11

J'attendais le bus, près de chez Christian, le chèque soigneusement plié dans ma poche. Et je retenais difficilement mes larmes. J'avais l'horrible impression d'être un parasite, qui pompait l'argent des autres. J'essuyai une larme alors que le bus s'arrêtait devant moi.

Sans lever les yeux, j'y montai, validai ma carte, et m'échouai sur une place au fond sans regarder personne. J'étais bien trop honteux pour le faire. Je me voûtai sur moi-même, comme pour échapper aux regards des gens. Mais je n'étais pas assez fort pour retenir quelques larmes, qui roulèrent sur mes joues. Je les essuyai dans un reniflement honteux. Et une personne s'assit à côté de moi.

Aussitôt, je me recroquevillai comme pour disparaître, mais une main se posa doucement sur mon épaule :

« - Eh, la crevette... Ça va pas ? »

Je reconnus aussitôt la voix rauque de Gaétan. En tournant la tête vers lui, je vis à travers mes larmes qu'il semblait inquiet. Et sans pouvoir me retenir, je m'écroulai sur lui en sanglotant. Il se raidit de surprise, avant de m'entourer de ses bras. L'une de ses mains se glissa sur ma nuque, et y traça des cercles apaisants. L'autre vint se loger sur ma hanche gauche, ce qui me fit frissonner malgré mes pleurs.

Et j'avais l'impression de ne pouvoir me retenir de pleurer. J'avais tout intériorisé en moi depuis si longtemps que je me retrouvais en train de pleurer toutes les larmes de mon corps. Gaétan ne me lâchait pas, me serrant contre lui pour tenter de me consoler. Mais dans ces moments, seul Christian pouvait m'apaiser. Il savait toujours quoi dire. Et c'était bien le seul.

Soudain, je sentis Gaétan me lever. Je m'accrochai aussitôt à lui, soudainement terrifié à l'idée qu'il ne me laisse seul comme une loque dans ce bus. Mais il enserra ma taille d'un bras, avant de m'entraîner avec lui. Je me laissai faire telle une poupée, cachant mon visage dans son cou pour y déverser mes larmes.

Je sentis vaguement qu'il me faisait descendre une marche, et sa voix me demanda au creux de l'oreille :

« - Où tu habites, la crevette ? »

Je levai la tête pour m'apercevoir que nous étions descendus du bus. Je pointai la direction de mon appartement, mais il soupira :

« - C'est vague. Il faut que tu me guides. »

J'essuyai mes joues d'une main tremblantes, avant de commencer faiblement à marcher. Gaétan resserra son étreinte sur ma taille pour me soutenir tandis que j'avançai. Et après plusieurs minutes de marche mal-assurée, je vis enfin mon immeuble. Je le pointai du doigt, et Gaétan me caressa la nuque :

« - Bien. Viens par là. »

Il m'y guida alors que je me laissai reposer contre lui, de nouveau en pleurs.

Je le sentis fouiller mes poches et en sortir la clé. Il me fit entrer, et le bruit d'une porte que l'on referme me parvint. Sa voix me demanda encore :

« - A quel étage tu vis ?

- Au quatrième... »

Je reconnaissais à peine ma voix, cassée par les sanglots.

Gaétan resta un instant silencieux, avant de glisser ses mains derrière mes cuisses. Avant que je ne puisse réagir, il m'avait soulevé dans ses bras, me forçant à m'accrocher à lui comme un koala pour ne pas tomber. J'enroulai mes jambes autour de sa taille, avant d'encercler sa nuque avec mes bras. Et je dissimulai mon visage rougi par la honte et les pleurs dans son cou.

Il se mit en mouvement, et je devinai qu'il montait les marches. Je ne savais pourquoi il était soudain si prévenant avec moi, et je ne voulais pas le savoir. Je laissai mon visage reposer dans son cou, sa peau chatouillant le bout de mon nez et mes lèvres. Il sentait bon...

Je le sentis s'arrêter, avant qu'une de ses mains ne quitte mes cuisses. J'entendis le bruit d'une serrure, et le froid sembla soudain m'envelopper. Je me blottis aussitôt contre Gaétan en frissonnant, et l'entendis jurer. Il recommença à marcher, avant qu'une porte ne claque. Et il me caressa doucement le dos :

« - On est chez toi, la crevette. »


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Hey !

Enfin du rapprochement !!!!

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