Chapitre 1
Petite Épine s'arrêta pour reprendre son souffle.
« -Tu vas trop vite ! »
Petit Tigre, son frère, se retourna avec un sourire malicieux.
« -Ce n'est pas de ma faute si je suis le plus rapide du Clan du Soleil ! Voire de tout les Clans.
-Moi j'ai faim. J'arrête de jouer. »
Petite Épine se dirigea vers la pouponnière. Sa mère, Serre de Buse, était en train de discuter avec son père, Perle de Sureau. Petit Tigre avait hérité du poil brun foncé de sa mère, mais Petite Épine et sa sœur Patte de Glace avaient le pelage gris clair de leur père. Perle de Sureau se retourna avec le même sourire malicieux que Petit Tigre. Pas de doute, cette espièglerie venait de son père.
« -Ah, voilà ma fille préférée ! Mais non Patte de Glace, je rigole, je vous aime autant toutes les deux, pas besoin de me lancer ce regard noir. Tiens, Petite Épine, si tu allais manger avec Tempête de Cendre ? Elle doit avoir faim, et elle te racontera sûrement une histoire si tu lui ramène une belle pièce de gibier.
-Ouiii, une histoire !! »
Petite Épine courut hors de la pouponnière et fonça vers le tas de gibier. Au milieu de son trajet, elle percuta Nuage Rouge.
« -Eh, tu peux pas faire gaffe ? Je suis trop important je te rappelle ! Non, je rigole. Où tu cours comme ça ?
-Je vais apporter à manger à Tempête de Cendre et elle va me raconter une histoire !
-Aha, à peine 4 lunes et tu manigances déjà des plans machiavéliques...Ca doit être mon influence. Allez, cours avant que quelqu'un ne lui apporte avant toi ! »
Petite Épine se remit à courir. Elle sélectionna un beau lapin que Tempête de Cendre pourra partager avec Croc de Miel. Elle le traîna jusqu'à la tanière des anciens et entra.
« -Tenez je vous apporte à manger ! Claironna-t-elle.
-Ah ben c'est pas d'refus ! Au moins j'aurais pas à traîner mes vieilles pattes jusqu'au tas. Merci, Patte de Glace.
-Moi c'est Petite Épine.
-Ah, excuse moi. Je suppose que tu veux une histoire, petit chenapan.
-Si ça te dérange pas.*
-Bon. Ça fera travailler ma mémoire. Croc de Miel, repas ! »
Croc de Miel s'extirpa de son coin avec difficulté et se laissa tomber sur le sol.
« -Miam, du lapin ! Ça me rappelle ma jeunesse dans le Clan du Vent.
-Ben tiens Petite Épine, je vais te raconter la formation des Clans de Soleil et de la Lune. Car comme je te l'ai déjà dit, avant il y avait quatre Clans. Je n'étais alors qu'une jeune apprentie. Il y avait alors quatre Clans : Tonnerre, Vent, Rivière et Ombre. Je faisais partie du Clan du Tonnerre. Les Clans se faisaient un peu la guerre, tout ça, comme aujourd'hui mais avec plus de Clans. Tout a commencé avec un hiver particulièrement rude. Une épidémie de mal blanc s'est déclenchée. Puis chez les malades, le mal blanc a tourné à une maladie que personne ne connaissait, celle qu'on appelle maintenant le mal jaune et qui provoquait d'horribles saignements de nez jusqu'à la mort du chat. Les guérisseurs faisaient tout leur possible, et on finit par trouver une plante médicinale, dont je ne connais pas le nom, mais c'était trop tard. Deux chefs et leurs lieutenants étaient déjà partis dans le Clan des Étoiles. C'est la que la guérisseuse du Clan de la Rivière a fait un rêve du Clan des Étoiles, qui lui annonçait la prophétie : « Deux crèv'ront dans le saignement, alors les quatre d'viendront deux. » ou un truc du genre. Elle a mis pas mal de temps a d'viner donc plein de chats sont crevés, c'est pour ça qu'on est pas beaucoup. Mais elle finit par comprendre que les Clans devaient fusionner, alors le Clan du Tonnerre a rejoint celui du Vent pour donner le Clan du Soleil, dirigé par Étoile du Soleil, not' beau chef. Et le Clan de la Rivière a r'joint l'Clan de l'Ombre et Étoile de la Lune est d'venu chef. Ça explique nos caractéristiques : chasser dans les arbres et courir vite pour nous, et l'Clan d'la Lune chasse aussi de nuit et ils peuvent nager. Vlà. Ça t'as plu ?
-C'était trop bien ! Merci beaucoup Tempête de Cendre !
-Bah d'rien ! Merci pour le lapin, p'tite !
-Ouais, merci, grommela Croc de Miel. »
Petite Épine sortit en courant de la tanière. Elle avait besoin de se dégourdir les pattes. Elle appela Patte de Glace :
« -Viens on va jouer !
-Non mais t'es débile ? Qu'est ce que tu fais dehors ? Serre de Buse te cherche partout ! »
Soudain Petite Épine remarqua qu'il faisait nuit. Elle se dépêcha donc d'entrer dans la pouponnière.
Sa mère se tourna vers elle, furieuse.
« -Non mais qu'est ce que tu faisais dehors à cette heure-ci ?! On ne t'a pas appris la prudence ?
-Mais j'étais chez Tempête de Cendre ! C'est Perle de Sureau qui m'a dit d'y aller !
-Qu'est ce qui t'a retenue aussi longtemps ? Tu devais juste manger je te rappelle !
-Elle m'a racontée une histoire...marmonna-t-elle
-Bon va dormir maintenant. Et que je ne t'y reprenne plus !
-Oui maman. »
Petite Épine fila dans sa litière et s'installa à côté de Petit Tigre. Elle s'endormit peu après.
Longtemps après, elle ne dormait toujours pas. Elle décida d'aller faire un tour dans le camp, histoire de se changer les idées. Elle s'extirpa de la pouponnière en silence et s'assit. Le camp était différent, de nuit...Petite Épine avait l'impression qu'un monstre pouvait se cacher dans chaque petit coin d'ombre...Soudain, il y eu du mouvement à l'entrée du camp. Une ombre gigantesque entra, et passa sous un rayon de lune. Une tête noire et blanche, un corps noir...C'était un blaireau.
Petite Épine sentit ses muscles se liquéfier de terreur. Un frisson la traversa. Une seule pensée occupait tout son esprit : cours. Mais elle restait plantée là, incapable de bouger. Le blaireau se tourna lentement vers elle, ses petits yeux méchants lui promettant la mort. Il s'avança lourdement vers elle et se prépara à attaquer. Aussitôt elle réussit à bouger ses pattes et les griffes de la bête ne firent que la frôler, ce qui énerva le blaireau, qui repartit à l'attaque. Cependant, elle ne fut pas aussi rapide cette fois-ci. Lorsque le blaireau lui balança sa patte, ses griffes déchirèrent son visage et elle hurla de douleur. Son cri réveilla tout le camp et le blaireau n'eut pas le temps de réattaquer. Les guerriers le pourchassèrent alors que Petite Épine tombait dans les pommes.
Elle se réveilla plus tard dans la tanière de la guérisseuse. Son visage ne lui faisait presque plus mal. La guérisseuse, Écorce d'Aulne, remarqua qu'elle était réveillée.
« -Ah, tu es enfin réveillée. Tiens, bois. »
La guérisseuse lui donna une boule de mousse imbibée d'eau, qu'elle lapa avec fatigue.
« -Tu es restée endormie un bon moment ! Un peu moins d'un quart de lune. Alors, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que tu ne risque pas de mourir de ta blessure. La mauvaise, c'est que tu garderas la cicatrice à vie.
-Quelle cicatrice ? De quoi...Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Un blaireau t'as attaquée. Qu'est ce que tu faisais dehors ?
-Un...Ah oui, je me souviens. Je n'arrivais pas à dormir.
-Voyons le bon côté des choses, au moins il n'a blessé personne d'autre. Et puis avec cette cicatrice tu as l'air d'une guerrière ! »
Petite Épine se détendit. C'est vrai qu'avec une cicatrice elle impressionnerait peut-être Nuage Rouge...
« -Bon, je pense avoir déjà assez retenu tes parents. Mais je te conseille de te regarder dans la flaque d'eau d'abord. »
Petite Épine se tira de la litière confortable et se traîna vers la flaque avant de se regarder. Une longue cicatrice courait de son front jusqu'à son menton, traversant son œil. Elle avait l'air d'une ancienne qui avait vécu de nombreuse bataille, excepté sa petite taille et son duvet de chaton. Elle alla se recoucher, épuisée par ce maigre effort, et Écorce d'Aulne alla chercher ses parents.
Patte de Glace et Petit Tigre déboulèrent en premier, suivis de leurs parents à l'air inquiet.
« -Petite Épine ! Tu es réveillée ! S'exclama Patte de Glace.
-Waa ! Tas l'air trop balèze avec ta cicatrice ! Dit Petit Tigre.
-Oh ma petite j'étais si inquiète pour toi ! Je n'ai pas arrêté de regretter de t'avoir grondée !
-C'est vrai, assura Perle de Sureau, on était tous très inquiets pour toi.
-Surtout Nuage Rouge, fit semblant de tousser Patte de Glace.
-C'est quand que tu reviens jouer avec moi ? Demanda Petit Tigre. Patte de Glace veut jamais jouer avec moi !
-C'est pas vrai !
-Si c'est vrai ! »
Pendant qu'ils se chamaillaient, Petite Épine interrogea Écorce d'Aulne du regard.
-Tu pourras sortir dès que je serais sûre que tu ne risque rien, dit la guérisseuse.
-Pffff, souffla Petite Épine.
-Bon, allez, tout le monde dehors, ma patiente doit dormir.
Reconnaissante, elle avala vite les graines de pavot, et, épuisée, s'endormit.
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