Tranchée arrière
No man's land
26 décembre 1915

Chère Lucile

Je t'écris pour la seconde fois depuis mon départ à la guerre. J'espère que de ton côté tout vas pour le mieu et que les enfants vont bien.
Dit leurs que je pense à eux en permanence. Pour moi, je ne peut dire que tout vas bien. Te souvien tu, lorsque je t'ai écrit qu'il y aurai probablement un cessez le feu pour la veille de Noël. Eh bien ! J'ai dit vrai mais, malheureusement, quand minuit a sonné, une énorme explosion a retenti, faisant une centaine de victime, que ce soit des Allemands, des anglais ou encore des français. Je vois bien que tu doit être térrifié et je t'aimerai à jamais pour sa mais il faut que tu sache que le commandant m'avait chargé de veiller sur les blessées incapables de bouger et de ce fait, vulnérable. Je m'étais sentis humilié à l'idée de rester seul à faire le guet pendant que les autres s'amusait . Mais au fur et à mesure que les heures passèrent , je me suis vite rendu compte qu'il n'aurait pas confiée cette mission à n'importe qui. Il avait confiance en moi et cela me rempli le coeur de fierté m'aidant à tenir face au froid hivernal. C'est alors que j'ai entendu des cris puis le bruit d'une explosion tellement puissante que le sol trembla sous mes pieds. Alors, c'est avec effroi que je réalisais la chance que j'avais d'ëtre encore en vie. Le lendemain, la moitié de notre escadron manquait à l'appel et notre morale était au plus bas. Nous avons consacré une minute de silence aux soldats disparu, puis nous avons repris nos activités quotidienne, ce qui dans mon cas signifie : faire la guerre

Je ne sais combien de temps encore cette maudite guerre continuera mais je veut que tu sache que si je devait mourir un jour toi, Jean et Margot devait continuer à vivre. Pour moi

Je t'embrasse