La Guirlande | 7 décembre

7 décembre
L'entraide

*

Une fois les Eidonniens nourris, ils étaient partis et avaient laissé Amaël vaquer à ses activités. Il était enfin seul. Ce n’était pas désagréable, non, il en ressentait un bonheur indicible. Après autant de temps avec les espiègles lutins, il profitait de ce silence apprécié. Même s'il savait qu'il n'allait pas durer, il était censé réparer la fichue guirlande, après tout. Mais dans ce rapide moment d'allégresse, une main surgit de nulle part et l'agrippa fermement par le col, de manière à ce que ses pieds ne touchent plus le sol. Amaël se fit traîner ainsi jusqu’à un recoin sombre du QG. Et c’est seulement à ce moment-là que le lutin, ou la lutine (car il ne saurait dire), le reposa enfin. Amaël prit instantanément la parole :

— Je peux savoir pourquoi tu-

Amaël n'eut pas le temps de finir sa question qu’un doigt se posa sur ses lèvres.

— Chut.

Les deux se fixèrent, et le stagiaire remarqua que ce·tte lutin·e était habillé·e d'une tenue militaire, son visage camouflé par du maquillage vert et marron, de manière à ne pas être reconnu·e.

— Euh tu fais qu-
— Chut.

Ils se regardèrent dans le blanc des yeux. Le fait que l’être malicieux ne veuille pas lui répondre l'énervait un légèrement, mais Amaël aurait quand même voulu savoir pourquoi il l’avait amené dans ce recoin. L'inconnu pour sa part vérifiait que personne n'arrivait et les surprendrait dans une discussion fugace.

— En fait, j'ai besoin d'aide, point, et tu es le seul de tout le QG pouvant m'aider.

Ils se regardèrent de nouveau dans le blanc des yeux.

— Viens-en au fait, non ?
— Tu as raison, mec. Tu sais que tu es grave intelligent toi ? Je te kiffe déjà, et c’est pour ça j'ai besoin de ton aide. Non, non, non, ne me recoupe pas ! Je vais continuer ma phrase, t'en fais pas ! En fait, quand Daemon a fait l’annonce comme quoi tu n'avais aucune empathie et que nianiania… avait osé casser la guirlande de Noël et nianiania… Eh bien, je me suis tout de suite dit que tu étais un type super cool, tu vois ? Alors bon, bah, je me suis dit que tu serais un allié parfait pour moi. Et je t'avoue que j'aurais besoin d'un peu d'aide pour le secteur des commandes actuellement. Bon, d’accord, on est plusieurs à bosser dessus, mais tu pourrais m’être personnellement utile. Je t'aiderai même avec ta situation actuelle, je te promets ! Enfin, ça te dirait pas de venir m'aider plus tôt que de rester tout seul dans ton coin ?

Amaël se retrouva pris au dépourvu par le surplus d’information, mais reprit rapidement contenance. Mais il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi il·elle l’avait choisi précisément. Il se racla la gorge avant de répondre, essayant de paraître détendu malgré le fait que son esprit était en ébullition.

— Eh bien, c'est plutôt surprenant comme approche, je dois l'admettre. Tu as une manière un peu, unique, de recruter. Mais tu pourrais m'aider avec la guirlande, tu dis ? Et pourquoi c’est de moi dont tu as besoin ?

— Ah mince, je pensais que te surcharger d'informations te ferais dire oui sans hésiter… Oui, je t’aiderais pour la guirlande, (voyant que personne de nouveau arrive) en fait, t’as surement jamais entendu parler du secteur des commandes ?

Un regard suffit à indiquer qu’effectivement, il n’avait aucune idée de ce que c’était.

— T'inquiète pas, plein de lutins n’y sont jamais allés, mais tu vas apprendre sur le tas, tu verras. De toute façon, prends cette oreillette, et je t’indiquerai quoi faire, d’accord ?

Amaël accepta, sans raison particulière. Peut-être l’employé•e avait en fait réussi à la convaincre. Il prit une profonde inspiration, un mélange d'excitation et de nervosité flottait dans l'air alors qu'il se dirigeait, curieux, vers le secteur des commandes.

Les couloirs du QG semblaient plus longs et labyrinthiques que d'habitude. Et le stagiaire s'aventura plus profondément, l'écho de ses pas résonnant dans le corridor désert. Il sentait une énergie inconnue, un frisson d'aventure, et il se demandait ce qui l'attendait dans ce nouvel univers. Arrivé devant la porte du secteur des commandes, Amaël hésita brièvement.

— C’est bien là ? demanda-t-il.

La voix dans l’oreillette lui répondit.

— Ouais c’est parfait. Juste, soit discret car on a pas le droit d’être là.
— Bon… J’ose même pas te demander pourquoi… (il chuchota cette fois-ci)
— Super mec !

Il ouvra le porte, vit une pièce baignée par l’obscurité. Il repéra au milieu de la pièce, une tablette émettant une lueur rougeoyante. La tablette était mise en évidence, au milieu de cette pièce. Il se demanda une énième fois, pourquoi avait-il décidé de faire confiance à ce taré d'énergumène. Mais il se résolut à suivre les indications qui lui seraient données, espérant être à la hauteur de la tâche qui l'attendait dans ce mystérieux secteur des commandes. La voix dans sa tête reprit :

— Tu vois la tablette, au milieu de la salle ?
— Celle avec un grand timer rouge ?
— Exactement. Il reste bien 1 minute 20 ?

Amaël, scruta la tablette. Il était trop loin pour le voir. Il demanda s’il devait s’approcher pour savoir, mais là voix dans le micro l'interrompit immédiatement.

— Non, ne bouge pas. Écoute-moi attentivement. Dans une minute, tu vas courir le plus vite possible, appuyer sur le bouton rouge à côté de la tablette, prendre cette même tablette et revenir où on était tout à l’heure. Tout ça, le plus rapidement possible. C'est crucial, car tu n’es pas seul. Tu dois faire en sorte que personne ne la prenne avant toi. Tu ne peux pas te tromper, c'est le seul bouton rouge. Compris ?

Amaël hocha la tête, bien que l'inquiétude commençait à se dessiner sur son visage. Il n'était pas sûr de comprendre complètement la situation, mais il était pris dans l'excitation de l'inconnu et dans le mystère de cette mission soudaine. L'inconnu continuait à donner des instructions rapides à Amaël via l'oreillette, lui rappelant les étapes à suivre et l'importance de chaque action. À dix secondes du décompte final, l'inconnu·e chuchota à Amaël :

— GO !

Il courra. Le temps semblait s'étirer, chaque seconde étant une éternité. Puis, le moment arriva. Le timer indiquait 00:00. Amaël atteignit la tablette et appuya sur le bouton rouge. Il s’enfuit aussitôt, entendant des voix à ses trousses.

Courant, un sentiment de fierté parcouru son corps. Il jeta un œil à la tablette dans sa main et- et il s'arrêta immédiatement. Dans sa main il n'y avait plus de tablette mais un bulbe aussi kaki que le maquillage de son étrange allié·e.

Mince, mais comment allait-il pouvoir expliquer la situation à l’autre ?

—  Amaël ? Tu es en vie ? He oh ! REPOOOOOONDS !

Peut-être qu'en faisant silence radio ce•tte mystérieux•se soldat•e allait l'oublier ?

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