Chapitre 17

Hermione fixa l'endroit où s'était tenu Fred quelques instants auparavant, comme si ce simple regard suffirait à le faire revenir.
D'abord avec Remus, ensuite avec Fred, elle avait tout gâché...

Reprenant une certaine contenance, elle observa le ciel qui prenait doucement des allures de crépuscule. Ron et Harry allaient s'inquiéter ! Il fallait qu'elle se dépêche de rentrer mais avant, elle devait faire un crochet par un magasin moldu pour éviter le moindre soupçon de leur part. Elle prit alors des produits de première nécessité et frissonnant, elle transplana pour la deuxième fois de la journée.

Lorsqu'elle arriva, ses meilleurs amis se disputaient. À nouveau. Aucun des deux ne l'avait vue, trop occupés à se lancer des mots qu'ils regretteraient tôt ou tard:

- Tu ne comprends donc pas ? Je n'en peux plus d'entendre cette radio égrener les noms de ceux qui ont perdu la vie de ma faute puisque je ne suis pas capable de mettre fin à cette fichue guerre! lança le garçon à lunettes.

- Non, c'est toi qui ne comprends pas ! Tous les jours qui passent, j'ai peur d'entendre le nom de George, de Bill, de maman et papa ou de toutes les autres personnes de ma famille, répondit vivement le rouquin.

- Moi aussi j'ai peur, je sais ce que ça fait, renchérit le garçon à la cicatrice.

- Non, tu ne sais pas ce que ça fait ! Tes parents sont morts ! Tu n'as pas de famille ! cria Ron.

Hermione, qui sentait que la situation dégénérait beaucoup trop, se précipita entre les deux garçons, ses mains tendues touchant les bustes de ses amis pour les séparer:

- ÇA SUFFIT !

Son cri raisonna longtemps entre les arbres. Les deux jeunes hommes l'observaient avec étonnement. Sa brusque apparition sembla calmer la situation. Le silence était pesant, tendu.

Harry fixa alors son meilleur ami dans les yeux:

- Si c'est vraiment ce que tu penses, va-t-en !

Ron réagit de suite. Il alla prendre son sac et y entassa toutes ses affaires aussi vite qu'il le pouvait. Il jeta le médaillon sur la petite table de fortune et se tourna vers Hermione:

- Et toi, qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il sèchement. Tu restes ou tu viens ?

La jeune femme n'arrivait pas à réaliser ce qui était en train de se passer. Elle avait toujours pensé qu'ils continueraient à trois, jusqu'au bout, peu importaient les conséquences. Elle ne pouvait pas abandonner Harry, il avait besoin d'elle. Et le monde sorcier avait besoin d'eux.

- Je... Je ne peux pas. Je reste.

Ses yeux fixaient Ron, le suppliant silencieusement de rester. Ce dernier sortit de la tente et s'avança à grands pas dans la nuit noire. Le survivant ne bougeait pas et Hermione, quant à elle, se lança à la poursuite de son meilleur ami, criant son nom dans les ténèbres de la forêt. Elle avait entendu le bruit caractéristique du transplanage mais elle ne pouvait se résoudre à accepter le départ de son ami. Non. Tout sauf ça.

Le temps semblait s'égrener lentement, comme arrêté depuis que Ron les avait laissés. Elle s'était effondrée dans l'herbe et sentait les premiers flocons de neige qui se mêlaient à ses cheveux. Le froid lui mordait les joues et les doigts mais elle ne parvenait pas à bouger.

Soudain, elle sentit une couverture s'enrouler doucement autour de ses épaules. Harry était là, derrière elle, avec un regard doux qu'on réserve normalement aux enfants apeurés. Le médaillon se balançait à son cou. Il lui tendit alors la main et essaya d'esquisser un sourire - qui ressemblait plus à une grimace :

- Viens. Tu es gelée. Rentrons, il ne reviendra pas.

La jeune femme attrapa la main que son ami lui tendait et la serra fort dans la sienne. Elle sentit le bras d'Harry la ramener contre lui et elle fut reconnaissante de cette marque d'affection. Aujourd'hui plus que n'importe quel jour, elle en avait cruellement besoin. Et elle sentait que son ami aussi...

Après s'être réchauffée avec une tasse de thé brûlant, Hermione remit son manteau, attrapa la couverture et s'y enroula. Elle regarda son meilleur ami et prit la parole pour la première fois depuis le départ du jeune Weasley. Le silence dans lequel elle s'était murée avait rendu sa voix rauque:

- Donne-moi le médaillon. Il vous fait plus de mal qu'à moi. Je prends le premier tour de garde.

Le survivant obtempéra, le ton utilisé par son amie ne laissant nulle place à la contestation.
Hermione s'assit alors devant la tente et, pour la première fois depuis quelques heures, elle s'autorisa à repenser à tous ces événement qui l'avaient bouleversée en cette dure journée.


À plusieurs centaines de kilomètres de là, deux rouquins discutaient dans leur chambre au Terrier. L'un était allongé en travers de son lit, son bras négligemment posé sur ses yeux. L'autre jeune homme faisait les cent pas, donnant le tournis à son frère :

- Tu vas me dire ce qu'il s'est passé aujourd'hui oui ou non? Pourquoi as-tu quitté la table de cette façon ? Que s'est-il passé ? Où...

- J'ai vu Hermione, le coupa Fred depuis son lit.

George se tourna vers son jumeau, surpris, mais il ne dit rien, attendant la suite de l'histoire.

- Quand je suis arrivé, elle était assise sur un banc avec Remus. Sa tête était posée contre son épaule. Elle a fini par se lever et a tendu sa main vers lui. Il a attrapé ses doigts et ils ont traversé la petite place moldue jusqu'à un bâtiment dans lequel ils sont rentrés. Quand je me suis approché, j'ai glissé une paire d'oreilles à rallonge sous la porte. Au début, je ne captais pas très bien. Et puis, j'ai entendu une phrase qui m'a brisé le cœur: « félicitations, vous allez effectivement être parents ! »

Le silence s'immisça dans la pièce. George était tourné vers son frère qu'il voyait bouleversé. Son Fred lui manquait. Celui avec lequel il faisait des centaines de blagues et créait plein de farces pour leur boutique. Mais là, la seule chose à laquelle il put penser, c'est qu'il ne supportait pas de voir triste la personne qui comptait le plus au monde pour lui. Il s'approcha et pressa l'épaule de son jumeau dans un geste affectueux.

Fred reprit alors son discours:

- Ensuite, je n'ai plus rien entendu. Quelques minutes après, Remus est sorti. Il semblait fatigué et peiné. Ça me ressemble si peu mais une rage noire s'est emparée de moi et je ... je l'ai attrapé en lui demandant comment il avait osé faire ça à Tonks et Hermione...

- Attends, le coupa George. Tu n'as tout de même pas cru qu'il pouvait être le père ?

Fred baissa le regard, observant soudainement avec intérêt le motif de sa couette.

- Fred... Mais enfin, comment as-tu pu penser ça d'eux ? Comment n'as-tu pas réalisé directement qu'il s'agissait de ton enfant ? demanda George très sérieusement.

- Je ne sais pas, Georgie. J'ai paniqué, tout s'est emmêlé... Je crois que les voir à deux de cette manière m'a rendu jaloux et je ... j'ai pas réfléchi.

De nouveau, le silence reprit ses droits. George sentait que son frère voulait qu'il intervienne, il devait juste trouver les mots adéquats ...

- Je suppose que tu as pu discuter avec Hermione ?! Qu'a-t-elle dit ?

- Ça ne s'est pas très bien passé... Elle a déjà fait son choix. Elle ne veut pas d'un enfant dans un monde pareil en proie à la guerre...  et surtout, elle ne veut pas d'un enfant qui ne connaîtra jamais la joie de voir ses deux parents ensemble.

Fred détourna la tête vers le mur, réfléchissant à la situation. La vivre était une chose. L'expliquer à quelqu'un en était une autre...

George se laissa tomber sur le lit de son frère, obligeant ce dernier à lui faire face :

- Dans ce cas, tu dois lui dire, Gred ! s'exclama-t-il vivement.

- Lui dire quoi ?

George fixa son jumeau comme si des cornes venaient de lui pousser sur la tête. Il le regarda et, criant presque :

- Que tu l'aimes pardi !

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