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C'est un sentiment qui le met presque en transe.

Si dur à expliquer, tant les sensations semblent lui courir dans les veines sans pouvoir s'accommoder de simples mots. C'est tout bonnement fort, brûlant presque chacune de ses pensées pour y ajouter une nuance incroyable !

Une touche d'émeraude qui éclate sous le soleil.

Il n'y a pas de terme pour décrire ce moment hors de tout, trop fade pour sa réalité. Mais ce dont il est certain, c'est que c'est une chose cruellement vitale ! Et lui, il est sûr de s'effondrer à la seconde où il prendra la décision de s'en priver. À l'inverse, il est tout aussi conscient que cela provoquera sa perte...

En rien, cette situation ne peut être définie si facilement !

C'est un homme stable et loyal. Il a même des idées arrêtées sur bien des sujets qui lui semblent importants, et la fidélité en fait partie ! Il l'est d'ailleurs, c'est comme ça qu'il s'est toujours perçu. Et il n'a jamais douté de tout ça, imprégnant son quotidien de toutes ses convictions alors qu'il rentre tous les soirs dormir dans ses draps, laissant sa femme se blottir contre lui.

Pourtant rien n'aurait pu annoncer un tel chamboulement pour lui ! Sa vie, il l'aimait !

Encore aujourd'hui. Il adore ses habitudes et la façon dont il aborde ses journées. Peut-être trop prosaïque aux yeux de certains, mais selon lui, tout cela a une valeur inestimable. Tout est brodé des rires de ces soirées entre potes et celui de sa femme qui partage son existence depuis des années. Il la chérit d'ailleurs, celle qui lui a dit oui, même si, parfois, il doit aussi l'avouer, elle le rend fou.

Elle l'a toujours soutenue, dans ses bons comme dans ses pires moments. Alors se serait-il réellement osé à risquer une telle relation ? Certainement pas ! Il n'aurait jamais envisagé posséder sa propre salle de sport ! C'est bel et bien parce qu'elle a constamment posé sur lui un regard rempli de confiance qui le pousse en avant qu'il s'est lancé.

C'est d'autant plus ironique que c'est en construisant son rêve grâce à elle, qu'il l'a rencontré lui...

Charlie aime sa vie et n'a aucune raison de vouloir changer tout ça.

Pourtant, c'est avec une simplicité déconcertante qu'il oublie tout cela le temps de cette chanson.

Il en a même besoin ! Si fort...

Il n'espère que cela, tous les soirs sans exception, vivant si mal les jours ou finalement il ne peut pas fermer les yeux sur ses principes... Parce qu'il a cet appétit féroce d'éprouver son cœur, qui s'élance dans cette course folle, alors qu'il se permet de sentir cet homme-là tout contre lui...

Juste le temps d'une chanson.

Et cette fois encore n'y échappera pas, alors qu'il attend au centre de la salle de danse. Il oublie beaucoup de choses, préférant éluder toute la sécurité de son confort de vie qui devrait le conforter à stopper directement tout ceci. Il ne songe plus à tout ça et quand il aperçoit sa silhouette, c'est même totalement impossible que quoique ce soit d'autres ne viennent polluer ses pensées.

Parce que depuis qu'il a décidé de s'agrandir, rachetant le local adjacent pour y installer une salle de danse, tout a éclaté. Il avait tout rénové, s'assurant de tout. Des miroirs qui parcouraient toute la surface d'un mur, à l'acoustique de la pièce. Tout était parfait... Et puis, il était entré dans sa vie et le ciel n'avait plus cette teinte de bleu azur à ses yeux...

Il devait simplement être son employé... Un prof de danse comme on en trouve partout.

C'était seulement ça ! Et Lukas n'aurait certainement pas dû avoir d'autres rôles dans son histoire.

Mais il n'y a rien à faire ! Cet homme chamboule tout, ravageant ses idéaux comme s'il n'y avait jamais apporté d'importance ou construit la personne qu'il était. Juste en posant sur lui son regard qui semble piqué d'une galaxie en résorcine. Lukas s'imprègne partout, l'obsédant de ses prunelles jade qu'il tente de redessiner dans sa tête dès qu'il se laisse aller. Il envahit tout son espace, avec un aplomb déconcertant, murmurant bien trop facilement au creux de ses oreilles, sa nouvelle définition de l'amour.

Il est instantanément tombé amoureux de lui, sans vraiment le comprendre d'ailleurs. Il n'y a rien d'autre à dire pour expliquer ce qu'il a ressenti, et il a tout simplement perdu le contrôle. Il s'est noyé dans ces iris forêt, anéantissant lui-même son univers pour le repeindre de cette nuance émeraude. C'est tout naïvement inévitable et même s'il a réellement essayé, il ne peut se battre contre ça...

Alors Charlie acquiesce, donnant son aval pour lancer l'audio. Il est prêt maintenant, sachant que cela sera court et qu'il n'y aura pas de replay. Ils ne le font jamais.

Et sitôt les premières notes s'invitent dans la pièce, approuvant, en écho, ces pensées interdites qu'ils semblent vouloir hurler, Lukas n'attend pas pour rejoindre cet élève si particulier. Abandonnant derrière lui, entre chaque Bass, les barrières qu'il avait dressées pour protéger sa propre relation avec son conjoint.

Lukas tient fort à cet homme qui partage sa vie. Ils sont ensemble depuis le lycée et il sait pertinemment qu'il vit quelque chose de fort avec lui. Mais il n'y a rien de comparable ! Et c'est une douloureuse et incurable fatalité qu'il a tenté de repousser. Mais même s'il a sérieusement pensé à s'éloigner, cherchant un autre emploi, il s'est laissé piéger, ne semblant survivre qu'à travers les bras de Charlie...

Ce n'est que le temps d'une musique après tout, alors ils abandonnent tout, oubliant juste un peu qu'ils n'ont incontestablement pas le droit.

Late night, relapse
Tard dans la nuit, rechute

Driving steady but I'm ready for the whiplash
La route est bonne, mais je suis prêt pour le coup du lapin

Coffee and cigarettes
Café et cigarettes

Et Lukas se laisse attraper par la taille, envahi par l'ombre de mille sensations qui s'infiltrent partout en lui... Lui aussi en a besoin, il faut qu'il puisse de nouveau respirer ! Et c'est dans ces yeux ébène que sa poitrine semble enfin se gonfler, lui accordant finalement s'absoudre de cet horrible serrement qui lui encercle le cœur à longueur de temps. Sans cela, il a la terrible impression de courir.

Vite ! Sans s'arrêter, menaçant de s'écrouler brutalement à chaque instant. Il dégringole une descente en pleine forêt à un rythme fou, lui cramant constamment les poumons qui fondent dans son thorax. Et chaque branche qui le rouent de coups le barbouille d'une culpabilité écrasante, se gaussant même de sa future chute bien mérité. Car il le sait, il va finir par tomber...

Et le déclin sera terrible ! C'est une conviction inébranlable. L'un comme l'autre, d'ailleurs. Ils en sont pertinemment conscients, et cette cascade sera mortelle.

Mais ils ne peuvent s'en passer, de toute façon, ils ont déjà arretés de se battre. Ils s'abreuvent de tout. De l'odeur du café qui imprègne encore l'air puisque la machine tourne à longueur de journée quand Lukas est là, et celle de la cigarette que Charlie fume toujours en fin de journée.

La seule et unique clope d'ailleurs ! Une sale habitude qu'il a prise pour lui rappeler de retirer son alliance quelques minutes...

Mais malgré tout, la chanson fait son effet ! Et chacune des notes leur accorde de penser qu'ils ont le droit. Peu à peu, la culpabilité disparaît dans un coin de leurs têtes, les laissant s'embarquer dans ce mensonge qu'ils ont pris soin de se fabriquer. Ils n'ont que ça, à peine quelques minutes finalement, alors ils se l'offrent ! En silence, sans en parler, voguant dans les nuances qu'ils arrivent à lire dès qu'ils s'adorent du regard.

Charlie oublie tout. Ses engagements ou l'amour de sa femme. Juste durant cette berceuse.

Et Lukas ne pense plus à son homme qui le chérit. Le temps de cette poésie...

Almost empty, but we're buzzing from the regret
Presque vide, mais nous bourdonnons de regret

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Ils omettent tout simplement ce qu'ils savent terriblement ! Le fait qu'ils s'aiment, d'une façon nouvelle et indescriptible. Une passion singulièrement envahissante qui les sature complètement. Car dès le premier regard qu'ils ont échangé, il y a eu « ça » entre eux.

Et ils chérissent « ça »

C'était sans doute là tout le problème ! Ils adorent impitoyablement se plonger dans cette chose incroyable qui est née cette fois-là. Ils sont épris de tout ce qui les entoure s'ils sont à deux, et ils le font sans égard pour le reste !

Parce que dans le fond, leurs cœurs hurlent quelque chose d'opposé à ce qu'ils devraient être. Ils en sont au fait, ils devraient se morfondre en songeant à la personne avec qui ils vivent, se bouffer les ongles d'oser mettre en danger tout le bonheur qu'ils ont déjà construit ! Mais il n'y a rien à faire, les choses sont différentes de leurs volontés...

C'est même terriblement l'opposer à tout ça ! C'est comme ça ! Parce que Charlie sait qu'il trompe Lukas avec sa femme, et non pas l'inverse, et Lukas pense pareil... Il sait qu'il trahit Charlie avec son conjoint, qu'importe l'angle sous lequel il aimerait regarder les faits.

Ils osent bafouer cet écu d'or qu'ils ont trouvé si soudainement et qui les fait souffrir d'une certaine façon... Ils devraient le chérir et le protéger, mais ce n'est terriblement pas ce qu'ils font...

Pourtant, ils devraient sincèrement avoir l'impression de tromper leurs vies respectives, mais ce n'est pas le cas. Au fond d'eux, ils le savent. Ils se corrompent l'un l'autre, et c'est ce sentiment-là qui les engloutit.

Alors le soir, juste après la fermeture, ils se demandent pardon.

Sans doute parce que la veille, Lukas a couché avec son compagnon et qu'il a aimé son toucher et ses sensations. Qu'il s'est laissé emporter par cet échange qui n'aurait pas réellement dû naître avec un autre homme ! Il s'en veut à présent qu'il admire ce regard charbon... Dégouté de lui-même, la bile au bord des lèvres tandis qu'il ne peut jurer ne pas recommencer...

Ou peut-être parce qu'hier soir, Charlie a emmené sa femme au restaurant pour fêter leur septième année de mariage, et qu'il a passé un excellent moment ! Il a ri avec elle, contemplant le reflet hypnotisant que la faveur des chandelles jouait sur sa peau, peau qu'il a longuement savourée par la suite lorsqu'il l'a ramené dans leur lit...

Ce ne sont que des mensonges...

Alors bien sûr, ils doivent se repentir ensemble ! Il le faut, juste s'assurer que cette folie est toujours là, précieusement ancrée dans leurs mains à présent liées, et leurs yeux arrimés l'un à l'autre.

Ils en ont besoin ! Ça les bouffe de l'intérieur ! La simple idée de fausser ce qu'ils ressentent est une véritable torture et ils en souffrent. Lukas le goute fort, à chaque instant même, la mâchoire serrée au point de lui faire mal aux dents ! Donc il semble lui quémander timidement son pardon, les sourcils froncés dans une expression d'inquiétude terrifiante. Néanmoins il maintient fermement les lèvres fermées, parce qu'il n'a pas le droit d'en parler... Il s'accroche à son cou, le visage meurtri par l'angoisse, dévasté par l'idée qu'un jour, Charlie ne puisse plus tolérer ses écarts de conduite.

Il est juste fou d'inquiétude, car il pourrait réellement mourir de froid sans ses mains dans son dos. Ou sans la lueur café qui accepte, en un clin d'œil d'ailleurs, sa pénitence. Ils ont conscience qu'ils pourraient parfaitement survivre sans les personnes qui sont officiellement dans leurs vies. Les deux le savent, ils adorent cette fameuse personne, c'est vrai. Mais c'est un fait, l'inverse n'est absolument pas envisageable ! Jamais ils ne pourraient subsister dans un univers ou l'autre n'est pas... Cette dimension d'amour est totalement différente, c'est tout simplement incomparable... Donc autant se pardonner une fois de plus, toujours sans un mot, Charlie est tout aussi coupable de toute façon. Tout comme lui-même, après tout, il acquiesce la sienne. Ils sont faibles, c'est vrai, mais ils l'acceptent tous les deux. L'un avec l'autre !

Parce qu'ils s'aiment et qu'ils veulent juste être heureux pendant ce court moment à deux...

Just you and me, lost in the clouds
Juste toi et moi, perdus dans les nuages

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Don't wanna wake up right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Don't wanna wake up right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Parce que pendant ce temps-ci court, Charlie l'a contre lui ! Sa main gauche plaquée au-dessus de ses fesses, ramenant Lukas si proche, leurs cœurs amoureux blottis l'un contre l'autre. Rein contre rein, dans une harmonie fabuleuse qui vibre dans l'air.

C'est enivrant à souhait et il adore cette fragrance ! Il peut s'y perdre à jamais et s'y damner juste pour pouvoir le tenir enlacé.

Lukas le mène, bien qu'ils ne prennent même pas la peine de bien se placer. Ils n'en ont que faire de savoir si c'est beau, ou tout bonnement pro. Ils s'en foutent terriblement forts de l'allure qu'ils donnent en cet instant. Ils se laissent seulement valser dans tous les sens, sans prêter attention à leurs reflets sur les murs, se rassurant simplement de leurs mains liées. Le danseur se laisse dévorer par ce regard sombre, s'accrochant fort alors qu'ils ne font que tourner ensemble...

Le propriétaire aime le frisson immuable que cet homme-là fait naître en lui ! Il adore cette folle palette de sensations qui explose dans toutes les directions, s'accommodant sans mal de tout son être sans qu'il ne puisse le retenir.

Il ne peut plus s'en passer et c'est une terrible vérité !

C'est si dur de se contenter d'un simple regard... Contempler Charlie, laissant enfin s'exprimer son cœur librement d'un sobre coup d'oeil amoureux, toujours conscient que le reste du temps, c'est interdit !

Dans la journée, ils se feuillettent parfois, leur attention se croisant par hasard. Quand que le patron donne un conseil à un membre et que son employé va juste se servir un énième café... Ou que le danseur raccompagne un élève, souriant de son air insouciant qui se fane lorsqu'il remarque Charlie derrière son bureau. Ils se captent et ça les carbonisent de devoir se lâcher sans rien de plus ! Ils l'ont toujours senti comme ça, ce froid glacial qui les a empêtrés dans un cataclysme incroyable tandis qu'ils se forcent à se détourner, feignant de pouvoir respirer librement.

Donc le soir venu, sitôt le local fermé à clé, ils peuvent finalement se fondre dans ce regard. Ils n'ont droit qu'à ça ! Qu'à ce petit échange, si court... Un instant brisé crissant sous les notes, à l'abri de tout, brûlant leurs pardons alors que leurs jambes se fondent parfaitement l'une après l'autre.

Barefoot, in tall grass
Pieds nus, dans les hautes herbes

We've reached the palace, but I'm betting that it won't last
Nous avons atteint le palace, mais je parie que ça ne durera pas

Bright lights and mirror ball
Lumières vives et boule à facettes

Pas un seul centimètre ne les sépare, ils sont terriblement proches et en ont bel et bien le droit justement pendant ce moment. C'est un unique, alors il faut en profiter !

Ainsi Charlie s'écoute, précisément pour cet instant, les yeux baissés vers cette âme qui résonne avec la sienne. Il s'épanouit dans cette folle odeur de citron vert qui flotte de chacun de ses gestes, ou de l'immense forêt dans lesquelles il prie de se perdre. Il rêve simplement d'y vivre une éternité ou deux...

Il arpente, du bout de son nez, ces taches de rousseur qui lui joue ce petit côté lutin. Il taille le haut de ses pommettes, remontant bien souvent la monture de ses lunettes pour faire trembler sa vue, faisant toujours rire Lukas alors qu'il est obligé de fermer les yeux. Le danseur vient donc nouer s'accrocher dans sa nuque, ses ongles dorlotant la base des cheveux platine du plus grand, transportés par la sensation de planer que ce moment lui infuse...

Lukas resserre sa prise, l'attirant vers lui, voulant bien plus de chaleur. Et le patron ne peut que pencher la tête, laissant l'employé se blottir contre son artère qui palpite sous son oreille. L'une de ses mains se pose automatiquement sur sa large poitrine, cherchant à exhaler sous la pulpe de ses doigts la frénésie de son cœur en complet émoi. À son tour le propriétaire vient se loger dans son col, saoul de toutes les folles sensations que l'autre lui procure indéniablement...

Et l'employé grogne ! Il éprouve le souffle de cet homme si grand sur son pelage, se froissant de plaisir dans une nuée de frissons qui lui remonte toujours la colonne vertébrale.

Il adore savoir Charlie calé dans son cou, flairer ses lèvres parfois s'arrêtant longtemps sur sa peau sans se permettre d'y imprimer sa marque... Il le sent pourtant fort contre son épiderme, alors qu'il crame sa carotide de sa respiration bouillante qui l'ensorcèle. Et pendant une seconde immortel, il entend délicieusement son oreille rougir d'un « je t'aime » à peine fredonné... Un peu comme un secret qui n'a jamais existé.

Évidemment il perd pied ! Il refuse d'ouvrir les paupières et se laisse aller, soupirant son aise alors qu'il s'étourdit contre lui.

We might be hurting but I'm ready for the free fall
Nous avons peut-être mal, mais je suis prêt pour la chute libre

N'y a-t-il pas plus inconscient que ces deux-là ? Ils ont connaissance de cette chute qui ne tardera pas de les surprendre.

Un jour, sans aucun doute ! Ils ne peuvent pas en douter et ils ne le font pas.

Cette conviction bien réelle ne les arrête pas. Jamais. Ils l'ont aussi accueilli comme une fatalité sur laquelle ils n'ont plus vraiment de pouvoir. Ils ont conscience que ça arrivera, tôt ou tard, et ils n'ont aucun moyen de savoir ce qu'emportera cette tempête. Ils auront mal, c'est une évidence, tout autant qu'ils feront souffrir...

Ce sera une guerre impitoyable pour laquelle ils ne sont pas armés !

Pour autant, peuvent-ils espérer la vivre à deux ?

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Just you and me, lost in the cloudsµ
Juste toi et moi, perdus dans les nuages

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Don't wanna wake up right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Don't wanna wake up right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Charlie se serre contre lui, son souffle erratique faisant danser les boucles blondes, imperceptiblement sans doute, car ils continuent aussi de tournoyer. Il ne regarde à rien, pas en cet instant. Il se laisse juste transporter par ses envies retenues et étouffer, capitulant face à Lukas qui le mène partout dans la salle, alors que leur chanson résonne dans l'immense pièce, seule spectatrice de cet abandon.

Le propriétaire se redresse cependant, avide de retrouver ses repères. Il se replonge délicieusement dans son antre olivâtre préféré, captivé par la complexité de ces iris dont ils ne pourraient compter les nuances. Tout y est écrit, chacun des sens qu'il pourrait donner à la vie. C'est là, dans ses grands yeux verts, remplis d'émotions follement intenses ! Assurément, c'est bel et bien le seul à pouvoir les déchiffrer. Et c'est justement en les regardant qu'il brûle de lui dire qu'il l'aime, peut-être même qu'il le hurlerait...

Mais il se retient encore cette fois, échappant un grognement sans doute frustré qui s'éteint doucement, étouffé par la mélodie.

Mais Lukas a tout compris si facilement. Après tout, c'est fatalement pareil pour lui ! Il saisit chacune des pensées qui flirte à travers ces iris jais. Il lui sourit alors, car il veut l'apaiser. Il prie de se faire entendre, protégeant cet instant à ne pas gâcher. Au fond, il ne doute pas que ce sera le cas, comme à chaque fois. Évidemment, Charlie rit aussi, resserrant sa prise sur lui. Et le danseur se laisse happer par cette main si grande, qui se glisse un peu sous son tee-shirt. Ils s'accordent rien de plus...

Même si le professeur à chaud de le sentir tellement proche de lui, les doigts brulant le bas de son dos. L'odorat rempli de son shampoing tonic, qui lui donne un air macho. Il est clairement irrésistible, les muscles enfermés par son débardeur, serré au possible pour ne simplement suggérer ce que Lukas se retient d'imaginer. Mais juste là il se l'autorise, laissant sa main y dessiner un reflet.

Et ça faisait bien rire son patron ! Surprenant parfois un coup d'œil gourmand qui lui terrasse la peau.

Après tout, ils ont le droit de jouer en respectant les règles !

And if I open my eyes
Et si j'ouvre les yeux

If I open my eyes
Si j'ouvre les yeux

Will it unravel?
Va-t-il se démêler ?

And if I turn the page
Et si je tourne la page

If I turn the page
Si je tourne la page

Will I lose my shadow?
Vais-je perdre mon ombre ?

And if I open my eyes
Et si j'ouvre les yeux

If I open my eyes
Si j'ouvre les yeux

Will it all unravel?
Va-t-il se démêler ?

And if I turn the page
Et si je tourne la page

If I turn the page
Si je tourne la page

Will I lose my shadow?
Vais-je perdre mon ombre ?

Tout part en vrille, emporter par l'ivresse. Il faut au moins tout ceci pour pouvoir effacer le présent, ainsi donc vient un glorieux moment d'égarement. Le rythme s'ébroue aussi, imposant sa ritournelle qui termine de les abrutir complètement...

L'employé veut se faire désirer, et il se mord la lèvre de son air indécent alors que ses traits deviennent parieurs. Il accorde à ses doigts le droit de courir le long de son bras, invitant finalement l'autre main de se retrouver !

Maintenant ils ont tout laissé derrière, ils sont sereins. Il n'y a plus aucune marque inquiète ou frustrée. Ils sont juste à deux, l'esprit libre de ces chaines emmêlées.

Seulement trente secondes...

Lukas se sent bien, son pouce s'adore doucement auprès de sa jumelle, qu'il serre un peu. Et il pousse un soupir léger. Simplement comblé.

Il peut complètement se complaire à penser que Charlie est à lui et que l'inverse est aussi vrai.

Donc il lui lance un immense sourire. Terriblement confiant, tremblant d'une assurance folle. Parce que finalement, dans ses bras tout va bien !

Charlie acquiesce alors, son expression animale se parant de douceur. Il peut arrêter son homme dans son élan, déliant leurs mains pour ficeler les siennes sous ses fesses et l'incite à grimper autour de ses hanches.

Et il n'a aucune raison de s'y refuser !

Ici ils peuvent tourbillonner, laissant Lukas se cambrer, soutenus par ce pilier. Il a l'autorisation de rire à gorge déployée, dénouant terriblement facilement les nœuds qui lui serrent l'estomac à longueur de temps. Il est vraiment heureux en ce moment, et il a besoin de l'exprimer ! Ses éclats de joie peuvent parfois surpasser la mélodie qui poursuit sa course, réchauffant les oreilles du sportif qui s'en nourrit amoureusement. Ça n'a pas de prix, de l'entendre se détendre, profitant de la cadence pour se submerger, et ce malgré cette litanie qui finira bien par les assommer de nouveau.

Ils tournent là, et ça pourrait leur filer la nausée... mais en réalité, ils ne perçoivent plus rien autour d'eux, c'est même exactement ce qu'ils veulent ! Ils vont tellement vite, que tout devient simplement flou et sans limites, intemporel sans doute... Comme un coup de baguette magique qui les amène dans un parallèle ou « eux » existe pleinement... Ils sont d'ailleurs soutenus par le ton de la chanson qui les suit avec entrain ! Elle chante allègrement avec eux, voguant aussi sur ses instants de répit. Pourtant, son message reste morbide, glacé par une foule de craintes assassines qui sont prêtes à les prendre à la gorge ! Il est plus simple d'éluder, se perdant, leurrer par l'air joyeux que d'écouter les paroles apeurées...

Parce que le temps d'un battement de cil, le blond oublie tout ! Vraiment tout... Il se laisse juste porter par Charlie, calé contre lui, protégé par ses mains bouillantes sur ses fesses.

Il peut garder les yeux ouverts et se met à rêver, à penser que ce moment ne se terminera jamais ! Et peut-être que ce soir-là, il pourra s'endormir dans ses bras... Mince, qu'on le lui autorise seulement une fois...

Rien ne peut lui retirer cette magie dont il décide de profiter.

Leurs deux éclats s'accompagnent, se jouant l'un de l'autre aussi bien que tout entre eux de toute façon. Ils se le permettent jusqu'à en perdre le souffle. Laissant leurs gorges carbonisées ! Quelque part, ca fait mal, mais au moins, ils se sentent vivants...

Et ils aiment partager ça !

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

You and me, lost in the clouds
Juste toi et moi, perdus dans les nuages

You and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Don't wanna wake up right now, oh
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Et quand leurs côtes se brisent dans leurs poitrines, le cœur sur le point d'exploser, Charlie laisse retomber doucement Lukas au sol. Leurs souffles flambent entre leurs lèvres alors qu'ils se regardent de nouveau avec tout cet amour qui les martèlent.

Le danseur ne peut que se retenir à son cou, et pour la seconde occasion, il accroche ses deux mains derrière sa nuque. Ils se plaisent une nouvelle fois, sans dire un mot, alors que leurs bouches décompressent toujours leurs courses folles. Ils sont de toute façon incapables de se dévoiler, les discours n'ont pas de sens !

Ils ne peuvent pas de toute manière...

Ils n'ont droit qu'à ça, un petit moment où ils s'agrippent du regard, les yeux pleins de l'autre, s'adorant tellement fort.

Nul doute qu'ils se comprennent ! Ils savent pertinemment ce qu'ils se déclarent, il n'y a pas besoin de plus. Ils ont conscience de ce qui les unit ! Même s'ils ne lui ont jamais donné de mots... Le temps d'une chanson pour partager cette intense fragrance...

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

Mais c'était indéniable que cette mélodie prenne fin ! Comme tous les soirs de toute façon.

Just you and me, lost in the clouds
Juste toi et moi, perdus dans les nuages

Et maintenant qu'ils sentent de nouveau vibrer les dernières Bass, le patron ne peut que répondre d'un sourire triste face à la terreur qui se lit sur les traits de son simple employé...

Just you and me, dancing in a daydream
Juste toi et moi, dansant dans un rêve éveillé

C'est la fin, pour cette fois encore. Ils vont devoir se séparer, s'abrutissant de cette ignoble distance qui existe entre eux.

Don't wanna wakeup right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Pourtant il faut en profiter ! De chaque seconde, comme une dernière supplication. C'est une véritable exigence ! Une ultime offrande...

Alors Lukas se dresse sur la pointe des pieds, les doigts emmêlés dans les cheveux décolorés toujours mouillés. Il tire dessus, le faisant grimacer juste un peu, mais il se baisse à son tour. Qu'importe la sensation de tiraillement de toute façon, dans ces iris péridot il est encore vivant !

Il l'est invariablement quand il se penche vers les lèvres de Lukas...

Et alors que leurs visages s'approchent, hypnotisés, ils peuvent vraiment accepter les dernières notes ainsi que sa fatalité. Leurs nez se câlinent même, ne percevant terriblement plus rien aux alentours qu'eux-mêmes. Mais surtout de leurs bouches, indécemment proches, peut-être un peu trop sans doute.

Indéniablement, ils veulent connaître le gout de l'autre...

Leurs odeurs mélangées ne peuvent éternellement suffire à ces avalanches de sentiments ! Et ils ne peuvent non plus se satisfaire simplement de la couleur pourtant fascinante de leurs regards entrelacés. Ni de leurs corps, terriblement imprégnés de ce "lui", ils n'arrivent pas à s'en contenter. Qu'importe que leurs rires emmêlés n'aient pas de plus belle teneur à leurs oreilles, ce n'est pas assez...

Ils ont besoin au moins d'un unique baiser...

Juste une seule fois...

Don't wanna wakeup right now
Je ne veux pas me réveiller maintenant

Et la chanson sonne son glas, pesant son silence glacial complètement assourdissant.

Tout est fini, exaltant leurs désarrois à travers leurs reflets qui s'étalent partout sur les miroirs.

Lukas a conscience que c'est maintenant terminé. Encore une fois. Il doit reculer, c'est indéniable. Les règles du jeu sont claires, dès que le chant s'arrête, les extrémités se resserrent et il est de nouveau coincé dans sa putride réalité.

Il sait évidemment qu'il n'a pas le droit.

Charlie se laisse choquer par ses limites, les voyant à nouveau tout autour de lui. Ça lui brûle les rétines, parce qu'elles sont bien trop fortes et qu'il rêve de s'en délester ! Elles s'amusent de lui, ricassant de sa douleur alors qu'il ne pense qu'à l'embrasser... Il dévisage ardemment cette obsession que Lukas écrase de ses dents, comme pour achever de le convaincre d'oublier aussi cette frontière.

Ce n'est pas permis ! Il faut qu'il s'éloigne à présent et très vite ! L'endroit ne vibre plus sous les gammes, c'est la règle qu'ils se sont fixée...

Mais pitié... Uniquement pour cette fois, ils ont tellement envie. Un premier baiser. Un seul et unique. Une première et dernière fois ! Parce qu'en cet instant ils sont submergés à l'idée de se séparer.

Rien qu'une fois ! Ce soir-là, juste en secret.

Et peut-être que demain ils pourront de nouveau danser comme ils le font habituellement, sans plus y repenser... 

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