P-S

      Pendant une des premières relectures de ce livre, j'ai revue Esmée. Une seule fois, pour un café, pour simplement qu'on puisse discuter. Après tout, la politique d'aucun contact alors que l'on parlait tous les jours ou presque était compliquée. Alors nous nous sommes revues, pour discuter de nos vies après. Pour voir ce qu'on devenait, comment on s'en sortait sans l'autre. Mais pas dans un état d'esprit revanchard, ou dans le but de faire jalouser l'autre, comme certains le font. Non, au contraire, la bienveillance était au rendez-vous !

       Le garçon avec qui elle s'était remis peu de temps après notre séparation était toujours son copain. Elle m'a avouée que bien qu'il ait été un « pansement » dans un premier temps, elle avait fini par réellement l'aimer. Je mentirais si je disais que ça ne m'a pas fait ressentir un pincement au cœur. Une partie de moi hurlait de rage : comment était-ce possible, si vite ? Toutefois, le sentiment a très vite été étouffer. J'étais sincèrement heureuse pour elle. Elle méritait tout le bonheur du monde. Nous avons parlé de notre avenir, nos études et de nos projets. Elle s'était impliquée dans une association de reptile, et voyait le futur de la structure en grand. Ça m'a rendu fière. J'ai glissé dans la conversation que je venais de finir la rédaction d'un livre. Je crois qu'elle n'a pas entendu la partie où je disais « sur nous ». Elle était si excitée ! Je n'avais pas réussi à écrire pendant si longtemps. Elle m'a demandé à le lire. Sur le coup, j'ai voulu refuser, j'ai écrit beaucoup de chose que je ne lui avait pas dites, et que je ne voulais pas forcément qu'elle découvre. Finalement, j'ai envoyé promener mes peurs. Je l'ai prévenue que je ne voulais pas qu'elle lise quelques lignes. C'était ma seule condition à sa lecture.


      Lorsqu'elle a reçu le fichier, elle m'a renvoyé un message pour savoir quels passages elle devait éviter. Alors, bien rassurée derrière mon écran, je lui ai dit de tout lire, tant pis si je sentais la honte rosir mes joues. Lorsqu'elle a découvert que c'était sur nous, elle a été déconcertée. J'avais oublié, ou était trop égoïste pour penser que sa lecture pourrait mettre Esmée mal à l'aise. Je lui ai donc fait promettre de ne pas tout lire, si elle ne s'en sentais pas capable. Au fur et à mesure des chapitres, elle me faisait ses retours. J'ai versé un nombre incalculable de larmes en les lisant. En voici un condenser, ses phrases étant conservées telles quelles.


       « Il y a des choses que j'aurais voulu savoir plus tôt, enfin, au moment donné. Ça aurait pu m'aider à prendre de meilleures décisions, en prenant en compte tes ressentis. D'un autre côté, je te suis reconnaissante, parce que maintenant, je le sais. Ça reste horrible de lire ça, car j'ai mis énormément de temps à passer à autre chose, même si je ne sais même pas si je peux dire ça. Comme je te l'ai dit, j'ai toujours une attache envers toi et tu continues de m'influencer. Revivre ça, avec ton point de vue, c'est compliqué, ça fait ressurgir pleins de choses en moi que j'aurais voulu, en quelque sorte, mettre de côté.

       Je sais pas quoi te dire, quoi penser. Tu peux pas savoir à quel point je t'ai aimée. Je n'ai pas joué avec tes cordes sensibles pour te faire souffrir, j'ai essayé de m'en servir pour t'éloigner, pour te protéger de moi. A mes yeux, tu as su lire en moi. Je serais incapable de te dire si je n'en était pas capable ou si je ne voulais pas faire cet effort, mais aujourd'hui j'ai encore la certitude que oui, tu en valais la peine. J'ai encore ta rose, nos lettres, nos photos. Ça remet beaucoup de chose en question, il me faudra du temps pour tout digérer. Je suis tout de même contente que tu m'en ai parlé. Je me rends juste compte d'à quel point ça aurait pu être beau et durable, et je regrette que ça ne l'ait pas été. Ça rend mes émotions confuses. Mais si tu décides de le publier, un jour, tu as tout mon soutien. Ce serais du gâchis que ce livre reste dans ton ordi. »


       J'ai mis le bazar dans sa tête. Je m'en suis voulu, ce n'était pas du tout l'effet escompter. Je voulais qu'elle soit au courant, et d'accord si je décidais de rendre visible notre histoire. Parce qu'elle lui appartiens autant qu'à moi. Je ne me voyais le publier sans sa bénédiction. Son pauvre copain, n'a pas du comprendre pourquoi elle était si perdue, les jours suivants. Donc je suis désolée pour lui, c'était ma faute, l'ex qui décide de montrer son journal intime 2.0.


      En tant que deuxième p-s, je pourrais dire que ça y est, enfin, mon cœur s'est entre-baillé pour quelqu'un. Pas de la même manière que les derniers partenaires que j'ai eu qui étaient, pour la grande majorité, des histoires sans lendemain. Cette nouvelle personne mérite que je ne la repousse pas du chemin dangereux menant à mon cœur. Qui sait si cette histoire sera concluante ? En attendant, je vois où le vent me porte, et profite de la sécurité, du confort que tout ça m'apporte, sans penser aux possibles conséquences. Je vis sans soucis du futur, bien ancrée dans le présent, en regardant mon passé avec un sourire en coin . Je peux dire que je suis heureuse, et que ce bonheur dépend de moi. 

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