64. La haute société
Lâcher son enfant est une étape difficile dans la vie de jeunes parents. Je ne savais pas comment réagissait Livai au fond de lui mais j'étais angoissée à un point tel que je n'en dormais plus la nuit. Eduard allait commencer l'école et c'était peut-être pour moi la fin du monde. Livai, et son éternelle antipathie, a même osé me lâcher que je le maternais trop. Si mes yeux pouvaient tuer, je serais veuve depuis longtemps.
Pour ma défense, mes hormones y étaient certainement pour quelque chose. Elles travaillaient beaucoup ces derniers mois. J'avais accouché depuis peu de Marilyn et la vie avec ce bébé, aussi adorable soit-il, s'avérait être plus compliquée qu'avec mon fils.
Elle pleurait beaucoup plus, surtout la nuit. On ne pouvait pas la laisser seule dans une pièce sans qu'elle chouine. Il fallait que je sois à la bercer ou lui chantonner des comptines jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'épuisement.
C'était un enfer d'allaiter avec elle, elle me mordait le sein et tirait mes cheveux quand elle a eu la possibilité de pouvoir attraper des choses. Lorsqu'elle a commencé à avaler des choses liquides, elle les recrachait constamment. Ce qui fait que mon mari refuse de la nourrir désormais.
Malheureusement, elle n'aimait pas le bain quand c'était moi qui lui donnait et Livai avait sa patience limitée.
J'avais un peu l'impression qu'elle testait la mienne... Mais étrangement, tout ça n'a jamais gêné Livai. Certes, il s'énervait quelques fois mais ne refusait jamais d'aller la voir ou la border. Je crois que dans un sens, il devait être "heureux" de pouvoir vivre une maternité sans savoir qu'il allait devoir partir.
Quant à Eduard, il trouvait les bébés compliqués et mystiques. Il me disait tout le temps qu'il n'en voudra jamais. Et puis en ce moment, il était juste excité de savoir qu'il allait à l'école. Je pensais qu'il aurait plus peur que ça mais je ne vais pas m'en plaindre. Peut-être qu'au fond de moi, j'aurai voulu qu'il soit triste de savoir que nous allions être séparés.
J'ai eu du mal à le faire tenir en place pendant que nous arrivions tous les quatre dans son nouvel établissement. Mais c'est quand il a vu la masse de personne s'agglutiner qu'il a commencé à comprendre dans quoi il allait s'embarquer et il est venu se coller à moi. Je venais frotter ses adorable bouclettes pour le rassurer.
- J'espère que personne ne va venir nous faire la causette, soupira Livai en tenant Marilyn dans ses bras car elle ne voulait pas être dans son landau. Je ne suis pas d'humeur...
- Pourquoi ils feraient ça? Dès que le proviseur aura fait son discours, on fuit cet endroit au plus vite. Eddie, tu as bien pris ton encrier?
- Oui, maman, répondit-il avec une petite voix, impressionné par tous les adultes autour de lui.
Surtout que tout le monde nous observait avec insistance. J'imaginais des grands panneaux au dessus de nos têtes affichant "Cette famille là vient de Paradis". On ne devait pas émaner la même aura que les autres familles du quartier. Mon fils se resserra contre moi et je dois avouer que tous les regards commençaient à m'agacer.
- Bonjour, fit une voix mielleuse derrière nous.
Je pense qu'on s'est tous retournés simultanément avec un peu trop d'aplomb car elle a eu un léger recul. C'était une jeune femme assez belle avec des cheveux auburn rassemblés dans un chignon sophistiqué. Mon instinct m'indiqua aussitôt qu'il s'agissait d'une personne fortunée à la vue de sa robe et je lançai un regard en biais à Livai. Il ne comprit pas mon sous-entendu, soupirant avec lassitude que Lyn tira sa chemise.
Après tout... l'établissement n'était pas gratuit. Ce n'était pas n'importe qui, qui pouvait s'offrir ce genre d'enseignement à son enfant. Je redresse immédiatement ma posture et ce détail interpella mon mari.
Le jeune femme tendit sa main vers moi avec un grand sourire qui sonnait un peu faux. Je tique malgré moi, sentant l'hypocrisie émaner de ses yeux clairs.
- Je suis Mme Susan Montmorency! Vous avez certainement déjà entendu parler de mon époux, fit-elle avec une délicatesse qui m'écœura.
D'un coup, cela me rappelait les manières de la noblesse et mon corps se conditionna aussitôt en repensant à mon ancienne éducation. J'acceptais sa poignée de main en lui retournant son sourire hypocrite.
- Non... répondit honnêtement Livai sans rien ajouter de plus.
- Mme Violet Ackerman, me présentais-je. Et voici mon mari, Livai Ackerman. Vous devez être là également pour la rentrée d'un de vos enfants.
Livai me toisa avec un drôle d'air, me découvrant une nouvelle personnalité qu'il ne connaissait pas. Je ne lui laisse aucun signe communicatif lorsque l'on s'échangea un regard, jouant finement la carte de l'épouse distinguée. Ma mère serait presque fière de moi... J'en défaillirai presque.
- Mon deuxième fils, affirma la femme. Darius. Excusez-le, il a déjà dû s'enfuir avec ses amis. Et je suppose que c'est ce jeune homme pour votre part.
Alors qu'elle a voulu s'approcher d'Eddie, toujours collé à ma robe, je posai automatiquement mes mains sur ses épaules, sans lui montrer clairement que je voulais l'éloigner. Je fins une nouvelle une voix mielleuse:
- Oui. Eduard, dis bonjour.
- Bonjour, fit-il seulement.
Je retins un sourire amusé, ce ne fut pas le cas de Livai. C'est vraiment le fils de son père... Il regardait Mme Montmorency avec de gros yeux inquisiteurs. Sûrement en espérant qu'elle s'en aille bientôt, ce que j'aimerai bien également...
- Nous nous demandions quand est-ce que vous sortiriez le bout de vos nez, s'exclame-t-elle. Cela fait un an que vous êtes installés dans ce quartier sans que l'on ne vous voit. Vous êtes assez mystérieux à vrai dire et les rumeurs affluent sur vous. Beaucoup de voisins se demandaient à quoi vous ressembliez.
- C'était pas comme si on se planquait dans notre baraque, soupira le noiraud, lassé de sa présence.
- Il paraîtrait que vous êtes des anciens combattants et que maintenant, vous formez une adorable famille, continue-t-elle en ignorant les paroles de Livai! Je suis sûre que vous avez plein d'histoires en réserve à nous raconter.
- Hum... Les histoires sur l'horreur de la guerre, c'est passionnant, ricana mon époux sarcastiquement!
Je serre malgré moi les épaules de mon fils en jurant contre mon mari. Bizarrement, Mme Montmorency ne relevait jamais les piques de Livai, avec toujours ce sourire agaçant collé à ses lèvres.
- Nous organisons un banquet pour le mois prochain dans notre domaine. Je vous enverrais des invitations. J'espère que vous répondrez présent, finit-elle. Oh, excusez-moi! Je vois Mme Sinclair m'interpeller.
Après un salut qui ne vint que de ma part, la femme s'éloigna élégamment pour rejoindre un groupe d'autres dames qui semblaient du même acabit qu'elle.
- C'était quoi, ça, cingla Livai en haussant un sourcil? T'as transitionné en un claquement de doigts vers la bourge pimbêche par excellence.
- Je sais... Je n'en suis pas fière mais lui parler normalement aurait été impoli vu son statut.
- Je l'ai fait, j'en suis pas mort.
- Oui, mais toi, tu t'en fiches de ce que les autres pensent.
- Et tu devrais en faire autant: on se fout de l'avis de cette Suzie Montmotruc avec son fils Darvin et son mari complètement oubliable.
- Livai, j'aimerai me faire des amies dans cette ville. Evidemment, je ne jette pas mon dévolu sur elle mais aller à cette soirée pourrait peut-être aider. Cette dame avait raison sur un point: on est ici depuis un an et on n'a rencontré personne de notre quartier. Et Eddie...
Je retins le fond de mes pensées. Je ne savais pas si j'avais envie qu'Eduard entende que je m'inquiète à propos de lui, principalement sur ses difficultés relationnelles. Le visage de mon mari s'adoucit et il redressa son chapeau, geste que j'aime étonnamment beaucoup.
- Avoues le. C'est parce que Koehler est partie que tu te préoccupes de ça?
- Oui, sifflais-je amèrement.
___
J'ouvris précipitamment la porte, un chapeau coincé dans la bouche et Marilyn sur mon bras droit. Edith afficha une mine étonnée en voyant la scène. Je mâchouille un bonjour, les dents serrés en m'éloignant pour poser le chapeau sur un porte manteau.
- Désolée, je suis en retard, demanda Edith en se déshabillant?
- Non... Non, c'est nous qui sommes en retard! Depuis que je me prépare, il y a de ça une heure, je n'ai pas encore croisé Livai dans la maison. Et quand j'eu fini d'enfiler ma robe, Marilyn a commencé à pleurer et j'ai risqué une montée de lait.
- Oh, je vois... Je vais t'aider. Donne la moi, ricana doucement mon amie.
- Merci, soupirais-je en lui tendant ma fille. Je n'en peux plus. On doit être parti d'ici dix minutes et je ne trouve aucun chapeau qui irait avec ma robe.
- Wow, tu es vraiment élégante! Je n'ai jamais vu une structure de robe pareille.
- J'ai beaucoup confectionné quand j'étais enceinte de Marilyn, expliquais-je en ouvrant tous les placards de l'entrée. Ma mère m'a apprise à coudre. Je ne conseille pas sa méthode mais j'ai toujours su confectionné n'importe quoi. Lorsque j'étais soldate, j'étais celle qui recousait les plaie ouvertes de ses camarades. Une alternative un peu plus douloureuse qu'une simple aiguille plantée dans la main si tu rates un point de croix.
Les robes de Mahr n'ont rien à voir comparé à ce que je portais à Stohess. Vous ne mettez pas de corset mais une sorte de gaine. Une bien meilleure alternative selon moi. Mais j'ai dû m'adapter à votre mode beaucoup plus... simpliste. Les femmes portent même des pantalons. Je n'avais vu ça qu'à l'armée avant!
- Et c'est une mauvaise chose, ricana Edith qui baladait Marilyn dans la pièce?
Evidement, la noiraude s'était calmée aussitôt qu'elle était arrivée dans les bras de la docteure. Je réfrénai une remarque, trop occupée à fouiller dans le cagibis qui me servait de cimetière à vêtements.
- Pas du tout! J'ai toujours préféré en porter. Cela a été une véritable découverte la première fois. Mais pas question de se présenter en pantalon chez les Montmorency. J'aurai l'air d'une folle.
- Je n'ai jamais aimé cette famille, ni toute les autres qui se rendaient à leur réception.
- Personne n'aime l'élite. Même moi qui en a faisais partie autrefois, fis-je vaguement en sortant un beau chapeau bleu marine. Si je pouvais, je me serais passée de cet évènement mais l'invitation s'annonçait haut la couleur. Si je refusais, j'étais prête à parier que tous les quartiers nous aurait habilement exclu. Livai s'en fiche mais je n'ai pas envie qu'Eduard devienne un paria à l'école.
En parlant de lui, il a déjà fait ses devoirs. Tu peux lui faire n'importe quoi à manger, il n'est pas difficile. Merci beaucoup d'avoir accepté de les garder. Je ne savais pas à qui d'autre demander et je n'aime pas laisser mes enfants à des inconnus. Surtout que Marilyn n'est encore qu'un bébé.
Je caresse la joue potelée de ma fille avant d'enfiler mon chapeau. Au même instant, des pas se firent entendre dans les escaliers. Livai apparut en costume et nous jeta un bref regard avant de voir les chapeaux éparpillés au sol.
- C'est inespéré que tu sois prête en même temps que moi, soupira-t-il. Et ce bazar? On laisse la maison comme ça? Sereinement?
Les réprimandes de mon mari me passèrent au dessus lorsque je l'observais dans son costume que je lui avais moi-même confectionné. Je voulais me complimenter mais je pensai que c'était Livai qui rendait l'habit aussi élégant. Je déglutis discrètement et chassai mes idées douteuses:
- On n'a plus le temps, Livai, cinglais-je. Arriver en retard serait très impoli.
- Comment t'as réussi à me convaincre d'aller à cette merde, déjà?
- Pas de grossièretés devant les enfants, on a dit!
- Lyn est un bébé. Elle ne comprend rien!
Après avoir embrasser chacun de nos enfants et encore remercier Edith, nous sommes tous les deux sortis de la maison en continuant de nous envoyer des piques. Le ton s'est allégé quand nous sommes arrivés devant la demeure des Montmorency. De nombreuses de voitures étaient garées devant le domaine avec des gens élégamment habillés qui en sortaient. J'ai calmement dirigé Livai dans cette foule de couple, pas très à l'aise. Je serrai fermement son bras et dégageai sa main lorsqu'elle s'approchait trop de ma taille, les joues rougies.
- Je vais te dire quelque chose de douteux, me murmura Livai proche de mon oreille. Mais je me demande pourquoi le grand terrassement n'a pas détruit ce tas de merde...
Je frissonnai un peu au son de sa voix. Il parlait certainement de la maison assez tape à l'œil. Cela devait être la plus grande du quartier. J'ai simple haussé les épaules pour l'ignorer mais une petite voix a répondu à ma place.
- Parce qu'ils ont tout reconstruit en un temps record.
Nous nous se retournâmes tous les deux pour tomber face à... une femme un peu plus grande que nous. Nous levâmes minutieusement la tête, un peu embarrassés. Elle était étonnement bronzée avec des yeux verts clairs. Il y avait quelque chose de... piquant dans son regard.
- Pardon? Vous voulez dire que tout est neuf ici? Demandais-je.
Je n'étais même pas gênée qu'elle ait entendu ce que Livai venait de me dire plus tôt car elle avait un sourire moqueur aux lèvres, signifiant peut-être qu'elle n'en pensait pas moins...
Je me suis attardée quelques instants sur ses cheveux noirs car sa franche très courte me semblait audacieuse et néanmoins coordonnée avec le reste de son esthétique. Non vraiment... j'aimais bien ce que dégageait cette femme.
- Absolument, s'enchante-t-elle! A quelques murs près, je pourrais dire. Mais... pour parler de quelque chose de plus intéressant. Mme Ackerman, votre robe est splendide! Je ne vous laisserai pas partir sans l'adresse de votre couturier.
E...elle nous connait? Je restai interdite quelques secondes avant de bafouer qu'elle était ma création. Ses yeux s'illuminèrent encore plus qu'ils ne l'auraient pu.
- Alors Susan n'avait pas menti. Elle se demandait d'où pouvait provenir votre garde robe mais avait trop d'amour propre pour vous le demander. Cela semble désormais inaccessible, soupira-t-elle avant de s'exclamer: Dorothy Allenstag! Je suis professeur de langue dans l'établissement de votre fils! Mais vous pouvez m'appeler Dory. J'avais hâte de savoir à quoi ressemblait les parents du petit Eduard Ackerman, un excellent élève de ce qu'on raconte.
- E...enchantée, fis-je un peu déboussolée. Vous êtes familière avec les Montmorency?
- Oh non, pas du tout! Ils me laissent toujours un léger goût amer dans la bouche quand je discute avec eux. Mais on ne refuse pas une invitation de Susan. Sinon, on finit vite sur liste noire.
Mais assez parlé de moi! Je sens que vous allez être assez convoités ce soir... Tout le monde potasse sur vous depuis des mois. Je vous souhaite bonne chance lors de cette soirée.
- C'est déjà ça de pris, murmura Livai.
Je ne sais pas pourquoi mais j'aimai déjà cette femme. Elle semblait franche et électrique. Lorsque nous avancions dans la salle de réception, je m'accrochai prestement à son bras.
- Vous pouvez m'appeler Violet également! A vrai dire, nous ne connaissons personne à cette fête et raconter notre passé est assez rebutant pour nous... Vous qui connaissez ces soirées, comment y échapper sans paraître impoli?
La jeune femme ricana légèrement en tapotant ma main. Elle se pencha pour me chuchoter:
- Vous vous êtes adressée à la bonne personne, Violet.
___
Les buffets... ces énormes tables remplis de plats sophistiqués. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas pioché dedans. Souvent, ma mère me pinçait à me gaver de petits mets et cela finissait toujours mal. J'ai englouti quelques trucs par-ci par-là en cherchant Livai du regard.
Je m'ennuyais, à vrai dire, et je pensais que lui aussi. Nous nous sommes assez montrés auprès des hôtes pour disposer dans peu de temps. Nous avons même dansé devant tout le monde pour marquer le coup. Et puis Eduard et Marilyn nous attendaient à la maison. Elle ne s'endormira jamais sans nous. J'imaginai la pauvre Edith tenter en vain de la bercer et la balader dans la maison.
Je me suis perdue dans mes pensées à propos de Marilyn. Tellement que je n'ai pas vu la coupe de champagne tendue devant moi. Je m'attendais à croiser un visage familier mais je me trouvai en face d'un homme qui m'était complètement inconnu.
- Oh, excusez moi. Je ne bois pas d'alcool, refusais-je poliment.
- Je me demandais ce que faisait une aussi jolie créature toute seule, fit l'homme avec un léger sourire. J'ai de la chance à être le premier à me prononcer. Tout le monde ne parle que de votre tenue époustouflante. Mademoiselle...?
C...créature? C'est censé être un compliment. Et puis, il ne m'a pas vu avec Livai toute la soirée? Certes, cela fait un moment que nous sommes séparés mais je suis arrivée accompagnée. C'est à cet instant que je remarquais plusieurs regards dans la salle. Ma robe? Epoustouflante? J'ai commencé à regretter la forme que je lui avais donné. Je vis qu'il me tendait obstinément toujours la coupe.
- Ackerman, murmurais-je en lui prenant des mains pour la poser sur la table.
Il avait l'air plus jeune que moi à vu de nez mais je n'aimais pas ce qu'il dégageait.
Je n'avais pas envie d'engager la conversation, de plus avec un homme qui vient simplement me parler de ma robe et qui se félicite de venir me parler en premier.
Donc je n'ai pas demandé son nom et ni corrigé le "mademoiselle". Je l'ai juste vivement salué avant de m'éloigner. Mais une main attrapa mon poignet pour me retourner vivement. Il ferait mieux d'éviter de réveiller mes réflexes d'antan. Le dernier homme qui a tenté sa chance a fini... égorgé.
- Allons, je suis sûr qu'une danse avec moi vous ferez plaisir. Me feriez-vous l'honneur?
- N...non, merci. Lâchez moi, s'il vous plait.
Je défais mon poignet avec une force à laquelle il ne devait pas s'attendre. Il fronça légèrement les sourcils.
- N...ne faites pas la timide. Je vous guiderais.
Il a essayé de me rattraper le bras avec plus de fermeté. Une fois mais pas deux. Je soupirai et fis tomber mon masque pour attraper sa veste. Son visage se retrouva à quelques centimètres du mien. Il empestait l'alcool.
- Hé, je t'ai dis non, sifflais-je! Quand une dame te dit non, tu traces ton chemin. Tu veux mon poing dans la figure pour comprendre?
L'homme sembla perdre son sang froid, certainement vexé que je refuse ses avances. Il n'était également pas ravi que je le menaçai. J'étais tombée sur le sale type égocentrique et arrogant qui s'imaginait pourvoir profiter d'une prétendue jeune fille. Je n'avais aucune idée de son statue et cela ne m'a nullement traversé l'esprit sur le moment.
Je lâchai sa veste avec dédain, le repoussant un peu. L'homme allait répliquer en levant ses mains sur moi.
- Tu la touches, tu perds tes couilles! Coupa une voix dans son élan.
Nous nous retournâmes tous les deux pour croiser le regard de Livai qui grignotait un petit gâteau au saumon. En apparence, il pouvait sembler nonchalant. Mais je le connais, il avait l'air particulière tendu, prêt à s'élancer sur ce type.
- Vous êtes qui vous, peste l'homme qui a éloigné ses mains?
- Son mari, entre autre. Et je réitère les menaces de mon épouse. Vire tes sales pattes d'elle ou je vais finir par te les couper!
L'homme s'écarta pour nous toiser l'un l'autre pendant que Livai se planta à côté de moi, piochant un nouveau petit gâteau sur le plateau qu'il semblait avoir volé.
- Ackerman, hein? Murmura-t-il en s'éloignant.
J'observais Livai, incrédule, pendant qu'il finissait de mâcher son saumon. Je remontais discrètement ma robe qui s'était froissée dans l'altercation et décidais d'ignorer tous les regards sur nous. Je pense que nous allions laisser une sacrée impression, une fois de plus.
- Il t'a fait mal?
- Non, je crois que c'est plus moi qui ait blessé son égo.
- Qu'est-ce qu'il voulait, ce con?
- Danser avec moi. Et comme j'ai refusé, il a insisté. Ca m'a peut-être sorti un peu de mes gongs. J'espère qu'il n'est pas important...
- On s'en fout, soupira Livai. On rentre? J'en ai ras le cul.
Nous n'avons pas cherché à saluer nos hôtes. Nous nous sommes enfuis discrètement de ce domaine et mon mari m'a fait promettre de ne plus jamais y remettre les pieds. C'était une expérience assez cocasse et une anecdote à raconter: la soirée où j'ai failli en venir aux mains avec le fils aîné des Montmorency. Étonnement, nous n'avons plus été invités après ça.
___
- Tu ne trouves pas qu'elle est adorable quand elle rêve, murmurais-je à Livai?
- Elle remue. Ca me réveille, cingla-t-il.
- C'est normal... J'ai passé mes derniers mois de grossesse à me prendre des coups de pieds, c'est à ton tour.
- Tch...
Marilyn avait sa main agrippé à mon doigt et le bougeait en dormant. La noiraude dormait au centre du lit avec son père et moi autour d'elle. Je crois que nous n'avions plus le courage de nous lever pour nous changer maintenant que nous étions allongés avec elle. Livai reposait sa tête contre son coude, observant avec dégoût sa fille faire des petites bulles.
- On est d'accord que c'était une idée de merde, cette soirée, soupira-t-il?
Je lui fis les gros yeux avant d'hausser légèrement les épaules. Je chuchotai afin de ne pas réveiller Lyn.
- Pas forcément. J'ai rencontré quelques personnes sympathiques et j'ai pu danser avec toi pour la première fois. J'ai bien aimé...
- Hum... Mais c'était la dernière fois.
- Pour la soirée ou pour la danse? Minaudais-je.
- Ne joue pas avec les mots. On sait tous les deux que je suis un piètre danseur.
J'hochai un peu la tête pour le contredire avant de me pencher pour embrasser brièvement ses lèvres. Il m'observait passablement, comme si je venais de simplement de reboutonner sa chemise. Ce n'était toujours pas simple de le dérider avec de simples petits gestes. Je répliquai en reposant ma tête contre l'oreiller.
- Je ne suis pas d'accord. Il est toujours agréable de danser avec l'homme le plus charmant de la soirée.
- Et avec la plus agressive des femmes.
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