Hermione était penchée au-dessus de la cuvette des toilettes et rendait le maigre repas qu'elle avait su avaler. Fred, patient, se tenait derrière elle, essayant d'empoigner sa tignasse brune d'une main et passant un gant humide sur le visage de la Gryffondor de l'autre.

« - Tu n'es pas obligé d'assister à ça, c'est répugnant... » réussit à dire Hermione entre deux soubresauts de son estomac.

- Et toi, tu n'es pas obligée d'être seule pour affronter ça. Tu as trop enduré ces derniers temps. C'est peut-être la manière que ton corps a de te dire qu'il faut mettre un stop...

- Fred... Tu sais comme tes paroles sont vaines. Je n'arrêterai pas. Je ne les abandonnerai pas. Nous avons besoin les uns des autres. Je ne peux pas et je ne le veux pas.

Le jeune homme soupira, vaincu. Cela faisait maintenant cinq jours qu'il essayait d'avoir cette discussion avec la Gryffondor, cinq jours qu'il se prenait un refus catégorique.

- Tu penses toujours aux autres avant de penser à toi. À vous... murmura-t-il en posant une main délicate sur le ventre de la jeune femme.

Hermione ne s'était toujours pas faite à ce contact mais elle le laissa faire. Le jeune Weasley semblait en avoir besoin. Elle espérait simplement que la guerre les épargne tous les deux. Sans lui, elle ne pouvait envisager avoir cet enfant ...

- Je te promets que je ne m'envolerai pas dans les jours à venir. Nous avons tous les trois besoin de temps pour nous remettre et pour reprendre des forces. Pour envisager la suite aussi ...

- Tu ne veux toujours pas m'en parler, n'est-ce pas ? demanda Fred sans espoir aucun.

La brune répondit avec un sourire désolé:
- Tu sais bien que je ne peux pas... »

Et comme pour mettre fin à cette discussion, la jeune femme se releva, s'appuyant péniblement sur le bord de l'évier de la salle de bain. Son estomac semblait enfin avoir accepté de la laisser tranquille. Elle se regarda dans le miroir et ce qu'elle vit lui tordit davantage le ventre si c'était possible. Jamais elle n'avait été aussi maigre. Sa consolation fut de constater que ses cernes avait pâli et que ces cheveux avaient retrouvé de leur vitalité, grâce aux bons soins de Fleur.

« - Prête ? lui demanda le rouquin, coupant court à son observation.
- Oui, répondit-elle dans un soupir. »

En effet, depuis le séjour du trio d'or au Manoir Malfoy et donc leur arrivée à la Chaumière aux coquillages, Fred tenait absolument à passer voir Hermione après sa journée de travail. Pour ne pas trop éveiller les soupçons davantage, George accompagnait systématiquement son jumeau. Mais dès leur première visite, Fred avait tenu à passer la nuit aux côtés de sa protégée. Lui seul pouvait rassurer Hermione après les crises de cauchemars qui la prenaient chaque nuit. Si les autres occupants de la chaumière avaient eu le tact de faire comme si de rien n'était et de ne pas poser de questions, Ron avait lui, beaucoup de mal à se taire. Il fusillait son frère du regard dès que celui-ci était un peu trop près de Hermione à son goût. Il avait bien essayé de soudoyer George pour qu'il lui explique ce qu'il se passait, mais ce dernier avait refusé de révéler quoi que ce soit de plus que ce que les deux concernés n'avaient déjà dit; c'est-à-dire qu'ils s'étaient beaucoup rapprochés pendant l'été et qu'ils avaient besoin l'un de l'autre.

Au milieu des escaliers, Hermione jeta un regard aux personnes présentes dans la chaumière: Bill aidait Fleur en cuisine, George notait « l'idée fabuleuse » selon ses dires qu'il avait eue pendant la nuit pour une nouvelle invention et Harry et Ron jouaient une partie d'échecs version sorciers. Ces deux derniers relevèrent la tête en entendant le craquement des marches. Si Harry leur adressa un sourire un peu gêné, Ron fronça les sourcils et détourna le regard. La brune soupira tristement et s'installa près de George. Un jour, elle leur expliquerait tout. Mais ce jour n'était pas encore venu. Pour le moment, seul remporter la guerre importait.

Vers midi, Remus vint rendre une visite aux habitants de la chaumière. Il apportait justement des photos magiques du petit Teddy, resté en sécurité avec Nymphadora. Il proposa à Harry et à Hermione d'en choisir chacun une. La jeune femme jeta son dévolu sur une photo animée où l'on voyait son filleul sourire dans son sommeil en suçotant son pouce sous le regard émerveillé de sa maman. Harry, lui, en choisit une où Remus berçait tranquillement le petit devant une fenêtre.

Fleur arriva justement à ce moment-là de la cuisine, suivie par une ribambelle d'assiettes fumantes. Celles-ci se posèrent directement sur la table tandis que le ventre de la Gryffondor se nouait à nouveau.

« Mange, intima George, sans relever le nez de sa prise de notes. »

Interloquée, Hermione releva la tête et vit que tous les autres la fixaient, comme dans l'attente qu'elle porte la fourchette à sa bouche. Ce fut le regard plus dur de Fred qui finit de la persuader.
Cette fois-ci ainsi que les fois suivantes, elle ne rendit plus son repas.

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Les jours puis les semaines passèrent. Le trio avait réussi à discuter avec Mr Ollivander ainsi qu'avec le gobelin, tous deux revenus avec eux du Manoir Malfoy. Le plan était prêt. La suite allait être mise à exécution le lendemain-même. En ce premier jour du mois de mai et dernier jour à la chaumière, Hermione ne souhaitait pas encore y penser. Au contraire, elle voulait profiter de son dernier jour de paix avant un brusque retour à la réalité.

Une routine s'était vite installée à la chaumière. Fred et George venaient systématiquement tous les jours après le travail aux alentours des 18h30 et y passaient la nuit avant de repartir au boulot le lendemain. Remus venait de temps en temps, toujours accompagné de nouvelles photos du petit Teddy et de nouvelles du monde extérieur.

Hermione, quant à elle, allait beaucoup mieux, au plus grand plaisir de toute la maisonnée. Elle avait repris du poids et ses pommettes et ses lèvres étaient de nouveau rosées. Seules subsistaient les traces de fatigue dans ses yeux noisettes, causée par ses réveils en sueur chaque nuit...

Il était un peu plus de 18h, les jumeaux n'allaient pas tarder à arriver. Dans le jardin, Ron tannait ses amis pour faire une partie de Quidditch.

« - Oh, allez les gars ! Une petite partie... Le périmètre de sécurité s'étale à 1 km à la ronde et en hauteur aussi. Il ne peut rien nous arriver!

- Je ne sais pas, Ron... répondit Harry, peu rassuré. De toute manière, nous ne sommes que trois...

- Mais Fred et George vont arriver ! Je suis sûr qu'ils joueront avec nous ! renchérit le rouquin.

- Vous n'êtes pas sans savoir que je ne suis pas à l'aise sur un balai... rappela Hermione.

Ron balaya sa protestation d'un geste de la main et lui lança un des vieux balais qui traînaient dans la remise:

- T'inquiète, c'est entre nous... On y va doucement ! »

À ce moment, Fred et George pénétrèrent dans le jardin. Ils virent immédiatement le balai dans les mains de la jeune femme et les yeux du premier semblèrent lancer des éclairs. Il s'approcha de la brune et lui prit le balai des mains.

« - Il en est hors de question, dit-il d'une voix calme mais sans appel.

Alors que Hermione allait répondre, Ron la devança:

- De quoi tu te mêles d'abord?! Elle fait ce qu'elle veut il me semble!? À moins que maintenant, tu décides aussi de ses moindres faits et gestes ?

Fred lança un regard assassin à son jeune frère. Mais plutôt que de lui répondre, il prit la Gryffondor délicatement par son poignet et la tira à l'écart:

- Tu ne peux pas faire ça,
dit-il d'une voix radoucie. Tu n'es pas assez à l'aise sur un balai par rapport aux autres. Tu pourrais te blesser. Vous blesser...

La jeune femme pâlit. Elle avait presque failli en oublier le petit être qui logeait sous son nombril. Mais d'un autre côté, elle avait vraiment envie de jouer avec ses amis, de redevenir la jeune femme insouciante qu'elle était avant. Un voile de déception passa dans son regard.

Fred soupira... Il se tourna alors vers ses frères et Harry:

- OK. Hermione monte avec moi. Vous deux, dit-il en pointant les meilleurs amis, contre George et Hermione et moi. »

Ron leva les yeux au ciel mais n'en enfourcha pas moins son balai. Il allait vraiment finir par croire que les os de sa meilleure amie avaient été remplacés par du sucre, vu comment Fred semblait vouloir la protéger.

Le rouquin sourit alors à la brune et lui intima de grimper sur le balai. Il se positionna juste derrière elle et donna un coup de pied au sol pour rejoindre les autres joueurs qui volaient déjà. Hermione était si crispée sur le manche que Fred en avait du mal à diriger le balai.

- Détends-toi mon ange, je suis là. Laisse-moi faire. Laisse-toi guider et profite.

Si la jeune femme rougit à l'entente de ce surnom, elle n'en laissa rien paraître et tenta d'obtempérer. Petit à petit, sa prise se fit plus légère et elle laissa le loisir à Fred de gérer leurs déplacements.

Le vent fouettait ses cheveux. Elle sentit le jeune homme derrière elle caresser doucement son ventre le temps de quelques secondes et elle sourit.
Plus le match passait, plus Hermione avait confiance. Les scores étaient très serrés, égalité parfaite. Seul le souafle était de la partie, vu le nombre de joueurs.

Soudain, alors qu'il ne restait que quelques secondes au chrono magiquement affiché dans les airs, Hermione prit les commandes et fonça droit sur Harry qui ne la vit pas arriver, surprenant Fred au passage. Avec une agilité surprenante, elle lui prit le cognard de sous le bras et marqua le dernier but de cette rencontre, permettant à son équipe de remporter la partie et laissant Ron la bouche grande ouverte.

Aussitôt, tous les joueurs descendirent pour regagner le sol. Ron boudait, Harry souriait. George arrivait en courant et lui ébouriffa les cheveux d'un geste joyeux. La jeune femme se tourna alors vers Fred et son cœur rata un battement quand elle put lire dans ses yeux à quel point il était fier d'elle.

Elle se sentait libre. Elle se sentait si bien. Elle ne s'était plus senti ainsi depuis un très long moment.
Ne se souciant plus des personnes autour d'elle, Hermione se hissa sur la pointe des pieds, attrapa le visage de Fred entre ses mains et l'embrassa à pleine bouche.

Bonsoir à tous (ou bonjour vu l'heure) !
Je suis enfin de retour (note à moi-même: ne plus m'imposer de date et écrire quand l'inspiration me vient). C'est ce qui s'est passé ce soir et je suis très satisfaite de ce chapitre, pour une fois. Il n'était pas prévu mais j'ai eu l'inspiration ce soir à 23h30 et je me suis mise directement à écrire. J'espère que ça vous plaira ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Désolée pour ceux qui attendaient la suite avec impatience. Comme vous pouvez le deviner, nous approchons de la fin et les choses se compliquent un peu pour moi ...
Je tenais aussi à vous remercier pour les presque 25K, c'est incroyable ! Jamais je n'aurais cru ça possible, merci du fond du cœur ! Dire que quand j'ai écrit le chapitre précédent, ma fiction n'était « qu'aux » 18K.

Merci infiniment pour tout et pour vos retours qui me font toujours plaisir !

À bientôt,

Lou