J'entrai lentement dans la pièce qui m'avait servi de chambre pendant deux ans. Je ne pensais pas, un jour, remettre les pieds dans le quartier général du bataillon d'exploration. Iris était dans son lit à se remettre de la bataille qui avait suivi.

Elle me sourit quand même en me voyant s'asseoir à son chevet.

- Salut... Comment tu te sens?

- Epuisée. C'était plus éprouvant que je ne le pensais et impossible à décrire. J'ai vraiment cru que j'allais y passer. Et toi, ton épaule?

- Douloureuse. Mais nous avons réussi à récupérer Eren, c'est le plus important.

- Oui... Mais au prix de combien de sacrifice. Tu as bien failli perdre la vie lors de l'explosion.

- Mais ce n'est pas le cas, n'y prêtons plus attention.

- Hum... Comment se porte la bataillon après cette semaine, demanda Iris. Je ne suis pas sortie d'ici et tu es la première personne que je vois en dehors des médecins.

- Tu n'es peut-être pas au courant mais le major Erwin est devenu invalide. Il a malheureusement perdu son bras droit lors de la bataille. Il y a eut des conflits avec la police militaire et la population qui a voulu fuir les titans et surtout, j'ai fait une découverte avec Hanji.

- Laquelle?

- Un garçon qui s'appelle Connie Springer, qui vient de la 104ème brigade, est venue voir Hanji. Il était retourné dans son village natal et était persuadé qu'il a croisé un titan qui ressemblait à sa mère. Ce village... nous pensons qu'il est la source des titans qui étaient dans le mur Rose.

- Attends! Qu'est-ce que tu me racontes? Tu me dis qu'avant ça, les titans étaient... des humains?

- C'est ce que nous pensons, oui! Le nombre de personnes dans ce village concorde avec celui des titans qui sont apparus dans l'enceinte. Cela expliquerai leur présence alors que nous n'avons pas trouvé de brèche.

- C'est du délire! S'exclama Iris en se relevant légèrement.

- Hanji est en ce moment en train de proposer cette théorie au major Erwin. Je sais qu'elle est terrifiante mais elle est plausible.

- Mais alors, comment ils se sont transformés?

- Ca, nous l'ignorons encore... D'ailleurs, nous avons trouvé les restes de... Mike dans les environs. Iris... nos ennemis... sont désormais autre chose en plus des titans. Nous n'en avons absolument pas fini avec eux. Et nous avons vraiment de gros problèmes avec l'état.

La blonde resta songeuse. Je baisse légèrement ma tête pour regarder sa main dans un foulard.

- Iris, j'ai besoin de tes conseils, fis-je d'une voix blanche.

- Vas-y...

- Il se pourrait... que... je me marie prochainement.

Ma voix avait diminué le long de ma phrase, n'osant pas croiser directement son regard.

- Pardon? S'exclame ma meilleure amie. Mais avec qui?

Elle répondit elle-même à sa question en réalisant mes rougeurs.

- Avec le caporal?

J'acquiesce doucement de la tête.

- Mais enfin, pourquoi tu veux te marier avec lui? C'est un vieux type vulgaire qui n'en a rien faire de toi! Ne t'attends pas à ce qu'il soit un bon mari! C'est un soldat, il a autre chose à faire et toi aussi.

- Je sais qui il est. Moi-même, je ne comprend toujours pas pourquoi il me l'a demandé. Après un monologue un peu défaitiste en plus de ça. Iris... dans le passé, j'ai déjà failli me marier. Je ne peux pas t'en expliquer plus mais j'ai toujours pensé que le mariage n'était pas fait pour moi. Mais lui... il m'en a redonné l'envie.

- C'est de la folie. Ce n'est pas du tout le moment pour un mariage! Vous êtes deux soldats, vous avez d'autres préoccupations. Je ne vois même pas pourquoi il lui ait venu cette idée. Attendez au moins la fin de la guerre pour ce genre de chose.

- Je sais... Mais j'y ai déjà longuement réfléchi et je ne lui ai même pas encore dit ma réponse. S'il te plait, j'aurai besoin de toi pour me soutenir.

- Tu m'as demandé conseil, Violet. Tu sais ce que j'en pense, maintenant, soupira-t-elle.

- Je crois que... il a peur de me perdre et d'avoir des regrets, murmurais-je. Il déteste ça.

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement et un soldat apparut.

- Ah, capitaine. Je vous cherchais. Un homme vous demande.

- Un homme? Fis-je en me levant. Si c'est encore Gilbert ou Réginald, tu peux les renvoyer d'où ils viennent. Non mais franchement.... me suivre jusqu'à Trost...

- Non, il s'agit d'un certain Philémon Fiducia.

Mon cœur rata un battement. Je butais sur la chaise qui tomba lourdement sur le sol. Iris sursauta et me demanda de qui il s'agissait. Mais je crois que je n'ai même pas entendu sa question entièrement. Phil! Mon petit frère!

___

Je dévale les escaliers du QG pour courir vers le réfectoire. Je manque au passage de percuter un bon nombre de soldats mais je pris à peine le temps de m'en excuser. En ouvrant la porte, je vis un beau jeune homme bien habillé, brun et avec ses yeux noisettes. Il avait changé. Evidemment! Car il était encore un enfant quand je suis partie. Je l'admirai en reprenant ma respiration. Il se leva lentement de sa chaise.

- Phil!

J'accoure dans ses bras. Il faisait au moins deux têtes de plus que moi. Il était plus grand que nos deux autres frères. Il passa une main sur mes cheveux.

- Oh, tu as tellement grandi! J'ai l'impression que je pouvais encore te tenir dans mes bras la dernière fois.

- Vous exagérez toujours, fit-il avec un sourire charmeur.

C'est vrai, il devait être majeur maintenant.

- Violet, j'ai entendu dire par notre mère que vous étiez dans le bataillon d'exploration. Je n'osais y croire. C'est incroyable, vous êtes une soldate! Vous avez changé aussi, votre regard est plus rayonnant.

Il regarda mon bras dans un foulard et mes bandages à la tête, inquiet. Je passe légèrement une main dessus, gênée. Peut-être un ancien réflexe de toujours cacher ce qui ne va pas.

- Oh, des blessures de mon dernier combat, ne t'inquiète pas... C'est monnaie courante par ici. Je suis désolée d'être partie comme une voleuse mais je n'avais pas le choix. Tu as vu l'homme qu'ils me réservaient?

- Oui, notre mère a mal digéré cet affront. Vous auriez dû voir l'état de la maison le jour de votre départ.

- Oh, j'espère qu'elle n'a pas...

- Non, elle m'apprécie trop pour me faire subir vos malheurs. Mais je suis parti de la maison depuis 1 an ne pouvant plus m'y tenir.

- C'est vrai?

- J'habite dans le cabinet d'un médecin de Stohess. Il est mon maître et m'apprend tout sur le métier.

- Oh, tu pourras être médecin comme tu le voulais. Oh, Phil je suis tellement heureuse de te voir. J'ai pensé à toi chaque jour!

J'entendis un raclement de gorge derrière nous. Je me retournai et vis Livai ainsi qu'Hanji qui s'éloigna aussitôt pour rejoindre mon escouade. Il ne semblait pas apprécier la scène, à vrai dire, j'étais encore dans les bras de Phil.

- Oh, Livai! Je présente Phil, mon petit frère, fis-je nerveusement.

Celui-ci se dégagea pour venir serrer la main de Livai. Il accepta la poignée de main, septique. Comment expliquer que Phil était particulièrement plus grand que lui.

- Phil, voici le caporal-chef Livai, mon fiancé. Et celle qui est partie presque en courant, c'est Hanji, ma supérieure.

Même Livai ne s'attendait pas à ce que je lâche ça. Il me regarda avec des yeux ronds pendant que mon frère revint vers moi. Il faut dire que je n'ai jamais accepté sa demande, c'est à peine si on s'est vu depuis que je suis au QG.

- Le caporal-chef Livai! Vous êtes célèbre, enchanté! Fit mon frère qui n'avait pas vu le malaise. Si j'avais su un jour que ma grande sœur se retrouverait aux côtés des plus grands soldats.

- Oui, inimaginable, n'est-ce pas, soufflais-je gênée?

- Il faut dire que notre famille est tellement coincée sur d'anciennes valeurs. Elle a bien fait de partir le plus tôt possible. Mais j'ai appris que vous aviez changé votre nom, me fit-il.

- Oui, je voulais éviter que nos parents me retrouvent. Tu connais leur ténacité.

- Mais bon, ils devraient vous laisser tranquille maintenant que vous allez vous marier. Mère était décidée à vous récupérer il y a encore quelques semaines.

Je levai les yeux vers Livai et compris tristement son intention.

- Si cela ne vous gène pas, caporal, j'aimerai parler seule avec Violet. Nous avons beaucoup de chose à nous dire, tous les deux.

- Pas le moins du monde, soupira Livai en s'éloignant.