Je ne sais toujours pas quelle heure il est mais je sais très clairement que je suis en retard. J'arrive à la fontaine. Autant en voiture le trajet ne m'avait pas paru long, autant en bus, j'avais eu l'impression que nous nous arrêtions à chaque arrêt.
Je descends du bus, contourne la fontaine.
Et dévie encore de la route du conservatoire.
Je venais de me rappeler que j'avais un ami qui passait beaucoup de temps à la médiathèque, qui avait pour sûr une carte de bus, je pouvais sans doute la lui emprunter pour rentrer chez moi, il avait des parents qui prenaient souvent la voiture, eux.
De ce fait, au lieu d'aller vers la gauche sur le trottoir en face de la fontaine, je me retrouvais à aller à droite.

Il n'y a pas grand monde sur la place de la médiathéque et il semble faire plus beau devant elle que partout ailleurs dans cette ville. Je passe les portes d' entrée et ai à peine fait trois pas que je vois Pacôme en pleine recherche de livres. Je m'avance vers lui, lui fais la bise, parle un peu avec lui. Il me propose de lire quelques livres qui lui ont bien plu, je promets de m'y mettre parce que ce sont les vacances. Il rigole, il sait que je ne les lirai probablement pas plus parce que ce sont les vacances.
Je rigole un peu moi aussi jusqu'à ce que je tourne la tête vers l'escalier central de la médiathéque et que je vois mon professeur de musique descendre les marches. Je demande rapidement à Pacôme l'heure qu'il est.

"3h44"me répond-il.

C'est pire que tout, il ne me reste même pas quinze minutes de cours !
Il ne faut surtout pas que mon professeur me voit ici, il va m'enguirlander.
Je me cache un peu de lui derrière Pacôme et attend qu'il sorte de la médiathéque pour sortir après lui. Je salue Pacôme de loin mais ne suis pas mon professeur. Je pars plus loin après le conservatoire. Je ne suis plus à cinq minutes près. Autant sécher pour trouver un moyen de rentrer chez soi.

Rentrer chez moi ? Chez mon père ? Alors qu'il va probablement apprendre que j'ai sêché le cours auquel il m'a emmené ? Très mauvaise idée. Je monte alors dans un bus en direction d'un hotel bivalent, c'est-à-dire un hôtel avec un côté classe et huppé du côté d'une falaise, de la mer et d'un très important quatier d'affaires et de l'autre, un hôtel simple, mais bien serti de décorations et de belles portes en bois épais.
J'utilise la monnaie de ma pièce de deux euros de tout à l'heure et pour la deuxième fois de la journée je me rends compte que je m'éloigne fortement de mon but premier.

J'arrive devant l'hôtel, déglutit, entre, demande une chambre et m'y enferme toute la journée. Je passe seulement un coup de fil à ma maman.