42. Dur labeur

- Je... suis vraiment désolée, Hanji, murmurais-je après lui avoir annoncée la nouvelle. 

- Tu n'as pas à t'excuser, me fit-elle avec un sourire, ce n'est pas de ta faute. Bien que cela n'arrange personne que tu te retires des combats...

- Je sais bien. Tu vas devoir trouver de nouveaux soldats pour ton escouade. Mais je resterai un temps dans le bataillon pour aider à la mission du mur Maria. Je suppose que nous devons déceler tous les secrets du nouveau pouvoir d'Eren et ce dont il est réellement capable avec sa nouvelle capacité de solidification. Nous devons aussi fouiller dans le passé et les affaires de la famille Reiss maintenant que l'état est de notre côté et qu'Historia va être couronnée.

Ma supérieur me fit des yeux ronds en continuant de marcher à côté de moi. Elle leva la tête, pensive.

- Livai est d'accord avec ça? 

- Non, mais je m'en fiche, répondis-je fermement. Je n'en suis qu'à sept semaines, les symptômes sont à peine visibles. Et mes blessures vont vite disparaître.

Je frottais doucement ma cicatrice que j'avais au crâne ainsi que toutes les blessures que j'avais au court des tous les derniers combat auxquels j'ai participé. 

- D'ailleurs, en parlant de Rhodes Reiss, Livai t'a-t-il parlé de la seringue que lui a donné Kenny Ackerman avant de mourir? 

- La seringue? Non, ça ne me dit rien. 

Evidemment, il s'est bien gardé de tout me raconter. Il y a encore une semaine, je sais qu'il se serait tout de suite confié à moi. Mon visage se ferme dans une expression plus douloureuse qu'Hanji ne remarqua pas. 

- Il lui a expliqué que cette seringue servirait à transformer un être humain en titan. Apparemment, Rhodes Reiss voulait que Historia s'injecte le contenu de la seringue et qu'elle mange Eren pour récupérer ses pouvoirs. Le contenu de cette seringue s'est vidée et Rhodes l'a bu mais Kenny lui en a dérobé une autre dans ses affaires. 

- Ce serait avec ça que Grisha Jaeger a transformé son fils? 

- Oui. Eren semble se souvenir de certains détails mais c'est assez flou pour lui. 

- Le principal concerné qui aurait pu nous donné toutes les réponses à nos questions est mort... dévoré par son propre fils. J'ai l'impression que le destin n'est pas vraiment de notre côté, soupirais-je. 

Ma frustration n'était que grandissante ces derniers jours. J'ai découvert que je ne pourrais pas participer à la reconquête du mur Maria et savoir ce qu'il se cache dans la cave des Jaeger. Hanji remarqua enfin ma mine dépérie et posa une main sur mon épaule. 

- Ce n'est pas parce que tu ne peux plus participer au combat que tu es désormais inutile, ma petite Violet. J'aurai toujours besoin de toi. Nous devons déceler ce qu'il y a dans la fiole qui va avec cette seringue. Et je crois que des nouveaux soldats vont s'ajouter au bataillon d'exploration. Tu n'auras pas le temps de t'ennuyer. 

Nous arrivions au bout d'un couloir du palais royale où je vis l'escouade de Livai, habillée de manteaux de cérémonie. En fait, il y avait à peu près tout le monde, ainsi que tous les commandants et le général en chef Zackley. 

En sortant dehors, je réalisai le nombre de gens qui s'était déplacé jusqu'à la capitale pour assister au couronnement. Le bouche à oreille avait fait son petit chemin entre les murs. Au yeux de la plupart du peuple, Historia était légitime à ce poste. Sûrement parce qu'elle a abattu d'elle-même son père qui tirait les ficelles dans l'ombre et qui a manqué de détruire un district entier. 

Cette fille, plus jeune que moi, allait devenir la reine de ces murs. Livai l'avait convaincu de le devenir et malgré qu'elle était réticente, je n'ai vu aucune peur dans ses yeux quand le général l'orna de sa couronne. L'assistance l'acclama aussitôt. Je jetai un oeil dans la foule de civils. Je remarquai peu de visage marqué par la richesse. Les nobles devaient bien se planquer même si nous étions dans leur ville, bien en sureté au centre des murs. 

Je vis Iris qui me regardait au loin, inquiète. Elle aussi avait été mise au courant de mon état et ne s'en était pas du tout réjouie. Elle avait presque ce regard accusateur. En fait, je réalisai que j'étais incapable de profiter de cette victoire pour le bataillon. Nous avions redoré notre image et désormais, tout le peuple était rempli d'espoir... 

Et j'allais être écartée de tout ça. 

Après la cérémonie, j'ai dû me retirer un moment car j'ai été prise de vertiges. J'avais peu de symptômes mise à part de la fatigue. Cela expliquait pourquoi j'avais été incapable de combattre convenablement ces derniers temps. J'ai rafraîchi mon visage d'eau froide dans la belle salle de bain qui me fit penser à celle que j'avais chez moi. Il y a 5 ans, j'ai fui mon destin pour devenir utile.

Je ne voulais pas me marier... 

Je ne voulais pas être mère... 

En sortant, je croisais le petite groupe de jeune avec la nouvelle reine qui avait enlevé sa robe de cérémonie. Ils passèrent en me saluant, sans trop s'attarder. Ils éveillèrent ma curiosité. 

- Attends, tu comptes vraiment le faire? Demanda Eren. 

- Ben, oui! Mikasa m'a lancé ce défi, tu te souviens bien? 

- Oui, mais elle plaisantait. N'est-ce pas, Mikasa? 

- Non, répondit l'asiatique fermement. 

Je levai un sourcil et décidai de les suivre en réalisant que le couloir était vide à par eux. Où était partie Hanji encore? 

- En tant que reine, je dois me faire respecter!

- Bien dit, Historia, sors les griffes, ricana Jean. 

- Franchement, comment vous avez fait pour épouser ce nabot? Me murmura Mikasa. 

Je soupirai et décidai de ne pas lui répondre, réalisant que Livai était en face de nous. Il était posé contre un mur, les mains dans ses poches et était silencieux. D'un coup, tout le monde se tut. Livai s'avança calmement vers eux et sans crier gare, Historia s'élança pour lui donner un coup de poing à l'épaule. 

Elle est sérieuse? Même si le coup semble avoir à peine effleurer le noiraud. Je ne savais pas que nous allions devoir trouver une autre reine aussi vite.
Je vis Mikasa esquisser un sourire. C'était donc ça qu'elle avait demandé à Historia. Après tout, elle donne toujours l'impression de ne pas apprécier Livai même si l'on sait maintenant qu'ils sont des parents éloignés. 

- Haha! Qu'est-ce que tu dis de ça?! S'exclame la blonde. Vas-y, essaye de répliquer!

Contre toute attente, Livai ne riposta pas. Il se contenta de baisser le visage quelques instants avant d'acquiescer. Mon cœur se serra quand je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres. Il se releva. Son expression était claire et sincère. 

- Vous tous, je vous dois... un grand merci. 

Pendant les trois ans où j'ai appris à connaître Livai, je ne l'ai vu sourire qu'une fois. Je m'étais donc fait à l'idée que c'était quelque chose de rare chez lui. Mais... qu'est-ce qu'il venait de lui passer par la tête à cet instant? Et pourquoi nous remerciait-il? 

___

Après avoir obtenu le pouvoir, les militaires entreprirent une purge sans merci à l'encontre des dignitaires de l'ancien régime qui avaient profité de leur position privilégié pour faire passer leur intérêt personnel avant le bien commun, mettant en péril l'ensemble de la population. 

Des mesures fiscales rigoureuses furent prises pour sanctionner, parmi la noblesse, les réfractaires au nouveau gouvernement et dissuader d'éventuels émules. Beaucoup de figures du pouvoir importantes disparurent mais les bénéfices qui en découlèrent furent considérables. 

Quelle ne fut notre surprise de découvrir d'innombrables inventions technologiques dont les brigades spéciales avaient sans pitié supprimé leur inventeur. Elles étaient intactes et cachées dans le plus grand soin. Nous avons donc enfin pu les utiliser à bon profit. 

Et en parlant de ça, nous avons trouvé une utilité au cristal venant de la cave des Reiss, désormais une énorme cavité ouverte au ciel. Leur luminosité fut utilisé à des fins quotidiennes dans les villes industrielles.

Et évidemment, le nouveau pouvoir d'Eren fit naître de nouveau l'espoir de refermer la porte de Shingashina. Mais elle servit également de nouvelle arme contre les titans. Il s'en servit pour boucher le mur de Trost. 

Avec mon équipe, nous avons mis au point une nouvelle arme capable de tuer les titans de façon beaucoup plus optimal sans s'exposer au danger, ni le recours au canon. Ainsi nous pouvions détruire des titans non stop jour et nuit. 

- Alors, ces analyses, ça donne quoi, demanda Moblit? 

Je frottais mes yeux en m'éloignant du microscope. 

- Pas grand chose, soupirais-je. Il nous faudrait une meilleure technologie pour savoir ce que contient ce liquide spécifiquement. Eren a dit qu'il s'agissant d'un liquide cérébro-spinal mais regardez... 

Je lève ma lame à la lumière de la pièce pour montrer à Hanji et Moblit. 

- Il s'évapore très rapidement au contact de l'air. Le voilà encore plus compliqué à analyser. On n'a pas les moyens nécessaires. 

- Hum... Il s'agit d'une substance bien spécifique que nous ne connaissons pas entre ces murs... Si les Reiss l'ont fabriqué, je me demande bien comment ils ont fait. 

Je rend le flacon à Hanji qui le range précieusement dans la boîte en bois foncé. 

- Qu'est-ce que vous allez en faire, demandais-je? On ne va tout de même pas transformer l'un d'entre nous!

- Ce n'est pas de mon ressort, explique Hanji. Mais plutôt à celui d'Erwin. 

- Je v...

Je m'arrête net et me fige quelques secondes avant de me retourner pour me ruer vers la poubelle du laboratoire. Je suis prise de nausées. 

- Oh, merde... Désolée, gémis-je la tête encore dans la poubelle. 

- C'est bon. C'est un peu inévitable dans ton état. 

Je me relevais et pris le mouchoir qu'elle me tendait en la remerciant. Depuis quelques matins, je me réveille avec l'envie de vomir et il me faut presque une heure pour que ça passe. Mais je ne suis pas épargnée le reste de la journée. Heureusement, personne ne me voit dans cet état. J'arrive toujours à partir discrètement de la pièce pour courir à vive allure aux toilettes les plus proches. 

- T'as maigri? Remarqua-t-elle. 

- En même temps, tout ce que je mange ne passe pas. Et puis, ce n'est ce qu'on nous sert au réfectoire qui va me rassasier. Même au palais, ce n'était pas très fameux... pour moi... Je vomis même l'eau que je bois. 

- Tu en as parlé avec Livai? Tu pourrais peut-être t'arranger pour manger autre chose. Tu ne peux plus avoir les mêmes habitudes maintenant que tu es... 

- Je sais! C'est juste que c'est impossible en ce moment! Rouspétais-je. 

Je culpabilise d'avoir lever la voix aussitôt et me retourne. 

- Désolée, c'est juste que je suis un peu dépassée par les évènements. Et pour te répondre, je ne vois plus Livai depuis quelques temps. Il est occupé, expliquais-je fermement. 

- Oui, j'ai entendu dire qu'il aidait Historia avec son projet d'orphelinat dans les fermes.

- On parle d'enfants qui viennent des bas fonds et les défavorisés de tous les murs. Connaissant ses origines, évidemment que ce projet lui tient à cœur, murmurais-je. Il est même plus investi qu... Hum... Non. Oublie.

- En fait, ça fait combien de temps que tu ne l'as pas vu? 

Je lève un regard lourd vers Hanji. Je grignote la commissure de ma lèvre en réfléchissant ou plutôt... en comptant les jours. Je suis épuisée, je n'arrive pas à penser clairement. 

- Je ne sais pas... Deux semaines, avouais-je en m'asseyant sur un meuble. Il n'est pas vraiment préoccupé par ça en ce moment. 

- Cheffe, fit Moblit en ouvrant la porte du laboratoire. La réunion! Vous avez oublié!

- Ah oui... J'arrive. Désolée. On se voit plus tard, Violet. On en reparlera...

Je lui fis un léger signe de la main et elle quitta la pièce, me laissant seule entourée de centaines de dossiers. Je parcourais chacun d'entre eux écris de ma main. J'étais... destinée à préparer une mission à laquelle je ne pouvais pas participer. 

J'ai beau chercher, je ne trouve pas de solutions. Je lève les yeux au ciel, ils étaient humides, avant de passer une main sur mon ventre. Au fond, je ne réalisai pas encore que je portais la vie. C'était encore imperceptible. 

___

J'inspecte la tasse de thé en face de moi d'un oeil suspect. Elle ne me donnait pas du tout envie comme j'ai régurgité tout mon petit déjeuner ce matin. J'étais tellement absorbée par ma tasse que je n'ai fait attention au sergent Shardiz qui réprimandait Sasha. 

J'ai passé mes trois années dans ce camps d'entraînement également. Mais la brune semblait plus traumatisée que moi par ces années et refusait de s'asseoir avec nous. J'étais encore à me demander pourquoi Eren avait proposé de lui rendre visite. Je remercie Hanji de m'avoir emmener sinon j'aurai passé une journée de plus à me terrer dans le laboratoire. 

- Jeder... Je ne pensais pas honnêtement que tu irais aussi loin, me fit le sergent. Tu étais tellement pleurnicharde et...

- Je suis capitaine maintenant, répondis-je du tac au tac, mal à l'aise d'être exposée au reste de l'équipe. Vous, vous êtes toujours coincé dans ce trou paumé.

- Notre rencontre remonte à plus longtemps, m'interrompit Livai. Cela doit faire 5 ans sauf erreur de ma part. Vous avez pas mal changé aussi. 

- Jusqu'à maintenant, je suis le seul major du bataillon d'exploration à avoir cédé la place à son successeur sans mourir. J'ai pris conscience de mon incompétence et j'ai passé le flambeau à meilleur que moi. C'est sans nul doute la meilleure décision que j'ai prise de ma vie. 

L'homme semblait beaucoup plus calme que quand il me criait dessus lors des entraînements. C'était presque inquiétant. Je sentis un tiraillement dans mon dos et je me redressai sur ma chaise avant de tapoter naturellement ma tasse. 

- Sergent! Parlez, s'exclame Eren. Dites nous tout ce que vous savez sur mon père! 

- Cela ne se résume à rien d'intéressant, soupira l'homme. Mise à part quelques anecdotes sans intérêt pour vous. Je... vais vous raconter mes souvenirs de spectateur passif. 

Je lève les yeux ciel. Avoir galopée une demi journée pour écouter la vie d'un vieux soldat, j'ai connu des jours plus productifs. 

- Ma première rencontre avec Grisha remonte à 20 ans. Le bataillon rentrait d'une expédition. J'arrivais au abord du mur quand tout d'un coup, je suis tombé nez à nez avec lui. 
Il ignorait vraiment tout de nous. Il ne connaissait pas les origines de notre monde et n'avait aucune notion de la valeur de l'argent. Sa mémoire semblait vraiment défaillante mais il se rappelait avoir été médecin. Il me posait beaucoup de questions, en particulier sur notre mode de vie. 

Au bout d'un moment, mon esprit divagua dans mes pensées. Ce type... aurait voulu être quelqu'un d'extraordinaire. Il s'est retiré de l'armée après avoir réalisé que ce n'était pas le cas face aux exploits de Grisha ou d'Erwin. C'est juste puéril. Un soldat jure sur le cœur de se dévouer tout entier à notre cause. C'est pour ça que... je ne peux pas tenir cette promesse. 

Mon expression se fane petit à petit et je m'enfonce dans ma chaise. Toute ma vie, j'ai cherché à devenir quelqu'un aussi. Et j'ai aimé ça. J'ai réellement aimé être une soldate pour le bataillon d'exploration et le servir pendant 3 ans. Je le réalise maintenant que je sais que ce n'est plus possible. 

Qu'est-ce que je peux souhaiter maintenant? 

Est-ce que mon esprit va devenir celui d'une mère? Et je ne serais plus animé par mon envie de sauver l'humanité mais juste de vouloir protéger mon enfant? Je n'arrive pas à me projeter dans l'avenir. Ca me fait trop mal d'avoir tant sacrifier pour... rien. Ca va s'arrêter maintenant? C'est fini pour moi? 

Alors qu'ils étaient encore en train de discuter, je me suis levée calmement et je suis sortie de la pièce. Je connaissais le camp par cœur. Je pouvais même retrouver d'un coup d'oeil mon ancien dortoir. Le plus calmement possible, je me suis rendue aux commodités et j'ai vomi seule le plus silencieusement possible.

___

Je crois que je suis en train de rêver. Il a fallu que je sois malade comme pas possible le jour où ils nous servent exceptionnellement de la viande. Je regarde mon assiette avec des yeux ronds en train de saliver. Cela fait tellement longtemps, depuis que je suis dans l'armée je crois, qu'on ne m'avait pas servi une viande qui semblait aussi appétissante. 

C'était un luxe qu'on ne pouvait pas se permettre. Et en plus de ça, on a même de l'alcool qu'on n'a pas à payer. Je n'ai plus le temps de réfléchir et pique dans ma viande pour la couper frénétiquement. 

- Hé... Il n'y a pas des gens qui sont en train de se battre là bas? 

Je lève la tête vers la table où il semblait y avoir du chahut. Je remarquai Sasha mordant Jean qui tentait de lui retirer le morceau de viande de sa bouche. J'étais beaucoup trop occupée à déguster mon plat pour aller jouer la police. 

- Hum... qui a dis de leur donner de la viande? Demanda Hanji. 

- Désolé, je ne pensais pas qu'ils réagiraient comme ça. J'ai dépensé deux mois de rations pour ce soir. 

- On peut bien profiter maintenant qu'on surtaxe ces gros lards de noble, m'exclamais-je en attrapant ma pinte. 

Livai me la retira vivement des mains. Je lui lance un regard noir. Je ne l'ai pas vu depuis des semaines et il ne m'adresse toujours pas un mot. Qu'il aille se faire foutre!
Je remarquai que Sasha avait été accroché à un poteau. Moyen peu orthodoxe mais efficace! 

Je finis mon assiette goulument. Et je ne sentais même pas de nausées venir. J'aurai presque envie d'en reprendre si nous n'avions pas qu'une seule part chacun. Me goinfrer pourrait expliquer ma prise de poids soudaine. Même si je vomis beaucoup, mon ventre s'arrondit un petit peu plus chaque jour sans parler de ma poitrine. Et cela devient de plus en plus compliqué pour moi de cacher mon ventre arrondi sous mes vêtements. Même si les gens ont assez de tact heureusement pour ne pas me faire remarquer que j'ai grossi. 

Je vis une assiette pleine se poser devant moi. Livai détourna aussitôt la tête pour regarder Eren et Jean se crêper le chignon au milieu de la pièce. Il n'a pas faim? Tant mieux pour moi... Je ne vais pas me faire prier.

- Oh, on dirait bien que quelque chose vient de débuter, ricana Hanji. 

- Je leur ai pourtant demander de ne pas se bagarrer.

Livai se leva pendant que j'attaquai frénétiquement son assiette. Avant d'écarquiller les yeux en réalisant que mon ventre gargouillait bizarrement. Livai donna deux violents coup aux garçons pour qu'ils s'arrêtent et tombent au sol. Je me levai vivement de ma chaise. Oh oh.

- Tout le monde s'est un peu laissé emporter. Nettoyer moi tout ça et aller dormir, ordonna mon mari. 

Je sors du réfectoire. Merde, où sont les toilettes déjà? C'était l'assiette de trop. 

Hum... Quand je suis ressortie quelques minutes plus tard, l'endroit était déjà plus calme. La plupart des soldats devaient être partis dormir. Etrangement, nous étions la vieille de l'expédition mais l'ambiance semblait légère. Mon visage était refroidi par l'eau roide que j'avais passé dessus et le vent du soir. Je descend lentement les escaliers en tenant mon ventre, jugeant mon état. 

Arrivée dans la cours, je vis Livai accroupi sur un mur, une pinte à ses pieds. Il avait un regard triste, presque vide d'émotion. Je remarquai le trios d'amis derrière lui qu'il semblait écouter. Armin était tout enjoué, un énorme sourire collé à son visage. Je me demandais de quoi il devait parler ces trois là... 

Livai releva la tête et me vit à quelques mètres de lui. Son visage faisait presque peur. Nous nous échangeons un regard pendant quelques minutes. Aucun de nous deux ne parlaient. Je soupirai  en m'avançant pour rentrer dans le bâtiment où ma chambre se situait. 

- Violet. 

Je m'arrêtai au début des marches pour entendre ses pas vers moi. Ma main serra la rampe et je pris une grande inspiration pour me vider de ma colère et ma frustration, que j'aspire beaucoup envers cet homme désormais. Je serre les lèvres et me retourne face à lui. 

- Quoi? 

Ma voix n'a pas flanché. Elle était juste aussi glacial que le regard que je lui lançais. Il s'arrêta à une certaine distance de moi. Il avait laissé tomber sa pinte près du mur. Je descend lentement les marches pour être à sa hauteur et le toise avec le plus d'assurance possible. 

- Ca commence à beaucoup se voir, remarqua-t-il en fixant ma chemise. Tu devrais partir d'ici pendant que je vais à Shingashina. 

Mes poils s'irisèrent. Je crois que mon nez s'est retroussé en même temps que mes sourcils. Mais je laisse transparaître un sourire ironique. 

- A la bonne heure! Comme ça, je pourrais attendre sagement ton retour dans un trou paumé. Sans savoir si tu es en vie ou non...

- Tch... Essaye de comprendre, bordel! 

La colère montait dans le fond de ma gorge. Je sentais que je l'avais accumulé pendant toutes ces semaines, accompagné de cette putain de peur que je devais surmonter seule. Mais l'endroit n'était pas adapté pour cette discussion, ou plutôt, cette dispute enragée qui nous menaçait. 

- Va chier, Livai! C'est toi qui ne comprends pas, pestais-je en me retournant. 

Mais il attrapa mon poignet pour me retenir. 

- Attends!

Autrefois... j'aurai adoré ce contact. Mais il me provoqua un picotement désagréable sur la peau. 

- Demain, je vais partir, continua-t-il. 

- Je sais, fis-je en dégageant ma main.

- Ce que j'essaye de te dire, c'est que je voudrai passer ma nuit avec toi. 

Je serre automatique mes poings. Mes ongles se plantait dans la paume de ma main. J'allai exploser. J'allais réellement exploser. Je réalisai que je n'avais jamais ressenti une aussi grande haine pour mon mari. 

- Attends, mais tu es sérieux?! Va... te... faire foutre! Merde! Tu ne me parles plus depuis des semaines! Est-ce que tu peux imaginer ce que j'ai ressenti? Non! Puis tu me demandes calmement ce genre de chose sans aucun remords!? Je ne suis pas ton putain d'objet, je suis...

Il leva une main calmement. Il n'avait pas cillé pendant que mon ton était monté. Il siffla:

- Hé, je sais tout ça. Tu t'attendais à quoi? Que je sois le mari parfait? Que je saute de joie face à la nouvelle? Tu savais très bien ce que je valais quand tu m'as épousé. 

- Mon mari? Parce que tu te considères encore comme tel? Je n'ai pas vraiment eu cette impression ces derniers temps! Enfin merde, Livai! On ne fout pas une femme en cloque pour l'abandonner ensuite. 

Je réalisai que nous avions complètement brisé la barrière de notre intimité, à nous disputer presque dans la rue. N'importe quoi pourrait nous entendre, bien que l'endroit était vide. Livai aussi semblait avoir oublié ce détail. Il passa une main nerveusement sur son front. 

- Je ne t'ai pas abandonné. J'étais occupé. Toi aussi, tu as travaillé pendant tout ce temps. Je le sais, j'ai lu tous tes rapports. On était tous les deux putain d'occupés par notre objectif! Et le fait est... que je n'ai rien de l'étoffe d'un père. 

- Parce que tu crois que je respire la fibre maternelle, moi? Je suis effrayée et je suis toute seule! I...imagine que tu ne rentres pas de Shingashina. Je me retrouverai livrée à moi-même avec cet enfant. 

- Ce gamin nous ait tombé sur les bras au plus mauvais moment. Je n'ai pas le temps! On est en guerre, Violet! C'est justement en lui espérant un avenir que des soldats partent au combat demain. 

- Tu es horrible, Livai, sanglotais-je en m'asseyant sur les marches!

- Peut-être bien. Mais... je ne compte pas mourir demain. Je reviendrai.

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