34. Fugitifs
- Ah, j'étais sûr que je les avais planqué là.
- Vite, Sasha! On n'a rien à faire ici.
- Attends... J'y suis presque. Je les avais mis là pour que le caporal ne s'en rende pas compte.
Je descendis des escaliers pour arriver dans la cuisine où j'entendais des petits bruits de souries. Je remarque Connie et Sasha entrain d'essayer de chercher quelque chose au fond d'un placard. Ils ne m'avaient pas entendu arriver.
- Eh mais qu'est-ce que vous faites là? Vous n'étiez pas censés être de garde?!
Les deux adolescents se retournent brusquement et Sasha se cogna la tête contre le meuble.
- Capitaine?
- Retournez y tout de suite avant que j'en parle au caporal! Vous avez envie qu'on se retrouve assiéger pour quelques pommes de terre?!
- Oui, enfin non... O...on y va, Sasha!
Je les regarde s'enfuir sous mon nez pour retourner à leur poste. Je soupire et vais vers la cuisine. Je jette un oeil à la cachette avant de réaliser que je m'en fichais de leurs petits magouilles. Je referme le meuble et prend la bouilloire pour la remplir d'eau.
- Laisse ça, je vais le faire.
Une main me la vola discrètement pour la poser sur le feu. Je lève les yeux au ciel.
- Je suis capable de faire chauffer de l'eau, pestais-je.
- Oui, mais je ne tiens pas à ce qu'on subisse un incendie par ta faute.
- Pourquoi tu m'as demandé d'aller faire du thé si tu me rejoins deux minutes après?
- Parce que je me suis souvenue que tu étais à chier, explique Livai.
- Sympa, murmurais-je en m'asseyant sur le comptoir. Au lieu de critiquer, tu pourrais m'apprendre.
- J'ai autre chose à foutre.
- D'accord, si ça te va de passer le reste de ta vie avec une femme qui ne sait pas faire le thé comme tu l'aimes.
Je souris à ma propre phrase mais heureusement, Livai ne me voyait pas de là où il était. Je jetai un oeil sur les deux idiots pour vérifier qu'ils avaient bien repris leur poste.
- Plus tard, les explications...
Il sortit deux tasses en vérifiant leur propreté. Je masse mon épaule endolorie. Avec toute cette agitation, je n'ai même pas le temps de faire attention à moi. J'ai mal partout et je ne laisse pas le temps à mes blessures de guérir. Je ne ressemble encore plus à rien avec mes bandages et mes brûlures causées par le colossal. Je caresse mon alliance, l'esprit perdu dans mes pensées.
- Violet.
Je cligne plusieurs fois des yeux et vis la tasse que Livai me tendait. Elle me réchauffa aussitôt les mains dès que je la pris. Il alla s'asseoir à la table pendant que je restais sur le comptoir.
- Tu... Hum... Pourquoi tu as parlé de nous au major Erwin? Je sais que tu lui voues une confiance aveugle mais il n'était pas vraiment concerné par cette histoire.
- Erwin me connait depuis des années. Figure toi qu'au contraire, il s'y était intéressé. Il t'avait remarqué pour ton esprit de déduction et ta passion au côté d'Hanji. Il n'a pas vraiment émis d'avis quand je lui ai dis que j'allai t'épouser. Il m'a juste dis qu'il ne fallait pas trop que cela se sache. Mais j'en avais déjà l'intention.
Il but plusieurs gorgées de son thé pendant que je réfléchissais. Je ne pense pas que le major me connaisse réellement. Nous avons eu très peu d'interaction ensemble. J'ai toujours été plus à l'aise avec Hanji.
On entendit des pas dans l'escalier. La silhouette de cette dernière apparut dans l'obscurité. Elle était encore en pyjama elle aussi. Il faut dire que le soleil ne s'était même pas encore levé.
- Eh bien, c'est la petite réunion privée, demanda-t-elle en bayant? Oh, du thé! J'en veux bien aussi.
- Non, répondit fermement Livai.
- Quoi? Pourquoi?
- C'est le mien et il me coute la peau du cul!
- Ah, d'accord, je vois... Violet a des privilèges maintenant, pouffa-t-elle en regardant ma tasse.
- La ferme!
___
Lorsqu'Eren se transforme en titan, il y a toujours de la fumée qui émane de son corps. Comme prévu, il est impossible de passer inaperçu. Bien que nous soyons au cœur des montagnes, nous pouvons être sûr qu'ils sont là, quelque part à nous épier.
Eren essuya son visage avec un linge mouillé. Il avait dormi une journée entière pour se remettre de nos expériences. Nous étions à son chevet.
- Bon! Tu es redevenu à la normale. Mikasa, c'est inutile d'essayer de m'égorger maintenant... frémit Hanji. Parlons de l'expérience, tu te rappelles de ce qui s'est passé?
- Non. Je ne me souviens de rien après le début de l'expérience. Le processus de solidification a fonctionné?
- Désolé de te dire ça mais... après t'être changé en titan, rien ne s'est passé.
Je souris faussement, frustrée après la fin de ma phrase. Eren lança un regard à Historia qui était en face de son lit.
- Rien du tout?
- Nous avons étudié ton corps de titan mais nous n'avons pas trouvé ce que nous cherchons.
Hanji lut rapidement le rapport que j'avais écris il y a quelques heures pendant que nous étions à l'extérieur en train d'étudier Eren.
- Hum... L'expérience s'est passé comme suit: tu devais essayer de reproduire le processus de solidification que nous aurions utilisé pour le mur Maria. Mais rien ne s'est produit. Donc nous avons opté pour des tests d'endurance et d'intelligence.
- Je... me souviens de ce qui était prévu... mais du reste...
- Ouais. La première fois, tu t'es changé en un titan de 15 mètres. La même taille que les fois précédente. Nous t'avons donné des instructions simples comme tenir en équilibre ou agiter les mains. Tu as pu suivre toute nos directives car tu étais pleinement conscient. Nous t'avons ensuite demander de parler mais ce n'était vraisemblablement impossible pour toi. La structure de ta bouche ne te permet par d'articuler. Je t'ai alors demandé de construire quelque chose avec des troncs et des cordes. Tu as été capable de réaliser même les parties les plus délicates. En tant que titan, tu pourrais même construire un château.
Une heure a passé et tu as changé. C'est arrivé quand nous t'avons demandé d'écrire sur le sol, au lieu d'essayer de parler. Tu étais en train d'écrire: Je ne sais pas comment me solidifier. Tu as ensuite écrit maladroitement: Mon père a été ... par moi.
- Ah?
- Tu as enchaîné ensuite avec quelque chose d'incompréhensible. Tu avais l'air très triste. Tu te souviens de ce que c'était?
- Non...
- Tu t'es morfondu en pleurs pendant trente minutes d'affilées. Puis tu as émergé du titan. A partir de là, tes souvenirs étaient flous et tu n'étais qu'à demi conscient. Après un repos d'une demi-heure, tu as à nouveau tenté de te transformer. Tu as également échoué à ta tentative de te solidifier. Et tu ne mesurais plus que 13 mètres. Nous avons repris les exercices précédents mais tu n'en as réussi aucun. Tu as ignoré nos ordres. Affamé, tu as dévoré la maison que tu avais construite auparavant. Tu t'es évanoui comme si tu étais à bout de force et nous avons dû intervenir pour te sortir de ton titan. Tu as pris une autre pause de trente minutes et tenté une 3ème transformation.
Cette fois-ci, tu ne mesurais plus que 10 mètres, incapable de tenir debout et ton corps était incomplet. Tu as commencé à fusionner avec le corps de ton titan et nous avons eu beaucoup de mal à te tirer de là.
- Au moins, nous savons maintenant, fit Eren d'une vois blanche. L'opération pour la reconquête du mur Maria est impossible pour le moment. Tout est de ma faute, il est impossible de me solidifier.
- Exact, déclara mon mari. Voici notre situation actuelle, nous sommes vraiment désappointés. Par ta faute, l'air extérieur est pourri. Nous sommes exposés à de nombreux risques sans aucun retour pour le moment. Qu'en sera-t-il la prochaine fois? Que fera-t-on si un titan surgit du sol ou tombe du ciel? L'humanité sera sans défense. La situation est désastreuse.
- Eren a fait de son mieux, s'exclame Mikasa!
- Je sais! Mais qu'est-ce que ça change? Il est incapable de reboucher le mur Maria.
- Mais pourquoi tu le réprimandes? Demanda Hanji.
- Mes mots sont durs mais je ne le blâme pas. Se plaindre de son incompétence fait partie d'un tout. Tu comprends? L'intérieur des murs empeste comme une citerne. Si ça continue comme ça pendant encore cent ans, l'intérieur des murs sera complétement pourri. Voilà où nous en sommes. Je ne m'en suis rendu compte que récemment. Depuis ma naissance, j'ai toujours été alerte à cette pourriture. Mais je pensais que c'était une odeur normale et naturelle. Mais l'air que j'ai senti à l'extérieur des murs était différent. Bien que le monde extérieur soit un enfer, il y règne une liberté qu'on ne trouve pas à l'intérieur des murs. Pour la première fois, je me suis posé des questions.
- Hem, ce que Livai essaie de dire, c'est que grâce à cette expérience, nous savons que tu es incapable de te solidifier, interrompt Hanji. De plus! La durée de ta transformation, les tailles et leurs efficacités: tout a été enregistré par Violet! Cette expérience nous permettra de faire un rapport très utile. Pour être clair, nous devons aller de l'avant, voilà ce que Livai voulait dire.
- Ouais, grogna-t-il. Tu nous as été très utile.
On aurait dit que ces mots lui ont été arraché de force. Je renfrogne un sourire discret qu'il aperçut.
- Très bien! Puisque nous ne pouvons pas avoir recours à la solidification, il ne nous reste qu'une seule option. Après enquête sur le culte du mur et ses organisations religieuses et au vu du mur construit à base de titan, nous pouvons être sûrs qu'ils en connaissent les origines. Peut-être qu'ils savent même comme les murs ont été construit ou quelque chose sur la solidification. Pourquoi la réponse a toutes ces énigmes repose, non pas en la plus haute autorité, notre roi, mais plutôt sur la famille Reiss? Erwin est parti pour la capitale et aura bien quelques pistes.
___
Hanji posa brusquement une bouteille sur la table, ce qui me sursauter et pester Livai. Elle nous lança un grand sourire un peu inquiétant.
- Du vin? Sérieusement?
Je lâche mon attention de mon rapport pour regarder la bouteille douteuse qui n'avait même pas d'étiquette.
- Oui! Je me suis dis qu'après cette journée, on avait tous besoin d'un petit remontant. Les jeunots sont partis dormir donc on est tranquille.
- Bien sûr, et si nos ennemis débarquent maintenant, on aura l'air fin. Va essayer de te battre avec un coup dans le nez, fis-je en éloignant les feuilles.
- Elle a pas tord. Et puis d'abord, où est-ce que tu as trouvé cette bouteille?
- Tu veux dire... ces bouteilles, s'exclame-t-elle en posant d'autres d'entre elles sur la table. C'est parce que tu ne tiens pas l'alcool que tu refuses, Livai?
- Tch. Pas le moins du monde, souffla-t-il en croisant ses bras devant lui.
- Cela ne m'étonnerait pas vu ton gabarie.
La remarque d'Hanji sur la taille de Livai lui valut un violent coup dans le genou sous la table. La brune gémit de douleur. J'ignore leur dispute:
- Des garçons de ma brigade volaient souvent des bouteilles aux marchands de la ville, expliquais-je. Certains s'en sont mordu les doigts... Mais on finissait tous alcoolisés à essayer d'échapper aux gardes de nos dortoirs. C'était marrant.
- Elle est belle, la jeunesse.
- Tu les as volé, Hanji? Demandais-je, vexée.
- Peu importe. Ce n'est pas important, fit-elle ouvrant la bouteille.
- Hum... Je ne pense pas qu'il faut s'attendre à du grand cru, marmonais-je en regardant le liquide remplir mon verre.
- Parce que tu t'y connais en vin?
Je lançais un regard à Livai. Il devait se douter que j'ai connu plus fameux dans ma famille. Mais il regardait son verre aussi d'un drôle d'air.
Il faisait nuit depuis quelques heures et nous n'étions plus que tous les trois debout, en plus de Jean et Armin qui était de garde dehors.
Je porte le verre à mon nez. Il sentait et il devait avoir le goût d'un vin de bas de gamme. Cela faisait depuis longtemps que je n'avais pas pu d'alcool. Je m'hydrate étrangement beaucoup avec du thé en ce moment.
- On trinque à quelque chose, demanda Hanji?
- A quoi? Notre mort prochaine? La trahison d'un nouveau camarade? L'échec de l'expérience d'aujourd'hui?
- Quelle pessimisme, Violet! C'est être mariée à Livai qui te rend comme ça?
- Elle n'a pas vraiment tord, Hanji...
- En parlant de pessimisme, je ne pensais pas que tu serais d'humeur non plus, remarquais-je à la brune. Tu es changée depuis.. hum... la mort de Nick. C'est la culpabilité qui te ronge?
- Peut-être... Bon, pourquoi trinquer alors...
Je porte mon verre à mes lèvres avant de boire une gorgée. Bon, le goût n'est pas terrible mais j'ai peut-être connu pire. Livai fit une mine plus dégoûté en reposant son verre. Hanji avait... fini le sien et se resservit.
Je le remue légèrement pour le mélanger.
- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant, demandais-je après une autre gorgée?
- Hum?
- Eren n'est pas capable de se solidifier. Nous savons qu'une organisation nous espionne et va nous péter à la gueule mais nous ne savons pas quand et comment, et qui d'ailleurs?! La mission que nous avions à Shingashina ne semble plus réalisable. Surtout que le cuirassé, le bestial et le colossal doivent sagement nous y attendre.
La fin de ma phrase marque le début d'un long silence pendant lequel je finis mon verre avec Livai.
- On fait comme on dit, on retourne à l'intérieur des murs et à l'extérieur. Je sais que tu détestes baser nos missions sur de simples suppositions, soupira Hanji. Mais avons-nous un autre choix?
Hanji me servit un nouveau verre avec une nouvelle bouteille.
- La théorie ne me gêne pas quand il s'agit par exemple des titans. Mais quand on met la vie de soldats en jeu, j'ai plus de mal: comme à la mission dans Stohess. Heureusement, les déductions d'Armin étaient bonnes. J'ai l'impression qu'il se trompe rarement...
- C'est vrai, répondit simplement Livai.
Encore une fois, il y eut un silence. Hanji croisa les bras devant elle, la tête basse, et réfléchit. Je commençai à avoir chaud à la tête.
- Dites... qu'est-ce que vous auriez fait si vous n'aviez pas été soldats? Demanda-t-elle.
- Hein?
- Ou bien, qu'est-ce que vous deviendriez si la guerre s'arrêtait?
Je croisai mon regard avec Livai. Je demandai bien pourquoi Hanji nous demandait subitement ça.
- Je n'en sais rien, avouais-je. Je n'y ai jamais réfléchi. Ma vie a juste été d'être une soldate. Je ne sais pas sûre que je sois douée pour autre chose.
- Surtout pour passer un putain de balais...
Je le foudroies du regard.
- Je me demande dans quoi je me serais intéressée si les titans n'existaient pas.
- Je ne veux pas imaginer ça, ricanais-je.
- Et toi, Livai?
On tourna toutes les deux la tête vers lui. Il nous regarda à tour de rôle avant de soupirer:
- Une boutique de thé.
- Sérieusement, pouffa Hanji? Qui aurait pu imaginer que le soldat le plus fort de l'humanité rêve de tenir son petit commerce? Oh! Oh! Comment tu pourrais l'appeler? Hum... Chez Livai... Mouais, ça sonne bien. Tu ne supporterais pas que les clients salissent ta boutique. Plus personne n'osera entrer à l'intérieur pour acheter.
- Il les retiendrait en otage pour nettoyer toute leur saleté, ajoutais-je. Sachant que personne n'est capable de rendre un travail bien fait, comme il le dit.
- Fermez vos gueules, pesta-t-il dans son verre!
On ricana toutes les deux de notre bêtise et Hanji nous servit un autre verre. Je posais mon dos endolori sur la chaise et retins un bâillement.
- N'empêche, je crois que le domaine où j'excelle le plus, c'est juste... espérer pouvoir sauver l'humanité, fis-je d'une petite voix. Je vais être honnête, ce n'était pas ce que je voulais quand j'ai rejoins les explorateurs. Mais pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression de faire quelque chose d'important. Même si je venais à mourir demain, je saurais que j'ai été utile vers le chemin de notre liberté.
Cette fois, l'alcool commençait à vraiment me monter à la tête. Je frotte mes yeux pour me tenir éveillée puis remarque que Hanji à sa tête enfouie dans ses bras.
- Hanji?
Je la remue légèrement. Livai n'avait pas bougé d'un pouce non plus. Mais il ne semblait en rien influencé par les verres qu'il avait bu.
- Elle dort, lâcha-t-il, indifférent.
- Déjà? Pour si peu...
Effectivement, j'entendais la respiration lourde de la brune. Mais... elle avait bu presque autant que moi!
Certes, je ne suis pas dans le meilleur de états mais je tiens encore sur place. Peut-être que la fatigue l'a gagné en plus de ça. On a travaillé toute la journée avec les expériences sur Eren.
- Tch... On parle de gabarie... Et après, ça s'endort au bout de trois verres.
- Peut-être qu'il faudrait l'emmener dans son lit. Elle va avoir mal le lendemain si elle fait sa nuit sur cette chaise.
- Elle a voulu jouer, elle assume. Elle est bien plus grande que toi. Tu vas avoir du mal à la transporter jusque dans sa chambre.
- Je pensais plus à toi qui la ramène, murmurais-je, excédée. Bien sûr que je serais incapable de la transporter dans les escaliers! Je ne suis pas surhumaine.
- Plus tard.
- Quoi? Tu veux encore boire cette horreur? Fis-je en pointant son verre.
- Tu en as bien descendue trois toute seule aussi. Tu ne tiens pas l'alcool non plus. Tes joues sont rouges et tes mots sont machés. A boire depuis que t'es gamine, je pensais que tu connaissais ta limite. Mais ce n'est pas la première fois que je te retrouve dans ce genre d'état.
Il faisait certainement allusion à l'épisode de la pinte de trop et où je suis rentrée trop alcoolisée au quartier général. Il m'avait sauvé des griffes d'un type qui avait essayé de profiter de la situation. Légèrement gênée de repenser à ce moment, je détourne la tête en balayant maladroitement de mèches de cheveux. Une vieille habitude de Benedict quand elle voulait se faire valoir et que j'ai imprimé également quand je suis mal à l'aise.
- A la bonne heure!
Livai ne répondit rien d'autre. Il y eut un petit silence où je regardais les deux adolescents faire le guet à travers la fenêtre. Je cale ma tête dans mes bras pour regarder autour de moi. Il se pourrait que la pièce tourne un peu et que j'ai quelques frissons.
- Violet...
- Hum?
- Si ta spécialité est d'espérer, la mienne est de côtoyer la mort.
Son ton était tellement monotone. Je me tourne pour le regarder jouer avec son verre, les yeux dans le vide.
- Tu ne mourras pas demain. J'ai assez donné comme sacrifice. Agis! Bats toi! Je t'ai pas épousé pour que tu te barres aussi facilement. Si tu meurs demain, tu n'auras encore rien accompli de ce dont tu es capable.
- Livai...
- J'ai pour habitude de ne pas m'attarder sur mes choix. Si je juge qu'il ait le bon, j'assume mon choix jusqu'au bout, parce que j'en suis convaincu. S'attarder sur tous les détails seraient une perte de temps. Tu étais un bon choix.
Mon cœur rata un battement. Je ne pus m'empêcher de sourire.
- Ou un mauvais, je ne sais pas encore.
Je soufflai du nez et levai les yeux au ciel. Livai agrippa ma main et la serra dans la sienne.
- Je n'ai pas envie de savoir.
___
- Caporal Livai!
J'entendis quelqu'un tambouriner à la porte de la chambre. Je me réveillai en sursaut sur le torse de Livai. Lui aussi émergeait difficilement de son sommeil. Il massa ses yeux en grognant. Je me levai aussitôt, à moitié dévêtue.
- Quoi? Pesta-t-il alors que je fouillai dans mes affaires pour m'habiller.
- Nifa est arrivée avec un mot. Un ordre du major Erwin!
- Merde!
Livai était de toute façon déjà habillé mais il attendit que je sois en uniforme également pour ouvrir et descendre les escaliers. Nous n'avions même pas pris la peine de nous cacher en sortant de notre chambre mais je crois que personne était préoccupé par ce genre de petit détail en ce moment.
Les recrues étaient déjà en bas à l'attendre. Je vis Nifa, encapuchonnée, lui tendre un mot. Il le lut silencieusement. Je lui jette nerveusement un regard interrogateur pour essayer d'obtenir une réponse. Mais Livai ne lui laissa pas le temps:
- Evacuation général, s'exclama-t-il enfin. On se tire d'ici. Ne laissez aucune trace.
- Quoi?
Livai brûla le papier à l'aide d'une bougie.
- Vous croyez en lui, non? Alors, on se casse le plus vite possible.
On s'exécuta et rapidement, nous étions loin de la maison en haut d'une falaise. Je regardais, complètement perdue, la situation lunaire en face de moi. La maison était entourée de soldats armés. Mon escouade nous avait rejoints et agrémentés de fusils au cas où nos ennemis se pointeraient par ici.
- Merde... c'était moins une, ils nous seraient tombés dessus pendant notre sommeil, pâlit Connie. On aurait été foutus.
- Comment le major a-t-il su?
- Le centre a donné des ordres: stopper toutes les expéditions d'explorations et livrer Eren et Historia.
- Et lorsque je suis partie avec la lettre du major. Les brigades spéciales sont arrivés et l'ont arrêtés, explique Nifa.
- On nous traite comme des criminels, m'exclamais-je?!
- L'ennemi a arrêté d'agir dans l'ombre, soupira Livai. Il nous sort le grand jeu.
- Quel secret peuvent cacher les murs pour justifier ça? Se demanda Hanji. Et puis, pourquoi veulent-ils s'emparer d'Eren et Historia? Pourquoi les capturer et pas les supprimer?
- Qui sait... Une chose est sûre, ils sont à leurs trousses. Il ne faut pas traîner dans le coin. Allons cacher Eren et Historia à Trost, fit Livai.
Tout le monde s'étonna de la proposition du noiraud.
- Pourquoi? Le pasteur Nick s'y est fait tué, demanda Moblit?
- Aller vers le centre serait encore pire. On se glissera dans le chaos ambiant de Trost et rester en ville nous permettra d'utiliser notre équipement au besoin.
- C'est vrai...
- On ne peut pas non plus se laisser traquer sans réagir. Il faut qu'on démasque notre ennemi. Hanji, je vais t'emprunter quelques hommes.
- Pas de soucis. Bon, de mon côté, je vais rejoindre Erwin. Moblit, tu viens avec moi. Le reste, avec Livai.
- Compris, fit-on.
Je regardais ma supérieur s'éloigner avec Moblit pour monter à cheval. Pendant que le groupe s'éloignaient également, j'attrapai l'épaule de mon mari et lui chuchotai:
- Ces types... ils font partis de la police militaire de la capitale?
- Je n'en suis pas sûr. Je ne pense pas qu'ils viendraient ici en personne. Tch... ils me sous estiment vraiment. Allez, on ne traîne pas. Nous avons de la chance, la lumière de la lune pourra nous guider.
- Oh... Ce serait presque beau.
- Ce n'est pas du tout le moment, Violet, fit-il s'éloignant.
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