Pluton
Le phénix est une de mes créatures mystiques préférées. L'idée de renaître de ses cendres, de revivre après sa mort m'a toujours fasciné. La mort, dans mon cas, est évidemment symbolique. C'est la mort d'une partie de moi, de mon innocence, d'une période, d'une relation, d'un amour. C'est la fin de tout, et le commencement de chaque chose. Après tout, le commencement est tout autant la fin, que celle-ci le commencement. Des choses sont parties, d'autres arriveront. C'est le principe de la vie, et je trouve ça beau. Peu importe la volonté ou les efforts mis à la tâche, si celle-ci doit échouer, elle échouera. C'est fataliste, et je le sais, mais la vie elle-même l'est. Le principal, c'est de se relever, comme un papillon sortant de son cocon qui tombait dans le vide. Il faut se transformer en ce que l'on souhaite, et la fin d'une période est le meilleur moment pour s'y atteler. Chacun évolue à sa manière, en son temps. Le mien est arrivé il y a peu, et je suis sauté à l'intérieur de son train en marche. Hors de question que je le rate cette fois, et que je le vois s'éloigné sans moi, debout sur le quai.
Aujourd'hui, je sais que je ne suis pas forcément prête pour une autre relation, car mon cœur n'est pas totalement réparé. Il le sera bientôt, je le sais. Je lui laisse toutefois l'opportunité de se reposer, sans se préoccuper d'être accosté inopinément. Ce n'est peut-être pas la meilleure solution, c'est néanmoins la mienne, et c'est celle qui me convient pour l'instant. Je ne m'adonne qu'au présent, considérant le passé et accueillant le futur. Je prends le temps de réapprendre à me connaître, de savoir qui je suis devenue, ce que je veux et qui je souhaite être, devenir. C'est un long travail, qui est nécessaire. J'ai écrit quelque chose, il n'y a pas si longtemps. Des mots adresser à celles et ceux que j'ai appréciés, aimés ou qui m'ont appréciée, aimée. Je m'adresse à eux comme s'ils n'étaient qu'une seule entité. Ce sont les mots que je voudrais adresser à ceux qui ont eu le courage d'essayer de m'approcher, de me voir pour qui j'étais réellement, sans artifices aucun.
« Nous n'avons rien partagé de plus que des moments, des mouvements. Jamais je ne suis venue chez toi, comme jamais tu n'as découvert où j'évoluais en permanence. Peut-être n'étions nous pas assez intimes pour ce genre de choses. Ou peut-être l'étions nous assez pour ne pas s'en embarrasser. Je t'ai dit :
- L'Amour ne veut pas de moi.
Tu m'as simplement répondu :
- Pour cela, faudrait-il déjà que tu le laisses te croiser.
Selon toi, je ne laissais personne approcher assez près pour laisser prendre la mince étincelle en un magnifique feu. Je pensais seulement qu'aucun ne voulait venir vers moi de peur de se brûler les ailes. Peut être avions-nous tous deux raison, ou tort. Mais dis-moi, en attendant, où es-tu ? Es-tu parti découvrir les sept mers, explorer la jungle amazonienne, les pyramides d'Égypte, la grande muraille de Chine ? Dis-moi, où es-tu maintenant ?
Tu as décampé sans un mot, sans une lettre. Tu osais me contredire, me faire croire que je méritais l'Amour, pire, qu'il m'était accessible. Peut-être as-tu raison, mais ce que j'affirmais est tout aussi vrai, tu en es la preuve. Si l'Amour voulait réellement de moi, pourquoi es-tu parti ? Le vent porte chacun de nous, mais rares sont ceux allant dans la même direction.
Encore seule cette nuit, la place à mes côtés s'est refroidie. Plus personne ne la veut, elle n'attend plus personne, plus que toi, ton retour. Les étoiles en sont garantes. Tu me manques. Trois mots, onze lettres, mais est-ce vrai ? La solitude me rattrape, elle qui était pourtant une alliée, une amie. Ta présence cessera-t-elle un jour de me hanter ?
Des questions sans réponse se bousculent dans ma tête, ne me laissant aucun répit. M'as-tu aimée aussi fort que je l'ai fait ? Nous regrettes-tu ? Ne suis-je plus que ton passé ? Je ne suis plus ton présent, et tu m'as rayée de ton future, cependant je ne te demande qu'une chose. Ne m'oublie jamais, repense à moi avec un sourire léger et une larme timide. Tu étais l'amour d'une vie. J'en ai encore huit.
Mais suffiront-elles ? » Lettre à mes amours disparus.
J'espère qu'un jour, ce manuscrit sera lu par chaquepersonne dont je suis tombée amoureuse. Ils sauront ainsi comment je me suisconstruite, et pourquoi l'Amour à cette place si particulière pour moi. Je suisdonc peut-être bien une amoureuse de l'Amour. Mais pas dans le sens commun quel'on donne à ce terme. Je ne cherche pas à combler un manque d'affection avecle premier venu, non, au contraire. Je tends à trouver la personne mecorrespondant parfaitement. En attendant de la découvrir, je contemple ceux quil'ont. Celles et ceux ayant leur moitié dans leur vie, je les observe et ytrouve un peu de bonheur et d'espoir. L'Amour est beau, puissant, et le voir àl'œuvre est passionnant. J'observe donc, non sans envie, mais avec patiente.J'aime me perdre à imaginer que je peux l'apprivoiser, afin qu'il m'approche,même un peu. Après tout, se perdre, c'est trouver. Quoi, qui, où, quand ?Je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c'est qu'il ne faut pas oublier dele trouver, car ce serait perdre.
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