de leur sommeil dans une position gênante. Pour autant, Hoseok devait ce matin admettre qu'il aurait souhaité se retrouver près de ce garçon qu'il avait découvert et appris à aimer. Juste un peu plus près.

Il resta immobile, les yeux fixés sur la silhouette qui se découpait devant lui dans la pénombre. Comme il aurait désiré le voir endormi, recroquevillé pour éviter le froid, le visage serein.

Après de longues minutes passées dans ses songes, Hoseok esquissa un discret mouvement qui le rapprocha de Yoongi. Puis un second, et il sentit ses jambes contre les siennes, son souffle, sa chaleur qui se mêlait à la sienne. Il ne bougea plus, une sensation d'apaisement se diffusa dans son corps et il poussa un soupir muet, ravi. Bercé par ce confort qu'il n'espérait plus, il s'autorisa à rester et à s'assoupir, ou du moins à garder les paupières closes pour profiter autant que possible de celui qui, dès cet après-midi, sortirait de sa vie.

Yoongi pour sa part se réveilla bien plus tard, alors que déjà le soleil baignait la pièce d'une lumière délicate. En ouvrant les yeux, il s'étonna de découvrir Hoseok si proche de lui. Le garçon dormait, paisible, et il avait posé une main si près de la sienne que Yoongi, sans réussir à s'en empêcher, la frôla du bout des doigts. Il en éprouva un plaisir indescriptible, son cœur bondit dans sa poitrine à ce geste pourtant si furtif. Il l'avait effleuré, il avait à peine senti sa peau contre la sienne, mais... ça lui avait plu de manière démesurée.

Hoseok néanmoins se mit à remuer, et Yoongi écarta aussitôt sa main. Le cadet finit par ouvrir les yeux alors que son ami le regardait déjà, et ils échangèrent un sourire. Yoongi, rapidement embarrassé, s'allongea plutôt sur le dos.

« Bien dormi ? s'enquit Hoseok.

— Ouais, et toi ?

— Ouais. Quoi de prévu, ce matin ?

— Bah l'espace zen, si ça te tente, comme on avait dit hier.

— Ouais, ça me tente bien, opina le cadet. Mais d'abord, petit déjeuner ?

— Ça marche. »

En dépit de son peu de volonté, Yoongi se redressa en voyant Hoseok quitter le lit. Ils passèrent l'un après l'autre à la salle de bains pour s'habiller, remarquant tous deux qu'une ambiance particulière régnait ce matin-là. Une électricité indescriptible flottait dans l'air, des non-dits qu'ils gardaient pour eux. Ils ressentaient tous deux cette tension sans l'admettre, de peur d'admettre ce que tout ça signifiait.

Ils développaient de manière réciproque des sentiments qui dépassaient la simple amitié.

Arrivés au restaurant pour le repas, ils se servirent puis s'installèrent côte à côte et mangèrent sans un mot, tous deux perdus dans leurs pensées. Ainsi, en rentrant dans leur chambre, Yoongi poussa un soupir.

« Pourquoi j'ai l'impression que ça va pas ?

— Comment ça ?

— D'habitude t'es bruyant et bavard, là t'es calme et pensif. Tu flippes que le réparateur vienne pas ?

— Sois pas stupide.

— Alors pourquoi tu fais la gueule ?

— Je fais pas la gueule.

— Si.

— Non.

— Si, alors pourquoi ?

— Et toi, pourquoi tu veux absolument couper les ponts avec moi ? Je croyais qu'on était amis.

— Hein ?

— J'ai bien compris qu'une fois le dépanneur arrivé, ce sera comme si on s'était jamais connus, mais moi je tiens à mes amis, et j'aurais voulu qu'on continue de se voir, de temps en temps. Voilà, content ? »

Yoongi demeura coi de longues secondes – de trop longues secondes, puisque Hoseok se tourna dos à lui pour concentrer son attention sur son smartphone.

« Tss, râla-t-il, je sais même pas pourquoi je te dis ça, de toute façon.

— On est... amis ? répéta Yoongi d'un ton surpris.

— Bah... ouais, je croyais. Te moque pas.

— Moi aussi je te considère comme mon ami, tu sais ? J'avais juste peur... que ce soit pas vraiment ce que tu pensais. J'ai envie d'être ton ami. Mais j'ai pas envie de m'en vouloir de n'avoir pas une minute à t'accorder quand je serai PDG adjoint. Je sais que j'aurai pas le courage de discuter par SMS après une journée de boulot, ni même le courage de téléphoner. Alors ça changera rien qu'on soit amis ou non : vaut mieux qu'on fasse comme si c'était jamais arrivé. Je serai pas un bon ami.

— Je vois... je comprends. C'est vrai qu'avec un emploi du temps comme le tien, ce sera compliqué d'avoir la moindre vie sociale...

— Ouais, mais je suis habitué, et puis sachant que je suis pas à l'aise parmi la foule, ce sera juste chiant lors des évènements publics, mais le reste du temps je serai tranquille.

— D'acc... je peux comprendre.

— Hoseok, je...

— Je vais aller me balader autour de l'hôtel, j'ai pas très envie de rester assis dans un fauteuil, finalement.

— Je peux me promener avec toi ?

— Si tu veux. »

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