Stefan
Stefan était assis dans son moelleux canapé. Il attendait. Quoi ? Il n'en savait rien. Il alluma la télévision, regarda les programmes de quelques chaînes, puis l'éteignit, lassé de chercher. Stefan avait vingt ans. Vingt ans de vie banale. S'il pouvait jouer un rôle plus important dans la société... dans l'Histoire. Stefan vivait seul depuis peu. Il faisait encore ses études et il trouvait sa vie morne.
Stefan aimait beaucoup l'Histoire. Il aurait aimé en faire partie. Il savait tant de choses ! Stefan faisait des études de journalisme. Il faisait des articles de science ou d'histoire. Il aimait beaucoup prendre des photos d'oiseaux, aussi. Si subtiles à prendre, si belles à regarder. L'oiseau restait immobile le temps de quelques secondes, mais pouvait s'envoler au moindre bruit. Là était l'art du métier. Enfin, ce n'était pas vraiment un métier, mais plutôt une passion. Car personne n'avait jamais publié les photos de Stefan. Personne n'avait d'ailleurs besoin de photos d'oiseaux. Personne. Tant pis. Il impressionnerait toujours ses parents avec ses photos qui s'avéraient magnifiques. Ses amis s'en fichaient bien. Si on pouvait encore les appeler des amis.
Stefan attrapa un livre au hasard dans son étagère dédiée à l'Histoire. La pauvre ville d'Arrod... Sa place principale s'était fait bombardée le 3 Mars 1943. Stefan connaissait cette histoire... Cette belle ville flamboyante réduite en tas de poussière, en ruines repoussantes... Quelle horreur...
Le téléphone sonna. Stefan referma le livre, d'un coup sec. Il le posa et se leva pour rejoindre en vitesse le téléphone fixe, duquel on l'avait appelé.
-Allô ? Dit-il.
-Oui, bonjour. Vous êtes bien Stefan Bréand ?
-Oui, c'est bien moi. Que se passe-t-il ?
-On a retrouvé votre nom sur une écriture datant d'un demi-siècle.
-Vraiment ?
-Retrouvez-nous dans la rue des Merveilles de Skendiv dans moins d'une heure. Vous pouvez le faire ?
-Oh oui, j'habite pas loin. J'arrive tout de suite.
-Très bien. À tout de suite.
-J'arrive.
-Bip...bip...bip...
Stefan reposa le téléphone sur son socle. Un écrit vieux d'un demi-siècle portant son nom ? Il y avait sûrement un malentendu. Peut-être qu'un demi-siècle plus tôt, il y avait un autre Stefan Bréand. Il était temps de voir ça. Stefan enfila son manteau. Il enroula une écharpe autour de son cou et en sortit ses cheveux blonds-dorés lui arrivant aux épaules. Un peu longs selon ses amis. Si on pouvait encore les appeler des amis. Sa mère les trouvait très beaux. C'est peut-être l'amour. Ou peut-être étaient-ils réellement beaux. Mais peu importe. Sa mère appréciait beaucoup aussi ses yeux bleus. Bleu ciel, bleu joyeux. Pas bleu froid. Non. Mais qu'importe la couleur de ses yeux. Ils allaient maintenant témoigner d'un écrit vieux d'un demi-siècle portant son nom. La porte claqua et Stefan disparut au loin.
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