Hors série [2]

Le temps des secrets
Partie I


Note de l'auteur: Ce chapitre est un hors série et ne s'incruste pas dans l'histoire originelle. Il n'a aucun impact ni ressemblance avec le scénario.
Ceci est une histoire alternative où tous les personnages de "L'histoire d'une soldate" prospèrent dans un autre monde. Ils vivent à notre époque et n'ont jamais été menacé par les titans. C'est-à-dire que leur histoire et les relations entre eux ont été modifié.

Bonne lecture!



Je repoudrai mon nez devant le miroir pendant que Benedict fouillait dans sa pochette argentée pour sortir un gloss et se l'appliquer sur les lèvres. Elle regarda du coin de l'oeil Mme. De Lanays sortir des toilettes d'un mauvais oeil. Elle soupira après avoir serré les lèvres pour répartir le produit. 

- Oh, je ne supporte pas cette femme. Elle me regarde toujours d'un air dédaigneux avec sa tronche toute refaite. 

Je referme ma poudre compacte Gucci et la range soigneusement dans ma pochette. 

- Pourquoi? Je trouve que son lifting lui va très bien, remarquais-je. 

- Ce n'est pas le problème! Je l'ai croisé chez Danny & George et elle n'a même pas daigné me saluer. Elle est ressortie avec ce magnifique foulard émeraude et doré que je m'arrachai depuis une semaine. Tout le monde sait que son mari la trompe avec des midinettes, qu'elle arrête de faire la maline! 

- T'es un peu dure, je trouve...

- Et toi, trop gentille. Un jour, tu vas te faire bouffer dans ce monde requin, rétorque mon amie! 

- Tu crois que je ne le sais pas... Cela doit faire des années que j'ai croisé quelqu'un qui me faisait un vrai sourire. Juste... être sincèrement heureux de me rencontrer. 

- Je suis désolée, chérie, mais avec ton statut, tu risques de vivre ça toute ta vie. Du brillant à lèvres? Il t'irait à ravir!

Je prend le gloss qu'elle me tendit en la remerciant. Elle se mit à redresser ses boucles flamboyantes. Qu'est-ce que cette fille peut être canon!

- Tu vas voir, il est piquant. Ca fait grossir les lèvres. Mais ne t'inquiète pas, c'est temporaire! Je n'ose pas imaginer la tête d'Arthur s'il se met à penser que tu as fais des injections. Ce serait trop drôle!

- Peut-être qu'avec ça, il me fichera enfin la paix. Sa mère a insisté pour m'emmener au spa la semaine dernière. Elle avait dû remarquer que je n'étais pas parfaitement épilée. Puis elle m'a offert un milkshake détox... Encore une fois, je ne sais pas comment le prendre. 

- Erk, cette femme m'horripile! Tu n'es même pas encore sa belle-fille qu'elle se permet tout sur toi. 

- J'espère que je ne le deviendrais jamais. Je ne fais que retarder ce moment mais à chaque fois que je me retrouve seule avec Arthur, j'ai peur qu'il me fasse sa demande, expliquais-je.

- Oh, ma pauvre... 

- On dirait que nos familles se sont vraiment mises d'accord pour nous marier. Je ne sais pas vraiment quoi faire. 

Je rend le gloss à Benedict. Elle fit un tour sur elle-même pour regarder son apparence. Son assurance et son élégance m'épateront toujours. On sortit des toilettes bras dessus bras dessous. 

Nous étions dans une grand bâtisse qui servaient d'exposition pour un célèbre artiste néerlandais. Ma famille y avait été invité et j'ai réussi à faire entrer Benedict pour ne pas que je meurs d'ennui. 
J'ai mal aux pieds. J'ai juste envie de m'enfouir sous une couverture en regardant un film policier. Nous entrons dans la grande salle de réception illuminée où les serveurs déambulaient entre les convives. Quelques regards se tournent vers nous et je baisse la tête, mal à l'aise. Je n'ai pas vu mes parents dans la foule. Nous nous dirigions vers notre table quand une voix m'interpella. 

- Violet, me feriez-vous le plaisir de danser avec moi?

Je regarde Frederik Denhmer de haut en bas avant de sourire. 

- Non, je suis désolée. J'allais justement m'asseoir. J'ai déjà bien assez dansé...

- Vous êtes sûre, parce que vous...

- A plus tard, Frederik, fis-je m'éloignant. 

- C'était qui, me chuchote Benedict? 

- Le fils d'un juge. Je ne sais plus lequel. Je l'ai rencontré un été dans un camps de richos où mes parents m'envoyaient. 

Je m'assis à une table au hasard pour éviter d'être à côté de ma famille. J'ai piqué la place d'une certaine Joanna. Je prend le petit coupon pour le cacher sous ma serviette. 

- Je vais nous chercher du champagne. Il m'a semblé voir une fontaine là bas. 

Benedict s'éloigna avec une grâce à m'en faire rougir. Je ne lui arriverais jamais à la cheville, c'est sûr. Je balaye la foule du regard avant de porter attention à un de mes ongles écaillés. J'aurai peut-être dû me payer une vraie manicure. Si j'avais mon propre argent, ce serait plus facile.

Dans cette salle, j'ai l'air d'être un inconnu à ce monde mondain alors que j'ai baigné dedans depuis ma naissance. Je suis certainement plus riche que la plupart de ces personnes. Ma famille fait partie de la noblesse française, les Fiducia, anciennement des ducs. Bien évidemment, la noblesse n'existe plus légalement et juridiquement. Mais nous possédons des titres nobiliaires. 

Quand on est un noble, on repose sur l'honneur, le rang, la dignité et l'héritage.
Mais je trouve que c'est surtout être marginaux au reste de la société. Je veux dire... On essaye de s'accorder des pouvoirs du passé. Et les gens me voient vraiment comme quelqu'un d'important. Mais je grince toujours des dents quand ils essayent de me parler et je reste muette la plupart du temps, comme une plante. En fait, ça n'arrange rien parce que ça attise encore plus l'attention. C'était presque un mythe sur l'héritière silencieuse...

Il suffit que je tousse pour que toute l'assemblée se tourne vers moi. C'est épuisant d'avoir tous cette attention hypocrite en permanence. 

Mon regard fut attiré par l'entrée de la réception. Je vis deux silhouettes entrer côte à côte d'un pas lent. L'une était féminine, enfin... C'était une femme à l'allure fatale, cheveux court et aussi noirs que sa robe. Je remarquai aussitôt sa silhouette musclée quand elle tendit la main pour prendre un verre. Elle est vraiment trop belle... Et à côté d'elle...

Je sens le feu me monter aux joues en apercevant l'homme qui était à sa droite. Ce regard... perforant et froid. Sa nuque était dégagée et rasée jusque près des oreilles. Et cette mâchoire bien dessinée... Je le suivais tellement minutieusement du regard que j'en manquais de tomber de ma chaise. Il faisait tout d'un coup très chaud. Je pris ma pochette afin de me faire un peu d'air. 

Benedict revint avec deux coupes de champagne. J'attrape la manche de sa robe et l'approche de moi. 

- Bene, c'est qui ce type?! 

Si vous voulez savoir à quel riche de la haute société vous avez affaire, demandez à Benedict White! Elle connait tous les noms et tous les potins, surtout des hommes à marier plutôt rentable. Elle se retourna vers là où je pointais.

- Hubert Valette? 

- Mais non, pas cet abruti! Celui derrière, avec le costume Boss noir et la coupe undercut. 

- Aaah, réalisa-t-elle. Oh... Tu parles d'Ackerman.

Son visage se transforma en quelque chose de plus taquin et sournois. Elle me tendit ma flute en s'essayant à côté de moi. Elle jeta au loin le petit papier qui affichait Angela quelque chose. 

- Je vois que tu ne perds pas le nord. C'est vrai que ce type a toujours eu un charme.

- Ackerman... Ca me dit quelque chose... murmurais-je. 

- Violet, tu vies dans une grotte? Ackerman Körperschaft, ça ne te dit rien? 

- Pas vraiment. 

Mon amie roula des yeux, un peu exaspérée que je sois très souvent dans les nuages. 

- Lui, c'est le petit fils du fondateur de l'entreprise, Livai Ackerman. Et à côté, c'est une de ses cousines, Mikasa je crois...

- Il n'a tellement rien à voir avec les autres hommes de cette salle, soupirais-je. Mais bon... il doit quand même être un fils à papa comme les autres. 

- Pas vraiment, rétorque mon amie en se raclant la gorge. Il bosse dans son coin, il me semble. Même s'il est connu comme étant un coureur de jupon, c'est un homme à marier. Son oncle qui est à la tête de l'entreprise n'a pas d'hériter direct. Tout va lui revenir. Tu imagines... vivre avec un milliardaire comme lui, ce serait le rêve. 

- Milliardaire? Mais qu'est-ce qu'elle fait donc cette entreprise? 

- Hum... C'est compliqué. Ils investissent énormément mais il y a une grosse rumeur qui planent autour d'eux. Ils auraient vendu des armes et le feraient encore d'ailleurs. C'est ce qui a fait démarrer l'entreprise au début des années 40. Et puis, Kenny Ackerman a toujours eu cet attitude de vieux mafieux. Mais les gens ferment pas mal les yeux dessus car ils rapportent un max de pognons dans leur action.

Je suis Livai du regard qui saluait quelques gens qu'il croisait et chuchotait à sa cousine. Il est vrai qu'ils se ressemblent même si elle a des traits asiatiques. 

- Ouah... Il t'a vraiment tapé dans l'oeil, remarqua Bene. 

- M...mais non, mentis-je en rougissant. 

- Même si il est riche, vous n'êtes pas du tout du même niveau tous les deux. Et puis, c'est certainement un sale type. 

- Il n'en a pas l'air comme ça. Tu es sûre que tu ne juges pas sur des "on dit"? Si son grand-père a vendu des armes, ce n'est tout de même pas de sa faute. 

- Ouh... La duchesse fait sa rebelle! Tu peux essayer d'aller lui parler. Peut-être qu'il te connait. 

- Arrête de m'appeler comme ça. Et puis j'aurai l'air ridicule. Il ne doit pas me connaître...

- Ne sois pas ridicule, Violet. Tout le monde dans cette salle te connait. T'as même pas besoin de te présenter. Tu vas juste foncer sur lui et l'emmener danser que ça passerait certainement. Cela fait trop longtemps que tu es célibataire...

Je repensais à la dernière histoire que j'avais eu qui remontait à 2 ans maintenant. Un garçon sans histoire qui s'appelait Alex. Je l'avais rencontré en accompagnant Iris, ma meilleure amie, à sa fac. 
Quand mes parents l'ont su, ils me l'ont tellement fait regretté que j'ai coupé net les ponts avec lui. Ils ne voulaient absolument pas créer de scandale sur notre famille. Si l'héritière avait fini avec un petit étudiant de Normandie, cela aurait fait jaser. C'était mieux pour sa sécurité car mes parents ne me l'auraient pas parmi. 

C'est à ce moment que j'ai vraiment réalisé que je ne pourrais jamais faire ce que je voudrais. Peu de temps après, on m'a présenté Arthur Schäfer, un politicien allemand. J'ai très vite compris les intentions de nos deux familles de nous marier. Mais j'essaye de faire de la résistance. Arthur ne m'intéresse pas du tout. Il n'a aucun charme ni conversation intéressante. Il porte ces vieux gilets en laine qui sentent la poussière et adore m'emmener à des courses de chevaux où je m'ennuie à mourir. Je n'ai pas envie de finir au bras d'un politicien véreux et passer mon temps enfermée dans un appartement à Berlin pour fuir la presse people. 

Cela fait des mois que j'essaye de trouver une solution pour me sortir de cette situation. J'ai juste envie de prendre mon petit frère et mes amies sous le bras puis prendre le premier avion pour fuir loin de cette vie. 

- Oui, tu as raison... soupirais-je en revenant sur terre.

- Tu imagines, rêvasse Benedict... Tu te maries avec ce bel homme et le seul problème qui tu auras jusqu'à la fin de ta vie sera de ne jamais remettre la même robe deux fois.

- Ce ne serait pas plutôt ton fantasme, ça? De un, le travail de ton père te permet d'avoir une robe différente chaque jour. Et de deux, tu vas lui devoir un héritier si tu épouses ce "mafieux", la taquinais-je. 

- Un héritier? Comment oserais-je gâcher cette plastique de rêve pour un môme, s'exclama-t-elle? Une mère porteuse fera très bien l'affaire. 

- On n'a pas ça en France, je te rappelle. 

- Hum... Peut-être en Allemagne...

Je regarde Bene prendre son portable afin de vérifier si son fantasme pourrait s'accomplir. J'esquisse un sourire devant la persévérance de mon amie. Je me tourne vers la salle où je remarquais les deux Ackerman adossés au mur en face de moi. Ils semblaient silencieux comme s'ils n'étaient pas enchantés d'être ici aussi. Mikasa buvait lentement sa flute.

Au bout d'un moment à les observer, mon regard croisa celui de Livai et je rougis avant de précipitamment tourner la tête. 

- Bon, je laisse tomber ce projet: il n'y a pas non plus de mères porteuses en Allemagne. Désolé Ackerman, on aurait eu de magnifiques bébés ensemble.

- Tu es sûre que tu n'exagères pas? 

- Il n'y a plus aucun espoir pour moi mais toi, tu peux tenter ta chance! 

Mon amie posa ma main sur mon épaule pour se donner un air dramatique. 

- Tu n'es peut-être pas la fille la plus jolie de cette salle mais tu pues l'argent! Tentes le coup. Tu n'as rien à perdre

- Pétasse, murmurais-je. Pourquoi je t'ai invité déjà? 

On se mit à ricaner toutes les deux.

- Oh, on dirait que tes frères font connaissance avec les Ackerman, fit Bene en pointant le bout de la salle. 

Je me retourne et vois Gilbert faire une poignée de main à Livai. 

- On dirait qu'ils se connaissent déjà.

- Normal, les Ackerman sont déjà venus à ce genre de soirée. C'est juste que tu ne les as pas remarqué puisque tu vies constamment dans ta bulle. 

Gilbert balaya la salle du regard avant de tomber sur nous. Merde! Ils m'ont retrouvé. Heureusement que mes parents n'étaient pas avec lui. 

- Oh, ils viennent par ici, remarqua Benedict. Il est temps pour moi de tirer ma révérence. 

- B...Bene! Tu ne vas pas m'abandonner comme ça?! Pestais-je en voulant la retenir. 

- Tes frères ne m'aiment pas et puis, ce n'est certainement pas moi que les Ackerman veulent rencontrer. Ne t'inquiète pas. Fais comme d'habitude: souris et donne l'impression de ne rien comprendre pour que leur égo soit bien gonflé. 

Je regardais mon amie s'éloigner entre les tables en soufflant le mot: "traîtresse" entre les dents. Je bois vivement le reste de mon champagne pour me donner du courage avant de vite chercher mon miroir dans ma pochette. Mais je n'eus pas le temps qu'ils étaient déjà tous à ma rencontre. Du calme Violet, tu as déjà rencontré des centaines de personnes de ce genre. 

Je me levais calmement en défroissant ma robe et affichait mon beau sourire soutenu. Gilbert se planta à côté de moi. Son parfum vint me chatouiller le nez. De quoi bien me donner envie d'éternuer. 

Les deux cousins étaient juste devant moi. Je n'osais pas regarder Livai de trop près pour ne pas me trahir. 

- Je vous présente ma sœur cadette, Violet Marie Fiducia. 

Ils avaient tous les deux cet air désintéressé. On aurait dit que toutes ces présentations étaient fausses et que personne n'étaient enchantés d'être ici. Je maintiens mon sourire qui sort presque de l'hypocrisie. 

- Ma chère sœur, voici Mikasa et Livai Ackerman de Ackerman Körperschaft. 

Je saluais la noiraude d'un geste léger et tendis la main par habitude pour que Livai me fasse un baise main. C'était coutume au vu de mon rang mais je n'ai réalisé mon geste que par après. La main chaude de Livai la souleva afin que ses lèvres touchent négligemment ma peau. Son regard se releva sur moi. Il avait les yeux extrêmement clairs et intimidants. Je sentais comme un poignard transpercer mon ventre. Ce moment ne dura qu'un instant mais il nous fallut un moment pour que nos regards se détachent. Je devinai mes oreilles rougir.

Mikasa était vraiment grande et élégante comme son cousin. Je restais un moment interdite avant de réaliser que je me sentais petite car je ne portais plus mes chaussures. Je les avais enlevé en m'asseyant car elles me faisaient mal. Merde! J'espère qu'ils ne l'ont pas remarqué! Les pieds ne sont pas la première chose que l'on regarde chez quelqu'un, n'est-ce pas? 

- Inutile d'essayer de converser avec elle, rétorque mon frère. Les affaires ne sont pas sont forts. Et elle est assez insouciante sur la vie active. Violet va bientôt se marier avec M. Arthur Schäfer. Je sais pas si vous avez déjà entendu parler de lui, il...

Pendant que Gilbert continuait de discuter avec eux, je lui lance un regard noir discrètement. Ce n'est que pas que je ne suis pas intéressée par le travail, c'est tout simplement qu'ils me refusent l'accès à mes études. Je dois suivre des cours par correspondance secrètement.

Je cherche Benedict du regard. Elle a vraiment filé très loin. Et à mon plus grand malheur, je vois Arthur arriver avec deux flutes. Je cherche du pied mes chaussures et les enfile prestement. Livai me regarde faire sans me trahir. J'attrape ma pochette. 

- Ah, mon ami! Je parlais justement de vous, fit mon frère à Arthur. Vous connaissez les Ackerman? 

Je fuis le petit cercle qui s'était formé en cherchant mon amie. J'aurai préféré éviter de me ridiculiser devant eux. Ils ont bien dû me prendre pour une idiote. C'est bien dommage, ce Livai Ackerman était vraiment mon genre. 

___

Je regardais une vidéo un peu ennuyante sur la structuration d'une tige monocotylédone quand la porte de ma chambre s'ouvrit brusquement. Ma mère apparut, toute remontée, son portable à la main. Je fermais vite mon PC portable afin qu'elle ne voit pas sur quoi je travaillais. 

- Je viens de parler avec Luisa. Il paraît que vous avez refusé de prendre un thé chez elle aujourd'hui. Elle est extrêmement déçue. 

- J...j'avais des choses à faire, expliquais-je. 

- Elle était venue de Berlin spécialement pour vous. Vous êtes vraiment égoïste. Vous me mettez dans un tel embarras! Il s'agit de votre future belle-mère. 

- N...non, pas encore. Arthur ne m'a pas demandé en mariage. 

- Et vous ne lui facilitez pas la tâche. Vous annulez chaque rendez-vous que le pauvre homme vous propose. Vous allez avoir 22 ans, Violet, et il est temps que vous vous comportiez comme une adulte. Je ne vais pas vous garder ici indéfiniment. 

Etonnement, elle restait loin de moi. D'habitude, elle se serait ruée et m'aurait sûrement traîné sur plusieurs mètres dans la pièce en me hurlant dessus. Ma mère n'avait jamais été tendre avec moi mais j'ai supposé que son calme venait de ses médicaments ou de la piqure qu'elle s'était faite ce matin. 

- Nous sommes invités chez eux le week-end prochain. J'ai dû vous acheter une nouvelle robe que Fanny vous donnera. Ne me faites pas honte! 

- Mère... je viens de rentrer d'Angleterre. Je ne vais pas repartir en Allemagne dès demain?

- Ne me sortez pas l'excuse du jet lag. Vous avez eu tout votre temps de vous reposer et vous n'êtes pas sortie depuis deux jours. 

- Les paparazzis sont plantés à l'extérieur... 

- Evidemment! Tout le monde attend de vous voir avec votre bague de fiançailles! Je crois qu'Arthur vous a acheté un dix carras! Vous imaginez? 

- Non... Je n'en ai pas envie, soupirais-je. 

- Cessez de faire l'enfant! Evitez de trop manger pour paraître fine sur les photos, fit-elle en sortant. 

La porte claqua derrière elle. Je reste assise à ma chaise de bureau sans bouger pendant plusieurs minutes. Je réfléchissais à vive allure. J'essayais de trouver une excuse pour ne pas aller en Allemagne. Si je me cassais la jambe en tombant dans les escaliers, peut-être que ça marcherait. Ou je peux peut-être essayer de tomber malade. Je rend visite à Kiama qui est une interne à l'hôpital. Je m'approche malencontreusement un peu trop près d'un patient et boum! Une vilaine grippe!

Je souris légèrement. Ce serait presque trop facile. J'attrapai mon téléphone et tombai sur mes dernières recherches Instagram. Hum... j'ai peut-être essayé d'en savoir plus sur l'hériter Ackerman. Cela aurait été facile s'il n'était pas un vrai fantôme. Aucun réseau social, sur aucune photo de l'entreprise. Les seuls clichés de lui viennent des paparazzis et des articles de magazines people. 

Même si Benedict m'a dit qu'il avait la réputation d'un coureur de jupons, ces rumeurs ne sont fondées sur rien. Il n'est jamais en compagnie d'une femme mise à part une blonde qui semblait être son ex petite amie. De toute façon, c'est quelqu'un de très discret donc il est difficile d'obtenir des informations sur lui. 

Et puis, je me suis sentie un peu ridicule à forcer mes recherches sur un homme avec lequel je n'avais même jamais parlé. Nous nous étions seulement échangés des regards complètement insouciants dans la soirée. Mais Benedict a peut-être raison: il était sûrement là pendant d'autres évènements sans que je m'en rende compte. Je suis tellement souvent dans la lune. Et j'évite les regards avec tout le monde pour que personne ne vienne me parler.
Mais un type comme lui, ça ne s'oublie pas. Je me souviens encore de son regard quand il a légèrement embrassé ma main. Et je ne peux m'empêcher de rougir dès que j'y pense. Rien à voir avec cet imbécile d'Arthur qui me remplit d'embarras. Livai Ackerman m'a complètement envouté alors que je n'ai même pas entendu sa voix. Et la seule chose qu'il a dû retenir de moi était que je me baladais aux réceptions pieds nus. 

A penser à lui, je n'ai trouvé aucun solution en ce qui concerne Arthur. Il ne va tout de même pas me faire sa demande devant tout le monde?! Je vais mourir de honte et je serai incapable de lui répondre. 

___

C'est la boule au ventre que j'avançais dans la salle de bal au bras d'Arthur. Ma robe me serrait au point de me couper le souffle. Je sentais tous les regards braqués sur nous dont celui de ma mère et Luisa qui me pressurisaient. Sans le vouloir, je posais ma pochette contre ma poitrine pour cacher ce que je pouvais. C'était pour peu que j'allais la mettre sur mon visage. 

Je me sentais vraiment seule. Il n'y avait ni Benedict, ni Iris. Que tous ces gens... que je déteste du plus profond de mon cœur. J'avais la tête baissée. Je ne regardais même pas où Arthur m'emmenait. Je le suivais comme une poupée automate, près à fuir si l'occasion se présentait. 

- Oh, Gilbert! Je vois que vous n'avez pas perdu de temps! Vous voilà en agréable compagnie. 

Je lève mon regard pour d'abord croiser celui de mon frère avec ma belle-sœur. Puis à mon grand étonnement, il discutait encore avec les deux cousins. Je ne savais pas qu'ils avaient été invités. Après tout, on était en Allemagne, sur leur terre natale mais je ne pensais pas qu'Arthur entretenait des liens avec cette entreprise.

A eux, c'était ajouté un grand brun aux cheveux longs attachés par un chignon. Il avait de grands yeux bleus bordés par des tâches de rousseurs sur une peau bronzé. Bon, j'ai compris: cette famille n'attire que des personnes hyper branchées. Ce type pue également le beau gosse. Je soupire. J'ai l'air bien idiote au bras de ce fils à papa. 

- Vous vous souvenez de Violet? 

Je vis aussitôt Livai réagir en s'avançant vers moi. Je compris qu'il attendait que je lui réclame à nouveau un baise main. Je levai fébrilement la main. J'avais lâché sans le vouloir Arthur. 

Son regard glaçant se plongea à nouveau dans le mien. Je sentis un frisson dans mon bas ventre.

- M...M. Ackerman, soufflais-je. 

- Mlle. Fiducia. 

Je serrais ma lèvre inférieure sans le vouloir. Je remarquai Mikasa lever légèrement les yeux au ciel avant d'agripper le brun à côté d'elle. 

- Je vous présente Eren Jaeger, mon fiancé. 

J'avais donc la réponse du beau jeune homme à côté d'elle. J'avais devant moi la définition du couple glamour. Le brun sembla hésité de me donner un baise main également mais Arthur me tira en arrière. 

- Allons danser, Violet. 

Il m'éloigna un peu contre mon gré du groupe. Je jette un regard malgré moi vers Livai dont l'expression n'a pas changé. Il avait mis ses mains dans ses poches négligemment. J'étais contente de l'avoir vu ne serait-ce que quelques secondes. 

- Vous ne pensez pas vous avez été impoli, fis-je à Arthur? Je n'ai pas eu le temps de saluer Mlle. Ackerman et M. Jaeger. 

- Vous connaissez les Ackerman? Demanda-t-il en ignorant ma question. 

- N...non. 

Il m'emmena sur la piste de danse au milieu de tous les invités. Je pouvais deviner le regard de nos mères, aux anges. Je retins un air de dégout quand je sentis sa main sur ma taille. J'ai toujours détesté danser avec lui. Il me marche tout le temps sur les pieds. Et je n'ai absolument pas la robe adaptée. 

J'évite le regard d'Arthur pour regarder droit devant moi. Je me sentais vraiment mal à l'aise. J'avais peur qu'à tout instant la musique s'arrête. Si ce moment arrive, ce sera la fin. Arthur va se mettre à genou devant ces centaines de personnes et je serais bloquée. Je ne veux pas que ça arrive.

- Je suis content que vous soyez venus.

Ces paroles me glacèrent le sang. Je recule légèrement contre ma volonté, comme pour essayer de m'échapper de cette situation. Ce moment me donnait l'impression de durer une éternité alors ce n'était que quelques minutes. Une idée, vite!

- Violet, je...

J'eu un léger sursaut. Je m'éloigne de lui brusquement pour arrêter la danse. 

- J...je dois y aller. Je vais me repoudrer le nez. 

Il attrapa mon poignet pour me retenir. Mais je réussis à m'en défaire pour vite fuir la salle en attrapant ma pochette. J'espère que mes parents ou mes frères n'essayent pas de me suivre pour me ramener vite fait bien fait. Je m'enfonce dans les couloirs du domaine pour trouver un endroit où je n'entendrai même pas cette musique agaçante. Je croise des membres du personnel et vole au saut rempli de glaçons et d'une bouteille de champagne. Ils me regardaient faire, les yeux ronds, pendant que je marchais à grands pas dans le couloir avec mes talons. 

J'ouvre une petite porte de service qui m'emmena à l'extérieur de la bâtisse. Il faisait presque nuit noire. Je descendis les grands escaliers en pierre avant de m'asseoir dessus. Je dois avouer que je n'avais pas très chaud mais c'était toujours mieux que retourner dans cette pièce.

Je fouille dans ma pochette pour prendre une vogue et la porter à ma bouche. Un coup de vent fit voler mes cheveux pendant que je cherchais mon briquet. 

- Fais chier! 

Je n'avais certainement pas envie d'y retourner en sachant ce qui m'y attendait. Je regardai le seau à côté de moi et pouffai de la situation ridicule. Je reposais ma pochette en soupirant. 

- Tu sais que c'est mauvais de fumer, gamine?

Je me fige en entendant une voix derrière moi. Je me retourne vivement sur la défensive. On m'avait retrouvé si vite. Livai Ackerman descendait calmement les marches pour arriver à ma hauteur. Je rêve ou il venait de me tutoyer et de m'appeler gamine? 

Il me tendit la main sans me regarder. 

- Tu m'en passes une? 

Non mais c'est quoi cette hypocrisie?! Et qu'est-ce qu'il fait là d'ailleurs?

- O...on vous a suivi, répondis-je enfin en fouillant pour sortir une autre vogue?

- Pas à ma connaissance. Pourquoi? T'as des choses à cacher?

Il me prit la cigarette des mains pour l'allumer. Il s'assit calmement à côté de moi comme si on était des amis de longues dates. Je me passe des mèches de cheveux derrière l'oreille nerveusement. 

- Si mes parents venaient à me trouver ici, ils me tueraient. 

- Pourquoi? T'es adulte, remarqua-t-il en me tendant son briquet où était gravé la lettre A. 

- V...vous savez qui je suis au moins? 

Peut-être qu'il est tellement dans son monde qu'il n'a même pas écouté mon prénom ou l'a juste oublié.

- T'es la fille des Fiducia, le duc de je sais plus quoi et je m'en fous. 

Je souris légèrement à sa remarque. Il était tellement plus familier qu'à notre première rencontre et plus bavard soit dit en passant. 

- Oui. Donc je vous laisse imaginer leur tête s'ils me retrouvaient ici, près de l'arrière cuisine pour me cacher. 

- Tout le monde a remarqué ta fuite. T'as laissé ton fiancé en plan en plein milieu de la salle. 

- Arthur n'est pas mon fiancé, répondis-je froidement. 

J'allume ma cigarette avant de lui rendre son briquet. Je rabat mes jambes sur la marche devant moi de sorte à ce que je puisse les coller contre moi. Je ronge négligemment mon ongle quelques secondes. 

La présence de l'homme qui m'obnubile depuis quelques jours, juste à quelques centimètres de moi, me mettait mal à l'aise. Surtout qu'il était beaucoup moins sur la réserve que les autres hommes que j'ai rencontré, à venir me tutoyer. Cela m'avait tellement perturbé que je ne l'avais pas corrigé. 

- J'ai dû mal comprendre, lâcha-t-il enfin après un long silence. 

- C'est un peu plus compliqué que ça. Certes, toute ma famille clame que je vais épouser cet homme mais... je n'en ai pas envie. 

- Bah dans ce cas, refuse, répondit-il du tac au tac. 

Je me mis à ricaner légèrement avant de tirer sur ma vogue. 

- Si c'était si facile... Depuis que je suis toute petite, ma vie est programmé aux mouvements près. Tous mes faits et gestes sont surveillés et analysés. La place que j'ai dans cette société ne me permet pas de pouvoir faire mes propres choix. C'est un peu... frustrant... et le mot est faible. Vous devez me comprendre puisque vous êtes aussi un héritier. 

- T'es riche parce que t'es noble. Je suis riche parce que mon grand-père s'est tué au travail. Ce n'est pas la même chose. 

- Reprochez moi d'être née dans cette famille pendant que vous y êtes, pouffais-je. 

- Ce que je veux te dire, c'est que t'as juste à mériter ta place et forcer pour ta liberté. 

- On voit que vous n'y connaissez rien dans la nobilité, M. Ackerman. Même si nous sommes au XXIème siècle, le choix des femmes est encore limité. Je ne peux pas faire n'importe quoi. Même si je ne suis pas duchesse, je dois tenir un rôle dans ma famille. Arthur Schäfer est un politicien important dans votre pays. Cela semblait assez logique pour ma famille car il est riche et important sans pour autant être noble. 

- J'ai toujours cru que les nobles se mariaient entre eux, soupira-t-il. Histoire de bien garder votre argent pour vous. 

- C'est le cas, mon frère est marié à une lady car c'est le descendant de mon père. Vu que je suis une femme, je ne possède pas ce titre. De toute façon, les nobles ne valent plus rien en France, ricanais-je. Mais parlons d'autre chose, rien que d'y penser, ça me fout le cafard. 

Je me crispe quelques instants avant de refouler un frisson. J'ai la chair de poule. 

- Pardonnez mon langage. 

- "Ca me fout le cafard", c'est le plus vulgaire que tu peux me sortir?

J'esquisse un sourire. Je réalise qu'il n'est pas du tout de ce monde, en fait. Dans un sens, cela m'a rassuré. Pendant un instant, je l'ai imaginé aussi coincé et inaccessible que les autres hommes que j'ai rencontré. 

- Hum... Une vieille habitude de m'excuser. 

Il se contenta d'acquiescer légèrement. Je mouille légèrement mes lèvres avant de tirer sur ma vogue. 
Il est encore plus beau de près. Je veux dire... je l'avais déjà vu évidemment, mais là... Il est juste à quelques centimètres de moi. Il a les traits parfaits, typiques de ces acteurs dans les films à l'eau de rose dont toutes les filles s'arrachent. A l'exception qu'il a une expression terriblement neutre peu importe ce qu'il dit. Je dirais même qu'il a un visage fermé qui dégage une certaine froideur. Il me jeta un bref coup d'oeil. 

- Je rêve ou tu me mates? Pesta-t-il. 

- Désolée, vous êtes tellement différent de tous les types j'ai croisé à ce genre de soirée. 

- Tu sais... ça fait des années que je connais les Schäfer, ou même tes frères. 

Je fouille dans mes souvenirs les plus lointains que j'ai dans ce manoir et aux nombres de fois où je suis venue mais son visage ne me revint pas. 

- Je...

- T'étais juste constamment dans les nuages et t'as jamais fait attention à ce qu'il se passait autour de toi, sermonna-t-il. 

- M... mais alors... vous me connaissez depuis longtemps? 

- Tch... Tout le monde te connait, gamine, fit-il en haussant un sourcil. 

Je forme un petit "o" avec mes lèvres en réalisant que Livai était dans ce genre de soirée depuis des années et que je ne l'avais jamais remarqué. 

Gamine? C'est un peu malsain comme surnom, non? 

- Après, va pas croire que je trouve ta famille intéressante. J'en ai rien foutre du titre dont j'ai oublié le nom avec lequel vous vous pavanez. Dès que tes frères viennent me causer, j'ai juste envie de leur enfoncer leur coupe dans le gosier. 

Je ricane légèrement. 

- Oh, vous n'êtes pas seul. Chaque personne que je croise à ces soirées me donnent envie régurgiter mon champagne. 

- "Régurgiter"? On s'améliore...

Je jette un oeil au seau à côté de moi qui n'avait pas bougé. En parlant de champagne... Je le soulève et laisse goûter l'eau afin de ne pas trop me mouiller. J'écrase le reste de ma cigarette avec ma chaussure afin de prendre la bouteille à deux mains. 

- Besoin d'aide, demanda le noiraud qui me surveillait du coin de l'oeil?

- Merci mais je suis assez grande pour ouvrir une bouteille toute seule, fis-je en retirant le papier doré. 

Je détortille le fil de fer minutieusement, un peu énervée de toujours sentir son regard sur moi. Il devait attendre le moment où je laissais tomber pour lui donner la bouteille. Je n'allais pas lui donner raison. 

Quand il fallut s'attaquer au bouchon, je me tourne vivement vers mon voisin. 

- M. Ackerman, auriez vous l'obligeance d'arrêter de me scruter ainsi? Cela me met très mal à l'aise. 

Il haussa les sourcils et plissa les yeux, me faisant bien comprendre qu'il n'y croyait pas un mot. Mais obéis fort heureusement. Il resta silencieux quelques secondes à consumer sa cigarette avant d'écarquiller les yeux en m'entendant ouvrir la bouchon du premier coup. Mon égo se regorgea d'un coup. 

- Hum... Un coup de chance, murmura-t-il. Ou bien... t'as une vie secrète de fêtarde.

- Je vais à la fac, Ackerman. Evidemment que je suis une fêtarde! Du champagne? Fanfaronnais-je en lui tendant la bouteille. 

- Les dames d'abord. 

Pendant que je buvais plusieurs gorgée de l'alcool pétillant, Livai écrasa également sa cigarette. Je lui tendis à son tour la bouteille. 

- Tu vas à la fac? C'est pas ce que m'a raconté ton frangin. 

- Il en sait rien, marmonais-je en m'accoudant à mes genoux. Ma famille ne voulait pas que je commence des études... Une perte de temps d'après eux mais c'est juste qu'ils voulaient me garder dans leurs joucs. J'ai donc dû m'inscrire en secret à des cours à distance mais c'est assez compliqué de suivre avec la vie qu'ils veulent que je mène. Je dois toujours me balader à chaque mondanité et évènement dans différents pays. 

Je repris la bouteille de ses mains après qu'il ait fini de boire. 

- Ma foi, t'as pas tord. Hé, siphonne pas tout trop vite! J'ai pas envie de devoir te tenir les cheveux pendant que tu dégobilles.

- Ne vous inquiétez pas, je tiens bien l'alcool. 

___

J'ouvre nonchalamment les portes de la cuisine en trainant le noiraud derrière moi. Je me balade entre les plans de travail. Les cuisiniers nous regardaient d'un drôle d'air sans rien dire pour autant. 

- Voilà. C'est ici qu'on pourra trouver notre bonheur, clamais-je un peu fort en ouvrant un à un les frigos. 

- Tch... Je ne pensais pas que je me retrouverais ici à fouiller les placards. 

Je ricane légèrement en sortant une nouvelle bouteille qui dormait tranquillement avec ses consœurs. 

- Ne vous inquiétez pas, ils ont l'habitude de voir débouler des gens ici pour voler dans les plats. Et ils me connaissent, je fais partie de ces gens, expliquais-je en pointant les employés. 

- Je vois...

Je roule la tête avec un sourire bête aux lèvres avant que mon regard tombe sur une pâtisserie. Enfin... plutôt un plateau rempli de pâtisseries. 

- Oh, j'ai une faim de loup, soufflais-je en trempant mon doigt hasardement dans le chocolat. 

Je le porte à ma bouche et gémis de bonheur. Livai tapotait le plan de travail en regardant autour de nous. 

- Vous êtes nerveux, Ackerman? Pas l'habitude de traîner avec le "bas peuple"? Si vous osez les appeler ainsi...

- Dis pas de la merde! J'ai pas besoin de trois personne à mon cul pour me servir...

- Ah, vous pensez vraiment ça de moi, soupirais-je avant d'engouffrer complètement la pâtisserie dans ma bouche?

- Pour l'instant, t'es entrain de me prouver le contraire. C'est pas n'importe quel noble qui irait se bourrer au champagne dans les cuisines d'un domaine. 

- Je ne suis pas bourrée, pestais-je en m'essayant sur le plan de travail! 

- Bien sûr, gamine...

- Arrêtez de m'appeler comme ça. C'est juste... glauque.

- Glauque? 

Je mange une autre pâtisserie avant de lui répondre:

- On dirait que vous parlez à une enfant alors qu'on a quoi... hum... 5 ans d'écart? 

- 30, m'indiqua-t-il en se pointant du doigt. 

- 21. Bon... ça nous fait 9 ans d'écart, corrigeais-je. Vous faites plus jeune que ce que vous êtes. 

- Merci? 

- Non sans rire, c'est quoi votre secret? Ma mère me traîne dans tous les instituts de beauté possibles pour me rajeunir et veut même me faire de la chirurgie. Vous, vous avez 30 piges et vous ressemblez à ces beaux acteurs que toutes les filles veulent baiser. Oh... si ça se trouve, c'est ça. Vous avez fait de la chirurgie? 

- Non, s'indigna-t-il! Tu devrais arrêter pour ce soir le champagne. 

Je l'ignore en prenant encore une pâtisserie, cette fois à la fraise. 

- Tu comptes vraiment piller ce plateau?

- J'ai vraiment faim. Vous ne savez pas le nombre de repas que j'ai sauté pour rentrer dans cette robe! 

Il fronça les sourcils en me regardant de haut en bas. 

- C'est complètement débile de faire ça! 

- Dites le plutôt à ma mère, soupirais-je. A manger toutes ces desserts, je vais être obligé de la dégrafer. 

Cette fois, c'était un regard différent qu'il me lança. Le même regard que lorsqu'il m'avait fait le baise main. Je faiblis un peu et regarde devant moi pour chercher d'autre chose à voler. Mon regard tombe sur une personne qui venait de rentrer dans les cuisines et qui n'était pas un employé. Je tressaille: 

- Merde! C'est ma mère!

Je descend vivement du plan de travail pour me cacher derrière. Livai eut heureusement le reflexe d'en faire de même. Je l'entendis demander aux cuisiniers s'ils m'avaient vu. Ils ne me trahirent pas et dire que non. Je soupire de soulagement et tombe sur Livai qui me fixait. 

- Ils doivent te chercher, murmura-t-il. Tu ne devrais pas y retourner? 

- Je n'en ai pas envie. Si j'y retourne, Arthur va... 

Mes mots se perdirent dans ma gorge. J'attendis que ma mère sortent des cuisines pour me relever et adresser un merci aux cuisiniers. 

- Dans ce cas, on devrait aller ailleurs... 

Je masse mes joues qui sont chaudes à cause de l'alcool. J'acquiesce de la tête pour le suivre. 

- O...On ne prend pas le champagne? 

- La première bouteille t'a pas mal assommé, duchesse. On va éviter que tu dépasses tes limites. 

Le nouveau surnom m'a tellement perturbée que je n'ai pas insisté pour la prendre. On sortit donc des cuisines en inspectant les couloirs. 

On montait les escaliers pour être sûr de ne pas croiser d'invités. L'alcool m'empêchait de me calmer et je ricanais pour rien. Je ne pouvais pas voir où en était le noiraud car il était particulièrement discret. 

On s'est en quelque sorte perdu dans le manoir. J'étais incapable de reconnaître l'endroit. Même en inspectant les tableaux moches qui prônait dans les couloirs, je me suis arrêtée devant l'un d'eux que je reconnaissais très bien. 

- Erk... Dire que je vais bientôt devoir poser avec ce type. On est en 2023! Qui fait encore son portrait? 

- J'ai un portrait, rétorqua Livai. 

- Oui et bah, je n'y peux rien, soupirais-je en retirant mes talons. 

- C'est étrange que l'on ait croisé personne ici. 

- Ils sont tous dans la salle de bal. Ils n'ont pas de raison de venir par ici. A part peut-être les amants qui se retrouvent secrètement dans les chambres. 

Je soulève l'ambiguïté de ma phrase et rougis. Ce ne fut pas le cas de Livai qui haussa simplement les épaules. Je me relevais. Désormais pieds nus, je réalisais que Livai était plus grand que moi de quelques centimètres. 

- Ils sont trop coincés pour faire ça, répondit-il seulement. 

- Hum... Vous avez peut-être raison. C'est avec une amie qu'on s'imagine ce genre d'histoire pour passer le temps. 

- La rousse qui a filé la dernière fois? Vous aviez l'air de potasser sur tout le monde avant qu'on arrive. 

- Oui, j'ai la possibilité de quelque fois l'amener à ces soirées. Elle les redore aussitôt. Je ne m'ennuie jamais avec elle. Venez... qu'on s'éloigne de cet horrible portrait. Je sens le regard d'Arthur sur nous. 

Je lui tire le bras pour l'éloigne de ce couloir de l'enfer remplis de tableaux des Schäfer. 

- Pourquoi? Ca ne lui plairait pas que je sois avec sa fiancé? 

- Je ne suis pas sa fiancé, rétorquais-je vexée. Et puis, je pense qu'il ne vous aime pas. Il m'a trimballée vers la piste de danse tellement vite que je n'ai pas eu le temps de saluer votre beau-frère. Il semblait énervé que je vous salue...

- Il avait senti quelque chose? 

Je me retourne vivement et réalise que je ne l'avais lâché. Mal à l'aise, je reste ballante à essayer de comprendre ce qu'il sous-entendait. 

- E...entre nous, balbutiais-je fébrilement? 

- Je ne sais pas. Qu'est-ce que t'en penses, duchesse? C'est dans tes habitudes de faire ça? 

Je reste interdite quelques secondes, mon regard s'alternant entre le couloir vide et le noiraud.

- C...ça quoi? 

- Tout ça. S'alcooliser, voler dans les cuisines et fuir dans un domaine avec un gars que tu connais à peine? 

- Je... Ca égaille un peu la soirée. Et je fuis surtout Arthur, répondis-je calmement.

- Je vois, marmonna-t-il en s'éloignant les mains dans les poches.

Je venais de manquer quelque chose? Je ne comprenais plus trop la situation. Il resta prostré dos à moi devant la fenêtre. Je lance à nouveau un regard vers le couloir vide. Je m'amusais bien depuis le début de la soirée avec lui. Le champagne me donnait un gain de confiance en soi. 

Je m'approche lentement de lui et pose ma tête sur son épaule.

- Vous êtes vexé?

- Pourquoi je le serais, fit-il en tournant son visage vers moi?

Mes yeux se perdirent sans le vouloir dans les siens. Je rougis un peu plus. En fait, je m'étais trompée, ces yeux n'étaient pas vraiment gris... ils tiraient plus sur le bleu au niveau de ses pupilles. Cela le rendait encore plus atypique. 

- Vous êtes... vraiment séduisant, lâchais-je sans réfléchir. 

L'instant d'après fut lunaire. Je me suis hissée sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Enfin, ce fut hasardeux et j'avais atterrie plus à la commissure de ses lèvres. Mais quand je me suis éloignée, il attrapa ma tête pour m'embrasser plus concrètement. 

Oh, merde! J'ai vraiment agi sans réfléchir aux conséquences. Il m'en fallait vraiment peu pour monter. 

Sa main s'est entremêlé dans mes cheveux et a caressé du pouce mon oreille. Ses lèvres suivaient un rythme parfait avec les miennes. Un mouvement à me faire monter sur un petit nuage. C'était parfaitement concordé. Aucun de nous deux n'avait vraiment le contrôle. Ma main frôla sa nuque rasée et je trouvais ça plutôt agréable. 

Il embrasse vraiment bien. Il sait mélanger la passion et la douceur. Son corps se compressa contre le mien et je me retrouvais collée à la fenêtre. Si quelqu'un venait à passer dans le jardin, il nous verrait s'échanger ces "galocheries" sans retenu. 

Aucun homme ne m'avait fait un effet pareil, j'avais envie de tout abandonner et courir quelque part pour qu'il me consume. Mon cœur manquait de sortir de ma poitrine et la température de mon corps avait augmenté d'un coup. Sa main attrapa ma cuisse pour la relever légèrement. J'avais mes bras autour de ses épaules et croisés derrière sa tête. Je voulais rester ainsi pendant des heures. 

Ses lèvres s'éloignèrent des miennes et j'étais presque déçue que nos baisers s'arrêtent. Je relevais son regard glacial qui me réchauffa plus qu'autre chose...

- Alors, "j'égaille" bien ta soirée? 

- Ca va, susurrais-je en rentrant dans son jeu. 

Sa main frôla ma hanche puis mes côtes. Je frémis.

- Je peux m'arranger pour faire mieux. 

Il enfonça sa langue contre une de ses joues, me lançant un regard lourd. Une idée semblait germer dans son esprit. Je m'attendais à ce qu'il m'embrasse à nouveau mais il attrapa le bas de ma robe pour la faire glisser le long de mes cuisses. Ma respiration lâcha. Je sentis comme un bond dans mon excitation. 

Il tomba à genou en face de moi, concrétisant son intention. Il releva encore plus ma cuisse. J'étais incapable de soutenir son regard. Je me détourne vers le couloir. 

- Vous ne pensez pas que c'est un peu dangereux de faire ça ici? 

Je n'ai eu en réponse que ses doigts qui remontaient le long de ma cuisse fiévreuse. Ses lèvres se pressèrent contre mon centre et je frémis de nouveau. 

Cela faisait vraiment longtemps que j'avais fait l'amour. Je n'aurais vraiment pas parié sur cette soirée pour me remettre sur pied. Et encore moins avec Livai Ackerman. 

Ma voix se perdit encore quand il écarta ma culotte. Il me lança un regard comme pour chercher un refus de ma part. J'aspirai ma lèvre inférieure entre mes dents. Et je décidais d'avouer timidement: 

- Je n'ai jamais fait ce genre de chose, M. Ackerman...

- Déjà, c'est Livai. Et... voilà une raison de plus pour découvrir la chose. 

Il m'avait semblé le voir esquisser un sourire. Il s'approcha lentement de moi, comme pour me taquiner. Je me redresse sans naturelle et réalise au bout de plusieurs secondes que sa langue avait commencé à caresser mes plis. Je tressaille.

Je m'accroche painement à la statue qui est à côté de moi alors que sa langue remonta pour rencontrer ma boule de nerf. Cette rencontre fut brutale et mes hanches vacillèrent malgré moi. 

Oh... C'était agréable, vraiment agréable... J'adorais la manière dont il empoignait ma cuisse et suçait à la perfection mon clitoris. Très vite, j'étais devenue trop sensible et accros à ses caresses buccales. Mon corps faisait des vagues. Heureusement que j'avais des appuies car il manquait de peu que je tombe. Livai s'écarta et je fus aussitôt frustrée. 

- Ce n'est pas que je n'aime pas tes gémissement, duchesse... Loin de là... Mais évite d'ameuter tout le château ici. 

Il en profita pour retirer ma culotte qui semblait le gêner. C'était comme avec plaisir qu'il s'enfouit à nouveau entre mes jambes. Mon souffle est dévastateur... comme ses coups de langues et je perdais à peu plus de bon sens à chacun d'entre eux. 

J'étais entrain de vivre la chose la plus obscène et merveilleuse en même temps. 

Je ne fus même pas gêné quand quelque chose d'humide commença à glisser le long de ma jambe, sûrement un mélange de mon excitation avec sa bave. Ni même en écoutant les bruits de sucions qui résonnaient dans le couloir. Même si j'essayais d'être silencieux, c'était de plus en plus compliqué en parallèle à mon plaisir qui augmentait, comme un feu ardent au creux de mes cuisses... comme une alarme qui me criait que ce qui m'arrivait était dangereusement incroyable. 

- Oh, merde... Oh, merde... 

Mes jambes tremblaient sous mon poids, même si Livai soutenait une grande partie, à accrocher mes hanches et m'invitant à remuer contre sa bouche. Il restait concentré sur sa tâche, fredonnant légèrement. 

Bordel de merde, je ne vais pas tenir longtemps comme ça. Cela devenait de plus en plus compliqué de se concentrer. Je n'avais même pas eu besoin de penser à quelque chose de salace, que je sentais l'orgasme arriver. La capacité de formuler un seul mot était perdu. 

Il a dû sentir que j'arrivais à ma fin, sûrement grâce à mes gémissement de plus en plus insistant. Il serra avec ferveur ma cuisse, m'incitant à laisser tomber mon once de retenu. J'acceptais de lui offrir ça en gémissant son prénom entre mes lèvres. 

L'explosion me traversa du point culminant jusqu'à la racine de mes cheveux. Mon corps fut comme plaqué entre la vitre et le noiraud pendant que je serrais si fort le rideau à m'en jaunir les doigts. Ma tête tombe sur mon épaule et je pers toutes mes forces le temps d'un instant. J'avais senti qu'il avait relevé la tête. Il me donna encore quelques précieux coups de langue avant de s'éloigner.

Ma respiration était sifflante. Il essuya son visage avec le dos de sa main. Je remarquai son front recouvert d'une fine pellicule de sueur. 

- T'es pas mal quand tu jouis, je tâcherai de m'en souvenir, lâcha-t-il après un long silence. 

Je pouffe en redescendant ma robe, oubliant presque qu'il avait fait pire il y a de ça quelques secondes. 

- Notre baise main ne vaut plus rien à côté de ça... 

Il souffla du nez. Même si la vague de plaisir s'était évaporée, le désir, lui, n'était pas parti. Quand mon regard croisa le sien, une fois qu'il fut à ma hauteur, j'eu tout de suite envie de plus. Mes mains s'enroulèrent autour de ses épaules. Il ne rechigna à m'embrasser de nouveau, son goût ayant légèrement changé. 

Son corps entier émanait de la chaleur, ce qui m'indiquait qu'il devait bien être à bout lui aussi. Je ne voulais pas me poser de question. Je voulais juste profiter de l'instant présent. Après avoir attaquer longuement mes lèvres, il vint susurrer: 

- Je suis bien partant pour continuer ce petit jeu, duchesse. Mais il faudrait trouver un autre endroit, tu ne crois pas? 

Mes idées fusèrent vite dans ma tête avant de proposer: 

- J'ai une chambre dans le manoir. On n'a qu'à y aller. De toute façon, vous deviez passer la nuit ici? 

- Oui, même si je doute fort que personne ne remarque pas notre absence toute la nuit. 

- Je crois qu'il est un peu tard pour s'inquiéter là dessus, ricanais-je en attrapant ma culotte, ma pochette et mes chaussures. 

___

Je regardais le noiraud attraper une cigarette depuis sa veste et l'allumer. Quand la fumée sortit lentement d'entre ses lèvres, il avait vraiment les allures du vieux type marié qui venait de faire l'amour avec sa maîtresse. Et en plus, il m'avait réclamé une vogue alors qu'il en avait sur lui. 

Mon regard somnolant tomba quelques secondes sur ses abdominaux. Pas mal... vraiment mal. 
La partie de jambe en l'air que je venais de vivre méritait le mensonge farfelu que j'allais devoir inventer pour avoir disparu de la soirée. Rien que d'y repenser, un frisson traversa ma colonne vertébrale. Et je savais que ce n'était pas de froid même si j'étais complètement nue sous la couette. 

- Alors, Ackerman... C'est une habitude d'embobiner les jeunes filles des bourges?

- Non, t'es une première, fit-il sans me lancer un regard. 

- Hum... Ce n'est pas ce qu'on raconte, soupirais-je en me retournant. 

- Tch... Il ne faut pas croire toutes les merdes que racontent les journalistes. Je pensais que tu l'avais appris à tes dépends...

- Hum... C'est vrai... soupirais-je en n'essayant même pas de compter le nombres de rumeurs incongrus à mon sujet. 

- Et moi, je suis une expérimentation ou un passe temps occasionnel parmi tant d'autre? 

- Ne soyez pas ridicule... J'ai vraiment une tête à faire ce genre de chose tous les choses?

- Je ne sais pas... T'es vraiment spéciale comme bourge... 

- Merci? 

Je me relevais pour m'asseoir sur le lit, m'étant complètement remise des évènements précédents. Je rabat lentement la couverture sur ma poitrine, redécouvrant la pudeur que j'avais perdu un temps. Je soupire en posant ma tête sur le sommier du lit et fais un jeu de regard avec le lustre tape à l'oeil du plafond. 

- Tu regrettes, duchesse? 

- Quoi? Non... C'est juste... Au contraire, j'ai passé une super soirée et le retour à la réalité va être compliqué. 

- A propos de ça... j'ai quelque chose à te proposer... 

- Hum? 

J'attendis sa réponse pendant qu'il soufflai la fumée de ses poumons. 

- Tu sais que ta famille veut te marier.

- Oui?

- Et que ma famille me tanne que je me marie également pour avoir un héritier? 

- Vous allez me proposer ce genre de deal étrange que l'on ne voit que dans les films? 

- Réfléchis-y! Quand on y pense, tu auras la paix avec ton Arthur. Si on laisse penser aux gens qu'il se passe quelque chose entre nous, il va résulter plein de spéculation de fiançailles et etc... Tu connais la chanson... La famille Schäfer n'y gagnerait rien à espérer désespérément marier leur fils à une femme qui fricote avec un autre homme. 

- Vous pensez que ma famille va laisser passer ça?

- On l'emmerde ta famille! Mon entreprise familiale vaut des milliards d'euro. Je vaux beaucoup plus que ce vieux plouc de politicien. 

- C'est bien gentil mais cette mascarade ne pourra pas durer éternellement. Et on n'a évidemment pas envie de se marier, même pour les apparences. Votre plan a des limites. 

- Certes, mais en attendant, tu auras le temps de finir tes études. Si t'as un diplôme, peut-être que tu te décrocheras plus de tes parents. 

- Et vous? Vous n'y gagnez que peu de répits.

- C'est déjà ça. Le temps me fait défaut. Et mon âge inquiète ma famille. Mon oncle ne peut pas avoir d'enfants. Ma cousine épouse un type et va certainement se barrer de l'entreprise. Il ne reste que moi. 

Je réfléchis quelques instants. En premier temps, je pense à cet affreux Arthur Schäfer et tout de suite, ce plan devient séduisant. Mais après, ce sont mes parents qui me viennent en tête. Je grimace:

- Hum... Il faudra faire ça subtilement. Je vous rappelle que je suis au bord des fiançailles. C'est presque comme si le mariage était daté et préparé. Mes parents ne vont pas aimer ça mais alors pas du tout. Même si vous êtes un bon partis. 

- Ils oublieront vite si je leur montre combien me rapporte l'entreprise. Et j'ai tes frères dans ma poches, n'oublie pas. 

J'acquiesce légèrement.
 Il était tard. Je me sentais beaucoup moins inhibée mais pas fatiguée pour autant. Plus... sale qu'autre chose...

Je jette un petit coup d'oeil à l'homme à côté de moi qui consommait tranquillement sa cigarette. Je me racle légèrement la gorge et me lève pour aller dans la salle de bain. J'ai été plutôt rapide, sachant que j'étais dans le plus simple des appareils.  

Je me dirige directement sous la douche et allume l'eau. Je gémis, surprise bêtement par l'eau gelée. Je reste un moment à jouer au ninja pour éviter l'eau puis je me radoucis quand elle se réchauffe. J'en profite pour me démaquiller, même si je pense que tout avait dégorgé après toutes ces heures. 

Je remplis mes poumons d'air avant d'expirer longuement, comme pour faire le vide dans ma tête, l'eau coulant lentement le long de mes cheveux. 

Pour résumer ma soirée: j'ai éviter une demande en mariage de la part d'Arthur; je l'ai laissé en plan pour me bourrer au champagne avec Livai Ackerman; de fil en anguille, on s'est perdu dans le manoir et il a fini par me... en plein milieu d'un couloir; enfin... je l'ai emmené dans ma chambre pour bien faire cette connerie à fond. 

Une fois avoir bien tout analysé, je rouvre les yeux et sursaute en découvrant une silhouette à côté de moi. 

- Ah! Vous m'avez fait peur, pestais-je. 

- Je t'ai imaginé prendre ta douche puis je me suis dis que ce serait plus intéressant de concrétiser le fond de mes pensées. 

- Le fond de vos pensées, répétais-je interdite, encore sous la surprise? 

Il esquissa un très léger sourire malicieux et avança sous la douche. Les gouttes ruisselèrent aussitôt sur son corps. Je rougis doucement pendant que ses bras m'enlacent. Je ferme les yeux et profite de sa chaleur et son odeur masculine. C'était vraiment agréable d'être dans ses bras 

Je savais que cette nuit ne pouvait pas durer éternellement et que le matin allait bientôt pointer le bout de son nez mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être triste. Finalement, cet accord allait vraiment m'arranger, rien que part le fait que je savais que j'allais le revoir. 

___

Je m'empresse de me faufiler dans les petites rues de ma ville en surveillant un peu partout autour de moi si quelqu'un me suivait. Je ne peux m'empêcher de décoller ce sourire stupide de mes lèvres. J'ouvre vivement la porte du café et cherche du regard, dans l'assemblé, mes meilleures amies. 

Elles étaient autour d'une table en cercle à papoter. Je m'approche et Iris fut la première à me remarquer. Je ressentis un légère gêne au vue de ce qui c'était passé la dernière fois. Nous ne nous étions pas reparlées depuis... Mais elle arbora aussitôt un grand sourire en me voyant. 

- Violet, te voilà enfin, s'exclama Kiama! 

Je fis le tour de la table en leur faisant à chacune une embrassade. Bene et Iris me font une petite place à côté d'elle en piquant une chaise à la table d'à côté. 

- Désolée, je prend pas mal de temps à chaque fois, à éviter les rues passantes. Les paparazzis me collent beaucoup ces derniers temps, soupirais-je en retirant mon manteau. 

- Tu m'étonnes, avec toutes les rumeurs sur tes fiançailles avec Arthur. D'ailleurs, comment s'est passé cette soirée dans son manoir? Dis nous tout! 

- Oh, il faut que je vous raconte un truc de dingue qui m'est arrivé mais avant ça, je vais me commander un truc: je meurs de faim. 

- Comment elle nous tease... Vilaine! Ricana Bene, toujours accros aux potins. 

Même si je pense qu'elle n'est pas prête pour la dinguerie que je vais lui lancer. Je me lève, sachant déjà très bien ce que je vais commander par habitude. 

- Je viens avec toi, fit Iris en me suivant aussitôt. 

Je me retrouve dans la file d'attente à côté de ma meilleure amie. Je ne savais toujours pas comment crever l'abcès avec elle. 

- Hum... 

Je me racle la gorge et fais mine de lire les smoothies que je connaissais par cœur. 

- Violet, à propos de ce qu'il s'est passé à la fête. 

Je tourne lentement la tête vers elle et ne réalise que maintenant qu'elle s'est coupée les cheveux. Une sorte de wolf cut très courte. Oh... ça lui va drôlement bien. Je lui aurais presque criée ça dans les oreilles en temps normal après un gros câlin de retrouvaille. 

- T...tu ne dois pas te sentir mal à l'aise. C'était juste un baiser. On était toutes les deux complètement assommées, je crois même que j'avais fumé un peu. Je veux dire... J'espère que ça ne va rien changer entre nous. 

Je reste un moment silencieuse. Il ne restait qu'une personne devant nous dans la file. Il est vrai que j'avais aussi bien abusé à cette soirée étudiante. Il faudrait peut-être que je me calme avec l'alcool. Je fais quelques excès depuis un certain temps. 

Certains peuvent trouver ça anodin d'embrasser sa meilleure amie à une soirée... Juste parce que c'est amusant, pour découvrir ou alors avec un jeu merdique tel qu'un action ou vérité, ce genre de chose... 
Mais nous s'avons toutes les deux qu'Iris a craqué sur moi il y a un certain temps, à l'époque du lycée. Je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. Et puis... nous étions dans une école pour fille donc le choix était assez limité. Iris m'a avoué ça des années plus tard, alors que c'était bien fini. 
Elle m'a bien prouvé qu'elle était passée à autre chose, complimentant quasiment chaque fille que l'on croisait dans la rue. Et... avec quelques petites amies sur son panel. 

C'était moi qui avait été maladroite cette fois en interprétant mal ce baiser insignifiant. C'était vraiment, ça. Juste quelque chose que l'on fait lors de soirée d'étudiant complètement éméché. 

Iris pesait le temps en attendant une réponse ma part. J'esquisse un sourire qui devint rayonnant dès que je mis à parler: 

- Ta coiffure... C'est un truc de dingue comment elle te va bien, m'exclamais-je! Depuis le temps que je te dis que tu devais te les couper. 

Mon sourire fut aussitôt contagieux. Elle passa une main sur sa nuque, pour sentir ses cheveux nettement rafraichi. 

- C'est vrai? Je suis contente! Dès qu'elle m'a vu, Bene m'a dit que je faisais vraiment lesbienne comme ça. Dans un sens, je prend ça pour un compliment... 

- Elle a raison. Je n'osais pas de te le dire. Tu n'auras plus besoin d'agiter un panneau avec écrit: "J'aime bouffer du minou" pour te faire remarquer par la gente féminine. 

Je me retourne pour commander mon banane fraise abricot, sous le regard bizarre de la vendeuse qui avait dû entendre ma phrase. 

- Ce n'était pas un panneau, peste Iris! C'était un papier collé à mon insu sur mon sac. Et avec lequel je me suis baladée toute la journée à la fac. Et je n'ai toujours pas trouvé le ou la coupable. Je suspecte Benedict... complètement au hasard. 

- C'est son moyen de coacher les relations amoureuses. Au moins, maintenant, tout le monde est au courant. Même la fille dont tu m'avais parlé qui faisait médecine... comment elle s'appelle déjà... Edith? 

- Je l'ai vu discuter avec un mec de l'équipe de football... Je crois que je n'aurais pas ma chance, soupira la blonde. 

On s'échange un regard, soulagée que l'on puisse passer à autre chose. 

- Discuter... Cela ne veut rien dire. 

J'attrape le smoothie et paye vivement avec le liquide qui me reste avant de suivre ma meilleure pour rejoindre la table. Benedict manque de me bondir dessus.

- Alors! Qu'est-ce que tu as de si croustillant à nous raconter?!

- Attends... Il faut un peu de contexte à Kiama et Iris pour mon histoire, fis-je avant de boire une gorgée. 

- Tu n'as pas pris à manger? Je pensais que tu avais faim. 

- Je n'avais pas assez de liquide pour me prendre une pâtisserie, expliquais-je. 

Je vis Benedict lancer un regard meurtrier à la noiraude qui avait posé la question et m'interrompant dans mon histoire. Enfin... je ne l'avais pas encore commencé. 

- Est-ce que vous voyez qui est Livai Ackerman?

- Non, pas vraime...

- Ooooh! Tu as couché avec lui, s'exclame Benedict!!!??

Elle l'avait crié tellement fort qu'elle avait fait sursauter toute la table, voir même tout le café. Plusieurs personnes se tournèrent vers nous, éberlués par les mots qu'elle venaient de lâcher. Je me fis la réflexion que ce n'était peut-être pas une bonne idée de raconter ça dans un lieu public. Je rouspète: 

- Bene, tu veux me faire cramer?! Si tu continues de gueuler à chaque phrase que je dis, je vais juste arrêter. Surtout que je m'apprêtais à vous raconter doit vraiment rester entre nous! J'insiste! 

- Pardon... Désolée... fit-elle en se tortillant légèrement sur sa chaise. 

- Donc, pour répondre à ta question et vous spoiler la fin de mon histoire... Oui, j'ai couché avec Livai Ackerman. 

Je les vois s'échanger ce regard qui veut tout  dire. Ce fameux regard quand vous vous échanger des ragots salaces avec vos amies. Benedict agite ses mains, toute excitée. 

- Mais raconte... Dis nous plus! Continua Kiama. 

J'enchaîne en leur décrivant le défilé de ma soirée. Je remarquai leur visage passer du coq à l'âne pendant mon récit. Plusieurs fois, elles manquaient de me couper mais je les arrêtai pour ne pas perdre le fil de l'histoire. 

- ... Voilà et... on a fini dans la chambre...

Je pris enfin une nouvelle gorgée de ma boisson, les laissant sur leur fins. Je vois que la rouquine se tord de douleur pour s'empêcher de poser mille et unes questions. Kiama alla vivement sur son téléphone et écarquilla les yeux. Elle montra son écran au reste de la table en murmurant: 

- Attends... On parle de ce type, là?! Mais c'est un mannequin! C'est pas possible!

J'acquiesce légèrement de la tête en regardant la photo de Livai qui vient de son entreprise. 

- Je veux plus de détails, éclate Benedict! Il était comment?!! Plutôt dominant...? Possessif...? Vous avez utilisé des objets?

- Voyons, Bene, fis-je rougissante. Enfin... Je ne peux pas...

Elle leva un sourcil, ne croyant pas une seconde à ma timidité soudainement. 

- Tu m'as raconté bien pire, bichette. Dans les moindres détails...

Je tapote le verre en plastique froid entre mes mains en me mordant. C'est vrai, elle a raison. Mais bon... cela ne fait pas de dévoiler quelqu'un d'aussi intim...

- Il a une fixation orale, lâchais-je. 

- C'est quoi, demanda Kiama innocemment? 

- C'est.. quand quelqu'un a une obsession pour stimuler sa bouche... si tu vois ce que je veux, répondit la rouquine. 

- Oh... Combien, me demanda-t-elle, l'air beaucoup moins innocent? 

- Trois, fanfaronnais-je en rechignant un sourire. 

Il y eut un "quoi?" général mais presque silencieux. Benedict sembla rêvasser silencieusement de la situation pendant que Kiama resta suspendu à mes mots. Pour une fois que c'était moi qui racontait ce genre d'histoire, je trouvais ça cocasse. 

- Putain... Même moi qui suis lesbienne, ça m'impressionne, soupira Iris en dégageant les cheveux de son front. 

- Même en lui enlevant ça, c'était dingue! J'ai pas peur de dire qu'il a été certainement le meilleur coup de ma vie. Il m'a ramoné l'abricot qu'une fois et ça m'a tellement toute retournée. 

- Pourquoi on a instauré ces expressions, souffla vivement Iris? 

- On est des filles et on a une duchesse avec nous qui plus est! Gardons de la poésie même si nous parlons de nous faire démonter le... hum de s'arranger les cattleyas. 

- Arrête de m'appeler duchesse, grinçais-je. 

- Je suis désolée, mais dire que j'ai brouté le persil d'une fille ne me met pas trop en condition, pesta la blonde. 

- Enfin bref! Après ça, il m'a proposé un marché, continuais-je en les ignorant. 

- Oh! Vous allez devenir des sex friends?! Murmura-t-elle toute excitée. 

- Non... Il m'a demandé que je devienne sa fiancé... fictivement. 

- Pardon? Ca veut dire quoi ça? Il veut s'imaginer t'épouser mais ça n'arrivera jamais? 

- En fait, il est un peu dans la même situation que moi, expliquais-je. Sa famille veut qu'il se marie et il veut avoir la paix. Donc on va faire semblant de sortir ensemble... puis faire planer un doute sur des possibles fiançailles. Arthur passera à autre chose et j'aurai, j'espère, le temps d'obtenir mon diplôme et partir loin... très loin avec. 

Je remarquai le visage un peu inquiet d'Iris à côté de moi. Elle posa une main sur la mienne. 

- Tu es sûre de toi? Je veux dire... cette situation risque d'être étrange et à tout moment, vous pouvez vous faire pincer. Ta réputation en prendra un coup. 

- J'en ai pas grand chose à faire de ma réputation. Je vais déjà passer pour une catin à slalomer d'Arthur à Livai. 

- Tu sais, les bâchages médiaques, ce n'est pas si facile que ça à gérer, fit sérieusement Benedict. Beaucoup de célébrité en ont fait les frais. Surtout que tes parents n'ont pas tendance à bien te protéger. Livai est connu pour être un coureur de jupons, cela ne changera rien pour lui. Il pourra juste se pavaner avec une belle fiancée sur les photos, qui est une duchesse qui plus est. 

- Tu devrais y réfléchir sérieusement, Violet, finit Kiama. Ne te retrouve pas dans une situation que tu ne seras pas capable de supporter. On n'a pas assez de pouvoir, nous trois réunis, si il t'arrive quelque chose et qu'il faut t'empêcher de couler. On ne peut que te donner des conseils amicaux. 

- Je sais tout ça, les filles. Ne vous inquiétez pas pour moi. C'est juste... C'est le seul moyen que j'ai pour me sortir de cette vie pourrie que mes parents m'inculquent. Je veux devenir une putain de biologiste et servir à autre chose qu'être la potiche! 

- En avant, la duchesse! S'exclame Bene. 

- Arrête!


A suivre

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