Chapitre 4

Tranchée 1er ligne, no man's land

1er janvier 1916

Mon amour

Je suis désolé de ne pas t'avoir écrit plus tôt, mais avec la riposte des Allemands ainsi que le changement d'année, j'ai été plus qu'occupé. Je suis navré de t'avoir fait attendre surtout avec ma précédente lettre.

Aujourd'hui, quelqu'un m'a demandé une cigarette. Comment te dire la terreur qui m'a envahi à ce moment-là. J'ai pris mon paquet et, sans le regarder, je lui ais tendus d'une main tremblante. Il a du s'en apercevoir car il n'est pas partit. Il m'a ensuite demandé si j'avais du feu. De la sueur commençait à couler de mon front. J'ai fouillé dans mes poches et soudain, l'inconnu m'a agrippé fermement le bras. Oh Lucile ! J'ai senti ma dernière heure arrivée. Il m'a demandé de le regarder. Hésitant, mais ne voyant pas d'autre alternative, j'ai finalement daigné lui obéir. Et alors, ce que je vis fut bien loin de ce à quoi je m'attendais. Ces yeux n'étaient pas rouges mais d'un bleu profond.

L'homme était blond et portait un trench coat, typique des Anglais. Son regard brillait d'une malice non dissimulé. Il semblait fier de lui, comme s'il venait de trouver ce qu'il cherchait. Je me suis un peu calmé mais même si ce jeune homme paraissait normal, quelque chose en lui m'intriguait. Il ne portait aucune blessure, ce qui était inhabituelle étant donné les circonstances. Aucune uniforme de soldat, aucune arme et il se trouvait en plein milieu du No-man's-Land, zone réputé pour sa dangerosité. J'en déduisis vite qu'il n'était pas un soldat mais, même si j'avais raison, que faisait-il dans les tranchées ? il m'a longuement fixé et puis, il s'est baissé et a murmuré à mon oreille :

-Tu l'a vue n'est-ce pas ?

J'ai pris peur. En temps de guerre, les hommes devenaient fous. Cet homme était peut-être l'un d'eux. Je me levai, prétextant une urgence et parti, faisant tout mon possible pour ne pas courir. Je sentais encore le poids de son regard pesait sur moi. Ce ne fût qu'après être sûr d'être à l'abri que je m'arrêtais. Je n'ai personne à qui exposer mes peurs, chacun ayant ses propres démons à combattre. Je sais que je deviens quelque peu parano mais je n'ai pas le choix : c'est la guerre

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