CHAPITRE 4 : MARIE

« Réveille toi. Réveille toi. Petite réveille toi ! »

Cette voix lui rappelait celle de sa mère ; une voix douce, capable de rassurer un enfant en pleur et un adulte désespéré. Maryline se concentra sur cette voix, qui se répétait.

« Petite réveille toi. Sinon tu vas être punie ! »

Pourquoi serait-elle punie ? Elle avait le droit de dormir, au moins de se détendre car elle avait l'impression d'être réveillée. Une main secoua son épaule et elle finit par ouvrir les yeux, agacée. Elle vit une adolescente à ses côtés, vêtue d'une longue robe blanche, ressemblant plus à une guenille qu'à un vêtement convenable. Ses longs cheveux blonds souffraient du manque de soin, ses pieds nus étaient rougis par le froid, et son visage semblait paniqué.

« Allez lève toi ! Tu vas être punie sinon ! »

Elle ne savait que dire « punie » ? Maryline finit par sortir de son lit, se demandant la règle qu'elle ne respectait pas. Elle devait être dans un lieu très sévère, mais le quel ? Un orphelinat ? Un internat ? Ses souvenirs peinaient à revenir. Elle resta silencieuse, se déplaçant dans la pièce à la recherche d'un indice. Hier, c'était Noël, elle était chez elle. Elle ne se souvenait pas d'un repas, ni de chant de Noël. Ses parents, ils n'étaient pas là, il n'y avait personne chez elle. Elle se souvenait du commissaire qui était venu chez elle, pour lui annoncer une nouvelle. Bonne ou mauvaise ? Elle observe le paysage, regardant la neige tomber. Hier, elle faisait ça aussi, et elle entendit une voix lui crier que ses parents sont morts. Sous le choc, elle recula.

« Petite tu vas bien ? Demanda la fille. »

Elle hocha difficilement la tête, lui disant qu'elle allait la suivre. Maintenant elle se souvenait, que ses parents étaient morts, assassinés. Et elle se souvenait de ce grand escalier, elle l'avait déjà monté avec quelqu'un. Mais qui ? Les deux filles arrivèrent dans une grande salle, avec des tables, et des bancs en bois, rempli d'enfants de tout âge qui mangeaient. Elle fut guidée jusqu'à un buffet où elle devait prendre un bout de pain, de beurre, un verre de jus et une boisson chaude. Un homme, au regard dure, l'interdisait de transgresser une règle ; ne jamais se servir de plus qu'il en faut. Elle obéit alors, s'installant à côté de la fille pour manger.

Elle murmura un « bonne apetit » et commença à manger un bout de pain beurré. Mais c'était dégoûtant,  le pain était trop mou, et le beurre était fade. Elle but une gorgée de chocolat chaud, ce qui lui brûla la gorge. Il n'y avait que le verre de jus d'orange qui était succulent. Mais elle finit ce maigre repas, se souvenant soudainement de son père qui lui disait, de ne jamais négliger le petit déjeuner. À peine dix minutes plus tard, c'était déjà fini et elle suivit la jeune fille pour aller se laver.

C'était une grande pièce en forme rectangulaire, à côté du dortoir des filles. Il y avait des lavabos accrochés à deux murs qui se faisait face. Au fond, il y avait quelques douches. Rapidement, des cris de colère se firent entendre, et Maryline vit des filles se battre pour obtenir une douche. Elle regarda avec curiosité, et envie, car elle désirait prendre une longue douche, avec son gel douche, et la température maximale. Mais ici, c'était un gant de toilette, une petite serviette et un morceau de savon. Elle enleva avec honte sa robe, et se frotta le corps avec le gant, avant de la remettre et de se diriger vers le dortoir.

Elle vit posé sur son lit, une caisse rempli de vêtements. Il y avait les siens, puis d'autres, plus simples : cinq chemises blanches, cinq pantalons noirs, deux paires de chaussures propres, cinq culottes et paire de chaussettes. Elle fut étonnée face à la propreté éclatante de ces vêtements. Au fond, elle trouva un manteau, et deux pull. Elle enfila le pantalon, la chemise, remit ses chaussures d'hier et passa une main dans ses cheveux, afin de les coiffer.

« Tu es prête ? Demanda la fille à côté d'elle.

- Oui.

- J'ai quelques choses à t'expliquer, viens avec moi. »

Elle suivit aveuglément cette fille, qu'elle ne connaissait même pas. Elle en profita pour l'observer. Les deux adolescentes s'assirent sur une table, dans une bibliothèque.

« Ça va mieux qu'au réveil ?

- Oui mais je pense que tu devrais me donner ton nom, ton âge. Je ne sais rien de toi et tu ne sais rien de moi.

- C'est vrai. Je m'appelle Marie, et j'ai 16 ans. Je suis née à Paris, mais mes parents aimaient beaucoup voyager...et il fallut que tout se termine dans cette ville.

- Tes parents sont décédés...ici ?

- Ouais. Je préfère pas en parler.

- Je comprends. Moi c'est Maryline, et j'ai 13 ans. Je suis née ici, je n'ai jamais quitté cette ville, et elle a englouti mes parents. »

Marie hocha la tête avec difficulté. Même après trois ans, elle ne parvenait pas à faire son deuil. Alors elle cachait son désespoir derrière sa générosité. Elle aidait les gens, comme ça elle pensait à autre chose. Mais la nuit, c'était plus compliqué, elle dormait très peu.

« Tu es jeune. J'avais le même âge que toi en arrivant ici, et personne ne m'a expliqué les règles. Alors, je vais le faire pour toi, je ne veux pas que tu vives la même situation que moi.

- Pourquoi tu fais ça ?

- J'ai envie, tout simplement. »

Maryline était méfiante. Sa mère lui avait souvent dit que les gens ne t'aidait pas par simple envie, il cherchait toujours des intérêts.

« Pourquoi tu veux m'aider ?

- Je te l'ai déjà dit, mais si tu penses que c'est pour avoir quelque chose derrière, tu te trompes. Je ne veux pas un bout de pain en plus, ou d'autre chose que tu pourrai me donner. Je veux juste éviter que tu subisses ce que j'ai subis, parce que à 13 ans, c'est vraiment effrayant.

- D'accord. Sinon quels sont les règles ici ?

- En fait, il y a un rythme ici ; c'est la même heure pour se réveiller, tous les jours sauf le dimanche. C'est 8h00, jusqu'à 8h10. Plus, et tu es punie. Tu ne dois pas gaspiller le repas, les vêtements et tout ce qu'on te donne ici. Si tu parles mal au gardien, tu auras une punition, et au vue de sa dureté, sois prudente. Dehors, il y a un parc, tu peux le voir de ici. Ne dépasse pas la rivière au fond, et les gros arbres, ici car tu seras punie. Si tu t'enfuies, tu seras encore punie. N'essaie pas de te battre avec quelqu'un, de jouer la dure, de transgresser une règle, car tu paieras les conséquences. »

Maryline fronça les sourcils. Donc elle devait respecter ces règles, sinon elle serait punie.

« Et c'est quoi les punitions ?

- Il y a une petite pièce, sombre, avec juste un toilette. Et une trappe au niveau de la porte pour laisser passer la nourriture. Tu peux y rester plusieurs heures, un jour, plusieurs jours ! Mais tu es seule, isolée.

- C'est un cauchemar ! Et il y a des punitions corporelles ?

- Pour les plus dures, car ils croient que être isolé est bon pour réfléchir, et être frappé pour éviter de recommencer.

- C'est horrible ! »

Marie hocha de nouveau la tête. Elle lui prit la main, l'emmene jusqu'au parc pour prendre l'air.


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