La Guirlande | 15 décembre
15 décembre
Générosité
*
Le vent frais soufflait. Suite à la bonne idée de Free et à cette exceptionnelle séance de spa, Amaël décida de s'aérer sous l'air vivifiant, afin de retrouver un peu de solitude. Il commença son chemin vers le petit sentier enneigé menant au minime bois paisible. Mais certaines voix surgirent derrière lui :
"— Amaël !
Onyx et Bambi, sautillant d'amusement, vinrent le rejoindre. Amaël émit un léger grognement, geste qui ne laissait guère s'échapper aux deux jeunes Eidonniens.
— Allez !
— C'est mieux de marcher à plusieurs que seuls !
— Non !"
Malgré son mécontentement, les deux amis suivirent. "Au moins, ils ont des torches" se dit-il.
Marchant sur la neige moelleuse, il faisait de plus en plus sombre, notamment par les arbres de grande taille qui les entouraient. Amaël restait silencieux. Les seuls sons que l'on saisissait étaient les chuchotements des deux amis et le vent qui caressait les feuilles. Lorsque soudainement, ils perçurent une légère résonance, douce, délicate, comme l'hymne des oiseaux du matin.
"— Qu'est-ce que c'est ?, s'exclama Bambi.
— Allons-y !", déclara Amaël
Les trois compagnons coururent vers le murmure, lorsque soudain une grande lumière étincelante leur aveugla la vue. Elle laissa lentement place à un lac gelée, sur lequel apparut un petit village tout en glace de petite hauteur tel que celle d'une poupée de porcelaine.
Tous fixaient le chétif endroit d'un air stupéfait.
Il s'agissait de petites maisons en glace, pour la plupart semblables à une architecture victorienne, entassées les unes sur les autres, avec chacune une forme qui les spécifiait. Certaines étaient plutôt allongées, d'autres plus rondes, et plusieurs étaient en forme d'étoile. Il y avait également des écoles de plain-pied, une statue du Saint-Kek entourée de houx maintenu dans la glace, des boutiques qui possédaient toutes une cloche ornée d'une gravure d'un renne à leur entrée, et qui décoraient leurs vitrines glacées par diverses guirlandes lumineuses. Tout ceci donnait une atmosphère espiègle à ce petit lieu. Cependant, un détail en particulier attira le regard du jeune homme. Un détail qui le prit au dépourvu. Il apercevait de petits éclats scintillants, pas plus grands que ces maisons et qui prenaient une forme. Certains dansaient tout en patinant sur la place, d'autres faisaient de la luge sur des petites pentes de neiges avec de minuscules morceaux de bois de sapin. C'étaient des fées. Leurs murmures étaient en fait une harmonie de chant. Cette symphonie synonyme de sérénité envoûtait les trois compagnons.
Mais aussitôt, des entités surgirent devant eux, ce qui les fit bondir. Trois fées, à la peau pâle, les cheveux blancs comme la neige, et vêtues de robes élaborées de feuilles givrées se tenaient face à leurs visages, en volant.
"— Nous avons des invités !!, s'exclama l'une d'entre elles.
— Bienvenue chez nous !, clama une autre.
Les yeux de Bambi s'illuminaient.
— Ouah des fées ! J'en ai souvent entendu parler, mais j'en avais jamais vu !, s'écria-t-elle.
— C'est normal, nous voyageons un peu partout dans le bois, informa la plus grande des fées.
"Elles font mal aux yeux", grogna intérieurement Amaël.
— Et à quoi cela sert-il ? Intervient enfin celui-ci distant.
— Mais voyons ! À ce que notre musique apaise tous les arbres d'autour !, chantala grande fée.
Il soufflait.
— C'est n'importe quoi !" , répondit-il sèchement.
"Qu'est-ce que c'est que ces histoires !" se dit-il.
Il tourna la tête. Mais à l'instant, une autre s'approchait vers eux, tenant une boîte à musique dans ses mains. Celle-ci la tendit à Amaël.
"— Elle est pour toi."
Le garçon surpris, la fixa, et la prit un instant. Mais très vite, il la lui rendit dans les mains.
"— Non ! Garde-la !"
Chacun se tut et un silence émana de l'endroit. L'hymne des fées s'était éteint, Onyx et Bambi ne savaient plus quoi dire. La jeune fée, triste du rejet du garçon, s'éteignait peu à peu. Mais après plusieurs secondes d'attente, Amaël reprit soudainement la boîte des mains de l'être féerique.
"— Pardon... C'est très gentil merci..."
Sa voix s'était faîte plus bas. Il s'était rendu compte de la tension qu'il avait causé et était embarrassé. Aussitôt, un sourire joyeux apparut sur le visage de la jolie fée.
"— Essaie-la !"
Amaël tourna donc la manivelle. Sur la boîte, était sculptée une étoile. Lorsque Amaël activa donc le mécanisme, celle-ci s'illumina et des étincelles s'échappèrent de la boîte. Amaël se trouva brusquement plongé dans un endroit vierge qui avait l'air infini. Il n'y avait pas de sol, il flottait dans les airs. Seul un léger lac d'eau d'azur clair se dressait devant lui.
Avant même qu'il eût le temps de se demander où il était, une voix se fit entendre dans son oreille : "— Marche sur l'eau Amaël". Étourdi par ce qui était en train de lui arriver, il suivit l'ordre.
Lorsque ses pas commencèrent, une musique débuta. Un air mystique, doux, s'apparentant au son des cloches se faisait entendre. Il se jouait telle une boucle. La voix retentit une nouvelle fois dans ses oreilles : "— Cette musique Amaël, c'est l'amour que les gens portent pour toi". Puis, dès l'instant où son premier pas toucha le flot, s'ajouta au récital le bruit de gouttelettes d'eau tombant qui accrut le sentiment de tendresse.
"Cet air m'est familier..., songea Amaël, il me fait penser aux aubades que recevait ma grand-mère dans sa jeunesse et qu'elle me chantonnait...".
À ce moment-là, le jeune garçon ne pensait plus qu'à ses souvenirs agréables avec sa grand-mère, mais également aux moments amusants passés avec la communauté. Le paysage se dissipa par un faisceau de lumière blanche, et lorsque l'eau disparut peu à peu, une forme de la même couleur que le flot se dériva d'elle et flotta dans les airs, dans la direction d'Amaël.
"— Un bulbe !!, s'écria celui-ci.
Il se dépêcha de le prendre et le rangea dans sa sacoche. Aussitôt, la sensation cessa et le paysage devant lui revint comme avant. Il ouïssait des cris.
"— Amaël ! Amaël !"
Il tourna sa tête et vit Onyx et Bambi près de lui, qui étaient en train de le faire réagir de la main. Il sursauta.
"— Mince ! Je me suis fait piéger !"
Amaël scruta autour de lui, mais ne vit que lui et ses deux amis, les fées s'étaient volatilisées.
Remarquant l'incompréhension du garçon, Onyx expliqua :
"— Pendant que tu ne réagissais plus, elles ont dit partir à un autre endroit du bois."
Amaël fixa Onyx, toujours ébahi, il laissa un silence calme au lieu de lui répondre. Il remarqua avoir encore la boîte à musique dans ses mains. Un petit coffre en faisait partie et il entrouvrit par curiosité. Il trouva un morceau de papier dedans. Discrètement, il l'ouvrit tandis qu'ils reprenaient la route. Dessus était inscrite une phrase "Ne rejette pas ceux qui t'aiment, profite de leur compagnie et crée toi des souvenirs heureux avec ceux que la musique pourra toujours te rappeler".
C'était la petite fée lui ayant transmis la boîte qui l'eut notée. Ce papier laissa s'afficher un léger sourire chaleureux sur les lèvres du garçon. Il décida de le ranger puis mit la boîte à musique dans sa sacoche.
"— Les amis !, s'exclama-t-il avec un sourire. J'ai beaucoup de choses à vous raconter !
— Oh oui ! On veut savoir ce qui s'est passé pendant que tu ne réagissais plus !", s'écrièrent les deux compagnons en riant.
Et ils continuèrent le chemin, chacun était hypnotisé par ce que racontait Amaël. Il fallait avouer pour le jeune garçon que cela faisait longtemps qu'il n'avait plus tenu une longue discussion avec des gens...
Mais surtout, c'était la première fois depuis de nombreuses années qu'il prononçait le mot "ami".
*
{ StamyX }
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top